ENQUÊTE – « On ne peut pas dire qu’ils jouent le jeu de la reprise. » Cet éditeur d’imaginaire n’a rien d’un cas isolé : depuis la réouverture partielle des boutiques Fnac, les maisons assistent à un étrange ballet de livres. Des retours, en masse, des commandes de nouveautés annulées pour les points de vente, et pourtant, un site internet hyperactif.
Dans un premier temps, le secteur de l’imaginaire a cru à une attaque ciblée. « Ils n’ont même pas ouvert nos cartons, tout a été retourné illico », nous indique l’un d’entre eux. Plus gravement, son diffuseur lui assure « qu’aucune nouveauté ne sera prise. Les opérations sont ajournées, au moins jusqu’en septembre ».
Le couperet tombe sévèrement. « Fnac, l’imaginaire peut difficilement s’en passer. Même si la situation évolue positivement, très positivement, depuis deux ans, les librairies généralistes n’ont pas encore pris le relais pour ce genre », constate une éditrice.
Dans les faits, « à travers la France, les offices sont bloqués pour les établissements. Les prises de notés ont été littéralement effacées. » Comprendre : les ouvrages qui devaient être fournis, parce que commandés, disparaissent. Or, pour certains genres, comme la SF, justement, on estime que Fnac représente 50 % des ventes. On comprend mieux pourquoi la sonnette d’alarme est venue de ce côté.
Plus encore : à cette heure, la majorité des livres ne sera donc pas en magasin. « Pour certains titres, dans l’imaginaire, l’enseigne représente les 3/4 des la mise en place », indique une reponsable dans la diffusion. « 50 % des mises en place de ce genre s’opèrent chez Fnac : c’est une catastrophe pour les maisons. »
Problème : le phénomène est général, toutes les maisons sont concernées. Ou plus spécifiquement, tout ce qui ne relève pas du best-seller est frappé. « Bizarrement, si l’on fait un tour dans les rayons, les Dicker ou Musso n’ont pas subi le même traitement », note un chargé de relation libraire. « C’est inadmissible. Tout retourner, tout annuler sans rien mis en place pour reprendre l’activité, on court à la catastrophe. Dans la trésorerie des maisons, d’ici trois mois, on aura des trous abyssaux. »
Une maison de littérature générale en atteste : « Cette mesure s’apparente à de la rétorsion : tout le monde devait faire l’effort nécessaire pour la reprise. La diffusion avait pris des dispositions, la librairie s’investit également. L’attitude de Fnac est incompréhensible. »
Du côté de la diffusion, justement, un directeur des ventes assure que les commandes existent, mais centralisées. Avec manifestement un intérêt tout particulièrement porté sur le site internet, Fnac.com. « D’ordinaire, la plateforme nous passe des commandes pour une cinquantaine d’exemplaires. Là, on est à 250 pour l’un de nos titres », s’étonnait une maison parisienne.
De fait, les libraires de Fnac sont incités à… proposer aux clients d’acheter en ligne. « Cela dit, même si les quantités habituelles montent pour le web, les magasins restent à zéro… », reprend l’éditeur. Seule perspective : tout faire pour que les librairies récupèrent la mise, « et gagnent par ce biais de nouveaux lecteurs, en particulier pour ces domaines, fantasy, SF, etc. ».
La plateforme web passe bel et bien des commandes : « On nous explique qu’ils ne commanderont pratiquement rien à l’office et piloteront le réassort dans les jours qui suivront la parution. Cela dépendra de l’ouverture des Fnac et de la reprise économique », reprend un grand distributeur. « Mais les 500 millions € de l’État, à quoi servent-ils sinon à aider la reprise ? »
« La difficulté que rencontre Fnac découle de leur système logistique : les livraisons sont centralisées, en effet, et redistribuées dans les magasins », pointe un éditeur. « Or, ce modèle ne fonctionne qu’à condition que tous les magasins soient ouverts. » En l’état, plusieurs succursales de centres commerciaux, en région parisienne ou encore à Lyon, ne peuvent pas ouvrir. De là l’attente de nouvelles consignes de déconfinement de la direction.
