L'écrivain Frédéric Maupomé vient de signer une tribune évoquant la question des élections professionnelles pour les artistes auteurs. Il nous propose ici un texte mettant à plat toutes les problématiques de ce sujet. Son plaidoyer est proposé en intégralité.
Le 22/03/2021 à 07:57 par Auteur invité
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22/03/2021 à 07:57
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Depuis quelques années, on peut constater des fractures très nettes entre diverses organisations qui se présentent toutes comme défendant les artistes-auteurs et autrices. Le grand public, et parfois même les artistes-auteurs qui ne s’intéressent pas à ces questions peuvent percevoir ces luttes comme des « guéguerres entre associations ». Pourtant la question de la représentativité professionnelle, qui est au cœur de ces dissensions, est une question fondamentale, je dirai même que c’est LA question la plus importante pour notre avenir.
Les politiques, les décideurs, quels qu’ils soient, ont besoin d’interlocuteurs. Ils ont besoin d’interlocuteurs qui amènent des sujets et avec qui négocier. Et même si cela peut paraître abstrait et lointain, qui négocie, qui représente les auteurs a une importance cruciale et des répercussions concrètes dans la vie de tous les jours. Que négocie-t-on dans les conditions contractuelles ? Combien paie-t-on de retraite complémentaire ? Quels revenus sont considérés comme des revenus artistiques ? Comment sont pensées les aides du ministère de la Culture ? Tout cela (et bien d’autres choses) dépend des organisations qui nous représentent.
Légalement, les professionnels doivent être représentés par des organisations professionnelles, qui n’ont qu’un seul objet : « l’étude et la défense des droits, ainsi que des intérêts matériels et moraux, collectifs et individuels » des professionnels. C’est avec ces organismes, dont l’audience doit être mesurée par des élections professionnelles, que doivent se faire les négociations. Vous n’avez pas voté aux élections professionnelles des artistes auteurs ? C’est normal, il n’y en a pas.
Faute d’élection, aujourd’hui, le dialogue social pour les auteurs a été entièrement confisqué par le Conseil Permanent des Écrivains et certains Organismes de gestion collective, de façon visible ou plus subtile. Il est temps que cela change.
Explications et éléments de réflexion ci-dessous :
Les Organismes de gestion collective sont des entreprises et des associations qui ont pour but de collecter et répartir de l’argent issu du droit d’auteur à leurs adhérents, qu’ils soient auteurs vivants ou héritiers. Chaque OGC gère un répertoire d’œuvres dans des domaines précis (comme le droit de prêt, notamment, pour la SOFIA).
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Leurs statuts sont divers (société privée, association) leur gouvernance aussi (1 sociétaire une voix pour la SAIF, Suffrage et gouvernance censitaires pour la SACEM – les sociétaires valant de 1 à 16 voix), certaines OGC sont contrôlées par les auteurs (comme l’ADAGP), d’autres à parité entre auteurs et éditeurs (SOFIA, SACEM), cela dépend de leur périmètre. Ces organismes ont une place dans notre écosystème, y adhérer est obligatoire pour toucher certains droits (diffusion télé pour la SACD, par exemple). Les OGC ont également des missions de financement d’actions culturelles.
Si les OGC ont leur place, et même la légitimité à représenter nos intérêts dans leur domaine de compétence, elles ont, avec le temps, largement dépassé ce cadre et se sont posées en interlocuteur « naturel » du ministère de la Culture, à la fois directement, mais également au sein du Conseil Permanent des Écrivains (le CPE), dans un ensemble de discussions qui n’ont rien à voir avec leur mission d’origine. Et là commencent les (gros) problèmes.
Déjà, certains OGC ont des conseils d’administration mixtes auteurs éditeurs. Mais quoi qu’il en soit, les artistes-auteurs élus au CA d’un OGC n’ont en rien mandat pour nous représenter en dehors de ce cadre. Et encore heureux ! Parce que je vous rappelle que l’adhésion aux OGC est obligatoire pour toucher certains droits, aussi, même si je n’ai rien à reprocher à l’ADAGP (c’est un exemple) pour la gestion des droits collectifs, les artistes-auteurs, pour qui j’ai voté et qui sont au CA ne sont pas légitimes pour me représenter dans les discussions sur ma retraite, sur mon statut, etc.
