La Bibliothèque littéraire Jacques Doucet (BJD) avait attiré l'attention de l'Inspection générale des bibliothèques, qui pointait des problématiques liées à la gestion des collections et de l'espace disponible. En octobre dernier, une enquête du Monde pointait des responsabilités dans les dysfonctionnements, avant le suicide d'une ancienne directrice adjointe de l'établissement. Des écrivains, universitaires, chercheurs, conservateurs et bibliothécaires, directeurs de musée et de galeries, commissaires d’exposition apportent leur soutien à la directrice de la BJD et tiennent à « témoigner » des collaborations qu’ils ont eues avec cette institution et son équipe de direction. Nous reproduisons ci-dessous leur lettre.
Le 15/11/2022 à 16:56 par Auteur invité
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15/11/2022 à 16:56
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Nous avons lu avec stupéfaction l’article publié dans Le Monde le 17 octobre dernier (édition papier datée du 19 octobre) mettant gravement en cause le fonctionnement de la Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet. Sa direction est accusée de négligences, voire de malversations. Le suicide de Sophie Lesiewicz, dénoncée nommément en tant qu’ancienne directrice adjointe, accroît notre sidération.
En marge des enquêtes en cours avec lesquelles nous ne souhaitons pas interférer, nous tenons à témoigner publiquement notre soutien à Isabelle Diu, directrice de l’institution, et à Christophe Langlois, devenu directeur adjoint en 2021, eu égard au travail qu’ils ont accompli depuis leur prise de fonction respectivement en 2011 et 2016, et à rendre hommage au travail effectué par Sophie Lesiewicz, directrice adjointe de 2017 à 2021, en poste depuis 2006.
En tant que professeurs d’université, doctorants, chercheurs, conservateurs, bibliothécaires, archivistes, directeurs de musées et de fondations, commissaires d’exposition, galeristes et experts, en tant qu’écrivains et ayants droit donateurs, nous connaissons bien les locaux de « Doucet » où nous avons toujours été bien accueillis. Notre expérience du lieu et nos échanges avec l’équipe de direction ne correspondent en rien à ce qu’évoque l’article.
La bibliothèque Littéraire Jacques Doucet (BLJD) a évolué de manière extrêmement positive sous l’impulsion de sa nouvelle directrice Isabelle Diu. Notices de catalogue, signalement des collections dans SUDOC (imprimés) ou CALAMES (manuscrits), numérisation de manuscrits et de livres d’artistes, ont mis à disposition des chercheurs des références et des documents inestimables sur la création littéraire et éditoriale. Les ressources numériques concernant les livres d’artistes - fruit du travail de Sophie Lesiewicz - sont d’une qualité technique qui montre le degré d’exigence des responsables. Nombre de programmes de recherche en ont bénéficié.
Citons le programme financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) « Le Livre : espace de création - XIXe-XXIe » dont la BLJD et Paris 3 étaient partenaires de 2011 à 2014, et que ces deux institutions ont prolongé dans le projet « LivrEsC », « HyperApollinaire » et le projet Ponge du Laboratoire d’Excellence (Labex ) OBVIL de Paris 4, ou encore le projet également financé par l’ANR « CINÉ08-19 » de la Sorbonne Nouvelle, portant sur l’histoire du cinéma en France de 1908 à 1919. De ces programmes ont découlé des partenariats entre les laboratoires universitaires et « Doucet » et des réalisations ou publications scientifiques de grande tenue.
Ni Isabelle Diu, ni Sophie Lesiewicz n’ont ménagé leur peine. Elles ont accueilli chercheurs et étudiants à la Bibliothèque pour montrer et expliquer les fonds, soulever avec eux les questions d’acquisition et de conservation. Elles ont participé à nos séminaires de Master et de Doctorat, y apportant leur expertise ; elles ont rédigé des présentations et recensements, collaborant à l’organisation de colloques et à des publications importantes, stimulant des explorations scientifiques nouvelles et inventives.
En voici deux exemples : en novembre 2017, Isabelle Diu, Sophie Lesiewicz et Candice Nivette (webmestre et archiviste contractuelle à la BLJD) ont accompagné l’organisation d’un colloque sur Desnos sous l’égide de Paris 3. Elles sont intervenues notamment dans l’atelier « Que demandons-nous aux manuscrits numérisés ? ». Depuis 2021, Isabelle Diu co-anime dans le même cadre un séminaire sur « Éditer la poésie - XIXe-XXe siècles » qui s’est clos en juin 2022 par un colloque consacré aux poètes éditeurs.
Notons que toutes ces dernières années, de nombreux fonds d’archives ont intégré la Bibliothèque Doucet. Citons l’entrée de Jean Echenoz, Laurent Mauvignier, Marcelin Pleynet, Guy Goffette, Pierre et Ilse Garnier et Jorge Semprun, ainsi que l’enrichissement des fonds Vercors et Claude Simon. Des fonds de maisons d’édition ont également été accueillis en cohérence avec les thématiques de Doucet comme ceux de La Délirante (éditeur de poésie), des Éditions Écarts (livres d’artistes), et de l’Atelier des Grames (éditeur de livres-objets). Cet énorme travail, dévoreur en temps et en espace, a été réalisé rapidement, par une équipe réduite, et doit être porté au crédit de la direction et de ses adjoints. L’entrée de ces fonds et leur mise à disposition ont renforcé l’institution en renouvelant son attractivité.
