Septembre 2012 : choquée par Langue fantôme. Eloge littéraire d’Anders Breivik (Pierre-Guillaume de Roux, 2012), essai critique à l’égard du multiculturalisme, Annie Ernaux obtient le départ de Richard Millet du comité de lecture de Gallimard après avoir lancé une pétition, signée par quelques cent-cinquante écrivains, dans les colonnes du Monde. Entretien par Etienne Ruhaud.
Le 24/06/2024 à 13:50 par Auteur invité
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24/06/2024 à 13:50
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Ndlr : L'écrivain Richard Millet est ici interviewé dans le cadre de la parution de son dernier ouvrage. La rédaction ne cautionne en rien, par cette publication, le passé de l'auteur.
Dès lors, l’écrivain corrézien, également connu pour ses récits au Liban, devient profondément infréquentable, comme le décrit minutieusement Muriel de Rengervé, dans L’Affaire Richard Millet. Critique de la bien-pensance (Jacob Duvernet, 2013). Poursuivant son œuvre en solitaire, Richard Millet continue à publier chez Pierre-Guillaume de Roux, jusqu’à la disparition de la maison, avant de se tourner vers de plus petites structures.
Les polémiques ont, hélas, quelque peu masqué le caractère spécifiquement littéraire des écrits. Car somme toute, l'on retient désormais, essentiellement, le caractère politique et sulfureux de Richard Millet, en oubliant qu’il fut d’abord (et reste encore) un styliste, un lyrique. C’est en tous cas ce qui apparaît dans ces deux nouveaux ouvrages, édités par Est Tastet.
Le premier, Ozanges, nous ramène au Limousin natal, si cher à l’auteur, à travers une nuit passée au château. Le second, L’entrée du Christ dans la langue française, constitue le premier recueil poétique de Richard Millet. À soixante-et-onze ans, l’homme évoque sa foi…
Etienne Ruhaud : On est frappés, en vous lisant, par l’importance du lieu, soit ce morceau de Corrèze natale que vous ne cessez d’explorer, livre après livre. Ozanges ne fait pas exception, puisque vous y décrivez la nuit d’un écrivain insomniaque, qui vous ressemble singulièrement. Toutefois, on constate que le narrateur-héros ne s’appelle pas Richard Millet, mais Bugeaud. Comment interpréter ce recours à la fiction ? Peut-on parler d’autofiction ?
Richard Millet : Non, pas d’autofiction, mais une façon d’étendre extrêmement la liberté narrative grâce à un « double littéraire » tout proche de moi, et par l’emploi de noms-calques : Viam, mon village natal, en Corrèze, devient Siom. Ozanges est le nom d’un ruisseau dont je me sers pour désigner un château bien réel, toujours en Limousin.
On est également frappé, comme dans chacun de vos livres, par le style, par ces longues périodes poétiques, cette prose lyrique et riche en images. Peut-on parler, à la suite de Jean-Yves Tadié, de « récit poétique » ? Ozanges est d’ailleurs qualifié de « récit » sur la couverture même.
Richard Millet : Le récit, au sens gidien, obéit tout à la fois à la relation d’évènements véridiques et à des dimensions plus modestes que le roman. Et il y a aussi dans Ozanges, oui, quelque chose de poétique, en tout cas qui recourt à une temporalité très éloignée de l’immédiatement contemporain, même si le contemporain est présent, dans ce récit, avec par exemple, ces migrants qui voyagent dans le même autorail que le narrateur.
Parmi les nombreux écrivains cités, vous évoquez notamment Gérard de Nerval, auteur du souvenir, d’une mémoire parfois semi-fictive, soit la géographie magique dont parle Jean-Pierre Richard dans Poésie et profondeur. Quelle est votre proximité avec Nerval ? On serait tenté de parler d’un livre nervalien, d’une prose nervalienne.
Richard Millet : J’aime Nerval depuis toujours pour son voyage dans l’Orient de mon enfance et pour Sylvie, un des plus parfais récits de la langue française, et le versant ensoleillé, presque heureux, du nocturne Aurélia et des Chimères.