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Tout vote, et tout système de représentation est assorti d’un périmètre de compétence. Votre maire n’a pas son mot à dire sur les programmes de l’Éducation nationale, ce n’est tout simplement pas sa compétence, vous ne l’avez pas élu pour ça.
Autre problème, je suis adhérent à 3 OGC, certains artistes-auteurs ne sont adhérents qu’à un seul. Ma voix vaudrait-elle naturellement 3 fois plus parce que nos activités sont différentes ?
Enfin, tous les OGC ne fonctionnent pas sur un système : 1 personne = 1 voix, et il peut y avoir des conditions de revenus pour accéder au Conseil d’administration.
C’est vrai. Le CPE c’est une union d’associations culturelles, de fondation, de syndicats et d’OGC qui se présente comme l’interlocuteur « naturel » des éditeurs et des pouvoirs publics (je cite leur site web). Mais naturel au nom de quoi, exactement ? Au nom de rien, en fait. C’est juste « comme ça ». Et si le CPE contient bien des organisations professionnelles, on ne peut pas dire qu’elles sont indépendantes des OGC, qui les financent. Ainsi quand lors de la réunion de présentation de la ministre de la Culture, on lit « des OGC et représentants des auteurs étaient présents », il faut en réalité comprendre : des OGC et le CPE, largement dominé par les OGC, étaient représentés.
Le fonctionnement du CPE a toujours été très opaque : peu de comptes-rendus de réunions, etc. Jamais les auteurs n’ont vraiment entendu parler de ce qui se tramait dans l’envers du décor. Si on regarde son bureau, on note une majorité de salariés… d’organismes de gestion collective ! On a vu le CPE devenir plus revendicatif et transparent à une période quand des auteurs de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse s’y sont investis pleinement.
Mais désormais, certaines organisations l’ont quitté parce qu’elles ne pouvaient pas y porter un certain nombre de sujets importants. Il faut imaginer le déséquilibre énorme entre des auteurs bénévoles qui se retrouvent catapultés dans des instances, sans formation ou connaissance des sujets, et des salariés d’organismes de gestion collective avec des salaires importants. Ça ne veut pas dire que ces salariés pensent à mal, les auteurs sont aussi responsables quand ils les laissent prendre le contrôle.
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Il existe beaucoup d’associations professionnelles qui ne font pas partie du CPE et qui ne sont pas du tout en accord avec lui. Certaines organisations membres du CPE ne sont d’ailleurs pas toujours d’accord non plus, et certains courriers communs sont signés parce que telle association se sent trop petite pour avoir une expression indépendante, pour renvoyer l’ascenseur ou parfois tout simplement parce qu’elles n’osent pas ne pas signer.
Quand le gouvernement décide que le CPE « représente » les auteurs, en ne se basant sur rien de concret, sur aucune élection et quand il ignore ainsi sciemment toutes les autres organisations professionnelles, il y a un vrai problème, et on se rend compte que la situation tient plus de la république bananière que de la démocratie.
C’est vrai, et la Ligue des auteurs professionnels reçoit depuis peu un financement de la part de l’ADAGP et de la SOFIA pour sa webémission, décision qui a été prise suite au refus du gouvernement de financer les syndicats. C’est toujours l’éternel problème : comment survivre comme syndicats quand il n’y a pas de financement de dialogue social contrairement aux autres professions ?
