Voilà plus de 30 ans que le sujet était plié : interdiction de faire de vendre de la publicité à la télévision pour les livres. Tout le monde s’était entendu sur le sujet, ou presque, mais l’arrivée d’un décret ouvrant la porte à une expérimentation de deux ans fait grincer des dents. Ou comment la ministre de la Culture, Rachida Dati, se met à dos les grands faiseurs de l’édition.
Le 13/04/2024 à 15:47 par Nicolas Gary
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13/04/2024 à 15:47
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Antoine Gallimard lève les boucliers sur France Inter : « On est très surpris que ça soit arrivé comme ça, brutalement. On avait toujours dit qu’on était contre tous les éditeurs au nom de la diversité. » Et pour cause : « Vous mettez trois livres, quatre livres en avant, pendant que quarante derrières n’auront droit à aucune information. Ce n’est pas juste. »
Et le patron de Madrigall d’arguer que l’offre éditoriale en France serait mise en danger avec un tel modèle. « [J]e pense qu’il y a urgence à ce que ce décret soit retiré et qu’on puisse travailler tranquillement sans percuter par des grosses campagnes qui détruiraient notre marché dans sa diversité. »
Le fameux décret, émanant des idées de la députée Aurore Berger, avait déjà fait bondir dans les cuisines de l’industrie. « On préférerait que le gouvernement pousse la création d’émissions littéraires sur le service public, France Télévision serait un bon terrain d’expérimentation pour cela », nous confie un éditeur. Or, l'ex-députée est depuis passée dans les rangs du gouvernement, en tant que ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations – où elle maltraiterait ses collaborateurs, d'après un récent article du Canard enchainé.
L’idée n’est pas nouvelle : en août 2008, le Syndicat national de l’édition — qui devrait prochainement se prononcer contre ce décret — présentait une étude sur la présence du livre dans les émissions télé. Sur 2007-2008, 338 heures furent consacrées à la promo de livres. Bien ? Hélas non : le nombre d’émissions entièrement dédiées à la lecture tournait à la baisse.
À l’époque, Ronald Blunden, directeur de la communication chez Hachette Livre, lorgnait sur le show de l'Américaine Oprah Winfrey. Chaque mois, la présentatrice mettait un titre en avant : « Et le succès pour ces œuvres est au rendez-vous avec des tirages de 300.000, voire 400.000 exemplaires pour le livre concerné », expliquait-il.
Imaginer un modèle similaire aurait alors de belles répercussions. D’ailleurs, La Grande Librairie vit le jour en septembre de la même année : Ronald avait été exaucé. Le pouvoir prescripteur de François Busnel était reconnu par les libraires, unanimement.
Sauf que, sans publicité, répondent discrètement les producteurs, pourquoi investir dans du divertissement, sachant que les partenaires éditeurs ne joueront pas le jeu, de par l'interdiction légale de publicité à la télé ?
On se souviendra, dans la continuité de cette démarche, de la pétition diffusée en novembre 2019, où toute l’édition se retrouvait unie pour réclamer plus d’émissions littéraires à la télé. « Nous devrions donc assister à la multiplication des émissions consacrées au livre. Or, c’est le contraire qui se produit. Les éditeurs de littérature générale déplorent que les livres aient perdu du terrain, singulièrement au sein des chaînes publiques, avec la déprogrammation de plusieurs émissions », affirmaient tous les éditeurs parisiens.
À LIRE - La France expérimentera la publicité pour les livres à la télé
Tâchons de comprendre : pourquoi la ministre de la Culture valide le projet expérimental, contre l’avis de l’édition. Car Denis Olivennes, président non-exécutif d’Editis n’a pas dit autre chose qu’Antoine Gallimard, sollicité sur France Inter également : outre quelques erreurs chiffrées dans son intervention sur On n’arrête pas l’éco, il met en garde contre les risques.
