Dans le 11e arrondissement de Paris, il est un lieu qui est à la fois musée, librairie, boutique et atelier, le tout entièrement dédié aux enfants : le Musée de poche n'est peut-être pas bien grand, mais il est à hauteur d'enfant, et surtout riche en activités. Du matin au soir, on participe à des ateliers artistiques, on vient visiter l'exposition du moment, ou encore acheter des livres jeunesse ou des beaux-jouets... des plaisirs qui ne devraient pas être réservés aux grands. Rencontre avec Pauline Lamy, propriétaire de ce lieu atypique.
Pauline Lamy - ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Pauline Lamy : Exactement. J’ai commencé dans un plus petit local, avec des petits moyens. Mais ça fait deux ans que je suis ici [rue de la Fontaine au Roi, dans le 11e arrondissement] et que ça correspond vraiment à ce que je souhaitais faire à la base. J’ai réussi à organiser le local comme je voulais, avec un côté expo et boutique et un côté atelier.
Pauline Lamy : J’étais encore étudiante quand j’ai fait un stage dans un lieu culturel qui s’appelait la Maison des contes et des histoires, qui a fermé depuis. C’était un lieu dédié à l’illustration et à l’oralité. Il y avait plein de spectacles de contes organisés pour les tout-petits. J’ai fait mes armes là-bas : j’étais stagiaire d’abord, puis j’ai réussi à remplacer la personne qui s’occupait de tout, de la direction, de l’organisation des expos, des ateliers. J’ai eu une grosse expérience, c’était formateur. Ca a duré 3 ans et demi.
Ensuite j’ai eu envie d’être davantage libre et d’avoir mon propre lieu, de faire mes propres choix. Je voulais garder le côté illustration, parce que c’était vraiment une découverte pour moi là-bas, mais également axer les activités sur la médiation culturelle, plus autour des images qu’autour du conte, comme c’était le cas à la Maison des contes et des histoires. Etre vraiment dans un musée, mais un musée un peu spécial.
Pauline Lamy : En fait, le Musée de poche est né d’un constat que malgré tout, les musées restent encore un peu fermés aux enfants. Même s’ils développent de plus en plus d’activités, parfois, elles sont trop peu nombreuses, ou compliquées à réserver, les sites sont mal faits... Nous voulions donc devenir un lieu de référence pour l’éducation artistique pour les enfants, un lieu facile d’accès, où il est facile de réserver, où il est possible de venir quand on veut, car les expositions sont libres et gratuites. Faire un musée de proximité, pour résumer.
Par ailleurs, les musées ont tendance aujourd’hui à ne plus avoir d’équipe interne mais à travailler en médiation avec des professionnels qui viennent de l’extérieur. Ici l’idée, c’était d’avoir notre propre équipe et de pouvoir, pourquoi pas, travailler aussi dans d’autres musées pour partager notre expertise du jeune public.
Pauline Lamy : Nous somme deux à plein temps. Pour des aides plus ponctuelles, on arrive à six. On travaille aussi dans des écoles, et on fait les ateliers périscolaires de la mairie de Paris.
Pauline Lamy : Oui, parce que finalement le lieu est bien fait pour ça. Quand on fait les ateliers, on est dans la deuxième partie de l’espace, donc en fait toute l’autre partie est accessible pour les gens qui viennent juste voir l’exposition ou les livres.
Pauline Lamy : Je souhaitais vraiment accueillir des enfants de différents âges, je n’avais pas envie d’abandonner les bébés avec qui j’étais en contact à la maison des contes et des histoires. Alors évidemment, on ne fait pas des ateliers artistiques dès quelques mois. Pour les tout-petits, à partir de 3 mois, on a des ateliers de contes vraiment adaptés, animé par un conteur professionnel, avec des musiques, des chants, des jeux de doigts, des marionnettes. Puis les ateliers artistiques sont à partir de 2 ans, avec un créneau 2-3 ans, un 3-6 ans et un 6-12 ans. Enfin, on fait des ateliers après l’école et des visites dans les musées.