Mais la question du financement n’est jamais neutre : on peut se rappeler des déboires de la Guilde des scénaristes, dont le directeur a été poussé de démissionner sous la pression d’une OGC (la SACD) parce qu’elle devenait trop critique des OGC. L’importance du financement des OGC et l’influence que ça leur donne n’ont pas d’ailleurs à être toujours utilisées de manière aussi brutale. Il y a quelques jours, une salariée de la Société des Gens De Lettres (SGDL) tweetait en substance : « Pourquoi taper sur les OGC, les subventions sont nécessaires aux organisations, alors pourquoi ? » On ne mord pas la main qui vous nourrit…
Rares sont les OGC qui ont pris la position de la SOFIA, dont le directeur a affirmé : « Il faut que les associations d’auteurs puissent avoir les moyens d’œuvrer dans l’intérêt des auteurs. C’est pour ça qu’à la SOFIA nous soutenons les associations financièrement, sans aucune contrepartie. Vous avez le droit de dire du mal de la SOFIA. »
Pas forcément. Les OGC gèrent des flux de droits d’auteurs. Ce sont par nature des acteurs de l’aval, de la diffusion des œuvres. Tout ce qui concerne l’amont, la création et sa rémunération par exemple, ne les concerne pas, de même que tout ce qui est en rapport avec notre régime de protection sociale ou notre statut.
Par exemple, les OGC ont tout à fait les mêmes intérêts que nous pour la transposition en droit français de certains articles de la directive européenne sur les droits d’auteurs (l’idée étant de prendre de l’argent aux plateformes pour rémunérer les créateurs des œuvres utilisées). Par contre, quel est l’intérêt objectif pour un OGC que les artistes-auteurs et autrices aient un meilleur accès à la protection sociale ? Aucun.
Les OGC sont actuellement dans une position de pouvoir, ce sont les interlocuteurs, ce sont eux qui mettent en avant les sujets de leurs choix ! Et ce pouvoir de décision et de maîtrise de l’agenda, ils entendent bien le garder. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont torpillé le rapport Racine. Pour rappel, la SACD a écrit dans une lettre au ministère que l’organisation d’élections professionnelles, c’était « bureaucratique » et « improductif ».
Oui, mais le passé n’engage pas l’avenir. Et à l’heure où la précarité des artistes auteurs et autrices est de plus en plus prégnante, il nous faut aller de l’avant et nous battre davantage.
Le Syndicat National de l’Édition ne s’y trompe d’ailleurs pas et a, comme le ministère, choisi ses interlocuteurs. Il considère que « le CPE est plus “raisonnable que d’autres” » et entend les « soutenir » dans le but affiché d’influencer d’éventuelles élections professionnelles. Ainsi, le président du Syndicat National de l’Édition disait lors de son AG : « Il faut vraiment essayer à mon sens de continuer à dialoguer avec le CPE, ne serait-ce que pour que les votes dans la nouvelle organisation des auteurs, soient en faveur de la SGDL et du CPE. »
Ce n’est pas pour rien que les OGC et le CPE militent contre le principe d’élections professionnelles. Il y a là des questions de pouvoir et d’argent et si on regarde de près, un très joli jeu de chaises musicales : untel est au ministère, puis passe à la tête d’une organisation, il laissera sa place pour aller dans une autre. On est dans la consanguinité et le conflit d’intérêts permanent. Et sous couvert de « représenter les auteurs » on prend aussi bien soin de soi et de ses amis. Si on s’intéresse à ces questions, il suffit de regarder le CV des personnes qui passent du ministère, à la SGDL, puis dans des organismes de gestion collective… on pourra dire que c’est en lien avec la compétence. Mais on a rarement vu un milieu professionnel avec un entre-soi aussi fort.
Ce n’est pas ce que je dis, ils ont leur raison d’être et leur légitimité dans leur domaine de compétence. Et il ne faut pas non plus penser qu’ils ont tous les mêmes moyens : ces structures sont multiples, les répertoires d’œuvres qu’elles ont en gestion sont complexes et entrent parfois en collision, la gestion collective est un monde bien particulier. La SAIF n’a pas tout à fait le même train de vie que la SACEM ou la SACD (il y a 10 ans, le salaire des dirigeants de la SACEM était de 600.000 € ! le directeur de la SACD a un salaire estimé à 300.000 €, et non, je n’ai pas mis un 0 en trop.)
