Nous devons nous opposer aux châtiments corporels à l’égard des enfants
C’était il y un an, j’étais reçu par une classe pour parler d’un de mes romans dans lequel un enfant est battu par ses parents. J’ai demandé aux élèves combien d’entre eux avaient déjà reçu une fessée ou une gifle. Seules cinq mains ne se sont pas levées. Je n’avais jamais vu une aussi triste forêt.
Aujourd’hui, la France est un des derniers pays d’Europe (avec, entre autres, le Royaume-Uni et la Biélorussie) à encore autoriser la violence physique à l’égard des enfants. Dans le domaine de la violence, il est toujours important de faire joli et d’euphémiser, alors on appelle ça « châtiments corporels », ça donne un côté littéraire et un peu précieux et désuet à la chose. En fait, ce sont des coups, des baffes, des fessées, et même, comme si ça ne suffisait pas, des fessées culotte baissée.
Heureusement, il y a quelques semaines une proposition de loi a été votée pour interdire fessées et gifles. Il était temps. La loi doit encore être mise à l’ordre du jour du Sénat (croisons les doigts). Seule une députée d’extrême droite a voté contre.
Mais 80 % des Françaises et des Français sont toujours en faveur des châtiments corporels. Une loi ne suffira donc pas. Il faudra des campagnes d’information et de sensibilisation, une véritable volonté politique. Ce ne sera pas simple. Il y a quelques semaines j’ai assisté à une rencontre consacrée aux violences subies par les enfants à l’école. Quand j’ai évoqué les violences intra familiales et leur lien avec les violences scolaires, la psychologue, embarrassée, m’a répondu que ce n’était pas le sujet. Selon elle, ça n’avait rien à voir. La route est encore longue. Il faudra beaucoup de courage et de volonté pour changer notre société.
Les châtiments corporels sont une norme suicidaire pour une société démocratique. Des coups donnés à un adulte par un autre adulte auraient pour conséquence le dépôt d’une plainte et un procès, en tout cas une réprobation générale. Des gifles données à un enfant ? Pas de conséquence, ni procès, ni réprobation. Ainsi, dès leurs premières années, on apprend aux enfants que l’âge et le statut social peuvent légitimer l’exercice de la violence.
Les enfants ne peuvent pas voter, ils ont peu de droits, c’est la catégorie sociale la plus opprimée, alors on leur réserve le sort tragique et injuste réservé à tous les opprimés. À la merci des adultes, ils doivent accepter la compétition blessante et humiliante des études, l’encouragement à la consommation comme modèle de civilisation, pas mal d’obligations et d’entraves à leur liberté. Finalement, les châtiments corporels, au sommet de cette pyramide maltraitante, révèlent pleinement la manière dont la société considère les enfants : comme des êtres inférieurs que l’on peut malmener.
Les enfants doivent être protégés et défendus. Ils doivent être écoutés et entendus quand ils pleurent, ont mal, sont tristes et se plaignent. Et si quelque chose comme l’éducation existe, alors celle-ci ne saurait comprendre la moindre forme de violence. Ni violence psychologique (la proposition de loi mentionnée plus haut en parle justement : « Les titulaires de l’autorité parentale ne peuvent user de moyens d’humiliation tels que la violence physique et verbale, les punitions ou châtiments corporels, les souffrances morales »), ni violence physique. Finalement, il faudrait poser un axiome : « Si je t’aime, si je te considère, je ne te frappe pas ». Il n’y a pas de mais, pas de petits caractères en bas de page, pas d’exceptions.
Il y a une cinquantaine d’années, donner une « correction » à sa femme ne provoquait pas de débats. Une part des hommes pensait qu’il fallait éduquer les femmes qui, parfois (c’était le discours de l’époque), n’obéissaient pas, se montraient indisciplinées, capricieuses, menteuses. Il est troublant de retrouver le même vocabulaire chez les machistes d’antan et les âgistes (l’âgisme c’est la discrimination et les préjugés liés à l’âge) d’aujourd’hui. On ne viendra pas à bout des violences conjugales si on ne se préoccupe pas des violences faites aux enfants. Les racines sont les mêmes. Les pays où les violences conjugales sont les moins fréquentes se trouvent être les pays où les châtiments corporels à l’égard des enfants sont interdits et condamnés par la loi et l’opinion publique.
