MementoMori – L'auteur de fantasy britannique John Gwynne a été présenté au public français grâce aux éditions Leha, dix ans après la sortie de son premier roman en 2012. Depuis, quatre de ses ouvrages sont parus en France, de deux de ses séries. Le second tome de sa Confrérie du sang, La Faim des dieux (trad. Thomas Bauduret), paraîtra le 13 juin prochain. À l'occasion de sa première venue aux Imaginales, ActuaLitté s'est entretenu avec l'écrivain de Fantasy, et son éditeur.
Le 25/05/2024 à 09:50 par Hocine Bouhadjera
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25/05/2024 à 09:50
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ActuaLitté : Comment en êtes-vous arrivé à devenir ce romancier de fantasy accompli ?
John Gwynne : Quand j'étais adolescent, j'ai joué de la contrebasse dans plusieurs groupes de rock'n'roll, dont un s'appelait Hit or Miss, mais le succès n'a pas été au rendez-vous. Je suis devenu par la suite professeur d'université en sociologie, mais j'ai dû arrêter d'enseigner pour m'occuper de ma fille malade. J'ai alors soutenu ma femme, qui vend des meubles vintage, mais je n'étais pas très habile de mes mains pour tout dire. Sur les conseils de mes proches qui connaissent mes passions, je me suis tourné vers l'écriture.
Ça a commencé en 2002, après avoir regardé Le Seigneur des Anneaux : Les Deux Tours. Ma femme et mon fils m'ont poussé à me lancer dans la rédaction d'un roman de fantasy. J'ai commencé Malice, premier roman de la série Le Livre des Terres Bannies. Il m'a fallu huit ans pour l'achever, puis encore quelques années pour trouver un agent et le faire publier. Au départ, le succès a été modeste mais il a grandi avec le temps. Pour ce premier ouvrage, j'ai remporté le David Gemmell Awards for Fantasy du Meilleur nouveau venu.
Je vis aujourd'hui dans un village pittoresque près de Brighton, au Sud-Ouest de l'Angleterre. Depuis 2015, je participe à des reconstitutions historiques. Cela m'a rapproché d'un univers que je mets en scène dans mes romans : j'ai appris à manier des armes authentiques et à me battre, recréant les batailles historiques comme celle de Hastings entre les anglo-saxons et les normands. Ces activités englobent tout le spectre de la vie quotidienne, de la cuisine à la confection de vêtements, en restant le plus fidèle à la vérité historique. Le Royaume-Uni a notamment été le théâtre d'invasions vikings, avec des établissements notables comme celui de York.
Ma série du Livre des Terres Bannies a été suivie par Of Blood and Bone et, plus récemment, par La Confrérie du sang, dont j'ai écrit les deux premiers tomes. Toutes sont situées dans le même univers.
Le deuxième tome de votre dernière série sort en France en juin prochain, toujours chez Leha. Pouvez-vous le présenter à vos lecteurs français et ceux qui pourraient le devenir ?
John Gwynne : La Faim des dieux s'inscrit dans une saga très inspirée par la mythologie nordique, notamment du Ragnarök - mon roman se situe quelques siècles après cette catastrophe -, et des récits épiques tels que Beowulf. Mon univers, peuplé de personnages et d’histoires riches, explore des thèmes tels que la vengeance, la famille, l’amitié, ou la loyauté.
Cherchant à m'éloigner quelque peu des représentations traditionnelles médiévales, j'aspire à créer quelque chose de différent, nourri par ma passion pour la mythologie du Nord de l'Europe, et les reconstitutions historiques. Plus à taille humaine.
Quelle fantasy souhaitez-vous défendre ?
John Gwynne : J'ai souhaité créer un lieu ouvert à l'écriture de récits divertissants qui permettent aussi de susciter des émotions, de refléter la nature humaine et d'aborder des problématiques sociétales prégnantes. Récemment, j'ai choisi de traiter des sujets tels que le racisme, l'esclavage et les questions de genre.
Je décris des sociétés où les individus ne sont pas jugés sur leur genre par exemple, mais sur leur valeur. Cette approche est parfaitement en accord avec les vikings, car c'était précisément leur façon de voir le monde. Rappelons la mythologie des Valkyries par exemple.
Quelles sont vos influences ?
John Gwynne : Tolkien a été une révélation pour moi, c'est un véritable dieu de la fantasy. Quand j'étais adolescent, dans les années 80, j'ai par ailleurs découvert David Gemmell. Ses livres, centrés sur des personnages riches et l'action, m'ont aussi profondément marqué, et m'ont appris l'importance de développer des récits personnels et captivants.
Bernard Cornwell a également joué un rôle crucial dans mon évolution en tant qu'écrivain, grâce à ses romans historiques, comme ceux autour de la légende arthurienne Arthur, ou sa série sur les saxons adaptée en série télévisée par Netflix, The Last Kingdom. J'admire sa capacité à infuser de l'authenticité historique dans ses récits, un élément que je trouve essentiel pour mon propre travail, qui possède toujours un ancrage dans notre histoire.
Le thème de cette édition des Imaginales est Memento Mori (Souviens-toi que tu vas mourir). Comment cette locution latine résonne-t-elle en vous ?
John Gwynne : Il y a trois ans, j'ai été marqué par la mort de ma fille. Ce n'est qu'en vieillissant, notamment avec cette perte irréparable, suivie par celle de mon frère il y a peu, que la mort a commencé à imprégner profondément ma conscience.
Dans mon oeuvre, tous mes personnages flirtent avec la mort ; aucun d'eux n'est à l'abri. Ils traversent des batailles et reviennent, ou pas, tissant des récits où le danger est omniprésent. Les principaux protagonistes vivent dans un monde où la mort est une compagne quotidienne.
Cherchez-vous à vaincre la mort à travers l'écriture ?
John Gwynne : Comme tous les écrivains dignes de ce nom, j'espère que mon œuvre perdurera après ma mort oui.
Jean-Philippe Mocci, comment en êtes-vous venu à être l'éditeur de John Gwynne en France ?
Jean-Philippe Mocci : Les éditions Leha, que j'ai fondé en 2017, ont trouvé le succès avec la saga des Martyrs du Canadien Steven Erikson. Face au défi de la fin de la série, j'ai décidé d'assumer pleinement le statut d'éditeur spécialisé dans une fantasy plus classique, épique et héroïque, face à des genres comme la la romantasy ou une fantasy plus minimaliste. Dans ma quête de nouveaux auteurs qui pourraient s'inscrire dans cette lignée, j'ai été stupéfait de découvrir qu'un des plus grands auteurs de fantasy contemporaine, John Gwynne, n'avait pas encore été traduit en français.
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Après m'être remis de ma surprise, j'ai exploré la possibilité de traduire et de publier ses œuvres. Pour moi, cet auteur représente le summum en termes de style d'écriture, de développement de personnages et de création d'ambiances. Mon but est de redonner vie à cette fantasy classique, et de la faire redécouvrir à un nouveau public.
La sincérité dans son écriture et ses qualités humaines me confirment que mon choix a été le bon. Une grande œuvre qui émane d'une grande âme, qui se distingue par sa simplicité.
Crédits photo : ActuaLitté (CC BY-SA 2.0)
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Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
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