Contrairement au tableau dressé dans l'article, sur la foi du témoignage d'un seul usager nostalgique d’un fonctionnement d’un autre siècle, la Bibliothèque Doucet est devenue un lieu de conservation vivant, ouvert aux nouvelles formes de diffusion et d’usage des archives. Tous, chercheurs et commissaires d’exposition, nous pouvons témoigner du professionnalisme de l’équipe de direction.
De nombreuses institutions culturelles en ont fait l’expérience à l’occasion d’expositions et par le canal des emprunts. Citons « Dadaglobe reconstructed » en partenariat avec le Kunsthaus de Zürich et le Moma de New-York (2016); « Jean Echenoz, romans, rotor / stator » au Centre Pompidou (2017); « André Frénaud le Très- Vivant » à la galerie du CROUS à Paris (2017) ; « Paul Claudel, voyage dans l'espace des livres » en partenariat avec la Bibliothèque Sainte-Geneviève et la Bibliothèque Sainte-Barbe (2018) ; « René Char, l'homme qui marche dans un rayon de soleil » avec le Musée Angladon d'Avignon (2018) ; « L'Invention du surréalisme » avec la BnF (2020) ; « Nadja, un itinéraire surréaliste » avec le Musée des Beaux-Arts de Rouen (2022) ; « Matisse, le désir de la ligne » avec le Musée Angladon d’Avignon (2022). La Bibliothèque Doucet a aussi été partie prenante de l’exposition « Ils y viennent tous... au cinéma ! L’essor d’un spectacle populaire (1908-1919) » aux Archives départementales de la Gironde à Bordeaux (2022).
Actuellement des dessins de Nadja sont exposés à la Biennale d'art de Venise et d’autres prêtés pour l’exposition Dufy au Palazzo Cipolla à Rome. Enfin, nous le rappelons, le bureau d’André Breton est exposé depuis près de dix ans devant les œuvres d’art du “mur Breton”, au Musée National d’Art Moderne, à la suite d’un dépôt permanent de la BLJD.
Est-il besoin de préciser que préparer une exposition est aussi un geste scientifique, et qui se poursuit dans l’édition de catalogues et opus, puis dans la mise en ligne comme pour les expositions sur Pierre Bettencourt, André Suarez et André Frénaud ? En répondant aux invitations et aux demandes de prêts, la Bibliothèque Doucet fait valoir la richesse de ses fonds, rendant ainsi honneur aux déposants, à leurs ayants droit et aux chercheurs.
Isabelle Diu a mené une politique patrimoniale intelligente et ambitieuse, une politique du gagnant-gagnant pour tous. Outre le catalogage et l’enrichissement des fonds, leur transmission a été au cœur de cette politique. Des stagiaires, des étudiants de Master et des doctorants d’universités ont été formés à la manipulation d’archives, à la lecture de manuscrits, à la fouille de dossiers, à la numérisation de manuscrits, ce qui a utilement étendu leurs compétences professionnelles.
À titre d’exemple, avec l’appui d’Isabelle Diu, une jeune chercheuse a procédé en 2018-2019 à la numérisation de manuscrits d’André Frénaud dans le cadre du consortium Cahier, assurant la promotion du fonds en même temps que la sienne propre au bénéfice du laboratoire qui l’a recrutée.
La Bibliothèque Doucet sous l’autorité d’Isabelle Diu et de ses adjoints a stimulé les fouilles de toutes sortes, a suscité de nouveaux sujets de mémoire et de thèse, de nouvelles vocations en recherche, et de nouveaux projets ont émergé. Les chercheurs ont apporté leur expertise scientifique et ont aussi valorisé les fonds. Ils ont pu, dans des cadres formalisés, associer leurs efforts et ceux de leurs laboratoires à l’entreprise de numérisation, rendant un service inestimable à tous dans le monde.
Ce sont ces professionnels dont nous connaissons la valeur et le sens des responsabilités, ce sont ces efforts et ces travaux qui suscitent le respect, que l’article du Monde du 17 octobre dernier a anéantis aux yeux du grand public, avec une partialité dévastatrice. Au mépris de la présomption d’innocence, le nom de Sophie Lesiewicz a été jeté en pâture au grand public, l’accusant lourdement et selon un scénario univoque. Le geste désespéré de cette jeune femme, mère d’une petite fille de 9 ans, suggère d’abord son épuisement face à un harcèlement trop longtemps subi.
Les enquêtes en cours établiront les faits. Il nous importe quant à nous d’exprimer notre reconnaissance du travail de Sophie Lesiewicz. Et nous le disons tout net : c’est un fleuron de la recherche française qui vient de disparaître. Cette jeune conservatrice était en même temps une chercheuse remarquable et singulièrement créative. Elle conjuguait plusieurs disciplines et compétences.
Elle a été notamment une des maîtres d’œuvre de l’extraordinaire projet « LivrEsC » ou « Livre espace de création» dont l’objectif était de numériser des ouvrages remarquables par leur typographie et leur mise en page. Le but poursuivi était de renouveler les approches du livre de création à l’époque moderne et contemporaine en mêlant l’histoire du livre, la bibliographie matérielle, l’histoire de l’art et les études littéraires. Ces orientations théoriques ont nourri sa thèse sur « Le “livre (typo)graphique”, de 1890 à nos jours », recherche portant sur plus de 500 ouvrages de 224 auteurs différents, thèse qui a suscité l'admiration unanime de tous les examinateurs. Elle y invente un nouvel objet de l'historiographie éditoriale.