Éduquer en donnant des coups et des gifles est un héritage de notre éducation religieuse et républicaine, c’est un fait social qui n’est pas intangible. La Suède a débattu de la question, des experts ont témoigné, le pays entier s’est penché (et disputé) sur la question et il a finalement été décidé, collectivement, qu’on ne devait pas frapper les enfants. L’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne, la Norvège, la Roumanie, la Finlande ont suivi le même chemin. L’État a posé l’interdiction formelle de frapper les enfants. Ces pays ont évolué. Et pour tous ces peuples, il paraît aujourd’hui aussi scandaleux de donner une gifle à un enfant qu’à une femme. J’ose à peine dire cette évidence : ça ne fait pas des enfants moins bien élevés et moins conscients des règles. C’est même tout le contraire.
Comme le rappelle Maurice Godelier, les choses changeront « à mesure que les sociétés humaines seront moins inégalitaires et moins despotiques ». Les violences à l’égard des enfants ne sont pas un fait à penser isolément. Des autrices et des auteurs comme Daniel Delanoë et Alice Miller s’engagent contre les maltraitances faites aux enfants et rappellent que les châtiments corporels sont le signe d’un pays violent aussi avec les adultes épuisés, peu considérés, humiliés, malheureux, mal éduqués.
C’est un symptôme d’une société violente à l’égard de tous les individus. Il est temps de bouleverser tout ça. Et la première étape consiste à dire clairement : on ne frappe pas les enfants. Je sais bien que ça ne sera pas simple, alors que 80 % des habitants de ce pays sont contre l’interdiction de la fessée. Mais on engage un combat parce qu’on le sait juste, pas parce qu’il est populaire.
J’appartiens à une génération qui recevait encore des coups de règle de la part de certains instituteurs. Des ami·e·s ont eu le droit à des fessées déculottées devant les autres élèves. Ça semble fou aujourd’hui. On ne fermait pas les yeux comme on le faisait pour les violences sexuelles (un point commun entre l’Éducation nationale et l’Église catholique), non, on les avait grands ouverts et on trouvait ça normal. L’école était un lieu de l’apprentissage de la loi du plus fort et de suspension du droit. Comment s’étonner dans ce cas, de la violence psychologique et physique des adultes ?
Ce temps est fini. Les professeurs ne frappent plus les enfants (mais nul doute qu’il reste trace de cette violence dans l’inconscient collectif et dans celui de nombreux parents). Pour cette raison, pour se racheter en quelque sorte, mais aussi parce que c’est faire œuvre d’éducation que de s’opposer à la violence comme norme sociale, l’école devrait être un des lieux où le sujet pourrait être abordé, avec fermeté et bienveillance. Quitte à fâcher des parents.
Maintenant il est temps de faire entrer le droit, la morale et la justice dans les familles. Ce sont des espaces intimes certes, mais aussi sociaux, c’est donc à la société de décider ce qui est tolérable ou pas. Pas aux familles. Frapper un enfant n’est pas une liberté de parent. C’est un rapport de force lié à une position de pouvoir. Tout le contraire de la liberté, en somme.
Les études scientifiques ne manquent pas pour à la fois souligner l’inefficacité (les conclusions sont unanimes : ça ne sert à rien, les effets éducationnels sont même négatifs) et la nocivité de la moindre « petite » fessée. Ces coups laissent des marques indélébiles dans l’esprit des enfants et participent à former les névroses, les insensibilités et les violences des adultes qu’ils seront demain. Un enfant qui aura appris qu’on peut le gifler à cause d’une bêtise, d’un mot, d’une désobéissance, restera marqué toute sa vie (même si, adulte, il minimisera souvent les faits, avec le cliché habituel : « Une fessée n’a jamais tué personne »).
Les traumatismes ne concernent pas seulement les enfants battus à coups de ceinture ou jusqu’au sang (et qui meurent, en 2016, 131 enfants sont morts sous les coups de leurs parents, et je ne parle pas des violences sexuelles) mais aussi ceux qui reçoivent de « simples » gifles ou fessées. Ce sont des traumatismes aux conséquences intimes et sociales tragiques.
Mais je ne crois pas qu’on devrait se baser sur des études scientifiques pour arrêter de frapper les enfants ? Quand on dit qu’il ne faut pas frapper sa femme, on ne dit pas : « Des études ont prouvé que gifler sa compagne peut avoir des effets négatifs sur la vie de couple » ou « Selon des psychologues, frapper sa compagne peut avoir des répercussions sur l’humeur des femmes ». Non. On rejette tout simplement et en bloc toute violence à l’égard d’un autre individu. C’est une question politique et morale non négociable. Et c’est peut-être la première chose à faire : reconnaître que les enfants sont des individus à part entière. Comme la société a fini par le faire (et apprend toujours à le faire) à l’égard des femmes.