« Nous faisons partie des groupes qui avons beaucoup de best-sellers. […] Je suis d’accord avec Gallimard. Et cela, c’est mon expérience des médias. Je pense que cela va [...] continuer d’accélérer la concentration du marché, sur ces plus gros vendeurs au détriment de la diversité. » Et d’estimer que seuls les best-sellers peuvent « supporter les coûts d’une publicité à la télévision. […] On ferait mieux de mettre de l’argent dans des émissions de télévision qui promeuvent la lecture pour le plus grand nombre, plutôt que de faire ça ».
Le raisonnement est bon, mais repose sur des notions fausses : pour des Musso ou Joël Dicker, de pareils investissements ajouteraient aux coûts, sans rien apporter. « Ça représente des fortunes en regard des budgets marketing dont on dispose… Et pour certains auteurs, on serait obligé de le faire, en perdant de l’argent », nous confirme une directrice marketing.
De quoi créer de dangereux précédents : « On dépense plus, le bénéfice baisse… Et impossible de refuser à un gros vendeur, car il menacerait de quitter la maison. Nous serions obligés, sans en avoir les moyens : voilà le véritable déséquilibre qui en découlera. » Quand un Musso vend déjà des centaines de milliers d'ouvrages, s'il se met à exiger des spots télé, en plus de ceux diffusés à la radio – pour la satisfaction personnelle plus que la rentabilité de l'opération – comment Calmann-Lévy lui refuserait ? Oh, wait !
Évidemment, quand on parle d’argent, on lorgne sur Vivendi – et en l'occurrence, Calmann-Lévy appartient au groupe Hachette, qui appartient à Lagardère qui appartient... à Vivendi : « Chez Bolloré, on ne comprend pas ce genre de problématique, car leur puissance financière leur permettra sans peine ces achats. Ils contraindront tout le monde à s’aligner. Un cadeau empoisonné pour tout le monde, gros et petits… mais pas pour eux », estime un visiteur du soir.
ENQUÊTE – Et si internet accordait la place que la télévision refuse à la littérature ?
Il en va de même pour Antoine Gallimard : un Harry Potter serait un client idéal pour la télévision. Or, avec le décret, la demande (ou l'exigence) émanera illico de l’agent littéraire de JK Rowling, qui imposera donc à Galimard jeunesse de procéder à cet investissement. « Sauf qu’on en vend déjà des palettes sans télé : les résultats ne s’amélioreront pas significativement, mais les montants publicitaires exploseront. » La mort du petit commerce en somme.
En outre, la télévision rime avec mass market : Minier, Bussi, Norek, ou encore Grimaldi ou Valognes seraient éligibles. Certainement pas Annie Ernaux, qui est à l’image du catalogue de Gallimard : patrimonial. Promouvoir du patrimoine à la télé, autant se tirer une balle dans le pied.
« Certes, les pubs serviraient peut-être de catalyseur pour les livres qui s’écoulent entre 50 et 120.000 exemplaire », reconnaît-on. « Mais à quel coût ! Même si le livre est une industrie, elle reste modeste et connaît le principe de retour sur investissement — qu’elle tente de maîtriser à tout prix… »
En effet, il n'est pas donné à n'importe qui d'avoir du flair. Mais alors, pourquoi ce décret, hors sol pour l’édition ? Certains se tournent sur la rue de Valois, pour tenter de trouver une explication. « Rachida Dati s’est mis tout le monde à dos mercredi avant l’ouverture du salon. En substance, elle a dit aux éditeurs que c’était tous des petits bourgeois qui ne voulaient pas que les livres aillent dans les quartiers.. Bref, c’était glacial », assure un observateur.
Et c’est à l’occasion d’un déplacement près de Lyon que la ministre de la Culture a même dévoilé son grand projet : « D’ici 2027, 1000 bibliothèques supplémentaires concernées par le plan “bibliothèques” lancé par Emmanuel Macron en 2018. » Et ce, afin de pallier le manque d’établissements, notamment dans les territoires ruraux et les quartiers urbains défavorisés – comprendre, autour des HLM. Et cette notion a toute son importance.
Pourtant, la ministre avait déjeuné avec le bureau du SNE, invité à Valois ce 11 avril, avec entre autres discussions… la taxe sur le livre d’occasion.