Peu de conservateurs déploient autant d'énergie et de talent que Sophie Lesiewicz pour enrichir la connaissance et l'analyse scientifiques du livre moderne et contemporain, en plus des missions de préservation et de diffusion des collections dont ils ont la charge. Pour notre communauté de chercheurs et pour le monde des bibliothèques et des conservateurs, la perte de Sophie Lesiewicz est irréparable.
Nous témoignons que dans le cadre des collaborations nourries que nous avons eues depuis 2011 avec la Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet, Isabelle Diu, Sophie Lesiewicz, Christophe Langlois et leurs proches collaborateurs ont mené leur mission de service public de manière exemplaire.
Nous vous remercions, Monsieur le Recteur, de l’attention que vous voudrez bien porter à notre témoignage.
Premiers signataires :
Bernard Alligand, Artiste, peintre, graveur, livres d'artistes
Carole Aurouet, Maîtresse de conférences, Habilitée à diriger des recherches à l'Université Gustave Eiffel, spécialiste de littérature et de cinéma
Coralie Barbe, Restauratrice du patrimoine, Paris, Ancienne pensionnaire de l’Académie de France à Rome, Villa Médicis 2020-2021
Loïc Bertrand, Professeur de chaire supérieure, lettres et latin, Prépa Chartes, Lycée Henri IV
Jacqueline Bigallet, Présidente de l’Association des amis de la Maison Ravier (Morestel)
Violaine Bonzon, Ayant-droit Claudel
Michael Caine, MA Royal Collège of Art, Professeur Typographie École Estienne, Éditions Petropolis - Paris Florence
Calame-Levert, Conservateur en chef du patrimoine, en charge des collections modernes et contemporaines, Musée des Beaux-Arts de Rouen, co-commissaire de « Nadja, un itinéraire surréaliste »
Mireille Calle-Gruber, Professeur, Université Sorbonne Nouvelle, Ayant droit moral pour l'œuvre de Claude Simon
Laurence Campa, Professeur de littérature française du 20e siècle, Université Paris Nanterre.
Elsa Camus, Bibliothécaire (contractuelle à la BLJD 2013-2014)
Pierre Caye, Directeur de recherche au CNRS, Directeur du Centre Jean-Pépin (UMR 8230, ENS Ulm-CNRS-PSL)
Jean-Marc Chatelain, Directeur de la Réserve des livres rares de la BnF, Commissaire exposition Baudelaire
Martine Colin-Picon, Ayant droit moral pour l'œuvre de Gaëtan Picon
Michael de Saint-Chéron, Donateur (fonds Malraux, Président du Centre international de recherche André Malraux (CIRAM), Président du comité 10 de la SMLH (Société des membres de la Légion d’honneur)
Roselyne de Villeneuve, MCF en stylistique du XIXe siècle, Sorbonne Université
Béatrice Didier, Professeur d’Université honoraire ENS Ulm, spécialiste de littérature française du XIXe siècle.
Joëlle Ducos, Professeur Paris Sorbonne, directrice de l’UFR de Langue française (2018-2020)
Jacques Dürrenmatt, Professeur de philologie, poétique et stylistique, Sorbonne Université, organisateur d'un séminaire commun entre la Sorbonne et la BLJD
Sün Evrard, Artiste de la reliure, donatrice
Christiane Fortin, Lectrice, Professeur documentaliste retraitée
Jacques Fraenkel, Ayant droit de Robert Desnos
Marianne Froye, Maître de conférences Université de Franche-Comté, spécialiste d'André Frénaud, porteuse du projet "Frénaud numérique" et co-commissaire de l’exposition « Frénaud le Très Vivant »
Jean-Michel Galland, Docteur en Histoire, École nationale des chartes - journée d'étude organisée par Sophie Lesiewicz et Anne-Christine Royère à la Bibliothèque de l'Arsenal.
Violette Garnier, Ayant-droit de Pierre et Ilse Garnier
Christophe Gauthier, Professeur d'histoire du livre et des médias (XIXe-XXIe s.) à l’École nationale des chartes
Emmanuel Godo, Professeur de lettres au lycée Henri-IV, écrivain et poète
Guy Goffette, Donateur de ses archives
Pierre Jourde, Écrivain, Professeur émérite à l’université de Grenoble-Alpes
Anthony JP Meyer, Antiquaire/Expert, Galerie Meyer - Oceanic & Eskimo Art. Membre du Comité Scientifique André Breton
Sophie Kimenau, Directrice du Lieu d'Europe, Strasbourg - exposition Tzara au Musée d’art moderne de la ville de Strasbourg
Dominique Landman, Ayant droit de Jorge Semprun
Lauren Laz, Directrice du Musée Angladon-Collection Jacques Doucet, Avignon - Plusieurs expositions dont René Char, Man Ray, Matisse
Fabienne Le Bars, BnF, Réserve des livres rares. Adjointe au directeur
Anne Le Diberder, Directrice de la Maison-atelier Foujita
Serge Linares, Professeur de littérature française contemporaine, Université Sorbonne Nouvelle.
