L’annonce d’une cession du groupe Editis par Vivendi n’apaise pas les esprits. La décision de Vincent Bolloré de céder l’entreprise, pour obtenir l’assentiment de la Commission européenne préoccupe auteurs, éditeurs et libraires. Leur mobilisation, contre la fusion que l’on imaginait des deux structures, se reporte aujourd’hui sur l’avenir de Hachette Livre, filiale de Lagardère dont Vivendi possède 57 %.
Le 13/08/2022 à 12:35 par Auteur invité
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Publié le :
13/08/2022 à 12:35
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Un collectif réunissant organisations d’auteurs – Charte, CPE –, le Syndicat de librairie française et celui de Belgique, celui des distributeurs de loisirs culturels, ainsi que de nombreuses librairies et des éditeurs — Actes Sud et L’École des Loisirs — a fait parvenir à ActuaLitté une tribune étayant leurs positions.
En effet, fin juillet, Vivendi évoquait un projet de cession d’Editis, dans la communication de ses résultats financiers, présenté par le directoire du groupe. Après l’absorption de 57 % du groupe Lagardère — propriétaire de Hachette Livre — Vivendi doit rendre des comptes aux autorités de la concurrence, et de nombreux scénarios s’étaient alignés dans la presse. Celui d’une revente d’Editis pour échapper aux problématiques concurrentielles aura pris de court l’ensemble des analystes.
À LIRE: Vivendi : un projet de cession d'Editis, pour garder Hachette
En effet, Vivendi parviendrait à conserver le groupe Hachette en proposant d’une part des parts d’Editis aux actionnaires de Vivendi, d’autre part une cotation boursière pour faciliter la vente desdites actions. Enfin, les parts détenues par le groupe Bolloré (29,5 %), seraient proposées à un, ou plusieurs repreneurs — ni fonds d’investissement ni acteur de l’industrie du livre.
Face à cette perspective, le collectif interprofessionnel souligne que l'avenir n'est pour autant pas réglé. Leur texte est ici reproduit dans son intégralité.
Les auteurs, éditeurs et libraires mobilisés contre la fusion des groupes Hachette Livre et Editis restent vigilants face à l’annonce de la cession d’Editis par Vivendi.
En septembre 2021, Vincent Bolloré, PDG du groupe Vivendi et propriétaire d’Editis, deuxième groupe d’édition français, a annoncé son intention de racheter le groupe Hachette, leader français et international de l’édition.
Compte tenu des menaces que cette fusion fait peser sur l’équilibre du secteur, sur les conditions de la concurrence et sur la diversité de l’offre culturelle, 15 organisations d’auteurs fédérées derrière le Conseil Permanent des Écrivains (CPE), rejointes par la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, des éditeurs indépendants (Actes Sud, L’École des loisirs), le Syndicat de la librairie française (SLF), le Syndicat des distributeurs de loisirs culturels (SDLC), le Syndicat des librairies francophones de Belgique (SLFB), et un groupement de quinze librairies indépendantes se sont manifestés auprès des services de la Commission européenne chargés de la Concurrence, afin de dénoncer les risques et les menaces que représente une trop forte concentration dans les secteurs de l’édition et de la distribution du livre ; risques renforcés, dans le cas présent, par une concentration verticale du fait de la présence du groupe Vivendi dans les secteurs des médias, de la presse, de la publicité, de l’audiovisuel et du cinéma.
Cette fusion conduirait à créer un acteur en position de domination sur le marché de l’édition, de la diffusion et de la distribution du livre — voire de quasi-monopole sur certains segments éditoriaux — et représente une menace évidente pour le maintien d’une diversité d’acteurs, condition de la diversité de l’offre éditoriale qui fonde le modèle culturel français.
Après plusieurs mois d’échanges avec les services de la Commission, Vincent Bolloré semble avoir partiellement renoncé à son projet, en annonçant la cession du groupe Editis.
Les organisations d’auteurs, les éditeurs représentés dans ce dossier ainsi que les syndicats de libraires français et belges prennent acte de cette décision et se félicitent à ce stade d’avoir été en partie entendus.
À LIRE: Editis : Michèle Benbunan à la tête du premier groupe indépendant ?
Ils restent néanmoins mobilisés et extrêmement vigilants, d’une part quant aux conditions dans lesquelles le groupe Editis, que Vincent Bolloré a indiqué vouloir revendre, serait cédé ; d’autre part quant au risque d’un accroissement de la position dominante du groupe Hachette après son intégration au groupe Vivendi.
En effet, cette intégration, si elle était confirmée, pourrait conduire à renforcer la position déjà largement dominante de Hachette, grâce aux moyens financiers décuplés dont disposerait le groupe, ce qui risquerait d’accélérer sa politique de rachat d’éditeurs indépendants, aggravant ainsi le phénomène de concentration dans l’édition. Il conviendra notamment de s’assurer qu’existeront bien demain sur le marché du livre les conditions d’une concurrence véritable et équilibrée entre les groupes Hachette et Editis.
