“Blessant et nocif” : attention en lisant Autant en emporte le vent
Pan Macmillan, qui édite le classique de Margaret Mitchell, Autant en emporte le vent (trad. Josette Chicheportiche), a ajouté un avertissement au début d'une nouvelle édition de 2022 de l'ouvrage : « Problématique », « nocif »... des adjectifs pour décrire une oeuvre questionnée depuis plusieurs années, du fait des éléments jugés racistes qui s'y présentent.
Le 08/04/2023 à 10:59 par Hocine Bouhadjera
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Publié le :
08/04/2023 à 10:59
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Dans l’avertissement, Pan Macmillan justifie son initiative : « Nous voulons alerter les lecteurs qu’il peut y avoir des phrases et une terminologie blessantes, voire nuisibles, qui prévalaient au moment de l’écriture de ce texte, et qui sont fidèles au contexte du cadre historique de ce roman. »
Un choix qui suit celui de la chaîne de télévision américaine, HBO, d’imposer un avertissement au début de l’adaptation cinématographique de 1939. Le classique hollywoodien met en vedette Vivien Leigh et Clark Gable : il devient aussi problématique aujourd'hui, notamment pour le traitement de l'esclave Mammy, interprétée par Hattie McDaniel.
Une vision raciste
Le livre publié en 1936 raconte la défaite du Sud esclavagiste contre le Nord abolitionniste. Il suit la fille d’un propriétaire de plantation, Scarlett O’Hara, dont le mode de vie confortable est détruit par le triomphe du Nord. Il retrace également sa romance avec le capitaine Rhett Butler.
Suprématie blanche et mensonge
En guise d'alerte, l’éditeur américain développe : « Autant en emporte le vent est un roman qui comprend des éléments troubles, notamment la romantisation d’une époque choquante de notre histoire et les horreurs de l’esclavage. Il comporte la représentation de pratiques inacceptables, des représentations racistes et stéréotypées, des thèmes troublants, une caractérisation, un langage et une imagerie douteux. »
Et de joindre à son édition 2022, un essai de l’historienne Philippa Gregory. Le texte explique que Margaret Mitchell a défendu une vision embellie des sudistes se battant pour leur liberté, promouvant par là « efficacement la vision raciste des planteurs du Sud ».
L’oeuvre « nous dit, sans équivoque, que les Africains ne sont pas de la même espèce que le peuple blanc ». Et plus, elle « glorifie et prêche la suprématie blanche ». Voici donc le « mensonge qui gâche le roman ».
Avertir ou réécrire, il faut choisir
Prix Pulitzer 1937, on compte 27 traductions de l’ouvrage à travers le monde, plus de 30 millions d’exemplaires vendus, et un lectorat toujours fasciné par la force de caractère de Scarlett O’Hara, et la vaillance de Rhett Butler.
En ajoutant ces éléments de contextualisation pour l’œuvre, Pan Macmillan choisit de ne pas réécrire l'ouvrage, car « changer le texte pour refléter le monde d’aujourd’hui compromettrait l’authenticité de l’original ». Non sans rappeler que rééditer la version originale de l'ouvrage ne « constitue pas une approbation de la caractérisation, du contenu ou du langage utilisés ».
À LIRE:Autant en emporte le vent, « On dirait le sud... »
Fait notable, le groupe ne suit la voie de la réécriture, des corrections et autres purges linguistiques choisie par ses confrères britanniques – une vive polémique aura accompagné chaque découverte de coupes dans les textes...
Une adaptation pour le public d’aujourd’hui de l’auteur jeunesse, Roald Dahl, une « modernisation » des romans de l’agent 007 pour le 70e anniversaire de la série ; et dernier cas en date, Hercule Poirot et Miss Marple d’Agatha Christie purgés des références à l’ethnicité ou des insultes.
Autant en emporte le vent
Paru le 08/04/2003
1222 pages
Editions Gallimard
30,50 €
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60 Commentaires
Grouik
08/04/2023 à 17:12
Mais foutez la paix au lecteurs ! c'est quoi cette époque d'infantilisation et de censure morale permanente ! FOUTEZ LA PAIX AU LECTEURS !
Lector
08/04/2023 à 18:36
Alors oui, avertir vaut mieux que réécrire.
Mais est-il nécessaire de faire l'un ou l'autre?
Ne peut-on laisser le lecteur se faire une opinion sans lui donner des béquilles ?
Et qui a besoin qu'on lui explique que, oui l'esclavage, c'est mal?
Toinou
09/04/2023 à 08:49
Les réactions des gens qui s'énervent sont intéressantes. Beaucoup de classiques sont accompagnés d'une préface, qui permet de mieux saisir l'œuvre, son contexte, son contenu et ça ne semble crisper personne. Il est vrai qu'ici c'est intitulé "avertissement" et que le ton manque peut-être un peu de finesse mais le principe n'est guère différent.
POLO
11/04/2023 à 15:19
Il semble que vous n'ayez pas perçu se qui se cache derrière ce phénomène.