Jean Lissarague, Auteur, animateur fondateur des Éditions Écarts, donateur des archives du fond Écarts
Alexandre Mare, Directeur de la Galerie Duchamp, Centre d’art contemporain d’intérêt national, Yvetot, Commissaire d'exposition et chercheur. Commissaire de l’exposition Nadja à Rouen
Didier Mathieu, Directeur du Centre des livres d'artistes
Monique Mathieu-Frénaud, Artiste de la reliure, ayant droit d’André Frénaud
Laurent Mauvignier, Ecrivain, donateur de ses archives
Catherine Mayaux, Professeur émérite, spécialiste de littérature française contemporaine, CY Cergy Paris Université ; Co-commissaire d’exposition « Frénaud le Très Vivant » ; « Claudel et Saint-John Perse ».
Barbara Meazzi, Professeur de littérature italienne (futurisme et avant-gardes), Université Côte d'Azur
Martin Mégevand, MCF, Université Paris 8, Correspondant pour le fonds Robert Pinget, Rédacteur en chef de la revue « Littérature »
François Michaud, Directeur de la Bibliothèque Sainte-Geneviève - exposition Paul Claudel, colloque « les poètes éditeurs de poésie »
Emmanuelle Minault-Richomme, Directrice des bibliothèques de Reims - colloque et journées d’études en partenariat avec la BLJD et l’université de Reims
Marie Minssieux-Chamonard, Conservatrice en chef, responsable des collections XXe-XXIe siècles à la Réserve des livres rares, BnF
Jean-Yves Mollier, Professeur émérite d’histoire contemporaine, Université Paris Saclay/Versailles Saint- Quentin, directeur de la thèse de Sophie Lesiewicz
Marie-Victoire Nantet, Ayant droit de Paul Claudel
Elisabeth Parinet, Professeur émérite d'histoire du livre et des médias, École nationale des chartes
Olivier Piveteau, enseignant, docteur (thèse en littérature comparée Paris IV Sorbonne) et chercheur, Président de l'association Les Amis de Milosz
Marie-Françoise Quignard, Conservatrice en chef honoraire à la Réserve des livres rares de la Bibliothèque nationale de France
Francesco Rapazzini, écrivain
Peter Read, Professeur émérite, Université du Kent
Annie Renonciat, Professeur honoraire des universités, École normale supérieure de Lyon
Suzanne Robichon, Essayiste et éditrice, spécialiste de Natalie Clifford Barney,
Anne-Christine Royère, Maîtresse de Conférences en Littérature, Histoire et métiers du livre, Université de Reims Champagne-Ardenne
Marc Scherer, Directeur scientifique de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, exposition Paul Claudel, colloque
« les poètes éditeurs de poésie »
Peter Schnyder, Président de la Fondation Catherine Gide
Julien Schuh, Maître de Conférences, Littérature du XIXe siècle, fin de siècle et d’avant-garde, Université de Paris Nanterre
Anne Simonin, Directeur de recherche au CNRS (CESPRA -EHESS).
Emmanuël Souchier, Professeur émérite, Lettres, Sorbonne Université - Celsa
Evanghélia Stead, Professeur de littérature comparée et de culture de l’imprimé, Université Versailles Saint- Quentin
Bérénice Stoll, Conservatrice en chef à la Réserve des livres rares de la BnF- co-commissaire de l’exposition Invention du surréalisme à la BnF
Patricia Sustrac, Présidente des amis de Max Jacob, donateur fonds Max Jacob.
Cecilia Suzzoni, Professeur de lettres
Gaëlle Théval, Université de Rouen / Chercheuse membre - laboratoire MARGE (Université Lyon 3) Chercheuse associée - UMR THALIM (CNRS-Université Paris 3-Sorbonne nouvelle-ENS) / membre du programme ANR LEC, bibliothèque numérique Livresc / Co-éditrice, avec Sophie Lesiewicz et Hélène Campaignolle-Catel, des ouvrages : Livre/Poésie : une histoire en pratique(s) (Cendres, 2016) et Livre/Typographie : une histoire en pratique(s) (Cendres, 2020)
Christophe Thomet, Chef du service du développement des collections à la Bibliothèque de l'INHA
Jérôme Trollet, Président des amis de Vialatte
Hélène Védrine, Maître de conférences en littérature française, Sorbonne Université
Laurent Véray, Professeur en études cinématographiques, Université Sorbonne-Nouvelle, porteur de l'ANR Ciné08-19
Olivier Wagner, Conservateur au département des manuscrits de la BnF - co-commissaire de l’exposition Invention du surréalisme à la BnF
Photographie : Bibliothèque littéraire Jacques Doucet
Par Auteur invité
Contact : contact@actualitte.com
32 Commentaires
Simon Dominique
16/11/2022 à 10:34
Merci d'avoir partagé cet article témoignage.
Jean-Michel Burille
16/11/2022 à 10:46
"Nous avons lu avec stupéfaction l’article publié dans Le Monde le 17 octobre dernier (édition papier datée du 19 octobre)"
Stupéfaction un peu tardive vu que les faits avaient été évoqués dans Le Canard enchaîné en avril 2018 puis Le Figaro quelques jours plus tard et qu'une mission de l'Inspection générale des bibliothèques avait la même année relever de graves dysfonctionnements à la BLJD. Dysfonctionnements dont on n'a pu connaître l'étendue et la nature vu que la ministre en charge a choisi malgré les demandes du SNASUB de ne pas rendre public le rapport dont on peut avoir une idée à travers le bilan annuel de l'IGB.
"nous tenons à témoigner publiquement notre soutien à Isabelle Diu, directrice de l’institution, et à Christophe Langlois, devenu directeur adjoint en 2021"
et... ? pas un mot sur les lanceurs d'alerte ? Pourtant l'article du Monde évoque largement des faits qui caractériseraient une situation de harcèlement sils venaient à être confirmés par les juridictions compétentes. Sophie Lesiewicz n'est certainement pas la seule victime de l'affaire Doucet.
