Le comic a toujours été “à l'avant-garde des combats sociétaux”
Voici une révélation qui a fait grand bruit : le personnage principal du prochain Superman qui sortira en novembre n'est autre que le fils de Clark Kent, Jon. Or, il va tomber amoureux d'un homme et assumera pleinement sa bisexualité. Une annonce qui a surpris le grand public, mais pas pour les férus de comics. Toucher au fils d'une icône, c'est s'aventurer trop loin ?
Le 13/10/2021 à 16:51 par Hocine Bouhadjera
7 Réactions | 406 Partages
Publié le :
13/10/2021 à 16:51
7
Commentaires
406
Partages
Dans un numéro de la nouvelle série de Superman intitulée Fils de Kal-El paru en août, Jon Kent, fils de Clark Kent et de la journaliste Lois Lane, se lie d’amitié avec un jeune reporter, Jay Nakamura. Dans le numéro à paraître le 9 novembre aux États-Unis, la relation va se muer en romance amoureuse, annonce DC Comics.
Ce nouveau superhéros est très impliqué contre les injustices sociales, le dérèglement climatique ou encore la crise des réfugiés. Des problématiques ancrées dans les préoccupations d’une partie des millenials et de la génération Z, mais plus encore, qui imprègnent la société dans sa globalité.
« Nous ne pourrions pas être plus fiers de raconter cette histoire importante de Tom Taylor et John Timms », a déclaré Jim Lee, directeur de la création et éditeur de DC.
On passe ainsi d’un « mâle blanc hétérosexuel » (Superman), à son fils, inscrit dans son époque, comme l’était son père en son temps. D’ailleurs, la relation de Jon Kent avec son compagnon sera sur un pied d’égalité. En effet, ce dernier aura également des super pouvoirs. Rien n’est laissé au hasard.
S’inscrire dans son époque
Si la BD franco-belge « traditionnelle », entre Tintin, Blake et Mortimer ou Spirou et Fantasio, s’est pour beaucoup inscrite dans une sorte de temps immuable, prendre à bras le corps les contextes historiques a toujours été une marque de fabrique du comics américain. Dès les années 40, Captain America combattait les nazis, avant de s’opposer à la menace communiste...
INTERNATIONAL : Captain America, ennemi du rêve américain ?
« DC a toujours essayé de coller à l’air du temps et de développer des arcs narratifs progressistes. Le principe du multiverse — l’existence d’univers parallèles du même superhéros — permet tout », nous confie Thomas, libraire du réseau BDfugue. Et son concurrent, Marvel, n'a jamais été très loin de ce point de vue : l'enjeu est aussi économique, en proposant des histoires à même d'intéresser de nouveaux publics.
Et le libraire d’ajouter : « La bisexualité chez les superhéros DC n’est pas nouvelle. Elle est évoquée pour Wonder Woman (et les amazones de manière générale), Catwoman, Harley Quinn, Poison Ivy... mais dans l’imaginaire collectif, la bisexualité d’une femme n’est pas accueillie comme la bisexualité d’un homme, a fortiori quand cet homme est l’Alpha mâle ultime et le (petit) fils de l’Amérique ».
COMICS: Spider-Man devient le comic le plus cher au monde
En outre, ce n’est pas le premier gay du comics américain. Cet été, en parallèle au lancement du nouveau Superman, la série Aquaman avait mis en avant un superhéros « noir et gay », tandis que dans la dernière édition de la BD Batman, Robin s’affichait comme bisexuel, pointe l'AFP. On se souviendra également que dès 1992, le superhéros Northstar avait fait son coming-out, à l’époque du côté de Marvel, comme nous le rappelle France info.
Levée de boucliers aux Etats-Unis
« Des bandes dessinées bisexuelles pour enfants. Ils essaient littéralement de détruire l'Amérique. » Cette réaction sur twitter du sénateur républicain de l'Ohio, Josh Mandel, n'est qu'un des exemples de réaction rassemblés par l'Huffington Post, après cette annonce de DC Comics.