Vous ne citez en revanche aucun écrivain actuel. Et l’on sent également un certain mépris à l’égard du travail éditorial (p. 82). On sait que vous n’aimez guère l’époque. Reconnaissez-vous, toutefois, du talent à quelques-uns de nos contemporains ?
Richard Millet : Il doit exister des écrivains de talent, mais je ne lis plus de romans ; je suis passé à autre chose : poésie, philosophie, écrits mystiques, ou intimes, études sur la musique, etc.
Vous parlez abondamment des autres arts : cinéma, peinture, musique. On vous découvre ainsi à travers vos goûts. Dans quelle mesure êtes-vous influencé par telle ou telle discipline, extérieure à la littérature ? On sait que vous avez consacré un essai à Gérard Depardieu… (Le corps politique de Gérard Depardieu, Pierre-Guillaume de Roux, 2014).
Richard Millet : Je porte en moi le regret de n’avoir pas été un compositeur. J’en parle quelquefois avec des amis musiciens : Régis Campo et Marc-André Dalbavie. Le cinéma de Bergman, Antonioni, Bresson, Tarkovski, et certains films noirs américains, a autant compté pour moi que Proust, Faulkner, James ou Dostoïevski.
Depardieu est actuellement au cœur de la polémique, comme vous le fûtes vous-même. Tout le monde se souvient de la pétition d’Annie Ernaux (cf. plus haut), réclamant votre départ de Gallimard suite à la publication de Langue fantôme suivie d’Eloge littéraire d’Anders Breivik (Pierre-Guillaume de Roux, 2012). Cette affaire a déjà douze ans. Avec le recul, regrettez-vous d’avoir écrit ce texte ?
Richard Millet : Ce que je regrette, c’est d’avoir sous-estimé la haine dont j’étais déjà l’objet par ma position chez Gallimard et pour mes jugements sur la médiocrité de la littérature française, en général, et aussi d’avoir sous-estimé le refus contemporain de l’ironie. On ne m’a pas lu : on s’est contenté de me condamner médiatiquement sur la seule foi d’un titre, il est vrai provocateur — mais ce qui est bien étrange pour une classe de clercs et de journalistes qui se revendiquent de Voltaire (qu’ils n’ont d’ailleurs pas lu davantage).
Pour certains militants identitaires, vous seriez devenu une sorte de porte-glaive. Pour la gauche traditionnelle, culturelle, vos idées sont devenues une sorte de repoussoir. Vous ayant découvert de façon « innocente » en 2002, alors que j’étudiais les Lettres, j’ai le sentiment que la polémique a effacé l’écrivain, le styliste, le prosateur. Ne peut-on le déplorer ? La littérature doit-elle nécessairement être engagée ? On sait que vous publiez en parallèle des pamphlets, aux éditions de la Nouvelle librairie.
Richard Millet : On continue à me faire expier ma liberté de penser, en me réputant d’extrême droite, identitaire, réactionnaire, ou tout ce que vous voudrez, alors que je ne suis qu’un écrivain hors parti, hors engagement, hors système, et qui témoigne aussi bien de la fin du monde paysan, dans les années 60, que de la guerre civile libanaise de 1975, ou de la décomposition de la langue française par le refus de l’enseigner correctement — ce qui, Orwell l’avait dit, est le prélude au totalitarisme, même s’il est « soft », comme celui du capitalisme mondialisé.
L’onomastique ne doit rien au hasard. Pourquoi avoir appelé ce château « Ozanges » ? Vous évoquez par ailleurs à plusieurs reprises les esprits, les fantômes… Vous parlez du spirite Swedenborg, cher à Balzac. Croyez-vous au surnaturel ?
Richard Millet : Je crois au surnaturel catholique, à l’invisible, au Dieu caché et sensible au cœur et à l’esprit, à la vie éternelle… Je crois aussi aux anges et aux âmes errantes… Plus l’époque se veut matérialiste, et plus je crois à cela.
