RDVBDAmiens2024 – Voilà plus de 30 ans que Turf s’est inscrit dans les pas de Jérôme Bosch (dont le tableau, La Nef des fous, est à découvrir au Louvre) : tout a débuté en ce 77e brumore de l’an 627, dans la bonne ville d’Eauxfolles. Et chez les éditions Delcourt. Le tout pour aboutir à une curieuse expérience, qui se déroule aux Rendez-vous de la bande dessinée d’Amiens.
Que s’était-il donc passé en ce 77e brumore, qui fit tout de vacarme ? En bien, la population s’est plainte de bruits anormaux. On tenait pour un fait qu’un trafic de coloquintes géantes a été repéré et que des monstres non répertoriés ont élu domicile dans les égouts. Ministres et Sous-Ministres en appelaient au Roy, pour qu’il mette de l’ordre sans tarder.
Et en matière de bizarreries, les douze volumes — on attend le 13e pour début septembre prochain : il paraît que l’on va mettre la main sur les ravisseurs de la reine Ophélie — fournissaient de quoi se régaler. Une exposition autour du travail de Turf relevait du sérieux pari.
Ici, le Roi Clément XVII est sur le point d’être renversé par son fidèle et affable Grand Coordinateur, une figure immense et imposante. Pendant ce temps, le fou a mystérieusement disparu et des oiseaux peuplent le ciel (un comble, non ?). Les fuites dans les canalisations du petit monde d’Eauxfolles permettent l’entrée d’étranges créatures.
Des planches originales, comme toujours à Amiens, accompagnent une scénographie qui s’est dépassée. Accueilli par le Roy qui n’en manque pas une pour nous conforter dans son monde bien étrange, on trouve les dessins éclatants signés par Turf. Mais ce n’est pas tout...
Un side-car ? Engin improbable, qui certes ne roule pas, mais dans lequel on s’installera sans peine pour une séance photo, il est le fruit du travail de Sylvain et Didier Doison, co-commissaire de l’expo avec Laurent Marioni (gérant de la librairie Bulle en Stock, à Amiens). « J’ai une formation d’ébéniste, à l’école Boulle : voilà deux ans, j’avais déjà construit un arbre, pour l’exposition consacrée à Cyril Pedrosa », explique Didier Boison.
« C’est l’occasion de fabriquer des choses délirantes, que l’on ne ferait jamais pour soi », ajoute-t-il en lorgnant sur le robot qui surplombe l’espace. Quelque trois mois pour le side-car, contre trois jours, sans la peinture, pour le robot, entièrement en matériaux recyclés. « J’envoyais à Sylvain et Laurent les photos des avancées, et ils ont peint une fois que l’objet fut achevé. »
À la veille de l’ouverture au public, Turf est arrivé en avance, pour une découverte in situ de cette Nef des fous. « C’est splendide. Complètement dans l’esprit des albums », lance-t-il après avoir testé le confort du side-car. Mais l’auteur n’en est qu’au début…
« J’ai travaillé avec la société Pierre Imprime, à Lille, pour réaliser des tickets avec un léger charme désuet, qui sont inspirés de l’un des albums », nous explique Laurent Marioni. « L’idée est de les distribuer pour donner accès à un moment très particulier : la fabrication par imprimante 3D de pièces de monnaie, dessinées par Turf. Le tout dans avec une animation particulière, d’un bras robotique qui prélève la pièce, capter l’attention des visiteurs, avant d’envoyer la pièce dans un petit coffre. »
Démonstration devant l'auteur, fasciné :
Ce montage découle du travail des étudiants dans l’Institut universitaire de technologie d’Amiens, encadré par Sébastien Baecher (plutôt tourné vers la robotique) et Jiani Grando (plutôt porté vers la conception mécanique).
« C’est une petite animation, avant tout pour montrer que le génie mécanique ne s’applique pas qu’au secteur automobile ou la grosse production industrielle, pharmaceutique, et ainsi de suite », détaille le premier. « Pour les Rendez-vous de 2022, avec Goldorak, nous avions apporté un bras qui faisait des dessins. Ici, on a monté une mini-usine de fausse monnaie », s’amuse-t-il.
« Depuis le moulage, en passant par le robot ventouse qui avec son préhenseur avec attraper l’objet et réaliser sa petite danse du ventre — qui n’est là que pour créer une sensation hypnotique —, jusqu’au tapis roulant, tout a été conçu par nos étudiants », poursuit Jiani Grando. « D’un côté, cela valorise la formation de l’IUT, auprès d’un autre public. De l’autre, on se dit que sortir du monde industriel pour entrer dans l’esprit d’une bande dessinée — et quelle BD ! – c’est aussi important pour expliquer ce que sont les CoBots », ajoute Sébastien Baecher.
Pardon ? Les quoi ? Sourire. « Les CoBots. Pour Robots Collaboratifs. C’est assez différent d’un robot, qui peut faire peur, ou impressionner, car il agit dans la rapidité et la vitesse. Le CoBot, lui, entreprenant une fabrication plus lente, en véritable collaboration avec l’humain. »
Collaboratif ou non, Turf ne semble pas emballé par l’idée de travailler à trois bras — les deux siens et celui du robot. « J’écris seul, moi, mais cette réalisation, cette conception, c’est incroyable, complètement fou… » Fou ? Entre la visite privée de ce 30 mai et ce 1er juin, le dessinateur a partagé sur Facebook les petites pièces ainsi fabriquées. Manifestement, certains internautes sont déjà prêts à se précipiter aux RDVBD pour en acheter.
Vous avez dit Nef des fous...?
Crédits photos : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
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