Fin septembre, Julien Brocard, secrétaire général des PUF était débarqué, quand Paul Garapon, le directeur, n'écopait pour sa part que d'un blâme : tous deux étaient accusés par le directoire d'« actes de déloyauté ». Des sanctions prises malgré les bons résultats de la maison. Y a-t-il quelque chose de pourri au royaume du défunt Denis Kessler ?
Le 04/12/2023 à 15:20 par Hocine Bouhadjera
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04/12/2023 à 15:20
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Assistons-nous à une ambiance de fin de règne ? Selon plusieurs sources, Scor aurait finalement ouvert une dataroom Humensis à de potentiels acheteurs, triés sur le volet. Un processus de cession enclenché ? La banque d’affaires Gimar & Co, collaboratrice privilégiée de Scor, qui est avancée comme mandataire pour trouver acquéreur, ne nous a pas confirmé l'information. De même, à l'occasion d'une réunion du CSE d'Humensis du 27 novembre, la direction de Scor (détenteur de 95 % du capital) n'a pas formellement signifié une volonté de vendre.
L’ancienne directrice générale adjointe et actuelle membre du directoire Muriel Beyer tranche auprès d'ActuaLitté : « Rien de nouveau sur les intentions de Scor, seul habilité à communiquer sur le sujet. » Ambivalent ? Pour le moins.
Cette dernière aurait-elle reçu des consignes après l’article publié dans les colonnes de Marianne ? Elle y expliquait : « Humensis sera vendu d’un seul tenant et il faudra déposer un véritable projet industriel comportant un plan d’investissement sur plusieurs années. En tout état de cause, les affaires sérieuses ne commenceront qu’en janvier prochain. »
Depuis quelque temps, les observateurs s'étonnaient de l'immobilisme de l'actionnaire. Attendait-on le dénouement de l'OPA de Vivendi sur Hachette et de la vente d'Editis ? On comprend bien l'importance d'épouser le calendrier des deux mastodontes de l'édition française.
Depuis la disparition de l'ancien PDG de Scor, Denis Kessler, le 9 juin dernier, l'avenir du groupe éditorial au sein de la multinationale a été largement commenté pour une raison simple : des pertes qui dépassent les 14,5 millions € sur cinq ans, et deux recapitalisations nécessaires pour sauver le projet de l'ancien patron.
En 2014, quand Belin et les PUF sont rachetés par Scor – Humensis naîtra en 2016 de leur fusion –, l'objectif est de promouvoir les sciences humaines et les sciences exactes. Plus qu'une démarche, une « mission », qui s'est heurtée à des difficultés financières persistantes. Impossible d'arriver à l’équilibre en s'appuyant sur les sciences humaines ?
En réalité, pas vraiment : selon nos informations, la rentabilité des PUF se situe entre 2 et 2,5 millions € par an. De son côté, Belin oscille entre équilibre et bénéfices en millions d'euros pour les meilleures années - celles qui suivent les réformes des programmes scolaires. Problème : elles se sont raréfiées ces dernières années.
Le bât blesserait dans les maisons littéraires, et spécifiquement à l'Observatoire, coutumier des pertes : 1,5 million € de déficit l'an passé, selon Marianne. C'est que Denis Kessler avait ambitionné d'établir rapidement un éditeur de littérature générale aussi bien qu'un réseau d'influence, ne lésinant pas sur la dépense. Il avait en outre une « véritable passion pour l’esprit, la réflexion, les essais... », nous assurait voilà peu un éditeur.
Même en période de succès commerciaux, avec l'ancien président Nicolas Sarkozy (213.017 ex. pour Passions en 2019 et 186.518 ex. pour le tome 1 du Temps des tempêtes en 2020, selon Edistat), la maison de Muriel Beyer ne sortait pas la tête de l'eau.
Depuis 2019, les éditions de l’Observatoire auraient accumulé 2,2 millions € de pertes d’exploitation en librairie, dont 1,5 million € en 2021, mais, plus généralement, n'ont jamais été rentables. La stratégie : attirer des grands noms par l'entremise de coquets à-valoir. 15.000 € en moyenne, et jusqu'à 200.000 €, avance encore l'hebdomadaire propriété de Daniel Křetínský.