La réponse s’entend : Fnac l’a servie à une multitude d’interlocuteurs. Cependant, note un distributeur, « cela reste bizarre, voire incompréhensible : si la logistique dépend de l’ouverture de l’ensemble des magasins, comment font-ils pour parvenir, malgré tout, à commander des best-sellers » ?
Comme si l'enseigne devenait la caricature d'une situation qui se tend, dans le commerce du livre : « Ce n’est pas propre à la Fnac : beaucoup de librairies opèrent des retours, et commandent les livres retournés le lendemain. La stratégie permet de repousser les échéances de paiement », souligne un directeur littéraire. « La logique repose sur l’idée de valoriser les chevaux de course du fonds et des nouveautés. Les titres sortis voilà trois mois, on ne les reverra jamais. »
D’un côté, un « manque à gagner qu’on ne récupérera jamais », se désole une responsable littérature, de l’autre cette absence d’implantation des nouveautés. Dans un courriel à ses partenaires, un diffuseur révèle ainsi que les nouveautés de mai, juin, voire juillet, ne seront pas travaillées.
« Pendant ce temps, Amazon a rouvert ses entrepôts vendredi, grâce à un accord syndical, et a immédiatement passé des dizaines de milliers de lignes de commandes aux distributeurs. » Histoire d’alimenter les lecteurs, bien entendu : pendant ce temps, des centaines de références sont affichées comme indisponibles chez Fnac.com... paradoxal.
Chez les distributeurs, on marche sur des œufs : impossible de critiquer ouvertement la Fnac, mais difficile de ne pas prendre conscience de ce qui s’en vient. « Il faut se montrer réaliste : si Fnac ne prend pas les nouveautés, elles se retrouveront stockées dans nos entrepôts, et… »
La phrase ne s’achèvera pas, bien que la conclusion vienne naturellement : le stockage sera facturé aux éditeurs. Dilemme infernal et double peine, qui impliquera des aménagements farouches. « Ça va négocier dur », redoute un responsable d’entrepôt.
D’autant que, si les livres ne partent pas, alors que les espaces pour les entreposer débordent presque, comment gérer l’arrivée de nouveaux titres ? « Là, une taxe sur le pilon ferait mal », rit jaune une éditrice. Pourtant, l’interrogation persiste, un peu comme une remontée acide.
En outre, chacun a bien conscience que les libraires de Fnac ont les mains liées. « Quand on échange avec eux, c’est plus du désarroi ou de la colère, parce qu’ils n’ont pas de solutions », reprend un relation libraire. « Nous avons tous besoin que l’interprofession joue le jeu. Fnac incarne malheureusement un symptôme plus global. »
Sollicitée, la Fnac n’a pas retourné nos demandes d’éclaircissements. Côté libraires, en revanche, on se montre bien plus prolixe. « Désormais, les nouveautés sont paramétrées par le siège, cela nous a été détaillé en CSE », nous indique-t-on à Paris. « Tous les magasins de catégorie B passent par le pilotage central – l’organisme parisien qui décide des quantités reçues en magasins, quelles nouveautés ou non, les proportions et la gestion du réassort. »
Avec les premières sueurs froides : d’ordinaire, l’algorithme établit un calcul simple, par lequel tout livre vendu est réassorti, pour préserver un stock égal. « Si le livre se vend à un exemplaire chaque mois, ça fonctionne. Mais si l’on est à un rythme d’un exemplaire tous les six mois ? », interroge une libraire.
Pour les best-sellers, la centralisation fonctionne traditionnellement en établissant des quantités — idem pour des titres spécifiquement sélectionnés (premier roman, enjeu majeur d’une maison, etc.). Pour les petits joueurs, les vendeurs ont les coudées plus franches. « Nous avons eu la confirmation que les commandes directes seraient normalement honorées — avec une vérification au niveau du siège malgré tout », poursuit-elle.
