La CGT BnF et la section SUD Culture Solidaires de la bibliothèque ont déposé un préavis de grève, concernant tous les employés de l'institution, prévu pour le vendredi 8 mars 2024, de l'ouverture à la fermeture des services. Il s'inscrit dans le cadre de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, et vise notamment à mettre sur la table la question du congé menstruel, récemment retoquée par le Sénat.
Le 01/03/2024 à 14:47 par Hocine Bouhadjera
1 Réactions | 507 Partages
Publié le :
01/03/2024 à 14:47
1
Commentaires
507
Partages
« Cette année, à l'occasion de cette journée, nous avons décidé de mettre l'accent sur cette problématique particulière », nous explique un représentant du personnel CGT BnF, et de raconter : « Depuis l'automne, nous discutons avec le syndicat SUD BnF pour aborder cette question. Nous nous sommes réunis pour établir un consensus et commencer une campagne d'information, à base de distribution de tracts et de sensibilisation du personnel sur la nécessité d'un congé menstruel. »
Soit prendre en considération la santé féminine, notamment les problèmes liés aux cycles menstruels et aux fluctuations hormonales (douleurs menstruelles, endométriose, ménopause, problèmes de santé hormonale), mais aussi améliorer le soutien aux femmes enceintes, la parentalité et l'équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée pour les femmes et les hommes.
Ils réclament l'augmentation des jours de congé sans nécessité de fournir un justificatif, ainsi que la fourniture de solutions adaptées comme des espaces de repos et l'accès gratuit à des produits hygiéniques périodiques biologiques et de qualité dans les toilettes.
Le Sénat français examinait le 15 février dernier la proposition de loi n° 1219 visant à instaurer un congé menstruel pour les femmes souffrant de douleurs menstruelles, incluant l'endométriose, offrant jusqu'à deux jours d'arrêt maladie par mois sans délai de carence, avec un certificat médical annuel. Déjà appliquée dans certaines localités, elle aurait ainsi un cadre juridique national malgré les divisions au Sénat. Une proposition finalement rejetée par la chambre haute, après un rapport défavorable.
C'est la première fois que les deux syndicats de la BnF portent un préavis de grève personnel, et non national, pour le 8 mars, afin de porter des revendications qui ne se bornent d'ailleurs pas au sujet de congé menstruel : mettre en place des mesures pour garantir l'égalité d'accès aux carrières et aux postes à responsabilité, intensifier les efforts de prévention et de lutte contre le harcèlement sexuel, le harcèlement moral et les comportements sexistes, ou encore poursuivre l'élimination des écarts de salaire et des inégalités de progression professionnelle, voici les autres requêtes présentées.
Les deux syndicats expliquent dans un communiqué : « Ce préavis de grève s’inscrit également dans une démarche de long terme portant sur des revendications spécifiques à la Bibliothèque nationale de France, reprenant à la fois des revendications pour lesquelles les réponses apportées n’ont pas été suffisantes, et sur la création de nouveaux droits. »
Plus précisément, ils demandent la révision de l'autorisation d'absence pour inclure tous les conjoints dans les parcours de parentalité, insistent sur la nécessité d'enquêtes approfondies pour les victimes de cas de violences sexuelles, de harcèlement et d'actes sexistes. Et plaident encore pour des formations spécifiques sur la sensibilisation aux violences conjugales, offrant des autorisations d'absence pour les démarches nécessaires. Ils exigent également des sessions éducatives sur la santé menstruelle et hormonale, visant à lutter contre le sexisme au travail et à établir un milieu professionnel sécurisant et équitable pour tous.
Pour une reconnaissance adéquate des interruptions de grossesse, qu'elles soient médicales, volontaires ou accidentelles, ils proposent par ailleurs la création d'un nouveau type de congé exceptionnel de 5 jours pour la personne affectée, ainsi que pour son partenaire, et suggèrent d'étendre cette mesure aux congés existants en cas de décès d'un proche.
« Au sein de la Bibliothèque nationale de France (BnF), un travail significatif a été réalisé en faveur de l'égalité professionnelle », pointe néanmoins la CGT BnF, tout en ajoutant qu'il y a « encore des inégalités entre les sexes à la BnF ».