Dernière signature en date : la patronne de Radio France, Sibyle Veil, qui y publiait son premier ouvrage, Au commencement était l'écoute, le 15 novembre dernier. D'autres noms de l'Observatoire : Bernard Cazeneuve, Natacha Polony, Matthieu Pigasse, Luc Ferry, Manuel Valls, Anne Hidalgo... Ou en littérature, le Prix de Flore 2021, Abel Quentin, Maud Simonnot ou Gaspard Koenig, Prix Interallié et Jean Giono 2023. Son dernier roman, Humus, a été vendu à 30.695 ex. (données Edistat). Un succès bienvenu, on l'aura compris.
L’autre grosse épine dans le pied d'Humensis reste son pôle presse et revues, devenu un vortex financier : les pertes s'élèvent, voire excèdent 3 millions € chaque année, dont plus de 1,8 million € en 2021 avec le magazine libéral Pour l'éco – la réponse à Alternatives économiques. Vive le capitalisme... « Rien n’a été fait du côté des titres de presse, ce qui n'aidera pas à habiller la mariée », constate-t-on avec circonspection.
En 2022, année la plus difficile financièrement depuis la création de l'entreprise, on enregistrait un déficit de 5,3 millions €, pour un CA de 40 millions €. Tant que l'ex-PDG était en fonctions, Humensis n'était pas un sujet. En 2022, le géant réassureur réalisait 19,732 milliards € de chiffre d'affaires, en hausse de 12,1 %... Les 15 millions de pertes cumulées côté édition font tout juste figure de goutte d'eau...
Frédéric Mériot quitta la direction générale d'Humensis à la fin 2022, échouant à convaincre Denis Kessler de restructurer pour rééquilibrer les finances. En filigrane : vendre, du moins arrêter, des activités aux business models dépassés, périlleux ou défaillants...
Lui succèdera, le 1er janvier 2023, un directoire composé de Nicolas Bréon (président), Muriel Beyer et Guillaume Montégudet, nommés par le Conseil de surveillance. À sa tête Jean-Claude Seys, et composé de François de Varenne qui représente Scor, André Comte-Sponville, Alain Flammarion qui représente la part minoritaire détenue par Madrigall, Yves Perrier et le directeur de la Communication et des Affaires publiques de Scor, Alexandre Garcia.
La disparition de Denis Kessler a questionné l'avenir d'Humensis, sans provoquer d'évolutions au niveau structurel. Et on comprendra aisément que Muriel Beyer ne touche pas à son « bébé », comme elle l’expliquait elle-même au Monde, fin octobre. Du côté des titres de presse qui plombent les comptes, RAS... Notons cependant, début 2023, le départ d'Olivia Recasens, qui dirigeait les éditions humenSciences : évincée par la nouvelle direction, malgré des résultats en équilibre, sa maison ne lui a pas survécu. Une autre maison subit également des coups de boutoir depuis ce début d'année...
Pourquoi s'attaquer à PUF, maison la plus rentable ? Début 2010, la structure était en difficulté : en 2014, Scor en devient actionnaire majoritaire, suite à une augmentation de capital, alors que la barre était déjà redressée. En janvier 2015, Julien Brocard devient éditeur dans la maison, après un passage chez Garnier-Flammarion. C'est Frédéric Mériot qui est depuis 2014 le directeur général des PUF, avant de devenir directeur général délégué de Humensis en 2017 et DG en 2018.
Dès 2016, l’exercice des PUF est positif, reposant sur un modèle qui n'exige pas de best-sellers : on jongle entre gestion millimétrée et travail du fonds. Sont ainsi lancés une politique d’impression à la demande ou encore un relooking de la marque Que sais-je ?.
Suite au départ de Frédéric Mériot, le triumvirat du Directoire reflète le pôle Littérature (Muriel Beyer), Éducation & Formation (Guillaume Montégudet) ainsi que Nicolas Bréon, pour le volet financier. En revanche, aucune représentativité pour les Sciences humaines. Les PUF ont disparu : « Pourquoi Paul Garapon [NdR : le directeur des PUF] ne fut pas intégré pour constituer un quatuor plus significatif, où chaque entité aurait eu une présence ? », s'interroge-t-on.