Mais cette question épineuse des nouveautés demeure : « Grosso modo, nous a-t-on dit, les fournisseurs livrent à un endroit, qui s’occupe de répartir sur les magasins. Or, la machine qui trie les nouveautés et fonds n’a été remise en service que tardivement. Conclusion, les livraisons sont incorrectes, pas expédiées au bon moment ni dans les bonnes quantités. »
Un élément de réponse supplémentaire, auquel s’ajoute « la volonté claire de prioriser le 20/80. La grosse cavalerie de supermarché, celle qui permet de ne pas perdre les ventes établissant l’essentiel du chiffre, nous en disposons », reprend une libraire de province. « Finalement, les gens achèteront ce qu’il y a, a-t-on entendu. Et les petites nouveautés ne pèsent pas suffisamment dans la balance pour que l’on s’en préoccupe. »
Autre signe : inciter fortement les libraires à suggérer de passer commande via le site internet. « Comme nous ne pouvons pas recevoir de nouveautés à parution ni de fonds, le report quasi systématique vers Fnac.com a été non pas imposé, mais vivement encouragé », souligne-t-on à ActuaLitté.
Et de toute manière, les représentants ne sont pas attendus avant plusieurs semaines. « Suivant les magasins, ce sera mi-juillet, voire fin juillet. Mais il serait étonnant qu’on les revoie avant septembre : août est une période creuse, et à la rentrée nous travaillons les offices de septembre. » Dont acte.
Pendant ce temps, les rayons se dégarnissent à vue d’œil, voire sont extrêmement vides. « Nous avons rencontré un problème avec les retours — un manque de personnel à la centrale de Massy, selon la direction. Nous nous retrouvons avec un surstock de Noël et de début d’année, et l’obligation d’attendre mi-juillet pour opérer les retours que l’on estime nécessaires. »
Dans l’intervalle, la direction a fourni des listes imposées de renvois d’ouvrages. « Pas des quantités, hein : juste les invendus de plus de 9 mois. Incohérent ! », s’agace un responsable de rayon dans le sud-ouest.
« Le retour en magasins s’effectue d’ailleurs dans des conditions de sécurité assez moyennes. On fait la police en demandant aux gens de mettre leur masque correctement. Mais l’essentiel de notre travail, la commande, le réassort, la constitution de l’offre et le conseil, tout cela disparaît. »
Pire : certains y lisent « le passage à un test grandeur nature, d’un pilotage centralisé pour toutes les Fnac. Nous ne sommes plus libraires, on fait de nous des magasiniers. Je n’ai pas signé pour ça », conclut-il. « Aucune véritable info n’est fournie : il aura fallu se faire passer entre établissements le peu que l’on savait. La gestion du confinement s’est avérée complexe, mais le déconfinement n’est pas bien glorieux non plus. »
Au point, et les connaisseurs savoureront ce détail, que l’annonce de la liste pour le prix du roman Fnac a été décalée. L’an passé, elle avait été présentée le 10 juillet : cette année, il faudra attendre… le 25 août. Selon nos informations, pour la semaine 21, le groupe accuse un recul de 40 % de son chiffre d’affaires Livre (+ diversification produits éditoriaux, type papeterie).
« Logique », déplore une libraire, « certains magasins enregistrent un recul de 75 % pour les entrées. Alors oui, le taux de transformation est excellent : les clients viennent pour acheter, pas pour flâner. Mais ils sont très peu nombreux… »
Avec les nouvelles consignes communiquées par le Premier ministre ce 28 mai, la situation évoluera certainement. En attendant...
photos ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Par Nicolas Gary
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42 Commentaires
Vincent Gimeno
29/05/2020 à 16:09
De toute façon l'on sait depuis longtemps que la Fnac a participé à la destruction de la librairie dans son ensemble, et cela date des années 90 déjà.
Il suffit donc de se rendre chez un libraire indépendant...
Michèle Kahn
29/05/2020 à 19:15
En effet, mon roman paru en mars 2020, "La fiancée du danger, Mademoiselle Marie Marvingt" (Ed. Le Passage)est indisponible dans tous les sites Fnac : https://www.fnac.com/SearchResult/ResultList.aspx?SCat=0!1&Search=la+fiancée+du+danger&sft=1&sa=0. Merci d'avoir attiré l'attention de vos lecteurs. Rien ne vaut les librairies indépendantes.
Julien Sorel 2020
02/06/2020 à 09:48
@Michèle Khan: Vous avez raison, Michèle: votre livre doit être présent dans toutes les librairies indépendantes :lol: :lol: :lol:
Kâ
29/05/2020 à 21:01
Merci Vincent pour ce commentaire.
En effet il suffit de se rendre essentiellement chez son libraire !