Insomniaque, l’écrivain-narrateur semble établir un parallèle entre ce château-prison, et son propre enfermement intérieur. Le récit devient ainsi allégorique. La littérature, l’écriture constitue-t-elle une porte de sortie, un exutoire satisfaisant ?
Richard Millet : Non, pas d’allégorie, selon moi, mais une tentative pour exorciser l’angoisse, et une plongée dans ma mémoire littéraire, musicale, et dans l’ensemble de mon existence, au cours d’une nuit solitaire où je suis confronté au froid et à l’inquiétude, à mes fantômes autant qu’à moi-même.
De même que vous exprimez de sérieux doutes touchant l’édition, vous semblez souvent douter de la littérature même, des livres. Cela semble parfois contradictoire. De fait, la littérature peut-elle mener au bonheur, ou, à tout le moins, à une certaine libération ? Est-ce vain ?
Richard Millet : Les contradictions font partie de ma personnalité, parfois jusqu’à l’excès ou à la douleur. Je ne crois pas à une littérature heureuse — ce serait de l’eau de rose, du « feel good », comme on dit pour faire chic : tout le contraire de ce qu’elle doit être.
Vous êtes l’auteur de nombreux ouvrages, récits, romans et essais. À soixante-et-onze ans, vous publiez un premier recueil poétique. Pouvez-vous nous en dire davantage ? Avez-vous toujours écrit de la poésie ?
Richard Millet : J’ai d’abord écrit de la poésie, très mauvaise, imitée de Rimbaud, Mallarmé, Bonnefoy, Du Bouchet : une impasse, donc. J’ai compris qu’il me fallait recourir à la prose, au récit, au roman. Il y a une dizaine d’années, je me suis remis à la poésie, en secret, peut-être pour accompagner la maladie dont mon épouse allait mourir.
Quels poètes lisez-vous ? Quels poètes vous inspirent plus particulièrement ?
Richard Millet : Je lis et relis Rimbaud, Verlaine, Mallarmé, Dickinson, Claudel, Segalen, Saint-John Perse, D. Thomas, Deguy, Dupin, Hocquard, Jude Stéfan, Marie Etienne, Christine Lavant, Alejandra Pizarnik, bien d’autres encore. Je découvre en ce moment Séries parisiennes d’Etienne Faure et le Juliau de Nicolas Pesquès.
Le vers français pave une ruineuse allée/selon un poète sans foi, mais habile (p. 21). Vous pratiquez le vers libre, et non la prose ou le vers régulier. Il s’agit, à chaque fois, de brèves unités. Pensez-vous user d’autres formes ? Comment la chose s’est-elle imposée à vous ?
Richard Millet : Des poèmes et vers courts, en effet, peut-être pour me reposer de la longueur de ma phrase narrative. Je ne me vois pas recourir à une forme poétique plus ample.
Ce premier recueil est-il le premier d’une série ? Pensez-vous continuer à publier de la poésie, ou en revenir, en rester plutôt, à la prose ?
Richard Millet : Je pense faire alterner les deux, comme la musique symphonique alterne avec la musique de chambre, chez Debussy ou chez Dutilleux. Je poursuis aussi l’écriture d’essais et celle de mon journal intime.
Comme le titre l’indique, le recueil est entièrement tourné vers le Christ, vers la foi catholique, et d’ailleurs le livre se divise en cinq parties, qui comportent autant de références bibliques (« Les outrages », « Psaumes blancs »). Quel est votre propre rapport à l’église ? Pratiquez-vous ?
Richard Millet : Je ne sais franchement pas ce que peut être un « catholique non pratiquant », comme dit le cliché. Je prie chaque jour, lis des textes religieux, théologiques, mystiques, écoute de la musique religieuse, tiens une sorte de journal spirituel, questionne beaucoup, m’ouvre de plus en plus à l’idée que je vais mourir.
Notre époque est largement déchristianisée. Regrettez-vous ce que vous nommez « impiété » ?
Richard Millet : Je regrette surtout une forme de haine du catholicisme, quasi pavlovienne et si facile, aujourd’hui ; et l’ignorance qui l’accompagne et qui est une forme de reniement culturel.
