L'autrice-compositrice-interprète Françoise Hardy, qui a signé plusieurs livres au cours de carrière, est décédée ce 11 juin 2024 à l'âge de 80 ans, a annoncé son fils Thomas Dutronc. Outre sa discographie éclectique, ancrée dans les années yéyé mais développée ensuite du côté de la pop, du funk ou du disco, elle laisse quelques textes derrière elle.
Le 12/06/2024 à 09:58 par Antoine Oury
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Publié le :
12/06/2024 à 09:58
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Née en 1944 à Paris, Françoise Hardy grandit dans la capitale, au sein d'un contexte familial particulier : sa mère, Madeleine Hardy, est restée célibataire, tandis que son père, Étienne Dillard, se manifeste surtout par son absence et un quasi-abandon à son égard, versant sporadiquement une pension alimentaire.
La jeune Françoise Hardy est régulièrement prise en charge par ses grands-parents maternels, installés à Aulnay-sous-Bois, où elle fait face à une grand-mère impitoyable, qui laissera une marque profonde sur son caractère.
Scolarisée dans une institution religieuse, elle voit son horizon s'ouvrir avec la découverte du rock 'n' roll à la radio, comme de nombreux jeunes hommes et femmes de l'époque. À l'aube des années 1960, elle reçoit une guitare et assiste à l'un des premiers concerts marquants de Johnny Hallyday, avant de signer, quelques mois plus tard, un contrat avec le label qui publie ce dernier, Vogue.
Après l'enregistrement d'un premier 45 tours, la soirée du référendum sur l'élection au suffrage universel du président de la République, le 28 octobre 1962, propulse la jeune femme sur le devant de la scène. Elle chante ainsi, lors d'un intermède, « Tous les garçons et les filles », qu'elle a écrit et composée (avec des arrangements de Roger Samyn).
Le phénomène est lancé, et Françoise Hardy devient une icône instantanée, de la musique yéyé, mais aussi de la mode et du cinéma. Sa discographie comptera au total près d'une trentaine d'albums, dont quelques-uns interprétés en anglais.
L'œuvre de Françoise Hardy a su s'adapter, dépassant les limites de la production rock 'n' roll et yéyé de ses débuts, allant par exemple lorgner du côté du funk ou du disco, bénéficiant du soutien de différents auteurs-compositeurs, comme Michel Jonasz ou Étienne Daho.
À plusieurs reprises, elle annonce la fin de sa carrière de chanteuse, mais revient à la musique malgré tout, même contrainte par la maladie. En 2018, parait Personne d'autre, son 28e et dernier album, sur lequel son chant s'adapte à son état de santé.
En 2008 parait un ouvrage autobiographique signé par Françoise Hardy, intitulé Le Désespoir des singes… et autres bagatelles (Robert Laffont), dans lequel elle revient notamment sur sa carrière dans l'industrie musicale, mais aussi sur sa relation avec Jacques Dutronc, qu'elle rencontre en 1967. Ils cheminent ensemble jusqu'aux années 1990, et restent mariés malgré leur séparation.
En 2012, elle publie chez Albin Michel L'amour fou, dans lequel elle « décrypte les douches froides et les impasses dévastatrices provoquées par l'ambiguïté de l'homme dont une femme est tombée éperdument amoureuse ». Le parallèle de son propre couple avec Dutronc semble évident, mais ne sera jamais officialisé.
Atteinte d'un lymphome du MALT, diagnostiqué au début des années 2000, Françoise Hardy fait régulièrement face à la maladie. Un quotidien qu'elle racontera dans Avis non autorisés..., paru en 2015 aux Éditions des Équateurs.
La même année, une tumeur au larynx la conduit aux portes de la mort, à laquelle elle échappe « grâce à une thérapie de la dernière chance », comme elle l'explique dans Un cadeau du ciel..., également publié par les Éditions des Équateurs. Ces dernières portent son dernier livre à ce jour, Chansons sur toi et nous, un recueil de ces principales compositions assorti d'anecdotes et de souvenirs, paru en 2021.
Passionnée par l'astrologie, elle avait également coécrit avec la graphologue Anne-Marie Simond La graphologie planétaire. Une typologie de l'écriture et de la personnalité dans les années 1980 (chez Albin Michel). Cette approche particulière de la psychologie sera ensuite proposée en poche chez J'ai Lu, en 2009, sous le titre Entre les lignes, entre les signes.
Comment lui dire adieu ? L’éternelle Françoise Hardy, légende de la chanson française, s’est éteinte le 11 juin 2024, à l’âge de 80 ans.
Jeune fille timide et réservée, Françoise Hardy grandit auprès d’une mère célibataire, dans ce Paris des années 1960 où la jeunesse rêve d’ailleurs, et bien souvent d’Amérique. Comme tous les garçons et les filles de son âge, elle écoute la musique qui vient de l’autre côté de l’Atlantique et dont elle rejoue les accords sur sa guitare, reçue en cadeau pour l’obtention de son baccalauréat. Aux côtés de Sheila, de Sylvie Vartan, de Johnny Halliday et de tant d’autres, elle aussi est une chanteuse « yé-yé ». Pourtant, sa jeunesse à elle, son temps des copains et de l’aventure, a déjà ce ton si particulier, cette conscience que « le temps de l’amour, c’est long et c’est court, ça dure toujours, on s’en souvient ». Avec ses chansons tout en douceur et en mélancolie sur les aléas de l’amour et le temps qui s’enfuit, Françoise Hardy impose déjà sa marque.
