#BienTropPetit - Une oeuvre du démon engendrée pour pervertir les plus jeunes ? Certaines associations, internautes et autres parents en sont convaincus au sujet de Bien trop petit de Manu Causse, interdit aux mineurs le 17 juillet dernier par le ministère de l’Intérieur. Le bond de 666 % des ventes de l’ouvrage jeunesse, calculé dans la semaine du 17 au 23 juillet par Edistat, ne va pas les faire changer d’avis…
Le 28/07/2023 à 18:06 par Hocine Bouhadjera
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Publié le :
28/07/2023 à 18:06
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+666 %, soit 63 ventes, pour un cumul de 184 exemplaires écoulés depuis la parution. Des chiffres quelque peu modestes, mais à préciser nous explique Thierry Magnier : « Mes titres sont appréciés du côté des collectivités, bibliothèques, médiathèques... Les données GFK se bornent par exemple aux sorties caisse, ce qui rend compte de petits résultats, quand les commandes des acteurs publics sont hors ticket de caisse. »
L’éditeur illustre son propos avec son titre, Frère de sang, de Mikaël Ollivier, dont il écoule des milliers d'exemplaires par an, « ce qui ne transparaît pas dans les chiffres publiés ».
L’éditeur témoigne du large soutien de la profession : « Ça donne la chair de poule de recevoir tout cet appui. Je suis connu dans le monde du livre. C’est rassurant et sain, non pour moi, mais pour le métier ». Collègues éditeurs, syndicats, mais aussi libraires : « Une libraire du sud de la France a réalisé une vitrine avec mes ouvrages, dont ceux de la collection L’Ardeur. Des parents viennent lui poser des questions, comprennent la démarche, repartent parfois avec un titre », raconte Thierry Magnier.
Il y a en effet le livre censuré de Manu Causse, Bien trop petit, mais aussi la collection dans laquelle il s’inscrit, aujourd'hui sous le feu des projecteurs : « Elle m’importe plus que jamais. S’il faut encore 10 ans pour expliquer en quoi elle est pertinente, je le ferai . » Et de nous confirmer : « Je ne changerai pas mon approche. C’est né d’une longue réflexion et de plus d’une année de travail avec l’éditrice Charline Vanderpoorte. » Une publicité, même mauvaise, reste une publicité : « Des auteurs veulent à présent s’engager dans cette collection », nous assure l’ancien Président du groupe jeunesse du SNE.
Rappelons que les passages incriminés par la commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l’enfance et à l’adolescence racontent des fantasmes du personnage, inspirés de ces recherches internet : « Quand le gamin dit une chose épouvantable, il y a toujours une phrase qui suit qui explique en substance, stop, tu déconnes. »
LIRE, OSER, FANTASMER, trois mots qui résument l’ambition de la collection L’Ardeur. Depuis ses débuts, notre maison est fière de défendre une littérature courageuse qui s’intéresse à l’adolescence telle qu’elle est, avec ses zones d’ombres, ses excès, ses émotions exacerbées. Mais l’adolescence est aussi une période où le corps se métamorphose, où la vie sexuelle commence. Quoi de plus logique, alors, que d’ouvrir notre catalogue à des textes qui parlent de sexualité, de désir, de fantasme ? L’Ardeur se pose résolument du côté du plaisir et de l’exploration libre et multiple que nous offrent nos corps.
– Présentation de la collection l’Ardeur
Trois nouveaux titres de la collection sont en route, dont un qui va sortir en octobre, La chasse, de Maureen Desmailles. Particularité de ce récit : on ne sait jamais si le personnage principal est un homme ou une femme... Une parution qui sera accompagnée d’une plus grande précaution ? « Un sticker, interdit aux moins de 15 ans, pas plus », nous explique l’éditeur sans ambages.
À présent, l’ouvrage Bien trop petit, de Manu Causse, sera assorti d’un autocollant, « Interdit aux mineurs » : « On a même produit des autocollants supplémentaires pour les libraires et autres vendeurs pour qu’ils puissent l’ajouter sur les livres qu’ils ont en stock. ». Sur les réseaux sociaux, un autre type de bandeau a été proposé pour le titre censuré...
ActuaLitté constatait il y a peu qu’en quelques jours, l’ouvrage de Manu Causse, pourtant interdit de vente aux seuls mineurs, avait disparu des boutiques en ligne. Fnac, Momox, Cultura, Leclerc, Amazon, Decitre... Plus de version papier, quand le format numérique reste disponible. Nous avons contacté Actes Sud, afin d'avoir plus de précisions sur les ventes numérique. Finalement, trois offres, à Lorient, Redon et Saint-Étienne, ont par la suite été, par exemple, publiées sur leslibraires.fr.
