Ce mardi 2 février, les moniteurs étudiants de la bibliothèque Sainte-Barbe, rattachée à l'université Sorbonne Nouvelle — Paris 3, débrayaient une nouvelle fois, accompagnés par des bibliothécaires permanents et des professeurs de l'université. Alors que la crise sanitaire frappe de plein fouet les étudiants, ils réclament le maintien de leur rémunération en cas de confinement et de fermeture de l'établissement. Une partie du personnel de la bibliothèque les soutient et réclame plus de moyens.
Le 05/02/2021 à 17:41 par Antoine Oury
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05/02/2021 à 17:41
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Depuis décembre 2020, les 22 moniteurs étudiants de la bibliothèque Sainte-Barbe mènent des mouvements de grève réguliers, pour obtenir des garanties de la direction de l'établissement, mais surtout de l'université Paris 3, sur leurs droits et leur rémunération.
Certaines de leurs demandes ont été entendues : « Les planchers horaires fixes, les jours de congé et les tickets restaurants nous ont finalement été garantis, nous avons gagné sur ces points », nous confirmait ainsi une monitrice étudiante mobilisée.
Mais la grève sera reconduite, ce samedi 6 février 2021, avec pour conséquence la fermeture de la bibliothèque Sainte-Barbe, incapable de fonctionner sans l'apport des moniteurs étudiants, des postes rémunérés généralement au niveau du SMIC, mais essentiels pour les établissements universitaires sur des créneaux chargés.
Les moniteurs étudiants cherchent toujours à obtenir un engagement de l'université Paris 3 sur le maintien de leur rémunération en cas de nouveau confinement, et donc de fermeture de la bibliothèque, ainsi que le paiement de trois jours de fermeture lors du deuxième confinement.
Sollicité, l'université Sorbonne Nouvelle — Paris 3 nous indique l'absence « de procédure spécifique en cas de confinement », mais reconnaît toutefois en appliquer une, celle « pour les fermetures inopinées le dimanche (programmées en deçà de 48h) qui sont systématiquement payées (malgré les heures non faites) »...
« Aussi, pour la dernière fermeture pour cause de confinement, comme les annonces ont eu lieu le jeudi soir, et que les bibliothèques étaient fermées au public à partir du samedi pour s'organiser, les moniteurs ont étés payés le samedi quand même. Les autres jours de fermeture n'ont pas été payés par contre », poursuit-on du côté des ressources humaines.
Ainsi, un confinement suffisamment anticipé par l'université aboutirait sur une absence de rémunération, pour les moniteurs étudiants. L'interprétation de l'université risque de se heurter aux manifestations de sollicitude du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, qui peut difficilement ignorer la situation très délicate des étudiants pendant la crise sanitaire.
Indiquant qu'il « s'agit d'un sujet interne à Paris 3 », le ministère rappelle toutefois que « pendant le confinement, la ministre a souligné le 18 mars que “dans son adresse aux Français du 16 mars, le Président de la République a rappelé que personne ne serait laissé de côté. Dans ce contexte, et y compris alors que l'activité se réduit dans les établissements, les contractuels de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation doivent être traités avec la plus grande bienveillance.” »
Une injonction que le ministère ne peut que reformuler, nous indiquant par ailleurs qu'il « reste vigilant à ce qu'il y ait de la souplesse et la plus grande bienveillance vis-à-vis des étudiants moniteurs dans ces conditions exceptionnelles ».
La mise en place de jauge d'accueil et autres dispositifs de réservation devraient éviter de fermer à nouveau la bibliothèque Sainte-Barbe et les autres bibliothèques universitaires, indique encore le ministère. Ces conditions posées, le refus de garantir la rémunération des moniteurs étudiants interroge encore plus : « On ne comprend vraiment pas cette position, car nous sommes après tout les salariés qui coûtent le moins cher à l'université », nous indique une membre de l'équipe de moniteurs étudiants.
Les personnels de l'université ont appris à se méfier des annonces et certitudes du ministère de l'Enseignement supérieur, qui « fluctuent d'une semaine à l'autre » depuis le début de la crise sanitaire. Mais une partie d'entre eux se disent solidaires de la lutte des moniteurs étudiants, « qui sont parmi les plus précaires », rappelle Frédéric Erard, cosecrétaire du syndicat CGT FERC SUP Paris 3.
« Au départ, nous nous sommes battus pour que les moniteurs étudiants soient rémunérés tous les mois, voient les congés payées reconnus, le paiement des jours fériés ou encore le remboursement du forfait cantine ou du Pass Navigo. L'administration les considérait comme des vacataires, alors qu'ils sont contractuels. Nous avons d'ailleurs dû rappeler ces droits et ces acquis à la nouvelle direction des ressources humaines de Paris 3, qui avait remis en cause tout ce qu'on avait obtenu », nous explique-t-il.
Aux revendications des moniteurs étudiants est venue s'ajouter l'annonce de la suppression de deux postes de contractuels de catégorie B, avec l'ouverture de deux postes de titulaires, pour la bibliothèque Sainte-Barbe. « Jusqu'à présent, l'université s'arrangeait pour ne pas faire partir les contractuels comme cela, on applique désormais une politique antisociale, en pleine crise sanitaire », déplore-t-on.
Ce mardi 2 février, les contractuels catégorie B de la bibliothèque Sainte-Barbe ont à nouveau rejoint les moniteurs étudiants sur leur piquet de grève. Ils dénoncent ces suppressions de postes, alors que la situation en sous-effectif de l'établissement est connue. « Concrètement, cela se traduit par une surcharge de travail pour de très nombreux agents et une sur-sollicitation des 22 moniteurs-étudiants, dont les missions dépassent leur niveau de responsabilité afin de pallier les dysfonctionnements internes [...]. L’ensemble se répercute sur le moral des agents et le service public », indiquent-ils dans un tract.
Sur ce point, le ministère de l'Enseignement supérieur se dit « conscient des problèmes de sous-dotation de la BSB, la soutient depuis son ouverture et a créé plusieurs emplois (5 de catégorie B pour la BSB et un de catégorie A pour la coordination entre la BSB et la BSG) et assuré des dotations pérennisées au-delà des moyens transférés pour son fonctionnement lors du passage aux RCE [Responsabilités et Compétences Élargies, dans le cadre de la loi LRU] ».
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Toujours selon le ministère, « plus de 460.000 € sont versés chaque année à l'université de Paris 3 pour soutenir le fonctionnement de la BSB, compte non tenu de plus de 80.000 € alloués dans le cadre de l'extension des horaires d'ouverture, y compris le dimanche ».
Selon Frédéric Erard, d'autres membres du personnel contractuel, dans d'autres services, font face à la même situation, qui s'accompagne de mesures de restructuration, « une politique nouvelle à Paris 3 ». Autre catégorie précaire au sein du personnel de l'université, les chargés de cours, des étudiants, retraités ou disposant d'une autre activité principale, et placés sous le statut de vacataire, sont entrés en grève pédagogique pour dénoncer les inégalités dont ils sont victimes.
Selon nos informations, Jamil Jean-Marc Dakhlia, directeur de l'université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, envisagerait de recevoir les moniteurs étudiants, pour de nouvelles négociations. En attendant, la grève est reconduite, et un préavis de grève a été déposé pour l’ensemble des personnels de votre université par la CGT FERC SUP Paris 3.
Pour faire face aux coûts des jours de mobilisation, les moniteurs étudiants se félicitent « de l'important soutien financier reçu, via la caisse de grève » par des syndicats de personnels de l'université, de bibliothèques ou d'étudiants.
Photographie : illustration, acmolenaar, CC BY-NC 2.0
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