Ni "professeurs d’université, doctorants, chercheurs, conservateurs, bibliothécaires, archivistes, directeurs de musées et de fondations, commissaires d’exposition, galeristes et experts ... écrivains et ayants droit donateurs" juste bibliothécaire assistant spécialisé exerçant à la bibliothèque Sainte-Geneviève (qui partage les locaux avec la BLJD).
Jean-Michel Burille
Al Capone
17/11/2022 à 12:14
Le lobby de l'entre soi et de l'impunité joue en défense. Il n'y aura pas de sanction judiciaire, ou bien symbolique et dans dix ans, puisqu'on a un bouc émissaire décédé pour sauver les autres.
El Jo de la Vega
17/11/2022 à 21:32
Ce drame met sous les feux de la rampe l'intenable ambivalence du statut des conservateurs, qu'ils soient des bibliothèques comme du patrimoine. Leur recrutement et leur formation sont centrés sur les critères scientifiques qui sont leur cœur de métier. Mais les institutions qui les emploient les évaluent principalement sur des critères managériaux, auxquels ils ne sont pas préparés, ni même, pour les plus hautement qualifiés d'entre eux, adaptés. On ne peut attendre de la même personne qu'elle soit à la fois un chercheur de haut niveau, apte à satisfaire les attentes d'autres chercheurs de haut niveau ET un as du la GRH et du commandement de simples magasiniers. Sophie Lesiewicz aura été l'albatros de Baudelaire. QUAND les institutions se décideront-elles à faire doubler les personnels scientifiques que sont les conservateurs, par des cadres administratifs rompus à l'art du commandement (c'est à dessein que j'use de cette expression toute militaire). Institution scientifique, une grande bibliothèque de conservation a besoin de distinguer "master" et "commander" à son bord. Confondre lesdeux sous la même casquette c'est institutionnaliser l'injonction paradoxale. A Doucet, beaucoup en ont souffert, Sophie Lesiewicz en est morte. "Chacun son métier, les vaches seront bien gardées".
Al Capone
18/11/2022 à 09:49
Belle tentative pour reporter sur les conditions d'ensemble et le système de formation la responsabilité des intéressé(e)s dans une affaire d'affranchissement des règles qui s'appliquent à la gestion du patrimoine public, de mélange des genres et éventuellement du tien et du mien, et du côté de la direction, pour le moins, d'un échec dans l'exercice de la responsabilité vis à vis des agissements des agents placés sous votre autorité hiérarchique. D'autre part, les conservateurs, sont formés à l'exercice de la gestion administrative et budgétaire autant qu'aux aspects scientifiques de leur métier, et depuis longtemps, et votre proposition d'y substituer dans les fonctions de responsabilité de service des "cadres administratifs rompus au commandement", sans doute des énarques ou simili-énarques, ou ce qui les remplacera, ne ferait qu'éradiquer une culture professionnelle et procurer une nouvelle extension de débouchés à ceux-ci qui colonisent déjà tous les étages de l'appareil culturel. J'ai vu à l’œuvre un certain nombre de ces courtisans spécialistes du turnover et du carnet d'adresse (toujours un œil sur le prochain poste), à la pensée à la fois formatée et inconsistante (faute de bagage scientifique) et je peux vous dire qu'à part eux personne n'y gagnerait. Et dans le cas qui nous intéresse, l'alerte est venue du bas ...
El Jo de la Vega
18/11/2022 à 11:20
Il ne s'agit pas d'exonérer la direction de Doucet des conséquences de son mépris du Code du Patrimoine, dont elle devra répondre devant la Justice. Par ailleurs, étant moi-même conservateur, je confirme que L'ENSSIB passait (de mon temps) la formation juridique des conservateurs PAR DESSUS LA JAMBE. Pour ce qui est de Mme Lesiewicz, je ne l'ai quasiment pas connue, bien qu'elle fût de ma promotion: c'était une personne extrêmement discrète, pour ne pas dire timide. Elle vivait son engagement professionnel comme une vocation religieuse. C'est EXACTEMENT le profil de personne qui, ne sachant dire NON, devient la proie des harceleurs tels que les définit Marie-France Hirigoyen. Car le scandale du trafic de legs ne doit pas occulter l'autre scandale: Celui du harcèlement moral systémique. Je répète que, quels que soient les défauts des cadres administratifs qu'accable partialement "Al Capone", ils sont beaucoup plus aptes à gérer les ressources humaines que des conservateurs docteurs en histoire de l'art, qui partagent avec leurs usagers universitaires une haute exigence culturelle, sans bénéficier de leur statut hyper-protecteur. En ce qui concerne mon humble personne, je viens de décliner une offre de poste de conservateur que me faisait une grande bibliothèque patrimoniale. Sous le titre flatteur de "responsable des services aux publics", je n'y aurais tenu qu'un rôle de gendarme J'ai donc conseillé à sa Direction de requalifier ce poste dans la filière administrative, particulièrement au grade d'Attaché principal, pourvu d'une forte expérience d'encadrement, notamment de personnels ouvriers fortement syndicalisés. Comment voulez-vous que des érudis s'en sortent avec ce milieu qui leur est parfaitement étranger? Je persiste et signe à citer le vieux Florian: chacun son métier, les vaches seront bien gardées.