Aujourd’hui, le ministère a dit qu’il n’y avait « pas de problème de représentativité », mais, il est conscient qu’il ne tient pas la route juridiquement de continuer à nominer les organisations représentatives dans le futur organisme de sécurité sociale. Aussi a-t-il décidé de botter en touche et de faire une « enquête de représentativité ». Quelles en seront les modalités ? Aucune idée. Il est facile pour une organisation de prétendre avoir tant d’adhérents, d’autant plus si on ne différencie pas les adhérents vivants des morts. J’ai ma petite idée sur le résultat de cette pseudo enquête.
Il existe, innovation récente dont Mme Bachelot n’a sans doute pas connaissance, un système d’enquête de représentativité qui s’appelle les élections. C’est de cela que nous avons besoin ! De véritables élections professionnelles et des véritables organisations professionnelles, indépendantes, dans leur financement, et qui n’ont pour seul objet la défense de nos intérêts collectifs.
Peut-être que certaines organisations qui disent nous représenter aujourd’hui modifieront leurs statuts pour être conformes au droit social et n’avoir pour seul objet que la défense des artistes auteurs et autrices. Peut-être même qu’après avoir clarifié leurs missions, elles remporteront ces élections, et bien dans ce cas, elles seront légitimes à nous représenter.
Alors que les travailleurs de plateformes ont obtenu, eux, des élections professionnelles, cette proposition majeure nous a été refusée. Des élections professionnelles redonneraient voix au chapitre aux artistes-auteurs et autrices elles-mêmes et permettraient d’identifier la profession… notons qu’en pleine crise Covid, le ministère est toujours incapable de savoir concrètement qui nous sommes.
Aucune avancée significative dans nos droits, aucune lutte ne sera remportée sans une représentation digne de ce nom.
Une représentation professionnelle est un droit !
crédit photo : Alexas_Fotos, CC 0 ; shutterbean CC 0
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15 Commentaires
Barabaratruc
22/03/2021 à 09:59
Ouh-là, c'est parti pour les éléments de langage et l'attaque en règle du CPE.
Pousse-toi de là que je m'y mette.
La question de la représentativité a pourtant été longuement abordée avec le ministère et toutes les organisations d'auteurs. Qui serait éligible? Seulement des syndicats? Qui voterait? Seulement les auteurs professionnels atteignant un certain seuil (soit une toute petite partie des auteurs)? Le ministère a jugé que le sujet n'était pas mûr, les auteurs étant divisés, mais ne l'a pas écarté quand ces questions auront une réponse convenant à tout le monde, lui préférant dans l'immédiat une enquête de représentativité (nombre d'adhérents, montant des cotisations...). Ah, mais on est pressés.
On pourrait croire qu'il y a de la place pour tous tant la population des auteurs est diverse et variée en fonction des secteurs, mais non, la Ligue (car Frédéric Maupomé parle pour la Ligue des auteurs professionnels, même si ce n'est écrit nulle part dans cette tribune – et peut-être aussi pour le CAAP sait-on jamais – et on reconnaît bien là sa rhétorique : haro sur le CPE et les OGC, démocratie sociale confisquée, lobbying et diplomatie de couloirs, salaires des dirigeants et copinage, etc.) veut obliger tout le monde à changer ses statuts et à jouer selon ses règles. Légèrement tyranique, mais c'est pas grave. Hors la Ligue point de salut. Est-ce dans l'intérêt des auteurs? Même pas. Ces divisions nous empêchent d'avancer sur les dossiers importants comme la rémunération. Mieux vaut faire table rase de l'ancien monde, de la vieille garde, de ceux qui se sont battus pour vous ces dernières années et place au "puissant syndicat" du nouveau monde qui vous promet des lendemains qui chantent le poing levé. Ils n'ont rien obtenu dans les dernières concertations alors qu'ils ont fait le forcing dans les couloirs (oui, eux aussi), au ministère, sur les réseaux sociaux, dans la presse ? La faute aux OGC, bien sûr (ah et aussi au CPE, gangréné par les OGC, toujours eux) et pas du tout à leurs méthodes. Ils sont "entendus mais pas écoutés" (ou plutôt le contraire, sans doute un lapsus).
