#PrixAutomne23 - Événement sans doute plus commercial et médiatique que littéraire, la rentrée de septembre réjouit les éditeurs. Mais pas que : au cœur de Saint-Germain-des-Prés, des jurés usent de leur influence pour désigner quelques heureux et heureuses élues... Un examen sociologique de ces personnalités renseigne sur la manière dont la culture littéraire légitime se définit, à cette période de l'année. Et, surtout, par qui : en majorité des hommes blancs, souvent fils de notables, âgés de 63 ans en moyenne et... de droite ?
Le 20/09/2023 à 09:38 par Antoine Oury
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20/09/2023 à 09:38
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Rentréelittéraire23 - Les prix de la rentrée littéraire constituent le marronnier idéal des journalistes culturels : des sujets que l'on couvre sans trop d'efforts, en recueillant les commentaires enthousiastes du jury et les remerciements modestes des lauréats – sans omettre quelques petits fours engloutis au passage.
La critique des prix littéraires n'est pas un marronnier moins feuillu : en crise de légitimité, concurrencés par les prescriptions des bibliothécaires, des libraires, des blogueurs et des influenceurs, parasités par des polémiques fréquentes sur les conflits d'intérêts... Les récompenses de la rentrée n'ont indéniablement plus le même prestige qu'auparavant.
Néanmoins, certaines d'entre elles exerce une influence considérable sur les ventes de la fin d'année, période essentielle pour l'industrie de l'édition. Le Prix Goncourt, notamment, propulsera dans la stratosphère un ouvrage qui, sans ce sacre, aurait connu des ventes plus modestes. Ainsi, en 2021, Mohamed Mbougar Sarr a vendu 377.172 exemplaires de La plus secrète mémoire des hommes (Jimsaan & Philippe Rey).
Un prix littéraire pèse aussi sur la manière dont tel ou tel auteur est considéré : l'obtention d'une récompense, bonne pour l'ego, facilitera aussi les négociations contractuelles d'un prochain ouvrage, avec une avance ou un pourcentage des ventes plus confortables. Sans oublier la médiatisation et d'éventuelles invitations — à la rémunération encadrée — dans des salons et festivals.
PODCAST – Prix littéraires 2022 : quel impact sur les ventes ?
Enfin, le prix littéraire est un enjeu d'influence, d'acceptation au sein d'un cénacle où la reconnaissance s'échange comme une poignée de main ou une bise entre initiés.
Pour mieux comprendre ces réseaux d'influence et de légitimité culturelle, nous avons étudié les profils des jurés de prix littéraires de la rentrée, en nous concentrant plus particulièrement sur 10 d’entre eux (Prix Décembre, Prix Goncourt, Prix Renaudot, Prix de Flore, Prix Jean Giono, Prix Interallié, Prix Médicis, Prix Fémina, Prix Wepler et Prix des Deux Magots).
Pourquoi ces récompenses ? D'abord, parce qu'elles jouissent d'une couverture médiatique considérable et qu'elles élisent des ouvrages de la rentrée littéraire (le Prix Jean Giono ne le revendique pas, mais le fait cependant). À ce titre, le Grand Prix du Roman de l'Académie française n'a pas été inclus, car il est censé revenir au titre « que l’Académie a jugé le meilleur de l’année » (souvent publié en août-septembre, mais pas toujours, à l'instar du Mage du Kremlin, sorti en avril 2022).
Nous n'avons pas pris en compte les prix littéraires décernés par des médias (Le Monde, Les Inrocks...) ni par une enseigne de libraires ou des grandes surfaces culturelles (le Prix du Roman Fnac, par exemple).
En 2023, Frédéric Beigbeder a publié Confessions d'un hétérosexuel légèrement dépassé chez Albin Michel, et écumé les médias pour expliquer qu'il était en voie de disparition (!), menacé par la cancel culture et les redoutables wokistes. Aucun risque en matière de prix littéraires : l’écrivain de 57 ans siège ainsi parmi les jurés du Prix Renaudot, du Prix de Flore et du Prix Maison Rouge (il a cofondé les deux derniers).
INTERVIEW – “Les prix littéraires sont des éléments-clés de la vie du livre”
Il décroche la palme de l'auteur le plus « investi », devant Arnaud Viviant, qu'il connait bien, au Prix de Flore également et au Prix Décembre, Franz-Olivier Giesbert (Prix Renaudot et Prix Jean Giono), Étienne de Montety (Prix des Deux Magots et Prix Jean Giono), Marianne Payot (Prix des Deux Magots et Prix Jean Giono aussi) ou bien Jean-René van der Plaetsen (Prix de Flore et Prix Interallié).