Sur la question, pourquoi ce titre et cet auteur plutôt que tant d’autres, Thierry Magnier n’a pas de réponses précises et définitives, mais il s’étonne : « Je n’ai pas envie de taper sur d’autres maisons plus “hard” en particulier, ce n’est pas ma ligne de conduite, mais pourquoi l’oeuvre de Manu Causse et pas un du genre de la Dark romance par exemple ? »
Quand on lui expose la possibilité qu’il se soit mis des membres de la commission à dos, devant son refus de répondre aux injonctions de ces derniers, il se défend de tout excès : « Je réagis sainement. Je ne souhaite pas jouer les mariolles, mais simplement m’appuyer sur le bon sens. Ils n’ont pas lu l’ouvrage, sinon il saurait qu’il exprime exactement l’inverse de ce dont il est accusé. »
Et de développer : « Je n’ai jamais eu la moindre réflexion d’Actes Sud (qui a racheté les éditions Thierry Magnier en 2005). On est tous des professionnels, laissez-nous faire notre boulot, foutez-nous la paix. Ne salissez pas notre réputation. »
À l’instar du SNE, il appelle à présent un débat « nécessaire », et véritable, sur la loi du 16 juillet 1949, « dont il ressortira de l’intelligence. Ça n’en prend pas le chemin d’ailleurs... La période, les vacances d’été, n’est pas propices à ce type de remise en cause ». Une chose est certaine : signer une loi ou un décret durant l’été ou les fêtes de fin d’années n’est pas la garantie qu’il ou elle passe inaperçue...
Parmi les figures qui se sont élevées contre cette interdiction, l’ancien ministre de la Culture et actuel Directeur général de Pinault Collection, Jean-Jacques Aillagon : « En 2003, Nicolas Sarkozy avait tenté d’interdire la vente de Rose Bonbon. Ministre de la Culture, j’avais combattu cette décision jusqu’à ce que le ministre de l’Intérieur se ravise. Je reste opposé à la censure administrative de l’édition et appelle les ministres de la Culture et de l’Intérieur à se concerter à ce sujet. »
Et de tagger Gérald Darmanin, signataire de l’arrêté d’interdiction, et Rima Abdul Malak, par ailleurs toujours muette sur cette affaire...
À LIRE:La sexualité interdite en littérature jeunesse ?
Contactée par ActuaLitté, la directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse depuis 2001, Sylvie Vassallo, nous confie de son côté se sentir « en harmonie, osmose » avec la plupart des réactions depuis la révélation de le censure de l’ouvrage à destination des plus de 15 ans : « Les adolescents ont besoin de contenus qui interrogent le corps, la sexualité. Des oeuvres qui les accompagnent de manière réfléchie et incarnée. »
Crédits photo : Staffan Vilcans (CC BY-SA 2.0)
DOSSIER - “Bien trop Petit”, le livre qu'a censuré Gérald Darmanin
Paru le 04/10/2023
233 pages
Thierry Magnier
15,90 €
12 Commentaires
Lucie
28/07/2023 à 18:56
Rima Abdul Malak toujours muette... ça vous surprend ? C'est sa marque de fabrique et la raison de son maintein rue de Valois. Aucune idee mais un jolie sourire... Bon toutou à sa mémère...
Aurelien Terrassier
08/08/2023 à 13:07
"Un ministre, ça ferme sa g..e ou ça démissionne" disait Jean-Pierre Chevenement que je n'admire pas spécialement non plus. Pap N'Diaye en a fait les frais après avoir critique à juste titre l'emprise médiatique d'extrême droite de Bollore sur Europe 1 et Cnews et maintenant le JDD via son grand ami Lagardère qui disait par ailleurs dans Capital le magazine papier dans les années 2000 que les chômeurs à Pôle Emploi avaient un esprit "Je m'en foutiste"...
Mazon
29/07/2023 à 06:19
Réaction d'un grand-père de mes amis avec qui j'étais libraire à Bordeaux dans les années 80 : Bien et je vais en acheter 4 exemplaires pour que chacun de mes petits enfants ait le sien.
Et toc pour les abrutis de la censure.
sebbah
29/07/2023 à 09:19
ben je pense que ce n'est pas à coups d'amalgames (Darmanin a un mentor, Sarkozy: donc Darmanin = Sarko or Sarko c'est le diable) ou de sophismes et de clins d'oeil appuyés ("63 ventes c'est + 666%," - 666 étant le "chiffre du diable"-hihihi/hahaha) que vous parviendrez à tordre la réalité. Votre seul souci est de faire le buzz en montant en épingle (comme si cela en valait la peine) un ouvrage qui ne doit être connu que par sa qualité intrinsèque et non grâce au concert de quelques casseroles et en allant tirer sur les ficelles pourries d'une rhétorique qui a vécu.
Nicolas Gary - ActuaLitté
29/07/2023 à 10:27
Bonjour
Peut-être confondez-vous beaucoup de choses, qui assimilées les unes aux autres et jetées dans un shaker produisent cette intervention.
L'article évoquant Nicolas Sarkozy est une tribune de l'Observatoire des Droits de l'Homme, reproduite dans nos colonnes. Si le raisonnement se fait dans votre esprit que NS = diable, libre à vous, mais de là à nous prêter des intentions, ne poussons pas trop je vous prie.