Il y a quelque temps, la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse a pris position contre la Loi Asile Immigration en rejoignant un collectif d’associations pour dire « On ne met pas les enfants dans des prisons parce que leurs parents essayent d’échapper à la barbarie ». On ne met pas les enfants en prison. C’est un principe et nous le défendrons vent debout. La Charte a raison. Dire que des enfants étrangers sont maltraités, et dénoncer ce scandale, je trouve ça indispensable.
J’aimerais qu’on aille plus loin : que les acteurs du livre jeunesse qui travaillent avec et pour les enfants disent la même chose à propos des enfants qui nous sont proches, que nous ayons le courage de défendre les enfants français qui eux aussi sont maltraités, d’une manière différente, mais pas moins scandaleuse. Quand la Charte a signé la tribune s’opposant à l’enfermement des enfants, je me suis tout de suite dit : « Bravo ! Voilà, enfin, nous nous mêlons de ce qui nous concerne. Il faut continuer. »
Je sais bien que l’idée que des artistes prennent position ne plaît pas à tout le monde, et d’ailleurs pas à tous les artistes. Pourtant notre engagement est manifeste et justifié quand il s’agit de défendre nos droits sociaux, c’est une question vitale si nous voulons continuer à créer. Nous sommes pleinement dans le politique. Nous n’hésitons pas à intervenir dans des affaires de racisme ou de sexisme. Au nom de quelle logique devrions-nous ignorer les violences dans les familles ? D’autant plus que la littérature jeunesse est la littérature politique et émancipatrice par excellence. Nous savons combien nos livres suscitent de réactions et de passions, combien nos livres comptent dans la société et la vie des enfants et des adolescents.
Tout simplement, soyons justes et cohérents : si on écrit et si on dessine pour les enfants, alors la moindre des choses, c’est de les écouter, de les défendre, de se mobiliser pour qu’ils soient traités dignement. Nous sommes liés. Nous ne pouvons pas nous contenter d’être des autrices, des auteurs, des illustratrices et des illustrateurs, qui assistons à une injustice majeure sans rien dire. Les enfants et les adolescents sont notre public et nos premiers soutiens : il est de notre devoir de dénoncer la violence à leur égard.
C’est même la moindre des choses.
Bien sûr nous parlons de sujets graves dans nos livres et nous aidons déjà des enfants et des adolescents par ce biais. Nous essayons de leur donner des armes ou des moyens de s’en forger eux-mêmes. Parfois nous agissons plus directement par nos œuvres de fictions ou documentaires (en proposant par exemple d’autres manières d’éduquer et de se comporter avec les enfants, d’autres manières de les considérer). C’est bien. Mais ça ne suffit pas.
Nous écrivons et nous dessinons des livres pour les enfants. Nous animons des ateliers et participons à des rencontres. Le sort de nos lectrices et de nos lecteurs ne peut pas nous être indifférent. Nous ne pouvons pas nous considérer comme des artistes si nous ignorons la violence qui s’exerce contre eux, un artiste ne peut pas être du côté de la force et de celui qui donne les coups.
Nous devrions prendre position publiquement en tant que groupe, en tant que profession, par des tribunes, des pétitions. Il est temps que nous élevions collectivement la voix pour défendre les enfants qui reçoivent fessées et gifles, et plus généralement pour défendre tous les enfants qui subissent des violences économiques et sociales. J’aimerais que l’Éducation Nationale, les associations de parents d’élèves, les associations d’auteurs et d’autrices, se mobilisent sur cette question. Nous avons été silencieux trop longtemps et ça ne peut plus durer.
16 Commentaires
Madeleine
15/01/2019 à 09:43
Il faut dissocier "violence éducative", qui est inexcusable et à éradiquer au plus vite, et les petites tapes qu'un enfant peut recevoir de ses parents sans forcément tourner psychopathe ou déprimé plus tard. Je suis d'accord que la fessée systématique, cul nu, sur les genoux d'un parent est une violence qui n'apporte rien à l'éducation de l'enfant. Mais une petite tape derrière la nuque ou sur la main ne sont pas des violences. Arrêtons de tout mélanger.