Auteurs et autrices en quête de reconnaissance, soyez prévenus : il ne faudra pas se fâcher avec ces personnalités...
Si les prix littéraires de la rentrée s'efforcent de faire valoir leur « singularité » par le choix de lauréats différents, on constate une certaine homogénéité au sein des jurés.
Au-delà des cumulards évoqués, les 10 récompenses littéraires prises en compte ne font ainsi apparaitre qu'un nombre infime de personnes non blanches au sein de leurs jurys, qui se comptent sur les doigts d'une main. Pour dénicher des jurys de prix littéraires où la diversité est plus présente, il faut se tourner vers le Prix littéraire de la grande mosquée de Paris ou le Prix de la Porte Dorée, lié au Musée national de l’histoire de l’immigration... Ce qui symbolise assez bien la place qui lui est encore réservée par certaines institutions culturelles.
Sur les 106 jurés recensés, on compte 58 hommes pour 48 femmes. Un écart qui s'étend lorsque l'on retire du total deux prix très « genrés », le Prix Fémina d'une part (12 femmes) et le Prix Interallié d'autre part (9 hommes). 49 hommes face à 36 femmes, soit une répartition 58/42 %. Sans le Prix Fémina, créé en 1904 pour contrebalancer un Prix Goncourt jugé misogyne, la représentation féminine serait sans conteste plus faible.
Faut-il être à la retraite pour décerner des prix littéraires ? Si l'âge légal de départ est désormais de 64 ans, l'âge moyen des membres des jurés des 10 récompenses prises en compte s'établit à 63 ans. Le Prix Médicis, avec une moyenne de 73 ans, est le plus « âgé », quand le Prix Wepler est de loin le plus « jeune », avec une tranche d'âge moyenne située entre 30 et 40 ans, selon ses organisateurs. Le Prix Décembre suit, à 59 ans, puis le Prix de Flore (60), l'Interallié (61) et les Deux Magots (63,5). Le Prix Goncourt, qui a fixé en 2008 une limite d'âge de 80 ans pour ses jurés, affiche 71 ans, avec un peu de marge.
Loin de verser dans l'âgisme, remarquons que l'on prêterait une lucidité littéraire corrélée au nombre des années, d'après le paradigme des récompenses de la rentrée.
Le prestige d'une récompense tient surtout à son nom et à son histoire, plus qu'à ses jurés. Néanmoins, le recrutement nécessite un CV où figurent certaines expériences.
Notons d'emblée la place à part du Prix Wepler au sein des récompenses de la rentrée : créé en 1998 par la libraire Marie-Rose Guarniéri, il réunit 5 membres de la profession au total dans son jury, accompagnés par 3 journalistes, un lecteur, une agente de La Poste et une personne détenue. C'est de loin, comme nous allons le voir, le prix littéraire le plus socialement diversifié de cette période particulière. Il ne compte par ailleurs aucune personnalité médiatique, ce qui n'a pas permis de l'étudier d'une manière aussi détaillée que les autres.
Ainsi, tous les membres des jurys des 9 autres récompenses littéraires sont eux-mêmes auteurs et autrices d'ouvrages publiés, à de rares exceptions, dont Maxime Catroux, éditrice chez Flammarion (Prix Décembre), Véra Michalski, éditrice présidente du groupe Libella (Prix Jean Giono) et Marianne Payot, journaliste rédactrice en chef Livres de L'Express.
ANALYSE – La concentration a raflé les prix de la rentrée littéraire 2022
Les métiers de l'écriture dominent d'une manière écrasante, avec des journalistes également auteurs d'ouvrages publiés, comme Christophe Ono-dit-Biot, Étienne de Montety, Laurence Caracalla ou bien Franz-Olivier Giesbert. On relève assez peu d'éditeurs « déclarés » (nous reviendrons sur ce point), si ce n'est Maxime Catroux, donc, Vera Michalski, et Manuel Carcassonne (Prix de Flore), qui assume — ou assuma — les trois métiers évoqués : auteur, journaliste (critique littéraire, notamment pour Le Point) et éditeur (Grasset et désormais Stock).