L’écriture constitue-t-elle un prolongement de cette même foi ? Souhaitez-vous, ainsi, vous rapprocher de Dieu ? Tu n’aimes pas les poètes ni les romanciers, déclarez-vous pourtant.
Richard Millet : Ce n’est pas Dieu qui parle (si j’ose dire, dans ce que vous citez, mais ma défunte épouse). Oui, écrire fait partie de la quête, le rapport entre poésie et prière étant aussi sensible et mystérieux qu’entre musique et foi.
Comme dans Ozanges, vous paraissez souvent sceptique à l’égard de la littérature, du langage, de son usage. Ainsi vous parlez de « crime contre la langue » . Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Richard Millet : Si je pensais que tout était donné définitivement, je n’aurais pas besoin d’écrire. Je ne serais qu’un homme satisfait de soi comme du monde dans lequel il vit. Le langage lui-même est plein de chausse-trapes, clichés, lieux communs, tentations plagiaires qu’il faut éviter sans relâche.
Douleur offerte/impossible élégie, écrivez-vous page 41. Malgré la foi, une certaine mélancolie plane parfois, un certain désespoir. La foi chrétienne permet-elle de dépasser cette souffrance ? Ou l’écriture ? Ou les deux ?
Richard Millet : Pas de foi sans le doute, le sentiment d’être par moments, ou souvent, abandonné de Dieu. C’est ça, la vie intérieure, indissociable de celle de l’esprit et du corps. Rien n’est donné, ni dogmatique : tout est à reconquérir chaque jour — ou donné par la grâce.
Comme énoncé précédemment, vous semblez très sombre à l’égard de l’époque. Pourtant, par moments, votre plume se fait enjouée, comme si vous souhaitiez malgré tout célébrer la vie matérielle, ces choses qui nous entourent. Peut-on, dès lors, parler de lyrisme, de poésie lyrique ?
Richard Millet : Le constat est sombre, mais je ne suis pas le seul à l’énoncer : l’état politique, moral, écologique du monde actuel en témoigne. Je cherche à ne pas désespérer tout à fait. Écrire est une forme de résistance au désespoir par un excès de lucidité.
Crédit image : Mariiar1993, CC BY-SA 4.0
Par Auteur invité
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22 Commentaires
NAUWELAERS
25/06/2024 à 01:48
J'avoue ne pas avoir lu sa supposée apologie (?) d'un vil assassin mais au vu de cette interview, je n'ai pas le sentiment que cet écrivain exigeant et sans concessions ne puisse être réduit qu'à un simple polémiste d'extrême droite...
Conservateur voire traditionaliste: oui.
On est libre de le suivre (bien peu le font) ou non.
Mais il faut lui laisser la liberté de s'exprimer et avant de le condamner, le lire et non en diagonale !
Moi les fatwas, je regrette, elles sentent mauvais.
On peut le critiquer, le questionner, le contester.
Mais la démarche du type fatwa que nous savons par des gens ne l'ayant probablement pas lu relève de la bassesse et de la médiocrité.
Je salue vivement l'initiative hautement inattendue d'ActuaLitté: ne pas cautionner (tout) ce qu'il a écrit -surtout en référence à un certain livre qui lui valut sa mise au ban médiatique, et il en a signé moult autres ! -mais publier néanmoins cet entretien de très haut niveau.
Et nous laisser nous forger une opinion par nous-mêmes.
Sans pratiquer une cancel culture dont des autruches incurables continuent à nier l'existence.
Ce pluralisme intelligent devient rare dans une époque vénérant la non-binarité alors qu'elle est devenue binaire et manichéenne à un point effrayant.
Pour descendre de quelques étages, interview de Lio dans «Le Soir» (belge) du 22-23 juin.
Elle rappelle avec une satisfaction consternante que la Discothèque nationale de Belgique -devenue Point Culture aujourd'hui et totalement changée, peu importe -a banni tous les disques de Sardou à une époque.