Skull
20/04/2023 à 16:03
Si on voit très bien, cancel culture et wokisme.. j'ai lu autant en emporte le vent, les hauts de.. les sœurs Brontë etc, lecture, analyse et compréhension de texte, histoire, sociologie et bien sûr l'école apportait encore un niveau de français, de vocabulaire etc encore à l'époque l'école n'était pas une fabrique de crétin et cela faisait partie de l'école que de nous apporter de la culture..
Aujourd'hui nous sommes dans une dérive démocratique qui confine à du terrorisme, du fachisme mais qui ne cache plus du tout le niveau de français et de culture ridicule de nombreux français..
Si on ajoute l'éclosion du féminisme chien, de ces femmes qui visiblement ne se maîtrise de rien, on peur de tout et diabolise l'homme, ne rêvant que d'en faire un transsexuel..
On n'est pas sortis de l'auberge, perso je vais bien garder tout mes bouquins originaux dont Boris Vian.
Je n'ai besoin de personne pour savoir où je me situe sur différents sujets de société..
Serge Le Guilloux
09/04/2023 à 08:50
Que l'on prévienne de la différence de mentalité entre hier et aujourd'hui, la tendance présente étant à l'adoucissement,certains termes étant ainsi bannis, et ce en liminaire de l'ouvrage, d'accord. Mais que l'ouvrage soit lénifié,et ce pour complaire totalement au gendarme des mots,ça non.
Janac
09/04/2023 à 11:09
Très bon roman j'ai aimé et le film est un bijou. Je ne vois rien de dégradant et de plus ce n'est qu'un film, une fiction, une histoire écrite par une écrivaine. Il faut arrêter de dire n'importe quoi !!! Respectez l'oeuvre !!!
Toinou
09/04/2023 à 17:45
Je ne vois pas le manque de respect qu'il y a à signaler un contexte.
De plus, même une fiction peut influencer la vision qu'on a d'une situation, autant que ça se fasse de manière informée.
Nothing Toulouse
09/04/2023 à 15:54
Je l'ai lu, assez jeune, 12 ou 13 ans, et je ne me souviens pas d'avoir eu quelqu'un pour m'expliquer que ça avait été écrit à une autre époque pour parler d'une autre époque. Je n'ai pas non plus eu besoin de quelqu'un dans les Trois Mousquetaires pour m'expliquer que ça ne se fait d'embrocher les gens au fleuret ou dans Poil de Carotte de m'expliquer que ça ne se fait pas de battre son enfant rouquin. Et encore que l'avertissement est un moindre mal.
DarthVader
11/04/2023 à 11:06
Il faut respirer par le nez, se calmer et surtout se souvenir qu Demain est un autre jour…
Todike
12/04/2023 à 18:58
Tout à fait d'accord. D'ailleurs, si l'auteur de l'article avait lu le livre, il ne se serait pas trompé sur le nom du personnage !
AnubiS57
09/04/2023 à 17:11
Comme pour Agatha Christie, je trouve cela ridicule. Ce n'est pas l'oeuvre qui doit s'adapter mais le lecteur. Le lecteur doit se mettre dans le contexte de l'époque de l'écriture, de la période où se situe l'histoire. Je préfère aussi un avertissement aux coupures/réécritures, etc. Cela dénature l'oeuvre, je trouve.
Lyo
09/04/2023 à 19:35
Très bon roman, cela dit compte tenu de l'époque, oui rajouter des avertissements pourquoi pas.
Après, j'ai trouvé le personnage principal détestable pour ma part, donc pas étonnée que tout soit un peu détestable dans ce roman.
Le dez
09/04/2023 à 20:46
Je pense que l on prend des adultes pour des enfants comme si en lisant un roman nous n étions pas capable de dicerner le bien du mal.et surtout de replacer les éléments ds le contexte d une epoque.Souvenez vous de daech et de toutes les dictatures qui détruisent ou enlèvent les références qui ne leur conviennent pas .
Despointes
09/04/2023 à 22:30
Il faut contextualiser pour comprendre le livre. En effet, en 1936, des anciens combattants de la Guerre civile étaient toujours en vie. et la culture de l´ancienne Confédération toujours présente. Les rapports maîtres et esclaves n'étaient pas forcément basés sur la violence même si cela peut paraître extravagant
Marie
09/04/2023 à 22:59
Je suis étudiante en Khâgne. J'ai lu ce livre 4 fois (dont deux fois en anglais).
Les éditeurs et les critiques l'ont-ils lu? Si non, je leur conseille de lire la remarque de la tante Pitty au sujet de l'oncle Peter lorsque le droit de vote est accordé aux personnes de couleurs. De nombreuses phrases de ce genre se dissimulent au détour de ces pages qui, par ailleurs, racontent la résistance d'une femme incroyablement courageuse face à la défaite.