Fakeinfo
29/05/2020 à 21:10
C'est quand même beau ces articles a charge avec aucune source vérifiable car toutes anonymes. J'adooore. Pour info j'ai acheté en magasin Fnac des petites nouveautés en roman et sciences humaines cette semaine. So ???
Nicolas Gary
30/05/2020 à 07:46
Bonjour
Moi, ce que je préfère, ce sont les faux commentaires, de faux gens, anonymement courageux, qui viennent mettre en doute notre travail.
Ninja
29/05/2020 à 22:54
Perso, je suis dans un Leclerc (je ne dis plus espace culturel leclerc) vu que l'on a déménagé dans l'hypermarché et mis à part mon travail avec les représentants, je n'ai plus l'impression d'être libraire mais d'être aussi magasinier, surtout maintenant post-déconfinement. -'
Fakeinfo
30/05/2020 à 08:30
J'utilise volontairement le même mode de communication que celui des sources de votre article monsieur Gary et vous arrivez sur mon commentaire à la même conclusion que moi sur votre article. Finalement nous sommes d'accord.
Nicolas Gary
30/05/2020 à 09:45
Bonjour (la politesse, logiquement, ne demande pas de courage particulier)
Vous faites ce que vous voulez, comme vous le voulez, et vous voyez, si vos commentaires sont publiés c'est que l'on trouve que l'anonymat est aussi un chose acceptable.
Maintenant 2 choses : voilà plus de 10 ans que nous travaillons dans l'industrie, nos sources sont fiables.
Et parce qu'en 12 années, nous avons respecté l'anonymat, et protégé nos sources, les infos n'en sont que plus fiables encore.
Allez, je vous embrasse.
Bon week-end.
WaitAndSee
30/05/2020 à 09:35
@Michèle Khan : vous ralez un peu vite je trouve, vous avez posté le 29 mai, nous sommes le 30 et votre livre est déjà disponible ! Et il était également disponible auprès des vendeurs partenaires de la fnac
Michèle Kahn
30/05/2020 à 10:13
@WaitAndSee Bonjour, mon livre est paru le 19 mars et non en mai. PS: ce serait sympa de respecter l’orthographe de mon nom. Merci
KeepCalm
02/06/2020 à 16:55
@Michèle Kahn , entre le 19 mars et le mois de mai il s'est passé un truc je crois qui a un peu perturbé les chaines de distribution, la Fnac n'est pas responsable de tous les titres reportés ou sorti au mauvais moment, ou encore mal renseignés dans la bases par les diffuseurs eux aussi à l'arrêt. Il faut aussi essayer de comprendre les contraintes auxquels chacun fait face :)
Lemanovitch
30/05/2020 à 10:58
Bonjour. La Fnac ne fait plus le métier de libraire depuis de nombreuses années, c’est une entreprise qui vend des livres et des tas d’autres produits tout comme Amazone, le seul
intérêt pour elles c’est la marge sur ce « produit » par rapport à celle des autres produits qui est moins rémunératrice. Quand au prestige intellectuel attribué à ce produit il est ignoré par la plupart de ces responsables qui ne sont pas des lecteurs dans la majorité des cas. D’ailleurs il serait intéressant au moment de la revendication des auteurs pour une meilleure rémunération de se reposer la question des marges attribuées aux vendeurs de livres en remettant à plat les conditions de vente des éditeurs et de leurs distributeurs. Est-ce que le rapport entre le quantitatif et le qualificatif est toujours adapté à l’évolution du marché et des circuits de distribution ?
Fakeinfo
30/05/2020 à 11:31
@nicolas Gary, j'adore vos leçons (incluant celles de bonnes manières) et c'est sur que vos 10 années où 12 (même ça ce n'est pas clair) de copinages sont la garantie de la fiabilité de vos infos. C'est l'argument massue (comme Nutella et ces 25 années d'expérience)... Et ne m'embrasser pas s'il vous plait car je respecte la distanciation physique, même en virtuel. Je vous souhaite le meilleur pour la suite.
Nicolas Gary
30/05/2020 à 11:42
Bonjour (difficile à rentrer hein)
Copinage : certainement, peut-être, ou pas. J’ai pas le sentiment de la compromission (je lâche le mot ça vous fera un os de plus à ronger).
ActuaLitte est garanti sans huile de palme juste de l’huile de coude, en toute indépendance. Et depuis le 14 février 2008.