Entre les petites vexations accumulées et l'impossibilité de réinvestir ses profits pour un développement ou augmenter les salaires, Frédéric Mériot parti, la situation vire au cauchemar. En janvier dernier, les services marketing-commercial et communication sont placés sous le contrôle et le management de Muriel Beyer. Lorsque Capital réalise un article sur le succès (18.385 ex.) du Que sais-je ?, Les Origines du conflit israélo-arabe (1870-1950), ce sont Camille Couture, directrice commerciale et marketing, et l'attachée de presse des PUF, Camille Auzéby qui s'expriment... et non Paul Garapon, pointe-t-on.
La centralisation des pouvoirs avait d'ailleurs commencé bien avant l'éviction du numéro deux et le blâme infligé au directeur des PUF : vide-t-on la société d'une partie de sa substance ? Notons encore que des auteurs tels Pierre-André Taguieff (après avoir signé un ouvrage en 2017 chez l'Observatoire) ou Laurent de Sutter sont désormais au sein de la maison de Muriel Beyer, après être passés par... les PUF.
Charles Ruelle, directeur des revues PUF et Belin, et directeur du difficile pôle musique, assure à présent l'intérim chez Que sais-je ? en remplacement de Julien Brocard. Car le service des revues des PUF a également été séparé de la direction de la maison qui lui donne son nom durant la restructuration de janvier précédemment évoquée...
Le licenciement de Julien Brocard découle d'un projet de tribune, planifié par certains auteurs de PUF, afin de souligner la singularité de la maison. La direction de Humensis, qui en a pris connaissance, y voit un acte de déloyauté – qui pis est, soutenu par l'État Major.
D'autant que Julien Brocard, outre ses fonctions de directeur éditorial de Que sais-je ? en 2017, occupa le même poste aux éditions Le Pommier à partir de 2019 — publié dans cette maison littéraire, Le Poulailler métaphysique de Xavier Galmiche, décrocha le prix Décembre en 2021. Un pied dans les sciences sociales/essais, un autre dans la littérature générale, l'intéressé concurrençait-il trop l'Observatoire ? De la saine concurrence à la nuisance, il n'y a qu'un pas... Interrogée sur ce limogeage, Muriel Beyer explique : « On ne répond jamais sur les raisons. »
Éviction radicale... et, dans les couloirs, on balance entre étonnement et inquiétude. Cependant, un salarié précise : « À titre personnel, ça ne me choque pas. Ça concerne des jeux de pouvoir internes dans lesquels nous n'avons pas notre mot à dire. » S'il salue le travail de Julien Brocard, « qui a su donner un élan auprès d’un nouveau public », il déplore que « de l'extérieur, c’est vrai que tout ce qui déstabilise Humensis peut être dénoncé. On n’a pas forcément besoin de ça. La direction n'expliquera pas que cette décision a été prise pour éviter les conflits internes. Ce sont des jeux politiques. »
Des divertissements qui ne sont pas sans conséquence : l'ambiance se dégrade en interne, nous assure-t-on. Pas la meilleure manière de valoriser Humensis dans la perspective d'une vente, mais on l'a vu : Scor n'a pas besoin de cet argent... peut-être plus d'une vision clarifiée.
Le prétexte avancé pour le licenciement de Julien Brocard est-il par ailleurs légitime ? Ou risque-t-il fort d’être condamné si ce dernier le conteste en justice ? La déloyauté d'un employé constitue un motif potentiellement légitime de limogeage. Elle doit être prouvée et suffisamment grave pour justifier une telle mesure.
Ce concept englobe la violation de la confiance, la divulgation d'informations confidentielles, ou des actions en conflit avec les intérêts de l'entreprise. Selon les circonstances, l'absence d'un avertissement préalable peut jouer en faveur de celui ou celle qui conteste.
« Il se pourrait bien que la direction mise sur la vente prochaine, et à ce moment-ci, ils pourront s’en laver les mains », sourit un professionnel. Quant à la déstabilisation des PUF, « on ne la constatera que dans un ou deux ans ».