Quant au titre ici utilisé, je comprends bien qu'embarqué dans votre ornière, il devienne sensible : en réalité, il a surtout amusé l'équipe de découvrir ce pourcentage, cocasse.
Attention donc à ne pas projeter trop de vos idées sur nos articles. Merci
SEBBAH
30/07/2023 à 10:41
les lecteurs quel que soit l'ouvrage qu'ils ont entre les mains (roman, poème, article) ont le droit de faire état librement de leur opinion sur sur ce qu'ils lisent : votre réponse à ce sujet ne laisse aucun doute sur la censure que vous prétendez exercer sur ceux qui vous lisent et qui sont en désaccord avec votre petite feuille de chou (il n'y a pas d'autre terme à utiliser). Vous croyez être des influenceurs parce que vous avez un site prétendument "littéraire", mais d'une part vous maniez la censure avec un belle maestria en vous intéressant non pas au contenu de l'ouvrage mais à ses " à-côtés" politiques et d'autre part vous interdisez à vos lecteurs (sous peine de coups de bâtons : Voltaire -"Mons Arouet, Mons de Voltaire!" - au secours!) d'exprimer leur libre opinion . Et inévitablement cette censure que vous voudriez exercer sur vos lecteurs se retrourne contre vous. Il n'y a pas de liberté de la presse sans la liberté de ses lecteurs.
Nicolas Gary - ActuaLitté
30/07/2023 à 14:16
Il existe en revanche une réalité assez difficile à contester, même avec votre verve : celle de rectifier le tir de vos interprétations très personnelles, appliquées à nos articles.
Voyez donc ce que vous voulez, où vous le souhaitez, comprenez ce que bon vous semble et clamez votre vérité haut et fort.
Il n'empêche qu'en lisant des bêtises que vous postez à notre sujet, si vous vous trompez, c'est un devoir de vous le signifier.
Et vous en faites bien ce que vous pouvez.
Marie
29/07/2023 à 10:05
Beaucoup de bruit-ce que semble souhaiter Mandarin-pour RIEN. Encore heureux qu'en France on puisse lire à peu près tout, récent ou non, dans la mesure ou" l'introuvabilité" de certains sulfures est postérieure largement à leur date de parution.
NATH92
29/07/2023 à 15:07
184 exemplaires vendus sur 3 000 points de vente. Waouh quel succès ! De qui se moque-t-on ?
Roberta
01/08/2023 à 08:16
Déjà commenté plusieurs fois la même chose ici. Darmanin se fiche du livre, de son contenu, de ses ventes, et l'impact réel sur les enfants où les ados.
Le seul objectif de Darmanin est de se faire traiter de "fasciste" et que le français moyen comprenne, de loin et sans plus s'intéresser au sujet, que Darmanin est violemment attaqué par des gens qui défendent du contenu sexuel pour les enfants.
Et donc qu'il gagne des points dans l'opinion.
La preuve : comme je l'avais prédit, il vient de recommencer avec un nouveau bouquin. Grâce à nombre de commentateurs, ici et ailleurs, son opération marketing a été un vrai succès. Donc il recommence. Pourquoi se priver !
Vois l'encouragez, vous le récompensez, pourquoi s'arrêterait-il ? Après tout il fait son métier ! C'est cynique mais c'est comme ça.
Il fait ça parce que de loin, ce qui motive la population aujourd'hui *très majoritairement* ce n'est pas "l'oppression" de l'état mais au contraire l'absence de l'état quand il s'agit de protéger les français au quotidien de l'insécurité, au sens large du terme. Ce n'est pas moi qui le dit, tous les sondages sont très clairs là dessus.
Or Darmanin s'en fiche de la sécurité, autant qu'il se fiche de ces bouquins ou de la protection des enfants. C'est pourquoi son bilan en terme de sécurité est totalement négatif, et ça les français le voient de plus en plus.
C'est pour masquer cet échec lamentable que Darmanin, et pour se donner une image d'homme a poigne (en carton) que Darmanin lance des contre feu.
Si voulez qu'il arrête, titres sur ça. Déconstruisez sa communication. Pointez le fait que sa politique est un échec lamentable et que c'est uniquement pour faire un contre feu à ses échecs qu'il s'en prend à d'obscures livres.
Et oubliez les anathèmes du genre "fascisme". Ça c'est la meilleure chose a faire pour l'encourager à recommencer.
vazut jean marc
05/08/2023 à 16:36
je n'ai pas lu le livre, cependant je pense que Mr Darmanin a sûrement d'autres dossiers plus brûlants à gérer.
Est-il permis de faire l'hypothèse que notre ministre se soit senti visé par le titre ?
Respectueusement
Aurelien Terrassier
16/08/2023 à 13:48
Certaines personnalités de droite ont visiblement un problème avec la culture. Hier, ce fut Sarkozy aujourd'hui Darmanin. Pour les deux ça ne va pas les déranger si les livres de Céline étaient réédités même avec un appareil critique...