À l'occasion de la Semaine de la langue française et de la Francophonie (16-24 mars 2024), le ministère de la Culture a publié le Rapport au Parlement sur la langue française, marquant le 30e anniversaire de la loi du 4 août 1994 sur l'emploi de la langue française, plus connue sous le nom de loi Toubon. Cette publication offre notamment un panorama des initiatives publiques pour promouvoir le français et le plurilinguisme.
Le 28/03/2024 à 17:18 par Hocine Bouhadjera
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Publié le :
28/03/2024 à 17:18
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Les thèmes clés de cette étude sont l'enrichissement de la langue, la maîtrise et valorisation du français, la sensibilisation à la francophonie, et la langue française face à l'innovation et au numérique.
En 2024, la France célèbrera la langue française, outre les trente ans de la loi Toubon, à travers plusieurs événements significatifs, dont les Jeux Olympiques et Paralympiques, le Sommet de la Francophonie à Villers-Cotterêts et à Paris.
Le ministère de la Culture, à travers la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF), anime et coordonne les politiques tournées vers la francophonie, mettant un accent particulier sur la maîtrise du français dans les territoires, la sensibilisation des jeunes, la promotion des langues régionales, et l'adoption d'une stratégie numérique pour la langue française.
La langue française se déploie à travers le globe, unissant quelque 321 millions d'individus sur tous les continents. Parmi eux, 81 millions la parlent comme langue maternelle, tandis que 255 millions l'utilisent quotidiennement dans leurs interactions, révélant la portée et la vivacité du français bien au-delà de ses racines européennes.
Au cœur du numérique et de l'information internationale, le français n'est pas en reste : elle est la troisième langue la plus utilisée dans les affaires et la deuxième dans l'univers des médias internationaux, grâce notamment à la présence de TV5 Monde et de France Médias Monde (comprenant RFI, France 24, et MCD) qui ensemble, attirent 169,7 millions d'auditeurs et de téléspectateurs chaque semaine. Sur internet, le français se classe également en deuxième position en termes d'usage, avec 180 millions d'internautes francophones, constituant 3,3 % des utilisateurs web mondiaux.
Sa place sur la scène internationale est également consolidée par son statut de langue officielle dans 32 États et gouvernements, ainsi que dans la majorité des organisations internationales.
Le français n'est pas seulement une langue de communication globale; c'est également une langue d'apprentissage et de culture, présente le rapport. Elle représente la deuxième langue apprise à l'étranger, hors Union Européenne, avec 132 millions d'apprenants du et en français. L'engagement envers la promotion du français à l'international est illustré par un réseau étendu de 96 instituts français, 22 instituts de recherche français, 6 centres culturels binationaux, et 829 Alliances Françaises.
Parmi elles, 380 Alliances Françaises bénéficient d'un lien particulier avec le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères (MEAE) qui se manifeste par le détachement de personnels expatriés et/ou l'octroi de subventions, assurant ainsi une présence française dynamique et engagée à l'échelle mondiale.
Comme de nombreux articles le met en lumière sur ActuaLitté, la langue française continue de s'enrichir et de s'adapter aux évolutions contemporaines, avec 9350 mots nouveaux recommandés depuis 1972, dont 300 en 2023 publiés dans le Journal officiel. Parmi ces derniers, 66 émergent d'idées suggérées par les utilisateurs via la boîte à idées de FranceTerme. Ce dynamisme est également reflété dans l'engagement numérique, avec plus de 12.000 abonnés recevant 11 éditions de l'infolettre tout au long de l'année.
En 2023, le dispositif d’enrichissement de la langue française a franchi des étapes significatives dans son effort continu de modernisation et d’expansion du français, explique le rapport, avec une augmentation notable de 27,7 % par rapport à l'année précédente.
La visibilité du dispositif a été renforcée par 9 publications et 25 actualités concernant les travaux de la Commission d’enrichissement de la langue française (CELF), ainsi que par des interactions directes sur le réseau social X et des réponses sur mesure à plus de 200 interrogations des internautes. Le cinquantième anniversaire du dispositif, célébré le 21 mars 2023, a constitué un jalon.
L'année a été riche en événements, avec plus de 20 colloques et manifestations scientifiques, facilitant la rencontre entre les spécialistes et le grand public. Au cœur de cette dynamique se trouvent 19 groupes d'experts répartis dans 11 ministères et plus de 400 spécialistes, majoritairement bénévoles, qui contribuent à l'examen de plus de 480 notions au cours de 11 séances de travail de la CELF.