La valeur du groupe éditorial de Scor fut un temps estimée à 50 millions € – de quoi faire sourire les observateurs avisés. « On table aujourd'hui sur une valeur entre 20 et 25 millions, d'autant plus qu'ils perdent encore de l'argent », pointe l'un d'entre eux. Racheter Humensis d'un seul bloc impliquerait un lourd travail de restructuration, impératif. Sauf si la partie presse est vendue avant : « Même sans imaginer faire d'argent, à bas bruit, en douceur. La restructuration deviendrait alors moins nécessaire ou lourde », analyse un observateur.
À quoi s'ajouteraient un appui sur le secteur de l'éducation, un serrage de vis au niveau des à-valoir en littérature générale, la poursuite des investissements dans le numérique, et une consolidation des PUF et son business model spécifique.
Qui seront alors les acheteurs ? Pourquoi investir dans Humensis ? Se profilent les quatre cavaliers de l'Apocalypse ou les Quatre fantastiques, c'est selon : les mastodontes Hachette Livre et Editis, aussi bien que Madrigall et Albin Michel.
Racheter d'un seul coup semble très difficile pour les deux géants de l'édition française, tout en se conformant aux critères des autorités de la concurrence française : dans Humensis, il y a Belin. Or chez Editis, se trouve Nathan, et chez Hachette Livre, Hatier et Bordas : gare à la position monopolistique dans l'Hexagone. Par ailleurs, l'équipe de Denis Olivennes a déjà fort à faire avec la rentabilité d'Editis : Catherine Lucet ne s'est pas explicitement exprimée sur ce point, mais les doutes sont permis.
L'intégration d'Humensis chez Madrigall et Albin Michel serait stratégiquement significative et plus crédible, nous confie un expert du monde du livre : aucun risque de monopole pour Albin Michel dans le scolaire, mais une arrivée de Belin qui serait bienvenue, après le rachat de Delagrave en 2010, intégré à sa filiale Magnard (Éditions Magnard, Vuibert, Delagrave et De Boeck Supérieur). Avec les PUF, c'est la garantie d'un renforcement de la partie sciences humaines avec une marque historique.
Madrigall est de son côté déjà le distributeur d'Humensis à travers Flammarion Diffusion, à côté d'Union Distribution, et actionnaire minoritaire, sans oublier la présence d'Alain Flammarion dans le conseil de surveillance. Classico Collège est par ailleurs une co-édition Belin/Gallimard. Ce serait l'opportunité pour le groupe de la famille Gallimard d'entrer dans le secteur du scolaire. Personne n'a oublié qu'Antoine Gallimard, auditionné devant le Sénat, ne cachait pas son envie de développer le scolaire avec Nathan – c'était l'époque d'une possible vente à la découpe d'Editis...
Quant à Média Participations, Muriel Beyer l'avait balayé chez Marianne : « Tout le monde s'intéresse à cette société, hormis, peut-être, Média Participations. » En décembre 2022, le PDG du groupe, Vincent Montagne, s'interrogeait sur la cession effective d'Humensis, sans prendre position. « Il a envisagé Editis à plusieurs reprises — un groupe qui représentait un gros morceau. Avec le rachat de Seuil-La Martinière en 2017, cela compléterait plus encore l’offre éditoriale de son groupe », estimait un visiteur du soir.
Madrigall et Albin auraient-ils intérêt à racheter d'un bloc Humensis, avec le poids des maisons de littérature générale, surtout celui de l'Observatoire ? Et si Scor ne procède pas par découpage des structures, cette globalité intéresserait peut-être tout acquéreur qui cherche un réseau d'influence : « Quelques milliardaires par exemple », glisse-t-on de manière sibylline...
La directrice générale adjointe, non autorisée à s'exprimer sur cette vente – privilège de Scor – affirmait pourtant qu'Humensis serait cédé dans son intégralité. Les acheteurs auront à soumettre un projet industriel solide, incluant un plan d'investissement étalé sur plusieurs années. Mais les négociations ne débuteraient qu'en janvier.