Durant cette rencontre, le sujet de la taxe sur le livre d’occasion est arrivé sur la table. « La ministre leur a servi, sur un plateau, que les petites gens achètent des ouvrages d’occasion parce qu’ils n’ont pas les moyens. Et que pour se procurer des ouvrages neufs, il faut avoir des moyens », s’amuse un observateur.
En clair, les éditeurs ne vendent qu’aux riches et depuis sa prise de fonction, Rachida Dati ne cesse de répéter qu’elle veut remettre de la culture chez les plus démunis – en bonne sarkozyste, s'entend. Et dans la presse, deux jours plus tard, enfonce le clou que sa fonction lui octroie : « J’ai souhaité expérimenter la publicité du livre à la télévision. Le succès d’un livre permet à un éditeur d’investir sur d’autres auteurs. L’objectif est aussi d’inciter à franchir le seuil d’une librairie. Vous pouvez entrer pour acheter 1 best-seller et repartir avec 3 livres sous le bras », affirmait-elle ce 13 avril.
Action, réaction : il suffit de constater les prises de parole d’Emmanuel Macron, de passage au festival du livre, pour comprendre combien le lobbying du SNE s’est exercé. « On va mettre en place au moins une contribution qui puisse permettre de protéger le prix unique et permettre à nos auteurs, éditeurs et traducteurs aussi d’être mieux aidés », affirme le chef de l’État.
Passant sur le stand d'Actes Sud, où se trouvait Françoise Nyssen, ancienne ministre de la Culture lors du premier mandat présidentiel, Emmanuel Macron achevait d'être convaincu du bien-fondé de cette mesure.
Et d’ajouter : « Ce qui est vrai, c’est que le livre d’occasion, quand il est fléché par certaines plateformes, c’est une espèce de mauvais usage, en tout cas de contournement de ce prix unique. » Voici Rachida Dati renvoyée à ses études, comprenant soudainement la capacité d’influence du Syndicat sur le locataire de l’Élysée et sa capacité à porter les sujets.
« La ministre doit bicher de se dire qu’elle a réussi à placer ce décret, en voyant comment son refus d’une taxe sur le livre d’occasion lui a été renvoyé comme un camouflet. » Une petite victoire, certes : reste à savoir quelle sera la durée de vie du décret sur la publicité à la télévision. « Pour ceux qui se demandent si je lis des livres, qu’ils sachent que j’y ai eu accès dans ma cité par le Bibliobus. Je n’ai pas honte de le dire. C’est cela qui explique mon combat en faveur de l’accès à la culture pour tous », avait-elle assuré en prenant ses fonctions à Valois.
Personne n'avait alors compris qu'il s'agissait là d'un démarrage sur les chapeaux de roues.
Crédits photo : JESHOOTS-com CC 0
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
27 Commentaires
Actualisant
13/04/2024 à 18:25
Cette même Rachida Dati qui de toutes manières ne visent que la mairie de Paris pour les prochaines municipales et se moque éperdument des dégâts que son patron lui demande de commettre, puisqu'elle n'en rendra compte à personne ?
Celle-là ?
Non, impossible !
Money Money Money...
13/04/2024 à 18:30
Suf le fond, cette idée d'ouvrir l'édition à la publicité est une connerie rare : personne n'a les moyens et s'il faut les mettre, alors ce sera au détriment de tous les autres auteurs.
Donc ouvrages.
Stupidité crasse, validée par une sarkozyste convaincue, bolloréenne dans l'âme (j'entends : pour croire que l'argent pousse dans les arbres et peut tout acheter).
Qu'elle se soit fait taper sur les doigts par EM n'y change rien, elle est tristement prévisible et éminemment décevante. Et inversement.
En latin dans le texte
13/04/2024 à 18:36
Je n'avais pas compris la locution “Non cuique datum est habere nasum”, et j'imagine que du “Datum” au "Dati”, il n'y a qu'un doigt, que l'on ne se mettra ni dans l'oeil ni dans le nez ce serait grossier.
Mais on se demande bien d'où la ministre de la Culture sort de pareilles idées, quand il s'agit de publicité.