Les parents ne sont pas parfaits, et les enfants ne sont pas toujours des petits anges de bonté. Parfois, un môme peut pousser une mère ou un père à bout, en refusant d'entendre des arguments logiques, en refusant de rester au coin ou que sais-je, et une tape est le seul moyen d'avoir son attention. Je ne suis pas de ces enfants qui ont été battus : j'ai reçu parfois des tapes sur le crâne et pas mal de coups de pied (du plat du pied !) aux fesses, et j'ai vite appris à respecter mes parents et à pousser droit, comme il faut.
Ce n'est pas parce que j'ai reçu des gifles que je suis devenue quelqu'un de violent, ou que je suis traumatisée, bien au contraire. Je vois tous les jours, sur Internet ou dans la vraie vie, des petits cons à qui il a manqué des baffes dans leur jeunesse, j'en suis convaincue. Des petits cons à qui personne n'a inculqué le respect et la morale - alors, évidemment, je ne suis pas en train de défendre les violences éducatives, loin de là ! J'essaye juste de me faire l'avocat du diable. Les enfants sont à protéger, ils sont vulnérables, nous avons le devoir de défendre leurs droits, c'est une évidence. Je dis seulement que parfois, une petite tape peut tout débloquer entre un enfant buté et un parent poussé à bout, et sans avoir plus de conséquences que ça.
bibi
15/01/2019 à 12:55
C'est plutôt rassurant comme point de vu, j'imagine que vous avez effectivement corrigé vos enfants et que ce genre d'article provoque inévitablement un malaise. Du moins est-ce ce que je ressens, car j'ai fessé mes enfants à 3 ans (la tape sur la fesse à travers les vêtements), pas après, ni avant. Je ne me suis pas sentie géniale, c'est certain et c'est traumatisant mais nous sommes aussi fait de contradictions et petites névroses. Les moeurs doivent évoluer et c'est le sens de l'article. Certes n'est pas l'interdiction qui va solutionner tout en un coup de baguette magique. Mais bon, il s'agit ici de violence commises sur des individus, alors oui bien entendu qu'il faut sensibiliser mais aussi aider les parents à sortir de schémas très souvent transmis et le cas échéant protéger les victimes.
Yannig
15/01/2019 à 13:24
Faut dissocier violence et violence.
Quand je suis pas d'accord avec la voisine, bien sûr que je vais pas lui mettre une fessée déculottée dans le couloir, mais juste une petite tape sur la tête.
Je suis pas parfaite, mais ma voisine n'est pas un ange non plus.
Elle voulait pas entendre que sa poussette gêne malgré mes arguments logiques. Puis elle est un peu butée. Ça fait plusieurs fois qu'on lui dit et elle recimlence, même qu'elle m'a souri, c'est bien qu'elle me provoquait.
Alors je lui ai mis une petite claque derrière la tête, pas fort. Juste histoire qu'elle comprenne le respect et la morale.
Moi aussi je me suis déjà faite agressée dans la rue, mais je l'avais méritée, et puis oh je suis pas morte hein. Alors une simple claque à cette femme pour l'humilier et qu'elle comprenne.
C'est ridicule, avouez ?
Remplacez femme/voisine par "enfant" ne rend pas vos arguments plus valables en fait.
Edwige
15/01/2019 à 13:26
Madeleine vous n’avez pas été maltraité juste des coups de pieds et vous n’avez ensuite pas été maltraitante juste quelques tapes derrière la nuque ...
Mais si l’enfant pousse à bout il y a légitimité de le remettre dans le droit chemin n’est-ce pas ?
J’espère que si vous pousser votre patron à bout il ne trouvera pas légitime de vous mettre juste une petite tape derrière la nuque ou sur la main ...
Elisabeth
15/01/2019 à 13:06
Et juste après cet excellent plaidoyer contre les VEO ( et une prise de position déterminée ) que trouve t on immédiatement ? Un commentaire complètement à l'ouest d'une femme qui n'a rien compris et qui montre de façon éclatante que la violence n'est même pas "vue" ! Quel déni ! Il n'y a PAS de " petite tape" : taper,c'est enseigner la violence,point.
Madeleine
15/01/2019 à 13:19
Ce n'est pas faute d'avoir précisé que je ne cautionnais en aucune façon la violence, et que je me faisais seulement l'avocat du diable, parce qu'il en faut un. De mon point de vue, une petite tape sur la main n'est pas de la violence. Si votre enfant tend la main vers une casserole d'eau bouillante, vous faites quoi, vous lui dites calmement de l'autre bout de la pièce de ne pas toucher ou, terrifiée à l'idée qu'il se brûle, vous faites le premier geste qui vous vient à l'esprit ? Je ne dis pas que c'est bien, je dis que c'est relativement normal. Je ne parle pas d'un taquet derrière le crâne ou d'un coup de poing ! Bien sûr que la violence est inacceptable, c'est tellement évident qu'il ne devrait même pas y avoir à discuter.