Il demeure assez complexe d'établir la situation socio-économique des 106 jurés réunis, bien que certaines particularités sautent aux yeux. Concernant l'origine géographique, d'une part : si aucun prix n'est totalement tourné vers Paris (celui des Deux Magots comprend 5 jurés originaires la capitale au bas mot, sur 12), tous comptent dans leur jury au moins un Parisien, une Parisienne ou des banlieusards.
Et lorsque l'on écrit « banlieusards », on pense en réalité à Boulogne-Billancourt et Neuilly-sur-Seine, les deux villes disposant du plus grand nombre de foyers fiscaux ayant un revenu fiscal de référence supérieur à 100.000 € en France...
Si Paris figure en tête du palmarès des villes d'origine des jurés (18 occurrences), elle est suivie par Neuilly-sur-Seine (6 occurrences) et Boulogne-Billancourt (3 occurrences). Les autres villes de France (ou d'autres pays) ne sont jamais autant représentées, sauf Bâle (Suisse), qui atteint les deux occurrences (y sont nés Vera Michalski et l'auteur Robert Kopp, tous deux au jury du Prix Jean Giono).
Le Prix Wepler, plus diversifié dans la composition de son jury, s'appuie tout de même sur des membres « majoritairement de Paris » et de la région parisienne (librairie Millepages à Vincennes), avec l'agente de La Poste pour représenter les régions.
Il serait toutefois faux d'affirmer que les prix littéraires sont un passe-temps parisien (on trouve dans les jurés une relative diversité en matière de villes de naissance), force est de constater que la région parisienne a malgré tout bien plus de poids dans la composition de l'ensemble des jurys.
Au-delà du lieu de naissance, on perçoit aussi certaines caractéristiques récurrentes concernant l'origine sociale des jurés. Pour le dire simplement, mieux vaut être bien né, jouir d'une illustre ascendance et d'un héritage favorable.
DOSSIER – Les prix littéraires de la rentrée 2023
On retrouve ainsi parmi les jurés quelques fils et filles de responsables politiques ou de haut-fonctionnaires (Françoise Chandernagor, fille de ministre ; Dominique Bona, fille de secrétaire d'État ; Stéphane Denis ; Pauline Dreyfus) et même un ancien ministre (Frédéric Mitterrand), mais aussi des descendants d'industriels ou d'affairistes (Manuel Carcassonne ; Christine Jordis, fille d'Henri de Foucaucourt, industriel, journaliste et directeur de banque ; Vera Michalski, arrière-petite-fille de l'industriel suisse Fritz Hoffmann-La Roche).
Une généalogie bourgeoise peut aussi être utile, à l'instar de celle de Frédéric Beigbeder, Clara Dupont-Monod et Étienne de Montety.
Enfin, d'illustres aïeux permettront de s'annoncer plus facilement (Jean-Marie Rouart, fils du peintre Augustin Rouart ; Julie Wolkenstein, fille de l'académicien Bertrand Poirot-Delpech ; Didier Decoin, fils du cinéaste Henri Decoin...) Une fois ces observations réalisées, la question demeure : les prix littéraires sont-ils élitistes parce que la littérature l'est, ou l'inverse ?
Les héritages — culturels, aussi bien que financiers — d'un certain nombre de membres des jurés des prix de la rentrée interrogent sur la manière dont ce moment médiatique et littéraire façonne la culture dite « légitime ». Autrement dit, les livres qu'il faut avoir lus, les auteurs qu'il faut célébrer : l'orientation particulière de la composition des jurys ne risque-t-elle pas de privilégier des centres d'intérêt, des goûts esthétiques, une certaine morale par rapport aux autres ?
Il se révèle assez complexe de dégager les orientations politiques et idéologiques des jurés des récompenses de la rentrée. Difficile en tout cas de passer à côté d'un certain glissement du quartier parisien de Saint-Germain-des-Prés, auquel se rattache encore la rentrée littéraire.
Le quartier est passé de fief d'une gauche intellectuelle et engagée (non sans ressources) après la Seconde Guerre mondiale, à territoire de la « gauche caviar », passablement embourgeoisée au tournant du XXIe siècle.