On essaie que les activités soient en rapport avec notre propre exposition. En ce moment on fait une exposition sur le tour du monde avec des musiciens qui se cachent, donc toute la programmation du mois de juillet était autour de la musique, de la découverte d’autres cultures. On est allé voir l’exposition sur les préjugés et le racisme au musée de l’Homme, et « Jamaïca, Jamaïca » à la Philharmonie de Paris. On essaie de créer des liens, parce que souvent les enfants qui sont inscrits pour les visites à l’extérieur sont aussi inscrits aux ateliers. Ca leur donne une image globale de l’actualité parisienne, de ce qu’on fait ici, et ça ouvre leur horizon.
NDLR : L'exposition présentée au Musée de poche lors de l'interview était une sélection d'illustrations issues du livre L'orchestre, de Chloé Perarnau, publié aux éditions L'Agrume. Elle se terminait le 21 juillet 2017.
Pauline Lamy : Ca va de 14 € pour les tout-petits à 35 € pour les visites aux musées, qui durent trois heures. Tout est compris dans le prix, même le goûter. Après, pendant les stages, on a les enfants toute la journée, de 9 à 17h, donc c’est 75 €.
On essaie d’être raisonnable, parce que notre but n’est pas de ne s’adresser qu’à une catégorie de la population. Mais on n’est pas une association, on n’a pas de subvention publique, donc il faut l’argent pour vivre et payer le loyer parisien.
ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Pauline Lamy : C’est très subjectif, c’est pour ça qu’on est tout seuls (rires). On a parfois des véritables coups des coeurs pour des livres ou des artistes. On a la chance d’avoir maintenant beaucoup d’éditeurs qui nous tiennent au courant bien en amont de leur programmation. On commence à avoir une petite réputation dans le milieu, donc souvent les maisons viennent à nous.
Ca se passe donc via la maison d’édition ou directement avec les artistes, qui ont quasiment tous des comptes Instagram ou Facebook. On essaie aussi souvent de coller à l’actualité littéraire, à la sortie d’un livre. Comme ça on peut vendre le livre et faire l’exposition.
Pauline Lamy : Oui, parce qu’on aime vraiment les livres jeunesse. L’idée était d’avoir une sélection assez pointue au niveau du texte, mais surtout de l’image. On essaie de travailler plutôt avec des petites maisons d’édition, qui parfois ont ouvert en même temps que nous, comme L’Agrume ou Les fourmis rouges. On a l’impression de grandir ensemble. Et puis on a aussi des livres d’éducation artistique, comme par exemple les éditions Palette avec qui on travaille beaucoup, pour les parents qui veulent continuer l’éducation à l’image à la maison.
Ensuite on a un coté boutique, avec de quoi faire des ateliers à la maison, et une sélection un peu design de jouets en bois, de jeux, de puzzles. Au mois de septembre, on aura une exposition d’un illustrateur qui est aussi graphiste et designer, et qui sort une collection de jouets chez Moulin Roty. Les beaux objets intelligents pour les enfants, ça rentre aussi dans ce qu’on aime.
Pauline Lamy : Non, moi j’ai fait de l’histoire de l’art et de la médiation culturelle. C'est une formation pour travailler dans un musée, je ne viens pas du tout du monde du livre. Donc j’ai appris sur le tas! Au début je tatonais un peu, c’est assez technique, les ouvertures de compte, les retours de livres… Mais on se débrouille (rires).
Pauline Lamy : Il y a plein d’études qui démontrent que lorsque, jeunes, on est en contact avec des livres et des outils culturels, on va grandir avec eux, on va apprendre à les utiliser, et on aura moins peur de lire ou de fréquenter des lieux culturels plus tard.
Ce que nous voulons, c'est agir à la base pour que les enfants développent leurs propres habitudes culturelles, qu’ils continuent à lire, à aller au musée, à être curieux. Nous sommes dans un monde entouré d’images, et l’idée est que les enfants aient les outils et le regard nécessaires pour apprendre à les lire, à s’en méfier parfois, et pour les utiliser dans leur quotidien.
Le Musée de Poche
41 rue de la Fontaine au roi
75011 Paris
museedepoche.fr
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