Séverine
15/01/2019 à 18:19
Si mon enfant est sur le point de se brûler j'attrape la casserole, je ne lui tape pas sur la main!
Céline
16/01/2019 à 09:20
Renseignez vous sur les méthodes d'éducation bienveillante, les tapes et autres VEO ne sont pas la seule solution. C'est triste que votre première réaction face a un enfant qui se met en danger c'est de le taper... Vous pensez vraiment qu'il n'y a pas d'autre solution ? Le prendre dans les bras, lui dire "stop" (ça fonctionne a merveille sur ma fille de 21 mois), retirer la casserole comme dit plus haut, etc...
Et puis dans votre premier commentaire vous parlez d'un enfant qui ne veut pas rester au coin... Mettre un enfant au coin ne sert a rien, a part ruminer contre son parent, il va rien apprendre.
Le problème c'est que, malgré de nombreuses études en neurosciences sur le fonctionnement du cerveau de l'enfant, beaucoup de parents refusent de s'y intéresser et interprète très mal les réactions des enfants.
Par exemple, saviez vous qu'avant 5 a 7 ans un enfant est incapable de manipuler quelqu'un d'autre, et donc les caprices n'existent pas car ils induisent une notion de manipulation ? Un enfant est incapable de gérer ses émotions aussi. Et bien souvent on reproche aux enfants des choses que même nous adultes n'arrivons pas a faire. Comment voulez vous qu'un enfant apprennent a ne pas crier si le parent passe son temps a lui crier dessus ? Comment voulez-vous qu'un enfant apprennent a gérer ses émotions quand il voit son parents sortir de ses gonds et le punir/taper dès qu'il est a bout ?
Tout ça demande de se renseigner, de lire, de remettre en question sa propre histoire, l'éducation qu'on a reçu, etc... Mais c'est essentiel pour créer la société de demain.
bibi
15/01/2019 à 13:26
Un album juste génial de Claude Ponti, Okilélé.
P
Martin Page
15/01/2019 à 13:35
Merci bibi pour votre commentaire. Vous avez raison " aussi aider les parents à sortir de schémas très souvent transmis". Parler aux parents, les informer, les aider.
Maurel Olivier
15/01/2019 à 15:55
Merci, Martin Page, pour ce magnifique plaidoyer en faveur des enfants. On trouve scandaleux, avec raison, de frapper une personne âgée atteinte d'Alzheimer qui ne veut pas s'habiller ou qui ne veut pas manger. Mais on trouve normal de frapper un enfant pour les mêmes raisons alors que l'explication de ces comportements est la même : l'âge (trop jeune dans un cas, trop vieux dans l'autre) et l'état du cerveau (immature dans un cas, dégradé dans l'autre).
Roxane
15/01/2019 à 20:16
Je suis infiniment d'accord avec cette tribune, et je suis rassurée que des auteurs et autrices jeunesse se mobilisent sur cette question.
Je n'ai pas grand chose à ajouter, mis à part témoigner de la difficulté à nommer cette violence par son nom, comme d'autres personnes l'ont souligné (et comme le premier commentaire l'a démontré). Je me souviens, il y a quelques années, tenir le même type d'argument : "nan mais ça va, ça m'a pas traumatisée..." Et puis réaliser, aujourd'hui, que si effectivement l'existence est complexe et que les gifles que j'ai reçues ne m'ont pas détruite, elles m'ont profondément perturbée. Je pense que j'ai eu parfois une tendance à vouloir exprimer mon affection pour mes amis (en étant adolescente) en les chatouillant/tapant (pas fort mais tapant) sur les fesses, et pas en faisant des câlins. Venant aussi d'une société (Belgique) où se faire des câlins n'est pas du tout dans les normes/habitudes... mais bref, y'avait quelque chose qui clochait. Aujourd'hui je ressens parfois encore ces "pulsions" de violence, que je n'explique pas mais que je décide activement de ne pas écouter. Parfois je dois crier dehors, parfois je tape sur un oreiller. Mais plus jamais sur un autre être humain, peu importe son âge.