Pardon pour l’imprécision : quand on aime on ne compte pas.
Je vous embrasse toujours virtuellement et dans le respect des distances nécessaires, soyez rassuré. Je connais mon intégrité j’ignore tout de la vôtre (et j’avoue : m’en moque...)
Fakeinfo
30/05/2020 à 13:12
A nouveau sans, belle réactivité (12 minutes), je vous laisse à vos auto-démonstrations et demeure très peu convaincu de la véracité de la situation que vous décrivez dans votre article ayant constaté le contraire dans le point de vente que je fréquente. L'intégrité étant une question de point de vue je vous laisse à la votre et vous quitte définitivement en vous souhaitant un bon week-end.
Somerandombookseller
30/05/2020 à 14:05
@fakeinfo Étant donné que la direction Fnac a pris la main sur l'ensemble des commandes, ce que les libraires Fnac déplorent, il est mathématiquement impossible que vous ayez trouvé de petites nouveautés (récentes) en rayon. Après vous n'avez peut-être la même notion de "petit".
Roger Raynal
30/05/2020 à 14:24
La transformation des libraires en "magasiniers" ou "pousse-cartons" ne touche hélas pas que la FNAC.
Nous touchons peut-être là à la limite du commerce des livres physiques, dont on ne sortira que par une limitation drastique de l'offre ou un changement de modèle.
Et si... les librairies devenaient le lieu où l'on imprimait, en quelques minutes, le livre désiré par le client, avec sa police de caractère et son interlignage ? Un même livre imprimé en gros caractères espacés pour la grand mère dont les yeux ne sont plus tous jeunes, en caractères plus petits sur du papier fin pour les jeunes voyageurs, sur du beau papier avec une police et un format confortable pour un cadeau... Le tout avec des prix adaptés.
Les machines pour faire cela existent.
Le ballet des livraisons et des retours cesserait, si ce n'est pour les livres d'arts, les "beaux objets livre".
Quelques exemplaires de démonstration suffiraient, et tous les titres parus seraient accessibles dans n'importe quelle librairie, épuisés ou pas...
Qui osera ?
Michèle Kahn
30/05/2020 à 16:55
A Roger Raynal : voilà une belle idée ! Ce serait merveilleux.
Marc Georges
30/05/2020 à 15:54
La Fnac n'a jamais été une librairie, juste un marchand de livre. Aujourd'hui un bazar avec papeterie, machines à café, jouets...
Les éditeurs s'en étonnent ?
Marc Georges
La Demeure du Livre.
Libraire jusqu'à l'os
30/05/2020 à 17:37
Je ne peux malheureusement pas vous donnez tort mais vous y trouverez pourtant de vrais libraires, passionnés, qui connaissent leur sujet. Ils sont, par contre, de moins en moins, car ce n'est plus ce que recherche l'entreprise...
Fakeinfo
30/05/2020 à 19:00
@Somerandombookseller
Quelle méconnaissance est la votre !
Cela fait des années que la direction pilote l'achat des nouveautées dans 80 % des magasins Fnac. Les libraires de la Fnac qui je féquente me l'ont expliqué il y a fort longtemps. Ils ont cependant la possibilité de faire des commandes supplémentaires pour défendre des titres qu'ils aiment. C'est fou je ne suis qu'un client et je le sais alors que vous experts l'ignorez !!! Quand au jugement de valeur sur la qualité de mes achats c'est le pompom ! Sous entendu j'achete de la grosse artillerie ! pour info j'ai acheté en autre cette semaine "l'incident au fond de la galaxie" d'Etgar Keret qui est paru de mémoire fin mars 2020 donc durant le confinement et la fermeture du magasin que je féquente. Mais bon cela doit un auteur pas assez petit ! Bon week end.
Somerandombookseller
31/05/2020 à 00:09
Je trouve ça dommage que vous le preniez comme ça car je n'ai aucunement jugé vos achats. Etje ne me suis jamais prétendu expert. Mais en tant que libraire Fnac je trouvais bizarre que vous ayez pu achetez une "petite" nouveauté alors que comme l'article le dit nous ne les recevons plus. Mais tout s'explique finalement. Le livre que vous avez acheté est sorti le 19 mars. Or les éditeurs ne s'attendant pas à un confinement nous pas arrété les nouveautés tout de suite. Il a fallu une semaine. Donc tout ce qui est sorti entre le 16 et le 21 n'est arrivé en magasin qu'après le 22. Voilà pourquoi vous l'avez trouvé en magasin. CQFD.