Oh, il est vrai que l'on n'a toujours pas réglé le cas des dizaines de milliers d'euros reçus durant son mandat européen : les édiles nous prennent-ils pour des débiles ?
Mitigé
13/04/2024 à 18:39
Je comprends l'intérêt de vouloir dynamiser le marché du livre par des publicités télévisées, mais j'ai peur que cela ne favorise que les gros éditeurs et les best-sellers.
Je rejoins MM. Olivennes et Gallimard en revance : cela ne pourrait QUE nuire à la diversité littéraire, en ne mettant en avant que quelques titres au détriment de nombreux autres.
La proposition semble bonne sur le papier, mais vire à la déplorable idée.
Petit auteur
13/04/2024 à 18:42
C'est une hérésie, vous voulez dire !
L'introduction de la publicité pour les livres à la télévision va complètement à l'encontre de la préservation de notre diversité culturelle.
Ce n'est qu'un moyen pour les gros éditeurs de dominer encore plus le marché. Et encore, on voit ici que même les grands faiseurs y sont clairement défavorables.
Si Vivendi ne s'exprime pas, c'est peut-être que même eux ont des doutes sur le principe, contrairement à ce que l'article laisse entendre.
Rachida Dati semble surtout et totalement ignorer les conséquences de ses actions sur les petits éditeurs qui luttent déjà pour être vus et entendus.
Nous avions eu une ministre de la Culture qui n'avait pas lu Patrick Modiano : on pouvait lui pardonner. Nous en avons une qui fera en sorte que Modiano n'existe même plus.
Difficile de lui passer !
Michel
13/04/2024 à 20:21
Je ne parierais pas sur la déception de Vivendi.
Les émissions littéraires - qui forment d'élégantes pubs - sont le quasi apanage des medias du service public. Passablement connoté à gauche.
Autoriser de la pub classique va sans doute élargir le spectre politique de l'offre littéraire visible. Donc favoriser les affaires de Bolloré, qui a toutes raisons de se faire discret...
Bella gerant alii.
Quant au duel, feutré forcément, Dati-Macron, il me semble résumer assez bien les forces en présence : droite populaire, angoissée par le prix des choses vs gauche bobo, attirée par la taxation d'icelles (surtout celles des Gafam & Cie)...
Qui futuri sunt moliti.
Yuigo
13/04/2024 à 21:54
Ce que l'article oublie, c'est que la télévision a besoin également de trouver des nouveaux annonceurs pour faire face à la baisse de leur revenu.
Le téléspectateur étant un public vieillissant, l'édition colle à la cible et il serait bête de ne pas s'ouvrir ces potentiels nouveaux revenus.
Quand à la publicité de livre à la TV, les best-sellers font déjà l'objet de campagne de pub dans le métro à la radio dans les journaux, dans les émissions de TV ou de radio et même sur les réseaux sociaux.
Ils sont donc déjà mis bien plus en avant que les autres livres, ça ne changera rien si ce n'est peut être attirer un nouveau public en librairie ou développer le livre en grande distribution.
Ou Daty a probablement raison, c'est que ça poussera peut être a des achats supplémentaires.
C'est moins rentables pour les grands groupes, mais ça peut l'être plus globalement pour le secteur.
Team ActuaLitté
14/04/2024 à 00:13
Bonjour
Pour annoncer à la télévision (nous produirons prochainement des grilles tarifaires), il faut des ressources économiques qui, comme indiqué, conduiraient à choisir de ne promouvoir qu'un titre et non plus 10 – cette estimation est fausse, donnée à titre d'exemple, mais la proportion semble fiable.
Necroko
14/04/2024 à 01:52
bah rien ne force les éditeurs à faire de la pub à la TV, ils peuvent ignorer ce canal.
Pragmatique
14/04/2024 à 00:15
Bien que l'idée de promouvoir les livres à travers la publicité télévisée puisse sembler bénéfique pour augmenter les ventes, il est crucial de considérer le coût de tels investissements.
Il est plus que probable que seuls les grands titres et les auteurs déjà populaires bénéficieraient de cette visibilité.