Un sénateur qui s’était démarqué en donnant foi à des théories du complot selon lesquelles le coronavirus, l’émeute au Capitole américain et les manifestations de 2020 Black Lives Matter, ont été financés par des figures, tel que George Soros.
« Pourquoi sexualisent-ils les superhéros ? » s’est-on également demandé sur la chaîne conservatrice Fox News. « Nous voulions juste qu’ils attrapent les méchants, pas une maladie vénérienne. » Des réactions très moquées sur les réseaux sociaux, à l’image de celle-ci : « Je suis surpris que les républicains ne détestent pas Superman, c’est un immigré clandestin sans papiers. »
On rappellera que la problématique identitaire est à la base du comics Superman : un enfant recueilli par une famille du Kansas, venu d’une autre planète, et dont l’intégration passera, sous son identité de Clark Kent, par le journalisme et sa relation à Loïs Lane, et sous sa cape de Superman, en aidant son prochain. Ainsi, rien d’étonnant à ce que son fils aille secourir des migrants en danger...
Heureusement, reprend le libraire de BD Fugue, ces interventions montrent que la publication a touché juste. « Réjouissons-nous que le comics soit, comme toujours, à l’avant-garde des combats sociétaux et espérons surtout que le livre sera de bonne qualité », conclut Thomas.
Mais nul n'omettra que la route est encore longue, quand un personnage bisexuel de fiction fait l'objet de tant d'attentions.
Crédits : DC Comics
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
Plus d'articles sur le même thème
Autres articles de la rubrique Métiers
7 Commentaires
Gintoki
13/10/2021 à 23:49
J'attends le TPB pour Mai (ralala c'est long ou alors c'est cher (4,49€ par Comics soit près de 27€ pour du numérique / je peux espérer le Trade Numérique pour 18-20€) / c'était mieux quand les prix était plus bas sur comiXology). Tom Taylor est une valeur sûre.
Super Bof
14/10/2021 à 08:34
Juste du wokisme...
Le comics n'a jamais jamais promu aucune sexualité depuis ses débuts. Au contraire, tous les héros ont toujours été d'une chasteté absolue et dans le meilleure des cas, il n'existait qu'une évocation ou une allusion. Les plus gros nœuds « romantiques » se traduisaient.. par une baiser dans le meilleur des cas.
Pour le reste, America First (la devise de... Trump) a toujours été la règle dans les Comics, et c'est la raison d'une pseudo-immersion dans le monde réel à base de combats contre l'oppresseur (d'abord réel (nazis et communistes), puis imaginaire (Skrulls, Super Vilains, etc.)). Le Comics avait un accord tacite avec le gouvernement US pour ne pas être mis à l'index à condition de continuer à former une jeunesse contre « la tyrannie ».
Le côté chaste n'a rien à voire avec la référence européenne, mais avec le puritanisme américain, directement issu du protestantisme, donc des WASP.
Bref, tout ceci est du bidon absolu : il existe une nouvelle génération de dessinateurs/scénaristes qui n'a pas repris les codes du genre et qui pervertit selon leurs orientations politiques le Comics traditionnel. Beaucoup sont des wokes assumés (donc des anto-WASP) et c'est la raison de l'introduction directe de l'homosexualité (et de toute la propagande annexe (LGBT, racisme, etc.)).
Bref, le Comics a été... et n'est plus. Il a changé de propagande (qui était globalement celle de l'occident contre l'impérialisme soviétique et chinois... désormais islamique) qui était sa seule unité, et donc référence mondiale, pour assumer une propagande wokiste propre aux États-Unis. Il est à parier que peu d'étrangers non wokistes suivent le mouvement.