La campagne est lancée. Il y en a qui ont les dents qui rayent le parquet. Oh mince, c'est tellement ancien monde le parquet, digne des mémés à caniches du 16e qui constituent l'essentiel des adhérents de la SGDL et ne pensent qu'à manger des petits fours à l'hôtel de Massa, hein.
Vous verrez, vous les retrouverez partout ces éléments de langage qui pullulent déjà depuis un certain temps. Une petite musique insidieuse contre les OGC (ah, et le CPE qui n'a fait que signer les accords de 2014 et de 2017 et défend le minimum garanti non amortissable qui serait une sacrée avancée, mais ne vaut pas, bien sûr, le contrat de commande, non mais). Vous laisserez-vous prendre au piège ?
Frédéric Maupomé
22/03/2021 à 11:52
Qui serait éligible ?
- Seulement les syndicats, oui, c'est le principe même d'élections professionnelles.
Qui voterait ?
- Les artistes-auteurs professionnels. Par contre, là ou vous mettez des critères de professionnalité uniquement sur le revenu (ce qui était le cas pour notre protection sociale), ce seul critère ne saurait suffire, puisque nombre d'auteurs professionnels sont trop précarisés. Vous trouverez des propositions à ce propos dans le rapport Racine.
C'est assez amusant de voir que vous ne répondez nullement sur le fond, du problème
Oui, j'affirme que nous représenter est l'affaire d'associations professionnelles et de syndicats.
Oui, j'affirme que des élections sont le seul moyen d'établir une véritable représentativité.
Oui, j'affirme qu'une indépendance de financement est une condition indispensable à une défense sereine de nos intérêts.
En affirmant cela, je ne fais que... demander à ce que nous soyons traités comme l'ensemble des professionnels de ce pays. C'est là ce que vous appelez une tyrannie ?
Comment appelleriez vous, dès lors, le système actuel ?
Ah, et je ne parle ni pour la ligue ni le CAAP, même si j'en suis membre, j'ai aussi été membre de la Charte des Auteurs Illustrateurs et même de la SGDL. Et si vous voulez tout savoir, je suis aussi sociétaire de la SOFIA, de l'ADAGP et de la SACD. Enfin, on notera qu'il y a mon nom, en haut de ce commentaire, et de cette tribune...
Antoine
22/03/2021 à 12:34
Merci pour cette tribune car d'un point de vue extérieur cette demande a l'air totalement légitime. Ca doit bien arranger les maisons d'édition de ne pas avoir de syndicats en face d'eux!
Barabaramachin
22/03/2021 à 13:12
Il y a tellement de morgue dans votre message que vous ne faites que donner plus de crédit à l'article. Merci !
Adrien TOMAS
22/03/2021 à 13:22
Marrant, ce commentaire reprend EXACTEMENT les arguments démolis un par un dans la tribune ci-dessus, comme si les répéter ad nauseam leur insufflait à nouveau un peu de vie...
Mais non, ça ne prend pas.
Demander des élections démocratiques au sein d'une population de professionnels n'a rien de tyrannique, c'est même l'exact inverse.
Les "réussites" négociées par le CPE ne sont en rien une garantie future (on note qu'on ne parle d'ailleurs pas là de l'impression à la demande qui, grâce aux excellentes négociations (non) peut être considérée comme de l'exploitation et donc, empêcher de rendre leurs droits aux auteurs lorsque le titre n'est plus commercialisé...).
La réalité c'est que cette démocratie est empêchée par celles et ceux qui s'y opposent, et qui se retrouvent au CPE. Coïncidence ?
Marie
23/03/2021 à 00:06
Permettez-moi une question naïve, mais la Ligue des auteurs, qui parle beaucoup et très fort, qu'a t elle obtenu, concrètement, pour les auteurs depuis sa création ? Le CPE, la SGDL, tout le monde connaît et sait ce qu'ils ont obtenu depuis 30 ans, mais la Ligue, je serais bien incapable de citer une mesure...