Motif: sa fameuse stance «J'ai envie de violer des femmes»...où il ne fait qu'interpréter un paumé solitaire et ses rêves minables et toxiques !
Alors on vire également Orelsan qui a chanté «Sale Pute»...mais bon sang, les rien-pensant(e)s -ces artistes interprètent un personnage !
Et je n'en suis pas fan, je précise.
Johnny commet un féminicide -ce qu'on appelait crime passionnel (et je ne saisis pas la différence entre ces deux termes qui désignent la même chose, le meurtre d'une femme par passion délétère poussée à un point ultime, en 2024 comme en 1920 ou 1960) -dans «Requiem Pour Un Fou».
On le bannit alors, lui aussi ?
Charles Denner dans le rôle de Landru, de Chabrol, n'a jamais tué aucune femme !
On va bientôt censurer «Baisers volés» de Truffaut sous prétexte qu'un baiser volé correspond à une culture du viol ?
Etc.
Cette bêtise crasse -avec un journaliste conformiste incapable de la moindre remarque en ce sens envers Lio, dans l'interview du «Soir» -me fait peur.
Si même les gens bien intentionnés ne peuvent plus penser librement, en sont incapables bonjour les tentatives de totalitarisme à venir !
Je dévie un peu ici mais pas tant que ça, en fait.
Je précise que je ne trouve aucun excuse aux criminels et terroristes et autres, quelle que soit leur pseudo-religion dévoyée ou leur idéologie; la tentation de toute idéologie de tous bords étant de laisser croître en son sein la mauvaise graine du totalitarisme.
Même avec les meilleures intentions du monde, celles dont l'enfer est pavé.
Si des imbéciles considèrent que ce post est d'extrême droite, je les laisse patauger dans leur extrême indigence intellectuelle.
Merci pour le courage dont ce site vient de faire preuve et lire l'auteur en question d'abord, et prendre position ensuite.
Je ne suis pas encore en mesure de le faire faute de lecture de livre(s) de lui mais son amour manifeste de la langue française et le fait qu'il soit apparemment un styliste exigeant va dans le bon sens selon moi et contre la facilité et le conformisme.
Mais il faut (ne) juger (que) sur pièce et avec un esprit libre.
Comme le disait à peu près Frank Zappa: l'esprit est comme un parachute, il ne fonctionne bien que s'il est ouvert !
CHRISTIAN NAUWELAERS
Françoise Dubois
25/06/2024 à 11:02
Merci de cette longue interview qui donne envie de lire cet auteur, et rend les auteurs de sa "condamnation" bien misérables...
Drages
25/06/2024 à 19:17
Superbe entretien ! Suivant l'œuvre de Richard Millet depuis bien longtemps ( ma première lecture: "Le goût des femmes laides" , j'avais été intrigué par ce titre un brin provocateur !),les titres se sont enchaînés depuis, une bonne soixantaine à ce jour : romans ,récits essais,pamphlets et aujourd'hui poésie. 9
Drages
25/06/2024 à 19:32
Pardon ! Je n'avais pas terminé mon message. Richard Millet est pour moi un très grand auteur, victime d'une cabale inique menée par ceux qui ne connaissent qu'une littérature consensuelle, bien- pensante, alors qu'il bouscule ce petit monde étriqué et redonne par ses excès mêmes une vie â La Littérature.
Chapeau à Actualite qui ne nous a pas habitués à cette liberté de ton et â Étienne Ruhaud qui mène cet entretien de main de maître !
Fait-on de la Littérature avec de bons sentiments ?
Delphine
26/06/2024 à 11:48
Pour autant publier aux éditions de la Nouvelle librairie inscrit politiquement un auteur... Difficile ensuite d'arguer d'une production littéraire affranchie de cette inscription..
Drages
26/06/2024 à 12:42
Bonjour !
Simples questions :
Avez-vous lu un seul ouvrage de Richard Millet ?
Sommes-nous sur un blog politique ou littéraire ?
Bien à vous.