Je me souviens encore avec acuité de certaines gifles. Du contexte précis, de la sensation de honte, de colère, d'injustice. De la douleur. La trace rouge qui picote sur la joue. Je m'en souviens et c'est horrible. Donc je m'étais trompée, ça m'a un peu traumatisée, ça a eu des effets dans mes relations avec les autres. Et j'ai une très chouette relation avec mon père aujourd'hui, qui ne m'a plus frappée depuis que j'ai 13 ans à peu près. J'en ai 25 aujourd'hui. Mais je ne suis pas encore prête à discuter avec lui de cela, de le mettre face à ses responsabilités. Parce que ce n'est pas juste une opinion politique et éthique, c'est une critique directe de son "éducation" (cet aspect là en tout cas, si on veut le classer comme les parents qui frappent aiment le classer). Et je sens que ça va lui prendre du temps d'écouter cette critique, de me demander pardon. Et je veux lui pardonner, mais j'ai peur de cette conversation.
Par contre j'en ai parlé à ma mère, une fois. Je lui ai raconté comme je me souvenais, l'injustice. Elle a toujours refusé de nous frapper, mon frère et moi. Mais elle a laissé faire mon père. Et je pense que je dois aussi la pardonner, mais pour ça, d'abord, entendre ses excuses.
C'est très compliqué. Mais je suis soulagée d'avoir déjà réalisé cela et de choisir, pour mes futurs enfants si jamais j'en ai, de ne pas reproduire cette violence car je l'aurais trop banalisée, intériorisée.
Merci.
Michel Hervé Bertaux-Navoiseau
16/01/2019 à 09:01
En corollaire :
LAÏCITÉ DU CORPS HUMAIN, RACISME ET VICTIMES DE L’EXCISION ET DE LA CIRCONCISION
Avec leurs nauséabonds relents de supériorité morale, l'excision et la circoncision ne sont pas seulement une discrimination (de l'enfant, du groupe et de l'humanité entière) comme l’a rappelé Madame Christine Lazerges, présidente de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, en ouvrant la réunion constitutive d'"Excision, parlons-en", le 14 juin 2013 à la Sorbonne.
C'est le pire de tous les racismes puisque chirurgicalement fabriqué au prix de traumatismes amnésiés à vie. Chez les plus atteints, cette exclusion fanatique s’accompagne de terrorisme mégalomane et constitue le terreau de la radicalisation.
On ne fait pas n'importe quoi avec le corps humain. On ne pratique pas sa reli-gion sur le corps de l’autre. L'intégrité physique est la base élémentaire de la démocratie, c'est le droit fondamental de l'enfant.
Un eugénisme négationniste du droit le plus élémentaire de la personne humaine – dans son jeune âge où elle est incapable de se défendre – est inadmissible. Seuls peuvent l’empêcher, accompagnés d’un recours massif aux médias et à l’enseignement scolaire :
• un dépistage systématique jusqu’à la fin des études,
• son interdiction aux non-médecins,
• l'interdiction aux médecins, sous peine de prison, de mutiler quiconque, homme ou femme, sans "très sérieux motif médical" comme le prescrit le code de déontologie et y compris sous couvert d’esthétique.
Ce n'est pas l'identité nationale qui est en jeu, c'est l'identité humaine.
Elinska
16/01/2019 à 13:48
Merci pour cet article ! Contente de voir que nous sommes de plus en plus nombreu.x.ses à nous pencher sur ce sujet.
MissNath
19/02/2019 à 21:17
Merci Yannig :-)
C'est ce que je fais lors de groupes de discussion avec des parents et d'un seul coup, le ressenti : honte, colère, humiliation,...arrive aux yeux des personnes qui imaginent puis vivent les émotions de leurs enfants dans ces situations.
Ce sont les adultes qui sont les modèles des enfants qui tous neufs dans leur tête, imitent, reproduisent ce que font les adultes.
C'est donc de notre responsabilité de montrer que nous pouvons expliquer les limites, les règles de la vie ensemble sans violence aux enfants.
C'est possible! Essayez! ?
Marie-Laure
28/05/2020 à 12:36
Madeleine, je lis votre commentaire et je me demande si avec vos collègues, ou les adultes de votre famille, vous donnez une tape lorsque ces derniers ne sont pas des anges de bonté, ou lorsque vous ne parvenez pas à attirer leur attention. C'est là l'un des propos de cet article: considérer des enfants comme des êtres à part entière, au même titre que les adultes et ainsi se comporter à l'égard des enfants de la même manière que je me comporte avec les adultes.