Tapper sur ses voisins ça n'a jamais suffi à faire un programme électoral. Il faut des résultats. Pouvez-vous m'éclairer ? Merci.
Thomas Fouchault
23/03/2021 à 09:53
Permettez-moi de vous répondre aussi naïvement en vous renvoyant au bilan de la Ligue : https://ligue.auteurs.pro/wp-content/uploads/2021/03/bilan-de-la-ligue-des-auteurs-professionnels.pdf
Vous y trouverez, je suis sûr, de quoi satisfaire votre curiosité.
Plus sérieusement, vous n’êtes pas sans ignorer une différence d'histoire entre la Ligue (créée en 2018), le CPE (créé en 1979) et la SGDL (fondée en 1838)… Dois-je aussi mentionner les différences de budget et de moyens humains alloués à chacune de ces organisations ?
Et pourtant, la Ligue est montée sur le devant de la scène et a fait énormément pour tous ses adhérents depuis sa création : veille juridique, assistance individualisée, contrat de commande équitable, mise en lumière des enjeux brûlants de la profession, émissions bimensuelles d’échange et de vulgarisation, actions commune avec d’autres organisations professionnelles… sans compter le lancement de la mission Racine et la mobilisation pour que son rapport ne soit pas enterré aussi sec.
Pas mal pour une organisation partie de 0 il y a deux ans et demi ?
Bref, pas besoin de « taper sur ses voisins » (ni d’attendre 2048 pour comparer les bilans 30 ans plus tard) pour avoir une légitimité. Organisons des élections professionnelles et on verra bien qui portera les avancées pour les artistes-auteurs.
La Ligue
22/03/2021 à 21:34
Élève studieux et appliqué. A bien appris sa leçon et la récite sans faute. C'est bien. Un bon point...
OGC'est pas vrai
22/03/2021 à 22:21
"Quel est l’intérêt objectif pour un OGC que les artistes-auteurs et autrices aient un meilleur accès à la protection sociale ? Aucun.", dites-vous.
Etes-vous au courant, cher Frédéric Maupomé, que la SOFIA prend en charge chaque année 50% de vos cotisations de retraite complémentaire ?... Soyez sérieux si vous voulez être pris au sérieux...
Frédéric Maupomé
23/03/2021 à 14:04
Oui, je le sais. C'est inscrit dans la loi de création, ce n'est pas issu d'une volonté des OGC.
De toute façon, la question d'un bon accès à la protection sociale ne saurait se limiter à cette seule participation financière. (issue du droit de prêt). Qu'en est-il des congés maternités, des indemnités maladies, etc. ?
Enfin, vous oubliez que les artistes auteurs ne sont pas tous des auteurs du livre. (pour rappel, puisque vous faites semblant de l'oublier, il faut 50% des revenus issus du livre pour que la SOFIA participe, cela concerne, si je ne me trompe, environ 4000 personnes).
Contrairement à vous, qui trollez péniblement, je suis sérieux.
Barbaratruc
23/03/2021 à 04:49
Plus sérieusement, je ne conteste pas en soi l'idée d'élections professionnelles mais la méthode qui consisterait à les organiser à marche forcée, obligeant toutes les organisations qui voudraient se présenter à changer leurs statuts, leur manière de fonctionner, leur rapport à leurs adhérents sans prendre le temps de la réflexion. Bref, en voulant imposant votre agenda, vos analyses, vos solutions et vos idées à toute force et immédiatement (c'est cet aspect coercitif que je trouve tyrannique) alors que les discussions ont montré que tel n'est pas actuellement le souhait de tous les auteurs, loin d'être tous "professionnels" (une notion qui reste effectivement à définir) mais qui veulent néanmoins être représentés.
Et ce sont ces méthodes (attaques à boulets rouges, dénigrement), à mon avis, qui vous rendent inaudibles et contre-productifs alors que vous défendez un projet en soi respectable et avez déjà fait bouger les lignes. Mettons-nous autour de la table ensemble, le temps des discussions n'est pas fini et la diplomatie vaut à mon sens mieux que la guerre – à moins de vouloir tout balayer. Parce qu'au fond, je crois que nous poursuivons le même objectif : améliorer les conditions d'exercice et de vie des créateurs. Pas de la même façon mais il faut de tout pour faire un monde.