Al Capone
18/11/2022 à 12:01
Pour les chartistes, on ne peut pas grand chose, étant donné l'endogamie de leur recrutement héréditaire dans les milieux traditionalistes,mais ils ne sont qu'une infime minorité. Il n'y plus guère que là qu'on fait des études d'histoire de l'art. Les autres conservateurs que j'ai côtoyés aussi ont ou avaient des profils diversifiés et une éthique et des compétences de fonctionnaires gestionnaires, et l'assumaient. Quant à Doucet, le harcèlement semble avoir fonctionné surtout du haut vers la bas.
K
16/10/2023 à 02:16
Je vous remercie d'avoir recadré ce que le pédant con-servateur a écrit, par ailleurs dans une piètre défense de l'indéfendable.
Occulter le recel et l'omerta avec des pressions sur le petit personnel, "syndiqué" fait de moisis transpirants magasiniers en somme, et faire référence au Dr Hirigoyen est totalement renversant.
Il ne vaut mieux pas se trouver dans son service, dans lequel le véritable harcèlement, le mépris et l'arrogance institutionnalisés doivent être quotidiens.
K
16/10/2023 à 02:06
Je plussoie.
L'exercice de l'autorité vient naturellement à l'honnête homme, au clairvoyant.
Et nul nécessité d'une formation en "management" pour enfum', pardon, pour encadrer les catalogues et magasiniers.
Si un conservateur ne sait pas diriger, guider, orienter. Il ne prend pas une fonction d'encadrement. Des postes sans encadrement, il y en a plein.
Le conservateur n'est pas hors du monde et si les relations humaines ne lui viennent pas naturellement, il devient maître de conférences, ou ermite.
Cela incombe au conservateur du patrimoine. Pardi.
Al Capone
18/11/2022 à 10:19
Petit rappel des faits établis (voir articles précédents) entre deux remises de certificats de bonne moralité : à la bibliothèque Doucet, des pièces arrivées dans les collections publiques par legs ont été vendues sur le marché dans des conditions opaques en utilisant des prête noms. Les lanceurs d'alerte du bas de l'échelle ont en butte à des pressions et à des représailles de la part de la hiérarchie, qui a bénéficié d'une impunité prolongée.
Antoine Jaccottet
18/11/2022 à 11:45
Ainsi, si l'on comprend bien ce texte, ne pas ménager sa peine et faire son travail ou, plus encore, « être un fleuron de la recherche française » pourrait vous dispenser de toute honnêteté. Ne serait-il pas plus sage, et surtout plus honnête, d'attendre les décisions de la justice avant de lancer une pétition de soutien signée par des personnes qui ignorent ce qui s'est réellement passé ?
CVB
18/11/2022 à 11:54
A ma connaissance, les personnes mises en cause dans cette affaire n'ont pas porté plainte pour diffamation. Pourquoi ?
El Jo de la Vega
18/11/2022 à 13:04
Une fois de plus, il ne s'agit pas d'exonérer la Direction de la bibliothèque de ses turpitudes. Il s'agit simplement de lutter contre tous les corporatismes, tous sources d'abus: celui des conservateurs comme celui des universitaires (ces derniers, bénéficiant d'un statut d'"intouchables", se permettent en effet d'ignorer l'enquête judiciaire en cours. Ils sont du même tonneau que les Chartistes que vous dénoncez, toute sensibilité politique égale d'ailleurs). Je persiste une fois de plus à affirmer qu'un conservateur de bibliothèque est et doit rester un personnel scientifique avant tout et que le management d'équipes importantes doit échoir en première ligne à des administratifs. Les bibliothèques n'ont pas vocation à être les sanctuaires d'un clergé culturel. c'est particulièrement vrai pour les conservateurs d'Etat: l'INET se charge bien mieux que l'ENSSIB de la formation réglementaire des conservateurs territoriaux. Mais au temps du "tout-ENSSIB, celle-ci se drapait dans un discours scientiste (bien plus que réellement scientifique), faisant fi des "bassesses" réglementaires. Les promotions qui ont subi ce prêchi-prêcha sont arrivées désarmées en plein terrain miné. Il nous a fallu du temps et du tourment pour surmonter ces lacunes initiales.
Ayant dit ce que j'avais à dire, je ne considère plus nécessaire de prendre part à ce débat, qui risque fort de déraper. Il n'y a pas LES conservateurs, LES chartistes, LES administrateurs, LES énarques. Il y a seulement DES gens, qui ont plus ou moins de force de caractère pour résister à ce mal bien français qu'est l'esprit de corps, pour ne pas dire de caste!
AZE
18/11/2022 à 12:42
Merci infiniment de mettre du sentiment humain là où malheureusement il avait été totalement omis.
Seul regret que cette tribune qui témoigne du travail accompli et de la valeur professionnelle des personnes mises en cause ne soit pas publiée dans le journal Le Monde.
Et comme le signifiait de manière magistrale un commentaire de l'article sur l'affaire de la Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet, publié dans ce même journal, pour toutes autres considérations, attendons patiemment les lumières d'une enquête véritable.
Citation : "Approximations, amalgames, informations parcellaires, conclusions hâtives, ignorance du fonctionnement d'une bibliothèque patrimoniale comme de la nature exacte du legs, rumeurs, fantasmes bref, rien de tangible, sinon le règne de l'opinion. Même les quelques voix mesurées cherchant à rétablir un semblant d'équilibre sont aussitôt taxées de corporatisme si ce n'est pire. La mort tragique d'une jeune femme devrait pourtant nous inciter tous à la prudence. Et si on laissait la police enquêter avant de se ruer sur nos claviers? Attendons le rapport établissant les faits, basé sur une enquête en profondeur auprès de tous les acteurs de cette triste affaire..."