Nahklev
10/04/2023 à 08:20
Epoque désolante oú certains ne savent plus faire la différence entre une oeuvre de fiction et la réalité, ne savent pas prendre de recul quant au contexte d'écriture ni par rapport à leur émotions. Rien d'étonnant dans une société hédoniste oú la moindre contrariété entraîne une victimisation.
Et cette victimisation est une aubaine pour les vautours moralisateurs et bien pensant à la recherche perpétuelle de combat qui donneraient un sens à leur existence.
Muppets77
10/04/2023 à 09:55
Comme c est écrit selon les commentaires ce n est qu une fiction , un livre et si un film ( superbe)
Respecter les œuvres !! vous voulez détruire aussi notre patrimoine de l’écriture ? pourquoi tout re modifier et nom de quoi ??? dans ce cas demander à ce qu ‘on réécrit toutes les œuvres de Molière et tous nos autres œuvres écrits par d’illustres écrivains et écrivaines pendant que vous y êtes !
Laska
10/04/2023 à 11:24
Je ne suis absolument pas de cet avis. Il s'agit d'un roman historique magnifique qui révèle l'état d'une société
Il appartient au lecteur d'aujourd'hui d'en comprendre les contextes et de mesurer les progrès accomplis .
Arrêtons de culpabiliser pour une époque défunte.
Philippe
10/04/2023 à 12:51
Triste Pan Macmillan, le gauchisme omniprésent pourrait littéralement tuer notre culture. C'est grâce au film inspiré du roman qu'un oscar a été pour la première fois donné à une actrice noire.
Le courageux roman de madame Margaret Mitchell et son personnage féminin inoubliable a justement tenté de rapprocher les communautés.
Mais la gauche ne se nourrit que de faux combats ; haine de soi et de son passé.
Le statut des prisonniers sudistes, nouveaux esclaves de l'Amérique d'après guerre civile que Scarlett emploie sans son aciérie n'intéresse pas les nouveaux donneurs de leçons.. Margaret Mitchell évoque une foule d'injustices dans son chef-d'œuvre. Blancs ou noirs, les pauvres ont toujours souffert. Ils doivent rester solidaires contre les exploiteurs cyniques et diviser les communautés comme tentent de faire les wokistes est une erreur.
Lutr
10/04/2023 à 14:01
Au passage, ne pas oublier de placer un avertissement en début de La Cité d’Aristote... on y écrit des choses horribles...
Bibi
10/04/2023 à 20:54
Ridicule. La purge stalinienne des wokes actuels est une insulte aux réalités historiques et aux faits réels et concrets avérés comme à l'l'intelligence ! Arrêtez de récrire l'histoire humaine pour qu'elle colle à votre idéologie ! C'est l'idéologie qui doit s'adapter à la réalité et pas le contraire. Les "Africains" ne sont pas "une autre espèce", c'est stupide de le dire. Ils n'en étaient pas au même stade de l'évolution de l'être humain, c'est tout. Chacun son rythme. Il faut le respecter et ne pas l'instrumentaliser à des fins politiques DOUTEUSES !!! Le wokisme est un fléau révisionniste très dangereux et pernicieux.
Titi72
11/04/2023 à 07:48
A force de censurer au nom d'une minorité, le plafond de verre risque, avec certitude, de se briser.
Le wookisme et la cancelle culture engendrent une propension à la violence chez des esprits ultra nationalistes.
Aradigme
11/04/2023 à 10:05
Le wokisme suit la voie du stalinisme qui réécrivait en permanence l'histoire et effaçait des photographies officielles, voire privées, les visages des anciens "compagnons de route" qui n'avaient plus la faveur du Tsar rouge ou dont les écrits ne correspondaient plus à la nouvelle ligne du Parti.
Le wokisme suit la même voie que celle empruntée par les djihadistes de Daech qui démolissaient à la masse les statues de divinités antiques dans les musées ou des Talibans qui explosaient les Bouddhas de pierre à la dynamite.
Cette volonté d'éradiquer ou de modifier le passé constitue une des pierres de touche qui permettent d'identifier une idéologie totalitaire.
Bénard Serge
11/04/2023 à 10:48
Enfin un éditeur intelligent (en fait ils le sont tous, mais pas toujours inspirés) face à un problème crucial. Pan Macmillan a chois la bonne solution : ne pas faire réécrire le texte (un injure aux lecteurs contemporains). Mais il fait précéder le texte d'un avertissement très élaboré à ceux qui vont lire. Cela évite l"imbécile solution de vouloir mettre une feuille de vigne à la statue en marbre du David de Michelangelo comme cela est actuellement demandé, car pour certains parents d'une école américaine de Floride au prétexte qu'il s'agit de pornographie. Ceux-ci sont allés jusqu'à porter plainte, obtenant la démission de la directrice de l'établissement.
Arnaud
19/12/2023 à 21:44
C'est totalement faux : la directrice est toujour en poste car comme les démocrates ont fait comprendre a dos Santis et co : c'est pas vous qui décidez et des mesures financières seront lancés contre les organisatiins républicaine de Floride contre toute tentative similaire.
Arrêter d'alker sur breitbart.