Frédéric Maupomé
24/03/2021 à 19:49
La notion de "marche forcée" prête à sourire. Le rapport Racine a plus d'un an, et chacun des acteurs en place a, depuis qu'il est sorti, tout fait pour enterrer l'idée même d'élections professionnelles. Si tout d'un coup vous n'y êtes plus hostile, c'est une avancée significative dont je me réjouis.
Quand aux changement de statuts, d'une part, je ne suis pas responsable de la loi qui oblige les organisations professionnelles a avoir des statuts particuliers, d'autre part, ces statuts ne sont pas là sans raison. Si les organisations professionnelles ne doivent avoir pour seul objet que la défense des intérêts des professionnels c'est pour éviter le plus possible les conflits d'intérêts.
Enfin, vous avez beau répéter à l'envie que ce message est inaudible (mais j'imagine que vous cherchez plutôt à attaquer la ligue le CAAP que moi à travers cette pique) cela n'en fait pas une vérité. Je vous accorde cependant, que certaines revendications de la ligue, par exemple, ne trouvent pas d'écho au niveau du ministère de la culture, peut-être est-ce du aux lobbies très actifs qui sont contre (rappelons nous que le SNE voudrait influencer les élections pour que soit ceux qui l'arrangent qui gagnent) peut-être est-ce aussi du au fait que le ministère à choisi ses interlocuteurs qui l'arrangent !
Elisa Villebrun
23/03/2021 à 09:01
L’article ne demande rien d’autre que la démocratie sociale comme pour tous les autres travailleurs. Rien de plus.
Elle pourra être plurielle et diverse, il y a de la place pour tout le monde mais l’important c’est qu’elle sera élue.
Même s’il est complexe, le sujet de la représentation professionnelle devrait être le premier sur la table.
Hélène
23/03/2021 à 14:10
Bonjour,
Je suis autrice et sincèrement, ces élections professionnelles, je m'en moque comme de l'an 40, comme nombre d'auteurs et autrices autour de moi. Chacun est représenté par qui il veut et adhère aux organisations qu'il souhaite. Ce que j'attends, en tant qu'autrice, ce sont des améliorations concrètes : des taux minimum, des à-valoir qui ne soient pas ridicules... Pour le reste, ce ne sont que guerres d'égo... Les organisations professionnelles et syndicats feraient mieux de se battre pour les auteurs, plutôt que pour se disputer des places...
LOL
24/03/2021 à 07:10
Le problème est que pour avoir les droits que vous espérez, vous devez avoir quelqu'un qui se bat pour vous (puisque les auteurs seuls n'arrivent pas à bloquer le système, sinon ça se serait plié depuis longtemps).
Or, le gouvernement (aux ordres de grands éditeurs, comme Gallimard & Co) ne VEUT pas que les auteurs soient représentés, arguant du fait que certaines organisations, AUTO-PROCLAMÉES représentants des auteurs, existent déjà.
Bref, il y a juste négation du travail des auteurs,, puisqu'en France, le droit de voter pour ses représentants (mêmes si c'est verrouillé par la loi de 1946 fixant ad vitam aeternam les organisations représentatives, ce qui est le meilleur moyen de dégoûter le salarié moyen de voter, mais c'est un autre problème) fait partie des droits du travailleur.
Donc les auteurs ne sont pas des travailleurs, ce qui a été dit explicitement par Bachelot (dont on peut au moins reconnaître le mérite d'avoir dit tout haut ce que tout ce petit monde pense tout bas).
Bref, vos aspirations, vous pourrez vous asseoir dessus, pour le plus grand bien des éditeurs (les petits suivent les grands et ça les arrange bien) et votre plus grand malheur. Quand on ne représente rien, on peut vous essuyez les pieds sur la figure, sans que personne n'y trouve à redire.