RTY
18/11/2022 à 14:03
Tous n'ont pas forcément loisir d'attendre "patiemment les lumières d'une enquête véritable" notamment les usagers et surtout les agents qui ont dénoncé les faits de harcèlement commis par la direction. Agents qui ont alerté il y a longtemps la chancellerie et le ministère sans susciter autre chose que de l'indifférence. Au mieux. L'action pénale en cours ne dispense pas l'administration de conduire sa propre enquête sur les faits évoqués et sur ses abstentions passées. Il serait pertinent de mettre en place une inspection indépendante (professionnels de la gestion, de la culture, représentants syndicaux...) pour examiner comment le recteur -aujourd'hui ambassadeur en Autriche- et de la ministre ESR informé il y a quelques années des disparitions de pièces du legs Bélias et des situations de harcèlement ont géré l'affaire.
Elliot Ness
18/11/2022 à 16:31
D’expérience, il y a quatre types principaux de voleurs en bibliothèque
Les idiots, qui se font attraper à la sortie parce qu’ils dégradé le code barre en pensant déjouer ainsi le système antivol. Ceux-là volent parce qu’ils pensent que c’est facile et que c’est plus simple de se servir que d’en passer par une inscription, ou bien parce qu’ils sont exclus du prêt, soit parce qu’ils ont déjà des ouvrages en retard, soit parce que la bibliothèque ne prête pas, ou pas à la catégorie de public à laquelle ils appartiennent. D’une certaine façon ils sont fabriqués par les règles restrictives mises en place par la bibliothèque, et sensibles aux mesures de dissuasion mises en œuvre par le personnel, comme la réponse systématique aux alarmes antivol.
Les voleurs par nécessité, fréquents dans les filières juridiques et médicales des bibliothèques universitaires, les plus pillées, qui volent pour remédier aux limites de la bibliothèque quand ils tombent sur un ouvrage rarement disponible care très demandé, et pensent aussi se donner ainsi un avantage sur leurs condisciples dans un contexte très concurrentiel en les privant de l’ouvrage en question. Ce sont des gens qui n’aiment pas le collectivisme bibliothécaire et refusent de se plier aux règles égalitaires de la propriété collective.
Les professionnels du vol qui volent pour revendre, ce qui supposent de bien connaître le fonctionnement de la bibliothèque et de disposer d’une connaissance du marché et d’un accès à celui-ci, complicités comprises. Ils sont rares mais extrêmement nocifs parce que quand ils s’y prennent bien ils sont pris après avoir écoulé de gros volumes de documents irremplaçables. Ils opèrent éventuellement à une échelle internationale et parfois sur commande, à un niveau qu’on peut qualifier de criminalité organisée, comme la bande hongroise de six personnes spécialisée dans les cartes anciennes qui avait notamment sévi ans les bibliothèques de Dijon, Besançon, Nancy, Lille, Toulouse, Albi, Narbonne, Coutances entre 2011 et juin 2013, qui alimentait des marchands spécialisés ayant pignon sur rue en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis et qui a été jugée en 2018 après une prise douanière et une enquête.
Les intouchables, les voleurs de droit divin qui privatisent pour leur compte un bien collectif parce qu’ils le valent bien en utilisant les facilités et privilèges conférés par leur statut, comme l’accès aux magasins (personnel et usagers privilégiés), l’exemption des règles de prêt habituel, en volume et en durée et des sanctions prévues dans le cas de leur non respect, qui ne s’appliquent qu’au commun des mortels et pas aux notables ou aux membres de l’institution. J’ai pu constater en travaillant sur la collection de livre qu’il avait généreusement léguée à la France (qui l’avait déposée à la bibliothèque municipale de Nevers) que François Mitterrand était de ceux-là, puisque j’ai retrouvé dans cette collection des ouvrages de la bibliothèque Jacques Doucet, justement. Je ne sais pas s’ils se les étaient fait livrer par un motard de la gendarmerie ou s’il les avait obtenus dans le cadre d’une liaison extraconjugale et c’était avant Madame Diu. Je l’ai signalé sans suite connue de moi à l’inspection générale. J’ai fait une autre expérience de ce genre avec le legs de la collection de livres d’un professeur des universités dont sa famille ne savait que faire, ce qui a permis le retour des documents après de longues années d'indisponibilité pour le public.
Au croisement de cette catégorie (ce ne sont pas des voleurs professionnels), et de la précédente (le butin est parfois écoulé sur le marché de l’art), je mets les vols commis par des conservateurs, comme ceux commis par le conservateur en chef et responsable du fonds de manuscrits hébraïques à la BNF, mis en examen pour « vol aggravé» le 30 juillet 2004, accusé du vol accusé du vol de 147 volumes (145 imprimés, deux manuscrits), puis finalement condamné pour la seule soustraction du manuscrit hébreu 52, en première instance et en appel, puis admis à faire valoir ses droits à la retraite en 2008 après avoir purgé sa peine. Après avoir avoué dans un moment de faiblesse il avait clamé son innocence, plaidé l’arrangement de bonne foi (expliquant avoir permis la délivrance d'un bon de sortie de ce manuscrit "pour rendre service à un ami" qui lui avait permis d'acquérir, en 1998, un manuscrit médiéval du 14e siècle, ce qui rappelle quelque chose), crié au complot. Il avait bénéficié du soutien public de conservateurs et de chercheurs du sérail sous forme d’une pétition en 2006. Si celle-ci n’a pas été volée on peut la consulter dans le fonds des Archives de la directrice générale de la BNF Agnès Saal (1998-2006) (cote 2006/050/023/101-2006/050/028, sous unité de description 2006/050/001-2006/050/028)
Jean-Michel Burille
19/11/2022 à 17:58
La longue enquête de Victor Castanet sur les œuvres qui disparaissent de la BLJD publiée dans Le Monde du 19 octobre gêne considérablement le milieu des bibliothèques patrimoniales.