Ce « travail » s'était inscrit dans la politique de rattrapage indemnitaire au sein du ministère de la Culture, dans le projet de loi de finances pour 2023. Il a été constaté que le régime indemnitaire du ministère était le plus faible de toute la fonction publique. Un état de fait qui a conduit à une évaluation détaillée, à la suite de laquelle Bercy a accepté d'allouer des fonds supplémentaires pour un ajustement indemnitaire. Ce rattrapage a bénéficié à l'ensemble des employés du ministère de la Culture, y compris ceux de la BnF, avec une attention particulière portée à l'inclusion des femmes au sein de la bibliothèque, dans le but de réduire les écarts salariaux.
Face aux inégalités persistantes, il est à présent demandé l'élaboration et la mise en œuvre d'un plan de travail pluriannuel, qui débuterait par un nouvel état des lieux afin d'identifier précisément les lacunes et les domaines nécessitant des améliorations, dans le but de développer des stratégies concrètes pour promouvoir l'égalité des sexes au sein de l'institution. « Ces inégalités sont contraires aux objectifs fixés par le décret relatif à l'égalité entre hommes et femmes dans la fonction publique, qui stipule que toutes les institutions publiques, y compris les ministères et les établissements publics, doivent prendre des mesures actives pour promouvoir l'égalité des genres », rappelle la CGT BnF.
La mise en place d'un plan pluriannuel est en effet promue par le décret n° 2020-528 du 4 mai 2020, qui définit les modalités d'élaboration et de mise en œuvre des plans d'action relatifs à l'égalité professionnelle dans la fonction publique.
Les deux syndicats insistent enfin sur l'application à la Bibliothèque nationale de France du protocole d'accord pour l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes du Ministère de la Culture, signé par les acteurs sociaux en novembre 2018, avec une présentation de cette mise en œuvre aux organes de gouvernance de l'établissement et au personnel avant la fin de l'année 2024.
Les représentants du personnel CGT BnF espèrent une large mobilisation : « On constate que beaucoup d'employés de la bibliothèque sont touchés par ces sujets. Rappelons que ses effectifs sont constitués à 57 % de femmes ». Malgré une participation modeste aux grèves précédentes, l'implication dans les préparatifs et la pertinence des sujets abordés - particulièrement significatifs pour la majorité féminine de l'établissement - augurent d'une mobilisation plus forte, selon le syndicat.
Un rassemblement sera organisé le 8 mars à midi, à l'accueil du site de Tolbiac. Par ailleurs, une rencontre de négociation est prévue avec la direction, bien qu'aucune date n'ait encore été fixée : « La semaine prochaine, certainement. » Un préavis de grève constitue ainsi une manière de préparer cet événement.
Enfin, la BnF CGT, qui s'inscrit dans la CGT Culture, nous révèle que d'autres branches vont également proposer des actions à l'occasion de ce 8 mars...
À LIRE - L'Association des lecteurs et usagers de la BnF n'est plus la bienvenue
En mars 2023, avant le vote de l'Assemblée nationale sur la réforme des retraites, environ 60 agents de la Bibliothèque nationale de France (BnF) avaient bloqué l'entrée du site Tolbiac, levant finalement le blocus pour un rassemblement devant l'Assemblée nationale. L'action s'inscrivait dans une grève des 15, 16, et 17 de ce mois, soutenue par l'intersyndicale CGT-SUD Culture BnF. Les grévistes protestaient contre la réforme, jugée injustifiée et brutale, réclamant son retrait.
Crédits photo : ActuaLitté (CC BY-SA 2.0)
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
1 Commentaire
Usager Bnf
03/03/2024 à 00:14
La BNF devrait communiquer auprès des usagers sur ses horaires de fermeture plutôt que d'ouverture, cela serait plus simple, car cet établissement comptera bientôt plus de jours de grève que de jours ouvrés dans l'année... 60 agents grévistes sur 2300 que compte la BNF empêchent un service public de fonctionner normalement..., n'y a t-il pas un petit problème de direction???