L’identité du repreneur d’Editis devra également faire l’objet d’une très grande attention. La vente du deuxième groupe français d’édition à une entité ou une personnalité qui nourrirait des espoirs de retour sur investissement à court terme pourrait conduire — par la recherche de profits immédiats, par une politique éditoriale tournée exclusivement vers les meilleures ventes, par l’attraction des auteurs à succès au détriment de la diversité éditoriale, par des politiques commerciales agressives vis-à-vis des libraires — à transformer notre industrie culturelle en une industrie du divertissement.
Il revient désormais à la Commission européenne d’examiner – si la cession d’Editis est soumise en tant que remède à la fusion – tant ces conditions que celles du rachat du groupe Hachette par le groupe Vivendi.
Le collectif : Conseil Permanent des Écrivains ; Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse ; Éditions Actes Sud ; Éditions L’École des loisirs ; Syndicat de la librairie française ; Syndicat des distributeurs de loisirs culturels ; Syndicat des librairies francophones de Belgique ; Librairies : L’Arbre à Lettres (Paris), Les Cahiers de Colette (Paris), Dialogues (Morlaix), Le Divan (Paris), L’Esperluète (Chartres), Le Failler (Rennes), Le Hall du Livre (Nancy), Lucioles (Vienne), La Machine à Lire (Bordeaux), Maupetit (Marseille), Millepages (Vincennes), Ombres blanches (Toulouse), Passages (Lyon), Le Square (Grenoble), Tonnet (Pau).
NDLR : « Il faut que le repreneur soit un acteur industriel de long terme et qui ne bouscule pas l’équilibre concurrentiel du marché. Ce qui exclut donc les acteurs de l’édition en France », précisait Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi.
Parmi les noms évoqués, des proches de Vincent Bolloré reviennent régulièrement. À commencer par Marc Ladreit de Lacharrière : ce patron de presse avait profité d’une manne en reprenant des actions Lagardère, via sa holding Fimalac, avant de les revendre. Avec 3,5 % du capital à son actif, il venait en soutien à Vincent Bolloré — et sauver un Arnaud Lagardère bien mal en point — pour empêcher l’offensive financière déclenchée par un autre actionnaire, le fonds Amber Capital. Celui qui se définissait comme un actionnaire de long terme aurait à ce titre conclu un pacte avec Vincent Bolloré, assurait Marianne, pour le rachat de l’ensemble des parts d’Editis.
Ce qui imposerait une OPA pour aboutir — mais les deux hommes d’affaires seraient trop proches pour ce faire.
En revanche, l’hypothèse de François Pinault milliardaire et fondateur d’Artémis et Kering, serait plus plausible. « On parle d’un actionnariat familial, avec un catholicisme commun… C’est une amitié ancienne : ils sont Bretons tous les deux et avaient déjà travaillé ensemble sur le coup de Bouygues, voilà vingt ans », indique un observateur. En effet, en 1998, Bolloré cédait ses parts – 12,61 % – à Pinault, via Artémis. Le second, revendant ainsi ses parts de Bouygues, permettait de sauver la mise financièrement…
Le groupe Kering, ex-PPR, est un familier du luxe (Gucci ou Yves Saint-Laurent pour exemple), n’est en effet pas l’un des acteurs de l’industrie du livre exclus par les choix de Vivendi. En revanche, on se souviendra que PPR fut propriétaire de Fnac, à partir de 1994, avant de s’en désengager en 2013… sur un modèle en tous points similaire au projet de Vivendi concernant Editis : cession des parts aux actionnaires, cotation en Bourse.
Aujourd’hui, c’est l’entreprise allemande Ceconomy, spécialisée dans la distribution de produit non alimentaire qui est l’actionnaire majoritaire de Fnac-Darty, avec 24 %. C’est en effet à la holding Artémis que l’Allemand avait racheté les 24,33 % de parts détenues…
« Kering-Artémis, ce n’est assurément pas un fonds de pension, mais bien un groupe familial, ressemblant très fortement à l’empire Bolloré… », conclut notre contact.
Par Auteur invité
Contact : contact@actualitte.com
1 Commentaire
Martin Meskine
15/08/2022 à 09:32
oh , oui merci !
vous avez été entendus
retour aux fondamentaux
rien de mieux , de plus sain , de plus proche des croyants laïques évidement laïques , qu'un capitalisme de famille famille catholique , ancrée en nos terres chrétiennes , bienveillante avec ses gens , pardon avec ses salariés-es , toute tournée vers le respect des idées et du capitalisme mesuré
oui , oui , j'y crois à ce projet
pauvremartinpauvremisère