Ève et Simon n’en peuvent plus des rituels du réveillon. Un soir, ils claquent la porte, sèchent Noël « comme on sèche les cours » et s’élancent dans Paris. Cette promesse narrative — fuite, surprises, quiproquos — pose d’emblée une comédie dramatique où l’instant présent sert de révélateur du couple.
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La garantie d’une « nuit parisienne pleine de surprises », car Jim cisèle des échanges qui sonnent juste — petites piques, micro-silences, écrans qui vibrent au mauvais moment — et orchestre un va-et-vient constant entre tension conjugale et légèreté (une rencontre imprévue, une situation qui déraille).
La structure en segments courts donne du rythme : scènes resserrées, transitions vives, relances comiques qui fissurent le drame sans l’édulcorer. On lit vite, mais on s’arrête souvent sur une réplique qui déplie la fatigue d’aimer.
Au dessin, Giuseppe Liotti privilégie l’ellipse et l’expressif. Visages mobiles, postures nerveuses, cadrages serrés quand l’air manque — puis plans plus amples dès que la ville s’invite, comme une bouffée d’oxygène. La palette alterne tonalités froides (hiver, néons, intérieurs étroits) et éclats plus chauds qui accompagnent l’élan de l’échappée.
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Le rapport texte/image est complice : bulles qui envahissent l’espace lors des pics verbaux, silences graphiques quand un regard suffit. La page respire, relance, guide l’œil ; jamais décorative, la ville devient partenaire de jeu.
Sous l’allure de comédie de situation, l’album ausculte l’usure — logistique familiale, horaires, politesse sociale — et pose une question simple : que reste-t-il quand on s’accorde une nuit pour « décrocher » ? L’évasion, ici, n’est pas un caprice, mais un protocole de sauvetage splendide, un test grandeur nature de la complicité mise à rude épreuve.
Le récit évite le cynisme : il cherche la tendresse sans sucrer la lucidité. Et dans ce mélange chaleureux et émouvant, l’effet film de Noël, assumé, est travaillé avec finesse. Et combien de fois on aimerait venir en aide à ces deux zigotos... oubliant alors combien ils nous ressemblent.
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Verdict ? Un Noël à Paris réussit son pari : faire du soir des cadeaux un laboratoire sentimental. Scénario à hauteur d’humains, dialogues qui claquent, mise en page souple et cinétique : l’album capte l’électricité des heures qui comptent.
On referme ce premier tome avec l’envie (et le besoin) de suivre jusqu’au bout cette virée sous les guirlandes, où l’ordinaire se bouscule — et où le couple, peut-être, se réinvente. En attendant la fin du diptyque.
Un extrait est à découvrir en fin d'article.