Au cours d’une carrière qui s’étend sur plus d’un demi-siècle, elle parvient à se faire une place à part dans le cœur des Français et dans le panthéon de la chanson française. Pour elle, la chanson est un art élevé, à la fois exigeant et populaire, capable de parler au cœur de toutes et de tous, par-delà les générations et les origines. Chanter est la grande affaire de sa vie. C’est aussi parfois une source d’angoisse et d’insatisfaction, qui la pousse très tôt à délaisser la scène. Elle privilégie le travail en studio où, patiente et virtuose, elle sait ciseler cet accord subtil et mystérieux d’un texte et d’une mélodie, pour donner naissance à des chansons qu’elle voudrait toujours intemporelles, son véritable idéal esthétique. Et c’est aujourd’hui le legs qu’elle nous fait, avec « Le temps de l’amour », « La maison où j’ai grandi », « Mon amie la rose », « Parlez-moi de lui », « Comment te dire adieu », « Message personnel », « Partir quand même », et tant d’autres chansons que nous n’avons pas fini d’écouter et de fredonner.
Françoise Hardy écrit et compose, pour elle et pour d’autres, tout en considérant que la chanson peut aussi être un artisanat collectif. Qu’elle interprète les textes et les musiques de Patrick Modiano, de Serge Gainsbourg, de Michel Berger, de Michel Jonasz, ou encore de la musicienne brésilienne Tuca, sur l’album La Question (1971), qui restera l’un de ses favoris, c’est toujours la douceur de sa voix et la pureté de son phrasé qui en font de véritables chefs-d’œuvre.
Elle a beau détester le mot comme l’idée, Françoise Hardy est une icône. Avec son image de jeune femme rêveuse et littéraire, sa silhouette androgyne et sa manière de porter des créations de Courrèges ou de Paco Rabanne, elle ne laisse personne indifférent. Et de Mick Jagger à David Bowie, de Bob Dylan, qui lui dédicace la pochette d’un de ses albums, à Etienne Daho, qui voit en elle un modèle et une idole, elle est admirée dans le monde entier.
Toujours proche de son public, elle partage aussi bien ses joies que ses peines, avec un mélange de discrétion et de franchise. Le bonheur d’être la mère de Thomas, la passion tourmentée qu’elle vit avec Jacques Dutronc, son goût pour l’astrologie, ses colères, ses combats, ses douleurs, sa dignité face à la maladie.
Françoise Hardy est entrée dans notre vie il y a plus de soixante ans. Elle ne nous quittera jamais car, comme le chantait Charles Trenet, « longtemps après que les poètes ont disparu, leurs chansons courent encore dans les rues ».
J’adresse toutes mes condoléances à son fils Thomas, sa famille, ses proches et à toutes celles et ceux qui, comme moi, aimeront toujours Françoise Hardy.
Photographie : Françoise Hardy, en 2012 (Siren-Com, CC BY-SA 3.0)
Paru le 16/03/2022
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5 Commentaires
Aurelien Terrassier
12/06/2024 à 12:11
Grande artiste talentueuse, Françoise Hardy ne faisait plus de concerts à partir des années 80 car elle s'était aussi investi dans l'astrologie. De "mon amie la rose" à "Vip" en passant par son tube emblematique "Tous les garcons et les filles de mon âge", Françoise Hardy à l'epoque compagne de Jacques Dutronc avec leur fils Thomas qui venait de naitre etait aussi sur le devant de la scène dans les années 60-70 avec Salut les copains entre Sheila et Sylvie Vartan... Il y avait aussi le photographe fils non reconnu d'Henri Salvador Jean-Marie Perier qui fut un grand ami de Françoise Hardy. Paix à son âme.
Liane Huster
12/06/2024 à 13:54
'investi dans l'astrologie' avait-elle prévu l'arrivée du RN au pouvoir ? elle nous aurait cachés ça ?, ce n'est pas gentil LOL
Bo
12/06/2024 à 19:20
Article composé de moitié en fiche wikipédia et pour l'autre de la repro (essentielle !) d'un hommage de Dati rédigé par un(e) autre, on se demande bien si vous n'auriez pas dû vous abstenir ici de cette sortie sur une personnalité dont le côtoiement du monde des livres reste quand même bien anecdotique...
Antoine Oury
13/06/2024 à 08:06
Bonjour,
Navré que l'article ne vous plaise pas.
Cordialement,
Antoine Oury
Marie
13/06/2024 à 07:28
Un peu beaucoup ras le bol de "icône " et/ou "idole" ! A l'heure de la pop (Vartan, Sheila et Hardy)siégeaient tout de même, et en majesté Brassens, Brel et Ferré. Sans oublier, un peu plus tard Barbara et Sylvestre, plus confidentiel(les).Je n'ai rien contre Hardy, poète à ses heures, mais écrivain médiocre. Sa voix mal placée susurrait plus qu'elle ne chantait. Mélodies attachantes surtout celles des autres. L'art très médiatique de "superlativiser", à la disparition de tel ou tel. Des pensées pour ses proches.