Ils arborent un style vestimentaire tout droit tiré des années 90… rien de plus normal : Quantum et Woody ont vu le jour dans le marasme de cette fin de millénaire. Jouant de codes finissant dans les comics, Christopher Priest au scénario et l’illustrateur, M. D. Bright introduisirent une fameuse rupture. Ce duo de bras cassés rarement atteint, débuta ainsi en juin 97 chez Valiant... Et en France chez Bliss Editions.
Le 14/07/2024 à 13:53 par Nicolas Gary
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Publié le :
14/07/2024 à 13:53
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Déjà installés dans leurs métiers, Priest et Bright incarnent deux parcours professionnels assez distincts dans l’industrie du divertissement. Ils partagent tous deux cette dimension iconoclaste qui perturbe les radars, certes. Mais comment accouchèrent-ils de ces deux loustics ?
Christopher Priest, de son vrai nom James Owsley (30 juin 1961 à New York) est reconnu pour son travail novateur dans l’industrie, notamment sur des séries telles que Black Panther et Deadpool. Il débuta comme éditeur et écrivain chez Marvel et devint le premier rédacteur en chef afro-américain de l’industrie. Son style reposant sur un humour acerbe le distingue rapidement — qu’il ait été ordonné ministre baptiste n’est pas une information négligeable pour sa perspective créative.
M. D. Bright, né Mark D. Bright est plus âgé de six ans, né à Montclair (New Jersey) : dessinateur installé, il avait débuté chez DC Comics en 1978 avant d’intégrer Marvel, passant de Green Lantern à Iron Man. Il est aussi cofondateur de Milestone Media, une entreprise pionnière dans la création de personnages de superhéros issus de minorités. Son style précis et dynamique aura balayé une époque — il est décédé en mars dernier.
L’idée de Quantum et Woody part d’un projet chez Vailant Comics, qui entendait jouer sur l’irrévérencieux : Fabian Nicieza avait repéré la collaboration de Priest et Bright sur le binôme Power Man et Iron Fist (Marvel, 1885).
Priest. L’éditeur demande donc au scénariste une série, plus humoristique : Bright est embarqué dans l’aventure. Ça va saigner : entre le duo protagonistes de Marvel et le binôme Quantum et Woody, qui débute en juin 97, ce sera le jour et la nuit. Pardon : le trio. Une chèvre (ou un bouc...?), probable réincarnation de leur père, les suit dans toutes leurs péripéties, baptisée Vincent Van Goat.
Mais reprenons du début. Eric Henderson et Woodrow Van Chelton sont frères — le second ayant été adopté par le Dr Derek Henderson. Leur enfance se déroule entre petites bêtises, souvent initiées par Woodrow, et frustration chez Eric, estimant que son père est plus proche de ce vrai-faux frère. Mais à l’âge adulte, tous deux prennent des chemins radicalement différents, jusqu’à se perdre de vue complètement : le premier devient militaire, le second… disons dilettante hors norme.
À la mort de leur père, tous deux seront contraints de se retrouver et de faire équipe : lors d’un accident survenu dans le laboratoire où bossait le daron, leurs corps se transforment en énergie pure, les obligeant à frapper ensemble leurs bracelets métalliques toutes les 24 heures pour rester stables. Sinon, c’est désintégration illico.
Eric, sous le nom de code Quantum, avec costume et cape, entre dans une optique de vengeance de son père, quand Woody se contente d’une paire de soleil bleue, sous nom véritable nom. Ensemble, ils naviguent dans un monde de criminels, de complots et d’humour absurde, créant ainsi une dynamique unique et mémorable dans le paysage des comics.
Eric convertit son corps en énergie pure et génère des décharges et rafales énergétiques ou encore des boucliers de protection. Le tout, en augmentant sa force physique. Woody ne maîtrise évidemment pas aussi bien ses pouvoirs — du fait qu’il ne s’en préoccupe pas : plus souvent impulsif, ses pouvoirs sont plus offensifs, mais utilisés de manière imprévisible.