Tybalt
14/10/2021 à 11:30
Pour reconnaître les internautes réactionnaires ou d'extrême-droite sur Internet depuis quelques semaines, il y a un critère facile, aisément vérifié dans le commentaire ci-dessus : ils appellent tout et n'importe quoi "woke", surtout quand ça n'a rien à voir, et en le présentant comme le Mal absolu. Il faut croire que les anglicismes brandis en guise d'épouvantails, les anachronismes et les amalgames sont un sport de droite. On a eu le "djendeur", voici le "woke", gageons qu'il y en aura d'autres ensuite.
Je m'étonne, au passage, qu'un commentaire qui présente la bisexualité comme une "perversion" et la défense de la liberté d'orientation sexuelle comme une "propagande" n'ait pas éveillé de réserves de la part de la modération. Peut-être n'y a-t-il aucune charte basique dans les espaces de communication communs sur Actualitté ? Il y a pourtant mieux à faire dans cet espace de commentaires que de servir de déversoir sans filtre aux premiers trolls extrémeux venus.
Troll
14/10/2021 à 11:51
En revanche, pour reconnaître un troll d'extrême-gauche, il suffit de se rendre compte qu'il attaque sur la forme plutôt que de répondre sur le fond.
« Super Bof » pose les racines objectifs d'un combat qui se déroule aux États-Unis et qui vient déborder en Europe, parce que l'Europe est américanisé (surtout culturellement). Des problèmes aussi abscons que la traite des noirs qui n'a eu aucun impact en Europe sont exporté comme des combats idéologique alors qu'ils n'ont pas lieu d'être dans notre culture. Comme tout le wokisme... qui commence doucement à faire son nid, importé grâce à certains extrémistes comme Mélenchon (mais bon, il est de gauche, donc on ne peut pas le dénoncer).
L'espace Comics suit la même tendance. Désirez-vous répondre sur le fond ?
Tybalt
14/10/2021 à 12:48
La traite des noirs, aucun impact en Europe ? Oups, vous oubliez le commerce triangulaire, qui a fait la fortune de ports français comme Bordeaux ou Nantes... On voit le niveau, vraiment. Lisez un peu des revues d'histoire sérieuses, ou retournez au lycée, ça ne sera pas de trop.
Quant au fond, vous l'avez omis dans mon message pour ne pas y répondre. Amalgame, car les droits des LGBT sont les droits de l'homme, ni moins, ni plus, et c'est une lutte bien plus ancienne que le dernier mot-clé qui fait fureur sur les réseaux sociaux. Anachronisme, car des super-héros homos ou bi, il y en avait déjà, citons par exemple Constantine qui est bi, ou Batwoman qui est lesbienne, etc. Et tout cela est paru bien avant ce que vous appelez le "wokisme". Ce nouveau comic n'a donc rien d'une première.
Au passage, non, les super-héros n'ont pas changé de combat : les nazis déportaient les juifs, les opposants politiques, les tziganes, les artistes "dégénérés" mais aussi les homosexuels, tout bêtement parce qu'ils ne vivaient que par et pour la haine et la discrimination. On voit donc que les super-héros d'aujourd'hui ont toujours le même genre de travail contre cette idéologie fasciste qui prétend empêcher les gens de sortir avec qui ils veulent.
Franchement, voir dans la bisexualité une menace, à l'heure où les régimes autoritaires fleurissent partout, c'est se tromper de combat dans les grandes largeurs.
Gintoki
14/10/2021 à 23:43
+1000
rez
14/10/2021 à 11:43
A) il faut n'avoir jamais pensé aux autres pour croire que les stereotypes classiques dans les comics ne sont pas ni sexués ni genrés ni patriarcales. Bien au contraire.
B) de toute façon superman a toujours été PD a mourir donc autant assumer que cela mange partout, pas tenable cette petite coupe de cheveux, ce rapport à la force et ne parlons même pas de la culotte et les collants.
J'ai longtemps cru que l'homophobie c'était le mépris et la peur de l'homosexualité des autres mais j'ai compris que si elle est puissante c'est parce qu'elle se nourrit de la peur de la propre homosexualité.