NAUWELAERS
26/06/2024 à 14:35
Delphine,
De façon non partisane, je vous répondrais que si tout le monde éditorial est frileux à l'idée de l'éditer, Millet n'avait peut-être pas le choix pour être publié à nouveau...
Je précise que c'est une hypothèse sérieuse mais pas une certitude absolue.
CHRISTIAN NAUWELAERS
Arthur Magnus
27/06/2024 à 18:20
"De façon non partisane, je vous répondrais que si tout le monde éditorial est frileux à l'idée de l'éditer, Millet n'avait peut-être pas le choix pour être publié à nouveau...
Je précise que c'est une hypothèse sérieuse mais pas une certitude absolue."
Pas impossible, même s'il est permis d'en douter, vu qu'à notre époque, il existe quand même d'autres solutions connues et largement pratiquées.
Prenez par exemple Éric Zemmour, qui ne s'est pas donné la peine de chercher un autre éditeur, quand Albin Michel a refusé son (avant-dernier) livre.
Videau
27/06/2024 à 08:54
Tous les éditeurs étant plus ou moins engagés politiquement ( mais très rarement à l extrême droite par terrorisme intelectuel et economique) selon vous un auteur devrait être assimilé politiquement à sa maison d edition...un peu réducteur quand même! Et quand bien même ? L important c est son œuvre ! Quelque soit son opinion politique ..mais on peut aussi se contenter comme littérature des professions de foi des divers partis politiques distribués gratuitement lors des campagnes électorales...ça tombe bien en ce moment nos boîtes aux lettres en sont remplis ...
Bardamu
12/07/2024 à 12:27
Bonjour, Delphine
Vous m'avez obligé à une petite recherche, mais, à mon âge, ça fait du bien !
J.J. Pauvert, que nous connaissons tous, poursuivi pendant plus de 10 ans par la censure et le Parquet ainsi que par force bons apôtres et bien pensants ensoutannés et galonnés
en tant qu'ultra-gauchiste, soutien du FLN ,pornographe avéré pour avoir publié Sade, enfin, pour faire court, un véritable danger pour la bonne société, n'a pas hésité à rééditer le "pavé" d'un collabo notoire, qui ne mettait pas son drapeau dans sa poche, ce qui lui valut d'être
condamné à mort, savoir "Les Décombres" de Lucien Rebatet, et, pour aggraver son cas, les
"Mémoires d'un Fasciste" du même Rebatet...le pire, c'est que le bougre savait écrire...
La liberté ne se divise pas, sinon, pour citer Claudel : " La tolérance...il y a des maisons pour ça "
Bonne journée
Frederic Nef
28/06/2024 à 10:12
immense plaisir de lire des nouvelles de mon ami Richard Millet que j'ai perdu de vue
nous sommes bien proches: je lis tous les matins le Livre des Dialogues de Ste Catherine de Sienne
Bardamu
10/07/2024 à 12:45
Quel plaisir d'avoir des nouvelles de Richard Millet ! J'ai longuement hésité à lui écrire...J'ai 75ans, ce qui prouve qu'on peut encore être timide à mon âge.En tous cas, sa "saga corrézienne" est une véritable merveille !
Bien à vous, et bonne journée !
Etienne Ruhaud
11/07/2024 à 07:44
Merci!!
Drages
12/07/2024 à 17:17
Bonjour! Quel bonheur d'apprendre que "le cadavre Richard Millet"bouge encore ! Passé par l'autodafé allumé par Madame Ernaux et quelques affidés dans les sombres couloirs gallimardiens, il renaît de ses cendres tel le Phénix pour nous donner deux très beaux livres .C'est avec les larmes aux yeux que je termine : "L'entrée du Christ dans la langue française ". Qui a perdu des ètres aimés comprendra. Richard Millet a beaucoup de talents, même ceux d'être provocateur, iconoclaste, injuste . Un seule vertu lui manque ,pourtant tellement appréciée aujourd'hui, celle d'être tiède..
Je viens seulement de découvrir son "Sacrifice" paru en 2006 : un hymne magnifique à La Femme sur des superbes photos de Sylvia Seova .