Remarquons simplement qu'aujourd'hui, les journalistes et proches du Figaro sont plus représentés au sein des jurés que les collaborateurs de L'Humanité, ou même de Libération. Étienne de Montety, Frédéric Beigbeder, Jean-René van der Plaetsen, Jean-Pierre Saccani, Bertrand de Saint-Vincent, Jean-Marie Rouart, Stéphane Denis, Éric Neuhoff, Philibert Humm, Jean Chalon, Éric Deschodt ou encore Jean-Luc Coatalem, tous ont signé ou signent toujours des articles au Fig’ comme au Fig' Mag'.
En y ajoutant les journalistes et critiques des publications de droite que sont L'Express et Le Point, il subsiste finalement assez peu d'espace pour des titres que l'on classe plus volontiers à gauche. Ainsi, après le temps de la gauche caviar, celui de la droite Ruinart à Saint-Germain ?
Les accusations de copinage et de renvois d'ascenseur sont fréquentes à l'égard des prix littéraires, non sans raison. Des polémiques surviennent régulièrement, la dernière en date, en 2021, ayant conduit le Prix Goncourt à refuser les livres des proches des Académiciens...
Mettre au jour les amitiés et liens entre les uns et les autres n'était pas vraiment possible et, à part dans le cas des éditeurs de métier (Maxime Catroux de Flammarion au Prix Décembre, Manuel Carcassonne de Stock au Prix de Flore), il est parfois difficile de connaitre le rôle d'un auteur au sein d'une maison : par exemple, Arnaud Viviant fut directeur de collection pour les éditions Léo Scheer.
Il ne reste plus qu'à se rabattre sur les maisons qui accueillent les livres des uns et des autres. L'auteur porté par une maison serait-il plus à même d'élire un ou une « collègue » ? La réponse est donnée par la probité littéraire des jurés, mais il n'est pas défendu de réaliser quelques observations... (Nous avons pris en compte les dernières publications de chaque auteur, pour simplifier).
Ainsi, les prix littéraires de la rentrée sont généralement considérés comme le pré carré de quelques éditeurs, réunis sous la dénomination GalliGrasSeuil, pour Gallimard, Grasset et Seuil. À ce titre, 21 auteurs publiés chez Gallimard sont présents dans les jurés de la rentrée, 25 auteurs Grasset et seulement 6 auteurs du Seuil.
Le groupe Madrigall se défend bien, si l'on ajoute les auteurs Flammarion, P.O.L. et Mercure de France (11 en plus) ainsi que l'éditrice Maxime Catroux. Mais le groupe Hachette reste le mieux placé, avec les auteurs Grasset, mais aussi ceux des éditions Stock (13), sans oublier l'éditeur Manuel Carcassonne, et 3 auteurs Fayard qui viennent compléter le tableau.
L'entité éditoriale la plus puissante de France, qui domine déjà une partie des meilleurs démarrages des ventes de l'année 2023, a placé le plus de « billes » dans la cour de récré de la rentrée littéraire. Soulignons que certains auteurs sont multiéditeurs, et publient par exemple chez Stock et Gallimard, comme Camille Laurens (Prix Goncourt), ou chez Grasset et Stock, tel Patrick Besson (Prix Renaudot).
D'autres maisons sont « représentées » par des jurés, mais elles ne le sont jamais massivement comme celles précitées, à l'exception d'Albin Michel, qui publie 10 auteurs qui siègent ici et là.
Faut-il pour autant sombrer dans la théorie du complot et des bruits de couloir ? Sûrement pas : le Prix Jean Giono, par exemple, dont 7 jurés sur 11 sont publiés par Gallimard, a aussi récompensé, dernièrement, des titres publiés par Albin Michel, Stock ou Lattès. De la même manière, le Prix de Flore, où officient 5 auteurs Grasset et un éditeur de la maison, n'a pas récompensé de titre publié par cette dernière depuis 2015.
Photographie : ActuaLitté, CC BY SA 2.0 (Chabe01, CC BY-SA 4.0 ; librairie mollat, CC BY-SA 4.0 ; librairie mollat, CC BY 3.0 ; Serge Melki, CC BY 2.0 ; Esther Vargas, CC BY-SA 2.0 ; Pierre Metivier, CC BY-NC 2.0 ; ActuaLitté, CC BY SA 2.0)
DOSSIER - Les prix littéraires de la rentrée 2023
Par Antoine Oury
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7 Commentaires
Lecteur régulier
20/09/2023 à 14:56
Bonjour
Alors là je dis bravo, c'est vraiment un super article, le meilleur que j'ai lu sur les prix littéraires.