Lemanovitch
30/05/2020 à 21:21
Vous avez raison de dire qu’il y a des vendeurs compétents et sympathiques dans les Fnac ( j’y ai passé 7 ans de ma vie de libraire) non sérieusement, ce n’est pas au niveau du personnel de vente le problème, c’est la centralisation qui a tout bouleversé dans le fonctionnement. Le meilleur moyen de démotiver les équipes de vente c’est de leur retirer la gestion de leurs achats ( réassort et nouveautés) et de substituer une clé de répartition pour les différents magasins à travers le pays. Vous imaginez ce que ça donne, si vous avez déjà discuté avec votre vendeur de journaux au temps des MNPP et autre Prestalys. Quand vous supervisez l’ensemble du réseau que vous avez été formé et formaté par la suprématie de la rationalité vous êtes persuadé qu’un algorithme peut mieux faire que la somme de toutes les fantaisies aléatoires des différentes irrationalités des acheteurs disséminés dans chaque rayon des magasins. C’est vrai que ça peut corriger des anomalies, mais c’est justement ces particularités qui sont gommées qui standardisent l’offre et qui transforment le super système valable pour une mise en place d’un Joël Dicker ou un Guillaume Musso en catastrophe qui fiche en l’air la mise en vente d’un auteur qui habite la ville où se trouve le point de vente ou le « coup de cœur » du vendeur. Sans compter que quand vous prenez vos bacs d’arrivages vous vous dites ILS m’en ont mis tant, et que parfois les exemplaires en quantité inadaptée restent dans un coin mais pas en rayon et repartiront dans les retours comme un office forcé chez un indépendant (ça n’arrive jamais me disent monsieur Hachette et madame InterForum). Alors qu’en fait il n’y a rien de rationnel dans la vente de livres, c’est ça qui est merveilleux même si tout le monde dans le secteur du livre rêve à la martingale du succès, dans aucun domaine de la création elle n’existe, si ce n’est peut-être pour la « cavalerie » qui n’a pas besoin de libraire.
Représentant qui marche sur des oeufs et qui par conséquent se réfugie derrière l'anonymat
30/05/2020 à 22:32
Globalement, et n'en déplaise à Fèquinfo, je trouve cet article très bon (j'ajouterais même, pour être désagréable avec tout le monde, meilleur que l'ordinaire du site).
Je suis représentant pour un diffuseur-distributeur depuis plusieurs décennies.
Je ne suis pas vraiment surpris par les réactions des libraires de FNAC que vous avez recueillies : beaucoup sont de très bons libraires, y compris parmi la nouvelle génération, et ça fait bien longtemps que les libraires et nous (les représentants) constatons amèrement ce virage pris par la FNAC.
La FNAC a longtemps vécu, et dans une large mesure vit encore, sur une image forgée dans les années 70-80, reposant non seulement sur les compétences de ses vendeurs (en librairies, mais aussi dans les autres rayons) et sur la richesse de l'assortiment des magasins.
Pour ce qui concerne la qualité des vendeurs, je ne me prononce pas... mais je sais (parce que certains me l'ont dit) qu'ils sont plus incités à vendre de très rémunératrices extensions de garantie sur l'informatique, la photo ou le son qu'à prendre le temps de conseiller le produit qui convient au besoin particulier de chaque client.
Pour ce qui est de la richesse de l'assortiment en revanche, je peux aisément me prononcer. Je passe rapidement sur les rayons disques et jeux, qui sont une terre brûlée pour de très nombreuses raisons dont les principales ne sont pas du fait de la FNAC.
En librairie, j'ai vu certaines librairies qui, autrefois, avaient des taux de retour anecdotiques (de l'ordre de 5 à 6%) passer à des taux de retour de 30% ou plus.
J'ai vu des libraires qui ne choisissent plus les opérations commerciales qu'ils proposent, mais qui se voient imposer celles qui sont négociées au niveau national, y compris quand ces opérations ne sont pas rentables dans certains magasins.