J'attends avec impatience le prochain entretien mené par Mr.Etienne Ruhaud et aussi les commentaires qui apparaissent au fil des jours...
philippe mader
01/09/2024 à 13:01
Curieux personnage que cet écrivain au demeurant assez doué, mais qu' avait'il besoin de mettre en lumière ce détraqué assassin norvégien, lui qui est un grand catholique -mystique ? Son dernier pamphlet contre Mme Castets est ridicule et méchant, indigne ete n contradiction totale avec sa foi !
un corrézien de coeur .
Bardamu
01/09/2024 à 16:28
Il est vrai que j'ai, moi aussi, été surpris par cette sortie...On pense ce qu'on veut de Mme Castets- à titre personnel, je la trouve assez antipathique et autosatisfaite, et je crois que sa révélation de ses choix relève d'un "coup politique", puisque Mr Attal "n'aime pas les dames " - mais ce genre de déclaration n'élève pas le débat. Millet est un écorché vif, ses mémoires de jeunesse en sont la preuve, mais à l'écrit on peut toujours se corriger, à l'oral, c'est impossible.
C'est un de nos plus grands prosateurs actuels de la lignée de Céline, Léon Daudet, Léautaud, Léon Bloy, on n'aime ou on n'aime pas, victime d'un lynchage médiatique qu'il a lui-même déclenché sans s'en rendre compte, ou s'il s'en est rendu compte, c'est un suicide social inexplicable.
Vous parlez à juste titre de sa foi chrétienne, Bernanos était aussi profondément croyant, mais ne
pratiquait que rarement le pardon des offenses...
Pascal Praud (lui même sur une corde raide), lui a donné la parole, espérons que ça va durer, la précédente intervention de Millet autour de son dernier ouvrage était heureusement d'un autre
niveau que les préférences intimes auto-révélées de Mme Castets.
Je pense pouvoir contacter R. Millet, en cas de succès, je lui ferai part de mon ressenti qui n'est pas
si éloigné du vôtre sur cet épisode particulier, qui, j'espère restera unique.
Merci en tous cas pour votre analyse "à chaud "
Bien cordialement
J.N. Muller
Drages
04/09/2024 à 20:56
Richard Millet entre dans la mythique collection de La Pléiade.
La nouvelle avait fait l'effet d'un pétard mouillé dans le microcosme germanopratin,sans qu'aucune chemise blanche n'ait été heureusement atteinte. Antoine avait œuvré en sous-main depuis longtemps, déchiré à chaque comité par la vision devant lui de ce fauteuil vide depuis quelques années. Il l'avait recouvert d'un drap blanc afin de préserver la mémoire de celui qui l'avait occupé, alors qu'il était fêté et honoré par un Grand Prix de l'Académie Française et considéré comme l'un des meilleurs écrivains de sa génération. Certes ,Antoine avait le soutien inconditionnel de ses charmantes filles qui regardaient en boucle,depuis quelques jours ces passages télévisuels que de mauvaises langues estimaient litigieuses malgré les dénégations de Pascal ,dernier grand chroniqueur littéraire â qui on venait de proposer de préfacer l'ouvrage. Une pétition s'était mise en branle et y figuraient déjà des noms illustres qui,par extrême modestie,avaient souhaité que seuls leurs prénoms apparaissent. Sans rien trahir, Annie ouvrait le bal,suivie de Tahar,Marie, Didier,Maylis,Amélie,Boualem, Delphine ,Jean-Marie-Gustave et beaucoup d'autres immortels....On avait sollicité P.O.L., Léo, Paul-Guillaume.mais aucun n'avait ,curieusement, daigné répondre.
Bien sûr, ces passeurs de connaissances que sont les Libraires furent aussi consultés. Entre le : "Pas de ça chez moi !" et celui qui attrapa un lumbago pour essayer de récupérer un exemplaire au ras du sol ( il avait oublié de le mettre dans ""les retours "),rien de bon ne garantissait les commandes futures.