J'ignore si la diversité en serait frappée, pour ce qui est de la publication, mais le principe est véritablement hors sol.
Jérôme - auteur
14/04/2024 à 09:27
C'est une opportunité fantastique pour revitaliser le marché du livre en France ! Avec des publicités télévisées, les livres peuvent atteindre un public plus large et stimuler l'intérêt général pour la lecture.
Je vois les avantages et les inconvénients de cette proposition. D'un côté, cela pourrait augmenter les ventes de livres, mais de l'autre, cela pourrait aussi nuire à la diversité éditoriale. Peut-être qu'un modèle plus régulé, qui inclurait aussi les petits éditeurs, pourrait être une meilleure approche.
Espérons que cela incitera plus de personnes à visiter les librairies et à découvrir de nouveaux auteurs.
Stéphane P.
14/04/2024 à 00:21
Je ne suis pas convaincu que la publicité télévisée soit la solution miracle pour l'industrie du livre. Cela risque d'exacerber la commercialisation de la littérature et de réduire la valeur culturelle des œuvres mises devant le nez des lecteurs.
Nous devons protéger notre patrimoine littéraire, pas le vendre au plus offrant.
Cela marque surtout un tournant dangereux pour notre culture. L'ouverture à la publicité télévisée pour les livres va simplement enrichir les grandes maisons d'édition et marginaliser les auteurs indépendants. C'est un coup dur pour les petits éditeurs qui luttent déjà pour survivre dans l'édition.
Avant de se précipiter dans cette nouvelle ère de publicité pour les livres, il faudrait peut-être approfondir l'analyse des impacts. Comment garantir que cela ne détruira pas la variété et la qualité de notre production littéraire? Il est essentiel de penser aux conséquences à long terme.
Chelmi Lemich
14/04/2024 à 15:55
"Passablement connoté à gauche."
hé hé
prolégomènes de OUF
Urticaire On Demand
Après le cave, c'est Antoine qui se rebiffe.
Gros moment LOL
Loup
15/04/2024 à 08:16
Pourquoi ce pays est il aussi interventionniste ? Si certains groupes veulent perdre leurs moyens en dépendant de l'argent pour la TV, pourquoi les en empêcher ?
Personne ne dit que la TV est un média de l'autre siècle, dépassé. La nouvelle génération est sur YouTube et netflix. La les publicités n'y sont pas interdites ??
Ce décret, dans un sens où dans l'autre est inutile : laissez les gens libres !
ESTELAS EDITIONS
15/04/2024 à 09:14
C'est assez cynique cette levée de boucliers des gros éditeurs. Ils font déjà leur publicité dans les livres présentés lors des émissions littéraires. Ce sont toujours des titres issus des mêmes maisons et leur sélection ne se fait pas par hasard.
En tant que petit éditeur je suis contre la publicité des livres à la télé parce que cette dernière ne serait accessible toujours aux mêmes, ceux qu'on voit sur les plateaux télé. Par contre, si le gouvernement veut faire campagne sur la lecture en elle-même, cette dernière serait la bienvenue.
Marie
15/04/2024 à 09:21
Drôlissime de mêler politique et pub "pour" la lecture". Les oeillères se développent à grand pas...S'il est un domaine où cette "persuasion clandestine" -qu'est la pub- est plus que mineure, c'est bien la lecture. L'acte d'achat est destiné à être déclenché par icelle? Il y a en amont les médiathèques, les livres d'occasion, les passe-livres, le bouche-à-oreille et les prêts d'amis....Liste non exhaustive. De plus la pub n'est jamais "directe"...le site "ActuaLitté" en sait quelque chose. La ministre -dont le porte-"feuille" tient lieu de cerveau- commence à déplaire à M. Macron? C'est de bonne guerre...de papier.
Cathy
15/04/2024 à 10:24
Qui a dit "l'argent va à l'argent" ? Un vieux proverbe populaire sans doute. Vieux peut-être mais juste à coup sûr. Avec plus de cinq cents livres par rentrée littéraire, cette mesure va accentuer encore la différence entre les locomotives littéraires et les autres, ne donner aucune chance aux primo romancier(ères), parmi lesquels figurent des personnes aussi douées que les auteurs de best-sellers.