Les salariés d'Humensis partagent cet avis – aussi bien que des craintes quant à leur avenir. L'un d'eux développe : « Il y aura une restructuration et des emplois disparaîtront, on le sait très bien. La question est alors de savoir quel acheteur garderait qui, en fonction de ses besoins. »
Et d'ajouter : « Ce serait dommage que ce soit démantelé. Il y a tout pour que ça fonctionne bien, et le projet industriel est quand même très intéressant. Le savoir de la maternelle à la mort en une seule entité, sur toutes les disciplines. » Pour un observateur, « le projet de Denis Kessler était assez visionnaire, le problème est qu'il s'est arrêté en route. Que Scor ne souhaite plus investir signifie s'arrêter à mi-chemin. C'est une initiative inaboutie en termes de structure et de taille. »
Crédits photo : Caïn tue Abel, par Peter Paul Rubens, c. 1600
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
2 Commentaires
Un ancien
04/12/2023 à 22:50
Humensis est un beau projet qui a été gâché car il n'a pas été géré rationnellement par son actionnaire.
On comprend pourtant aisément que cette maison est facilement rentabilisable et est une opportunité unique pour un milliardaire et une proie de choix pour les mastodontes du secteur.
Pour avoir connu cette maison après la fusion, au vu de sa taille, elle concurrence les grandes maisons sur leur marché et a certaines équipes de premier plan, avec des éléments parmi les meilleurs du marché.
L'Observatoire très critiqué dans cet article n'a que 7 ans, mais est déjà en réalité au niveau de ces concurrentes directes (Plon, Lafont, Fayard etc.). Belin est un acteur très important du secondaire et est reconnu pour ses contenus scolaires de grandes qualités.
L'article n'en fait pas mention, mais des maisons comme Passes Composés qui gagne chaque année des parts de marché sur Perrin, ou les Équateurs qui ont de très grands auteurs ne sont pas à négliger.
Humensis a malheureusement toujours été traversée par des tremblements politiques internes souvent irrationnels et une gestion humaine sélective qui a fait fuir un grand nombre de salariés.
Ä l'évidence, cela s'est accentué depuis le départ de Frédéric Meriot, au détriment des Puf, la maison dont il venait.
Peut-être est-ce la raison de la non représentation de ce pôle au directoire, et de ce qu'ont subi Paul Garapon et Julien Brocard, mais il est clair que ces actions déstabilisent et atteint la pérennité des Puf et Que sais-je, marquent qui sont quand-même de véritables références dans leurs domaines et qui avaient atteint après beaucoup d'efforts la rentabilité.
Ces décisions paraissent pourtant aller totalement à l'encontre de l'intérêt de l'entreprise et d'un actionnaire qui veut vendre rapidement!?
Une grande expression des salariés à l'époque et qui paraît plus que jamais d'actualité etait "Humensis a ses mystères que la raison ne connait pas"
On voit d'ailleurs que certaines choses n'ont pas changés, avec Charles Ruelle par exemple comme pompier de service, mais il paraît évident vu son profil que c'est une simple solution de secours et ne peut pas être un recours à long terme.
Quant à la revente, Humensis est plus qu'un lot de consolation à Editis, c'est en réalité un très puissant média d'influence et une vraie maison de connaissance pour un prix très accessible.
Allumez vos radios ou vos TV, lisez votre presse préférée de tout bord, ouvrez les livres d'école ou d'étudiant de vos enfants, et vous vous rendrez compte que les livres des maisons d'Humensis sont partout.
Les candidatures de Madrigall et d'Albin Michel paraissent les plus probables et naturelles, Editis et Hachette auraient au contraire plutôt intérêt à éliminer un concurrent.
Madrigall fait figure de grand favori au vu des liens très forts tissés avec les maisons d'Humensis et la totale complémentarité éditoriale des deux groupes. Si Madrigall met le prix souhaité par Scor, il paraît évident qu'ils remporteront la mise, ce dernier pourra alors dire qu'il a vendu et
pèreniser l'héritage de Denis Kessler dans la maison la plus renommée de France.
Au vu du profil de la maison, un milliardaire n'est également pas à exclure.
On peut en tout cas espérer pour les salariés de ce groupe qui a beaucoup d'atouts et de cohérence ne soit démantelé, mais que ce rachat lui permette d'être débarrassé de ses maux.
Olympia
02/01/2024 à 23:38
Tres bon article de fond. Il est clair que le triumvirat des médiocres vire un directeur littéraire brillant et efficace, qui réussissait à maintenir un bel équilibre financier… ce qui fut décidé est une faute, qui sera jugée et punie.