Enfin , la poignée de contributeurs à l'entretien paru dans ACTUALITTE fut sollicitée. Ils étaient très concernés mais n'avaient rien lu de l'auteur Pléiadisé, à l'exception de ce cher Bardamu ! Pourtant, ils avaient tous une opinion bien affirmée !
Il restait à demander l'accord de l'auteur. Il était introuvable ! Antoine envoya son propre chauffeur à Viam et le somma d'interroger les 107 habitants de cette commune corrézienne.Seule la pharmacienne voisine avoua qu'elle avait été dévalisée en Lexomil.....
Quand vint le choix de la couleur de la peau de couverture, il y eut unanimité : ce serait "sang de boeuf".
L'appareil critique était confiée à Isabelle Hup., Gérard Dep. et Bernard Men.et, nouveauté absolue pour la collection, un C.D. de Sibélius serait offert avec chaque volume.
Bardamu
12/09/2024 à 15:15
Bonjour à toute l'équipe !
Je suis comme vous, le silence de cet inclassable artiste m'effraie, au sens pascalien...
Plusieurs hypothèses :
- Il remanie " Le Sentiment de la langue " par le biais de l'écriture inclusive.
- Il a entrepris, tel Sysiphe, de retraduire en français la prose de la Sorcière d'Yvetot et de ses plus
fidèles affidés...ce qui n'est pas une petite affaire !
- Ou, se souvenant de sa juvénile passion pour l'archéologie (cf " La Forteresse " ), il est parti à la
quête d' un olisbos de l'époque hellénique, pour en faire hommage à Mme Lucie Castets
ex-future Première Ministresse autoproclamée, et grande prêtresse de Sapho de son propre
aveu.
- Enfin, il fait peut-être pénitence pour de malsonnantes allusions à de potentielles fuites urinaires
de la Sorcière précitée...A en croire la compagne de sa vie, Simone, plus connue sous le nom de
" La Grande Sartreuse " , JPS - boussole qui indiqua le Sud pendant plus de 50 ans - était atteint
du même syndrome, qui devait le peiner terriblement au point qu'il refusa le Nobel.
Bien cordialement, et à bientôt pour de nouvelles aventures !
J.N. Muller
etienne ruhaud
13/09/2024 à 06:54
Bonjour Monsieur,
Richard Millet n'est absolument pas dans le silence, mais publie au contraire à rythme soutenu.
Bien amicalement,
ETIENNE RUHAUD
Bardamu
13/09/2024 à 15:52
Bonjour, Monsieur Ruhaud !
J'ai répondu, de façon quelque peu sarcastique - mais, fidèle aux enseignements de mon bon maître
l'Ermite de Meudon, " je ne me réjouis que dans le grotesque (...), tout le reste m'est vain " - au message annonçant la disparition de Richard Millet suite à l'annonce de son entrée dans La Pléiade,
et aux recherches lancées pour le retrouver...
Rassurez-vous, je suis presque à jour dans mes achats, le dernier étant "Ozanges", par contre je dois
confesser que je n'ai rien lu de sa poésie. En plus, membre de la Libre Pensée, suite aux arguments
frappants des Bons Pères en ma prime jeunesse, j'avoue , et j'ai peut-être tort, ne pas être tenté
par les ouvrages où il exprime sa foi profonde
Bien cordialement
J.N. Muller
LeLorrain
19/09/2024 à 18:41
Je suis effaré de la violence de la réception dans la presse et et notamment dans le Monde à l'égard du livre Langue fantôme et sa suite, que j'ai particulièrement apprécié.
Cet entretien avec Richard Millet très intéressant, me donne l'occasion de lui dire que non, son livre n'est pas un pamphlet fasciste comme le dit Annie Ernaux, qui est d'une mauvaise foi incommensurable., et qu'il me conforte dans ce que je pense de la dégradation de la langue française.
Meilleurs sentiments
Le Lorrain
etienne ruhaud
05/10/2024 à 21:50
Je ne partage pas nécessairement le point de vue de Millet. Toutefois, cette mise à mort est en soi scandaleuse.
Bien amicalement,
ETIENNE