Suis-je le seul à remarquer qu'ActuaLitté a clairement changé de niveau depuis quelques temps?
Cordialement
Team Bourdieu
20/09/2023 à 16:21
Pas plus conservateur que le millieu littéraire (oui la lune existe vraiment) amusant de découvrir les évidences en 2023... à commencer par les auteurs, les plus frileux, le reste suit, la critique, les petits larbins, les éditeurs aux souliers bien cirés tellement les langues ont briquées les moulures. Décernons des prix il en restera toujours des amuse-gueules à la peau fanée.
Philipp
20/09/2023 à 21:42
Un tableau serait intéressant et donnerait de lui-même les tendances.
D. L.
21/09/2023 à 08:15
Article très clair sur le profil des Prix qui ont encore tendance à se multiplier, ce qui les rend encore moins visibles et crédibles.
Lorsque mon éditeur me parle d’un Prix pour y présenter un de mes romans, je vais vite voir un point : quels sont les jurés et quels sont les éditeurs sélectionnés et primés les années précédentes. Ma réponse est à 99 % négative, car je suis édité non seulement chez un éditeur indépendant, mais qui plus est basé dans ce lieu inconnu qu’ils appellent la province. Il n’y a d’ailleurs qu’à Paris qu’on nomme les autres territoires province. En « province », on va en Bretagne, en Provence, à Lyon, voire à Paris, etc.
À 99 % (sondage réalisé auprès de moi-même, pour moi-même), les éditeurs sélectionnés font partie du quarteron germanopratin, et les membres du jury issus du même sérail. Chaque Prix tente de se faire remarquer en incluant un ou plusieurs membres « visibles » et ne donnent leur Prix qu’à des éditeurs visibles, c’est ce que m’ont confié plusieurs membres de Prix sous le manteau, charge à moi de ne pas le répéter, ou de ne pas les citer.
Combien de fois ai-je évoqué la nécessité de pratiquer la lecture des titres en lice comme on goûte un vin lors d’un Prix : à l’aveugle. Pas de nom, pas de couverture, juste un titre et un texte !
Ah, non, surtout pas ! Que deviendrait le snobisme des Prix, que voudrait dire l’engagement à manger des petits fours dans un restaurant huppé ?
Le mot composé Prix littéraire est devenu un non-sens, un oxymore, une médaille en chocolat, un peu comme une Légion d’honneur remise à des dictateurs ou des patrons du CAC 40 venant de licencier 5 000 employés. Je ne parle pas de la valeur des livres primés. D’ailleurs, les jurés non plus puisqu’il est impossible, dans cette longue ligne droite automnale, qu’ils aient le temps de lire les 500 ou 800 titres pouvant prétendre à cette course.
Ces Prix littéraires sont à l’image de l’édition industrielle, ils ne rapportent plus, alors, on multiplie. Où est le temps d’un Goncourt qui flirtait avec le million ?
Aujourd’hui, on est fier d’annoncer les + de 300 000, et encore, avec un excellent livre.
Allez, je retourne à l’écriture, juste pour le plaisir.
Sarah - Caprice de lecture
21/09/2023 à 08:35
Excellent article qui met en lumière les dessous des prix littéraires et des jurés de ces prix.
Pour résumer, il faut être :
=> Riche
=> Fils/fille de
=> Mais pas forcément impartial !!
A quand un VRAI prix littéraire avec de VRAIS JURES INDEPENDANTS ?
Libraires, bibliothèques, continuons à défendre ce qui nous tient à cœur : la belle littérature !
Edou B.
21/09/2023 à 11:37
Article très intéressant.
Pourquoi ne pas évoquer également les jurés des prix jeunesse ou des littératures de genre (polar, imaginaire, etc...) ?
Le contrepoint serait instructif.
D'autant que de plus en plus de lecteurs boudent la "littérature" où ils ne se retrouvent plus, pour lire ce qui n'est pas considéré comme tel (sauf le polar parfois).
À moins que vous aussi ne considériez ces genres comme autre chose que de la littérature ?
Jasper the disaster
24/09/2023 à 14:27
Article qui est le Marronnier habituel de la rentrée littéraire depuis trente ans, sauf que ceux qui fustigeaient la corruption des jurés littéraires comme beigbeder dans les années 90 sont devenus en vieillissant les plus corrompus et servent la soupe. La France, quoi !!!!