Selon le rapport, pour assurer que la langue française demeure un outil vivant et actuel, capable d'articuler les nuances du monde contemporain, il est crucial non seulement de développer de nouveaux termes mais aussi de veiller à leur adoption dans le langage courant des professionnels et du grand public.
L'Arcom, qui dans le cadre de ses fonctions relatives à la langue française, opère selon deux axes principaux : la surveillance des obligations des éditeurs de services de médias audiovisuels et la promotion active de la langue française dans le secteur de la communication audiovisuelle, révèle avoir reçu, au 31 août 2023, 188 alertes, dont 67 % concernaient l'emploi d'anglicismes ou l'utilisation excessive de termes étrangers.
Les 33 % restants faisaient état d'une utilisation incorrecte du français à l'antenne, une fréquence ayant presque triplé durant les huit premiers mois de 2023.
Malgré cette vigueur, des défis persistent, comme l'illettrisme qui touche 2,5 millions de Français (7 % de la population âgée de 16 à 65 ans), et la difficulté de lecture, identifiée chez 126.000 jeunes lors des journées Défense et Citoyenneté.
L'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme met en lumière, à travers son Atlas annuel de l'illettrisme en France, le profil et les conditions de vie des personnes confrontées à cette difficulté. D'après la dernière enquête de l'INSEE réalisée en 2011, 51 % des 2,5 millions d'individus identifiés, soit environ 1,3 million de personnes, occupent un emploi.
Le portrait démographique des personnes en situation d'illettrisme révèle une majorité masculine (60,5 %) contre 39,5 % de femmes. Par ailleurs, une tendance géographique se dessine, avec la moitié vivant dans des zones faiblement peuplées, ce qui peut indiquer des défis particuliers en termes d'accès à l'éducation et aux ressources de soutien. L'âge est un autre facteur pertinent : 53 % des personnes en situation d'illettrisme ont plus de 45 ans, suggérant que le problème pourrait être lié à des opportunités éducatives limitées dans le passé.
Dans le contexte de l'emploi, 10 % des demandeurs d'emploi sont confrontés à l'illettrisme, mettant en évidence les barrières supplémentaires auxquelles ils doivent faire face dans leur recherche de travail.
La Direction du Service National et de la Jeunesse (DSNJ) joue un rôle pivot dans les efforts du gouvernement pour combattre l'illettrisme, surtout grâce à sa capacité à détecter et à orienter les jeunes confrontés à ce défi. Au cours de la Journée Défense et Citoyenneté (JDC), une initiative centrale du ministère des Armées destinée à la jeunesse, près de 800.000 jeunes passent chaque année des tests fondamentaux en français. Ces évaluations sont cruciales pour repérer les jeunes en difficulté de lecture, y compris ceux en situation d'illettrisme. En 2022, cette démarche a permis d'identifier plus de 126.000 jeunes éprouvant des difficultés de lecture.
En outre, la JDC sert de plateforme pour informer les jeunes sur divers programmes d'aide, tels que l'EPIDE, visant à faciliter leur réinsertion. Cette même année, environ 27.900 jeunes en décrochage scolaire ont été détectés, avec plus de 12.600 d'entre eux étant redirigés vers des structures d'insertion.
Parallèlement, la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) souligne l'importance de la maîtrise du français pour l'insertion sociale et professionnelle des mineurs et jeunes adultes. S'appuyant sur des accords interministériels et la collaboration avec divers partenaires et organisations, la PJJ déploie des initiatives éducatives visant à renforcer les compétences linguistiques des jeunes qu'elle accompagne.
Durant l'année 2022, le Service National de la Jeunesse a également mis l'accent sur la lutte contre l'illettrisme à travers le stage de cohésion du Service National Universel (SNU). Au total, 762.785 jeunes ont participé à la JDC et 32.143 à la Journée du Service National (JDM).
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Le mot de la fin pour la ministre de la Culture, Rachida Dati, pour qui « la langue française est le socle de notre communauté politique, mais aussi ce qui nous met en relation avec le monde. Elle constitue pour nous le plus précieux des patrimoines vivants, qu’il nous faut à la fois préserver et transmettre. »
Ci-dessous, le rapport complet à découvrir :
Crédits photo : Anastasia Zhenina / unsplash
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
1 Commentaire
Arnoul
31/03/2024 à 16:12
L'équivalent français de "wokisme" serait plutôt "évéillisme".
"Wokisme" a une connotation péjorative que ne reprend pas le terme "culture de la déconstruction": cette manipulation lexicale ne va pas changer l'opinion des gens qui critiquent les idéologies à la mode et montre la volonté du gouvernement d'infantiliser le public francophone en lui suggérant ce qu'il doit penser.