Quant à la chèvre, elle possède des capacités délirantes résultant d’expérimentations scientifiques : vision thermique, une force surhumaine (ou résolument surcaprine…) et vol sur courtes distances… À elle seule, cette bestiole vaut le détour, illustrant l’approche résolument prise à contre-pied du genre super-héroïque. La série originale a connu 17 numéros avant l’arrêt des publications d’Acclaim Comics en 2000, démontrant la synergie créative (autant que farfelue) entre deux hommes.
Le duo de superhéros a connu une renaissance en 2013 lorsque l’éditeur Valiant Entertainment a relancé la série. Cette nouvelle itération a permis à une nouvelle génération de lecteurs de découvrir les aventures de Quantum et Woody.
Le style graphique de M.D. Bright se caractérise par un trait dynamique et expressif. Les personnages sont rendus avec un réalisme accentué, tandis que les scènes d’action bénéficient d’un découpage cinématographique. L’utilisation de couleurs vives renforce l’ambiance énergique de la série. Au fil des numéros, le duo affronte divers adversaires tout en gérant leurs différends personnels. Eric, sérieux et responsable, contraste avec Woody, immature et impulsif. Cette dualité alimente les ressorts comiques et dramatiques de la narration.
La série aborde des thèmes sociaux comme le racisme et les tensions familiales. Le scénario de Priest mêle humour et commentaire social, créant une œuvre qui se démarque dans le paysage des comics de superhéros.
En 2013, Valiant Entertainment relance la franchise. La nouvelle série, scénarisée par James Asmus et illustrée par Tom Fowler, modernise le concept tout en préservant l’esprit original. Le style graphique évolue vers un trait plus cartoonesque, accentuant l’aspect comique des situations.
Dès lors, « la pire équipe de superhéros au monde » prend du galon, d’autant qu’un cross-over avec deux autres personnages bien plus barrés encore dans l’univers Valiant, est lancé par Asmus, et Fred Van Lente au dessin : The Delinquents. Notons que les deux compères ont aussi leurs propres aventures, publiées chez Bliss : « Quantum et Woody forment la pire équipe de superhéros du monde. Archer et Armstrong sont un duo improbable d’aventuriers démêlant les pires conspirations. »
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En 2020, la série Quantum and Woody par Christopher Hastings et Ryan Browne propose une nouvelle approche visuelle. Le style devient plus expérimental, jouant avec les codes du médium pour renforcer l’aspect métafictionnel du récit. De nouvelles approches narratives, artistiques, mais avant tout un accent de plus en plus porté sur l’absurde, à travers des situations éminemment farfelues.
Eric, à jamais sérieux, responsable et analytique (même quand il tombe amoureux), face à Woody, impulsif, désinvolte et un peu demeuré, et au milieu Vincent Van Goat, qui parviendra même à tomber enceinte… Un bouc, enceinte ? Si, si....
Quantum et Woody ont amplement mérité leur statut de série culte, dans ce mélange de comédie, drame et d’action : la collaboration de Priest et Bright aura résolument marqué un tournant dans l’industrie des comics. En offrant une nouvelle perspective sur les relations entre les deux frères, tous artistes qui ont hérité de ces zouaves ont dû s’en donner à cœur joie.
Paru le 27/05/2016
125 pages
Bliss comics Editions
13,95 €
Paru le 13/10/2016
120 pages
Bliss comics Editions
13,95 €
Paru le 09/03/2017
144 pages
Bliss comics Editions
14,95 €
Paru le 25/01/2018
160 pages
Bliss comics Editions
16,95 €
Paru le 09/09/2022
128 pages
Bliss comics Editions
35,00 €
Paru le 12/05/2017
144 pages
Bliss comics Editions
16,95 €
1 Commentaire
Vincent Van Goat
15/07/2024 à 00:24
Oui c'était une bonne série (j'ai en en numérique)