Ce projet pourrait mettre en danger la vie de petits éditeurs et de leurs auteur(es).Tout le monde ne peut pas s'acheter deux ou trois livres d'une coup, c'est faux de le prétendre, même de le supposer.
Quant à taxer les livres d'occasion, c'est à se demander si Monsieur Macron ne va pas un jour se retrouver à la sortie d'une bouche de Métro la main tendue. Il n'en a pas marre de taxer les petites gens ? Ce sont les lecteurs maintenant qui passent à l'essoreuse, en particulier ceux qui ne peuvent "entrer dans une librairie pour acheter un livre et en ressortir avec trois sous le bras", et qui choisiront le Musso ou le Valognes parce "qu'il faut" les avoir lus puisque tout le monde en parle...
A moins que Monsieur Macron ignore que les Français lisent de moins en moins, les jeunes surtout, dont les parents eux-mêmes ne lisent pas, accaparés eux aussi par le rectangle lumineux et vibrant qu'ils ont toujours à portée de main. Car on en est là : peu de trentenaires lisent aujourd'hui et, comme le disait si justement Robert Badinter, ce ne sont pas (seulement) les liens du sang qui conduisent à une bonne éducation, mais l'exemplarité. Celle des parents bien sûr et en tout premier lieu. Mais également la possibilité de se procurer de quoi lire puisque les livres ne contiennent que ça, des exemples...
Marielle
15/04/2024 à 12:54
Bonjour,
D'un côté comme de l'autre, ça se discute.
Qu'un ouvrage ait la possibilité et les moyens de se faire de la publicité à la télé, ce serait très bien pour son écrivian et injuste pour ceux qui n'en ont pas les moyens, ok là-dessus. D'où ce pseudo refus des maisons d'éditions.
Cependant, les grosses maisons d'éditions fonctionnent aussi un peu comme des mafias, même face aux petites maisons d'éditions qui sont souvent obligées d'éditer POUR les grosses maisons d'éditons pour vivre (leur moyen de subsistance). Ainsi, on a bien vu il y a quelques temps avec Bernard Arnaud, Editis et tout le bazard. Certes il y a eu une intervention pour limiter le dégâts pour la "concurrence", mais, on voit bien qu'ils ne sont pas si innocents en prenant la "défense" de ceux qui seraient laissés pour compte.
Je suis donc mitigée, même si je viens moi-même de proposer mon premier roman à plusieurs maisons d'éditions, que je sais que j'ai une chance sur 1 millions d'être éditée, et que je n'ai ni les moyens d'être éditée à compte d'auteur (il faut en moyenne 2500 euros de mise au départ et il faut pratiquemetn faire sa propre distribution et publicité), et encore moins les moyens de me faire de la publicité à la télévision ! J'espère juste que mon premier roman, dont j'ai déjà bien entamé le tome 2, sera apprécié par l'une de ces maisons. Je ne cherche ni à me faire de l'argent dessus (bon si j'en gagne un peu ce serait pas mal), ni a gagner un prix quelconque (il n'a aucune chance d'ailleurs), mais juste une reconnaissance de mon écriture imaginative en étant éditée. Le prix de Bougar Sarr m'a beaucoup déçue (je suis franco-sénégalaise et une grande lectrice des plus grands classiques français, anglais, américains, et africains et même asiatiques... et de lectures plus modernes aussi... hum... après lecture de Bougar, je pense tout simplement que lui octroyer le Goncours est juste "politique". Ce qui me fait douter de la sincérité des raisons de ce holà contre la publicité à la télé... Comme on dit : "wait and see", Mme Dati est une maligne, mais surtout, elle va là où il y a l'argent, comme tout ce gouvernement du reste.
Michel
16/04/2024 à 14:12
"Elle va là où va l'argent"... Comme à peu près tout le monde.
Et si vous ne semblez pas vouloir y aller, vous ne seriez pas contre qu'il vienne à vous.