Je vois des libraires qui reçoivent ce que la centrale appelle des "injections" de livres par piles... pour des titres qui sont déjà en rayon et qui ne se vendent pas.
Je vois, ou plutôt je ne vois plus des librairies FNAC qui pourtant travaillaient bien, parce que leur offre a été centralisée : pour être passé dans certains de ces points de vente que je ne visite plus, je peux témoigner de la pauvreté de l'assortiment proposé. Les libraires en sont aussi désolés que moi mais ,passé un certain point, ces libraires ont cessé de se battre contre leur hiérarchie et ses instructions stupides.
D'une manière générale, l'expertise des libraires des FNAC est piétinée par des imbéciles férus de tableaux excel et de remises de fin d'exercice. Ce n'est pas très surprenant dans ces conditions que ces mêmes imbéciles parient sur la vente du 20/80 : ils n'oublient qu'une chose, pourtant vérifiée à de nombreuses reprises, c'est que ce 20/80 ne se vend jamais aussi bien que lorsque les 80/20 sont là, parce que c'est le 80/20 qui amène la clientèle ici plutôt que là.
Je ne sais pas où va la FNAC, je ne sais même pas si quelqu'un le sait à sa direction. En revanche, il est illusoire d'espérer à court terme que les librairies indépendantes prennent le relais des FNAC, notamment sur les littératures de l'imaginaire, parce que l'écrasante majorité de ces librairies ne sait pas comment les travailler, quand elles ne les méprisent pas purement et simplement, et leurs rayons qui y sont consacrés sont bien souvent pitoyables. Je module néanmoins : si la majorité est consternante, il existe très heureusement des exceptions remarquables : reste à espérer que ce mouvement se généralise.
Mais si cela doit changer, c'est-à-dire si la clientèle doit changer d'habitude de consommation, c'est une affaire d'au moins trois ou cinq ans. Il faut espérer que les éditeurs pourront tenir jusque là.
fg
31/05/2020 à 19:14
Merci Représentant... pour votre commentaire, qui complète avantageusement l'article qui est déjà bien et qui est, comme vous le précisez, meilleur que d'habitude (ça manque souvent de recul ici).
Pascale Le Bellais
30/05/2020 à 22:44
La version papier de mon livre "le temps des foudres" paru mi mai 2020 est soit disant en rupture de stock (EN LIGNE je précise) à la FNAC mais n'a jamais été disponible. Encore plus grave, il n'apparaît pas en nouveauté alors que des ouvrages plus récents apparaissent. C'est à l'évidence un comportement discriminatoire contraire à la plus élémentaire déontologie. En revanche, Amazon l'a bien annoncé en nouveauté et il est disponible en ligne. Dommage que la Fnac ait cette attitude qui ne lui fait pas honneur.
Le vieux ronchon
02/06/2020 à 16:47
Chère Pascale la Fnac n'a aucune obligation, ni déontologique ni commerciale à référencer la totalité des ouvrages qui sont publiés. Peut-être faut-il plutôt en parler à votre éditeur et diffuseur ?
Par ailleurs votre ouvrage est également en rupture de stock sur ce cher Amazon, donc non seulement votre commentaire/placement produit n'apporte rien au débat mais en plus il est mensonger/erroné.
Bien à vous
Toto
01/06/2020 à 08:12
Donc, si je résume bien, pour trouver un bouquin, il faut aller sur... Amazon ;-)
Sinon, je ne veux pas être taquin, mais je propose d'aligner l'ensemble de la chaîne du livre (tant vantée ici il y a peu...) sur le droit des auteurs : chacun ne gagne une part de ce qui est véritablement vendu... Donc l'imprimeur ne touche que ce qui est vendu, le vendeur aussi, le diffuseur aussi. Etc. On oublie les frais de stockage, les frais de diffusion, les frais de pilon...
Après tout, comme les auteurs, tout le monde travaille gratis tant qu'il ne vend pas... Bonne idée, non ?
Arthur
01/06/2020 à 16:08
Merci beaucoup pour cet article et pour une partie des commentaires qui le complètent avec intérêt. Salarié dans une grosse enseigne puis dans une librairie dite "indépendante" je ne peux que confirmer les tendances lourdes et déprimantes à l'œuvre.