Je vous souhaite donc le meilleur dans vos affaires.
PasMichel
17/04/2024 à 07:58
En latin SVP... en latin... de la hauteur...
Marielle Dieng
21/04/2024 à 23:30
Une taxe sur les livres d'occasion ???? On entre dans un monde cauchemardesque ! Quelle hypocrisie par rapport à "ses bibliothèques" qu'elle propose accessibles dans tous les quartiers. Il faudra voir.
Par contre, plus d'émissions littéraires, ce serait bien. Je suis de la génération "Bernard Pivot", et si ses choix n'étaient pas toujours les miens, il nous obligeait à avoir un esprit critique lorsqu'il présentait un auteur, un livre que nous aimions ou non.
Aujourd'hui, je suis plutôt anti-télévision en général, elle tue la vie sociale. Par contre, j'écoute beaucoup de radios culturelles, de podacasts et de chaînes Youtube sur mon ordinateur en travaillant, sur mon smartphone et dans ma voiture.
J'ai mon budget livres mensuels et pour les livres auxquels je suis le moins attachée, je fais des dépôts gratuits régulièrement. Des Espagnols ont créé à partir d'un page facebook il y a pas mal d'année, une action "Siembra de Libros" : on organise, quel que soit le lieux où l'on se trouve dans le monde, des journées de distribution de livre, sur une place, près d'un lycée, un hôpital... Bon, ça demande de l'organisation bien sûr, il faut appeler ses contacts, réunir les livres et les trier et les classer un tant soi peu. Mais un acte qui fait chaud au coeur lorsque l'on voit les gens se jeter dessus, même en lire certains sur place....
Adrien Dariva
23/04/2024 à 05:08
Comme toujours avec le média « Actualitté » et Nicolas Gary, c’est que le papier est bien écrit et l’analyse semble bonne. Mais les considérations politiques personnelles (sur Aurore Bergé et Rachida Dati) prennent le pas et discréditent donc l’intégralité de l’article.
Cela est dommage avec ce média qui se positionne de plus en plus à gauche
Nicolas Gary - ActuaLitté
23/04/2024 à 07:56
Bonjour
Vous confondez contextualisation (manifestement pas à votre goût) et position politique. Et je vous défie de parvenir à cerner les miennes à travers cet article.
Il est donc et avant tout dommage que vous puissiez tirer de pareilles conclusions, si promptement : attention à ne pas se mettre le doigt dans l'oeil, passé un certain moment, on ne peut plus le retirer.
Et s'il s'y trouvait déjà une poutre...
Michel
23/04/2024 à 12:04
Il me paraît difficile de contester que la ligne éditoriale de Actualitté se situe à gauche.
Et vous en êtes le directeur de publication.
Mais peut-être peut-on renverser la sentence de Mitterrand (?):
- de gauche, donc apolitique.
Nicolas Gary - ActuaLitté
23/04/2024 à 12:52
Il me paraît saugrenu de vouloir politiquement qualifier notre ligne éditoriale.
Poil à gratter serait acceptable, mais ce n'est pas vraiment une ligne politique.
Il est d'autant plus amusant et risible de lire ce type de tentative de qualification qu'au moment où François Hollande était au pouvoir, on nous accusait d'être de droite...
Chacun voit à sa porte et selon ses propres critères de jugement – donc sa subjectivité.
Amitiés (sociales)
Aurelien Terrassier
25/04/2024 à 09:45
Comme d'habitude Michou vous êtes dans les choux pour rester poli.
Libraire
25/04/2024 à 07:30
Si réellement, R. Dati souhaite voir le livre apparaître à la télé au moment des publicités, pourquoi ne pas partir sur une communication subventionnée par le Ministère de la Culture autour du prix unique du livre partout en France ?
Pas de pb pour la
diversité éditoriale, tous les points de vente et éditeurs sont concernés aussi bien en zone rurale qu'urbaine.
Et c'est tellement peu valorisé au-delà de notre sphère professionnelle !
C'est certain, c'est un budget... LE SNE/SLF et grands groupes pourraient contribuer ?