D'abord un long courrier adressé au Recteur-Chancelier par l'une des personnes mise en cause mais qui fuite immédiatement sur des réseaux professionnels. Où elle circule toujours sous le manteau non pour son caractère licencieux mais plus probablement pour ne pas risquer de poursuite en diffamation. Une lettre d'ailleurs sympathique car autant le contenu et le style sont périssables autant on rit en découvrant des tentatives d’"assassinat par voie de presse" commises par des employés d'une "incompétence crasse", "champion du retard", "misogyne", "écrivain fanfaron" mais "bénéficiant d'une impunité", on frémit presque à l'évocation d'une photographie de nu interrogeant sur les mœurs de ce club". Bref on rit avant de se rappeler que l'auteur exerce une responsabilité hiérarchique sur les agents qu'il décrit ainsi, que les appels à l'aide de ces agents subordonnés n'ont jamais été entendus et qu'il y a un mois une personne s'est suicidé.
Dans un papier "Le Monde face au drame du suicide d'une mise en cause" publié le 26 octobre, "Arrêt sur images" évoque ce courrier qui dénonce une ambiance délétère sans donner aucun élément précis concernant les soupçons qui pèsent sur son l'ancienne directrice-adjointe mais dont l'auteur n'a pas souhaité répondre aux sollicitations d'ASI.
Mais après cette initiative individuelle, un premier jet aussi malodorant qu'inutile, arrive les salves. Un appel est fait pour que les généraux montent en première ligne. Un comité de soutien se forme afin de "témoigner de la qualité irréprochable et de l’exigence intellectuelle des collaborations qu’ils ont eues depuis 2011 (date de la prise de fonction comme directrice d’Isabelle Diu) avec cette institution". Avec la vocation de
- d’apporter un soutien moral aux personnes atteintes par des accusations diffusées par voie de presse au mépris des enquêtes administratives et judiciaires en cours et de le faire savoir par la publication commune des noms des membres de ce comité (notamment sur un site dédié) ;
- de faire valoir la confiance de ses membres en l’équipe dirigée par Isabelle Diu depuis 2011, et plus généralement en l’institution exceptionnelle que représente Doucet dont cette équipe a défendu les intérêts et le rayonnement ;
- de défendre la mémoire de Sophie Lesiewicz, gravement atteinte dans son honneur de professionnelle par des accusations lourdes proférées au mépris de toute déontologie.
Toutes les âmes charitables sont bienvenues, mêmes celles qui "n'ont pas nécessairement eu d’expérience collaborative avec la Bibliothèque Doucet" mais qui bien entendu pourront témoigner ;-)) Comité qui "en aucun cas il n’interférera avec les enquêtes administratives ou judiciaires". Il s'agit de soutien moral à moins que l'on ne puisse faire un don, comité avec cagnotte Leetchi associée ;-)))))
Il est toujours délicat d'évoquer les morts mais je ne suis pas certain que Mme Lesiewicz eut apprécié cette attention posthume de personnes motivées par des intérêts matériels bien plus mesquins et autres relations endogamiques.
Rez
21/11/2022 à 10:24
Un peu dégueu ces faux intellos : noyer des propos a côté de la plaque juste pour, a la fin, quand les lecteurs seront fatigués, défendre de façon improcedente cette femme qui s'est suicidé me semble pathétique. Ils veulent quoi en fait? Marquer un point envers le ministère, la hiérarchie de l'université ?
Car franchement je ne doute un seul moment que cette dame décédée aie fait tout ce qui est décrit dans cette note de service (des actions pour lesquelles elle était payée avec notre argent) mais s'attaquer à un média d'information juste parce qu'il a aussi fait son boulot d'informer que sa mère s'amusait a vendre aux enchères des objets et documents de oa bibliothèque (et que j'espère elle dort en prison depuis l'apparition de l'article) est infecte.
Elle peut suicider tout ce qu'elle veut (et franchement petite pensée pour sa famille) mais utiliser cela pour justifier le vol de biens communs c'est un refus de pensée et une indignité dignes des loas à Pétain et Hitler en raison des hôpitaux et autoroutes construites sous ses régimes.
Jean-Michel Burille
21/11/2022 à 15:31
La longue enquête de Victor Castanet sur les œuvres qui disparaissent de la BLJD publiée dans Le Monde du 19 octobre gêne considérablement le milieu des bibliothèques patrimoniales.
D'abord un long courrier adressé au Recteur-Chancelier par l'une des personnes mise en cause qui fuite immédiatement sur des réseaux professionnels. Courrier qui circule depuis sous le manteau non pour son caractère licencieux mais plus probablement pour éviter des poursuites en diffamation.
Une lettre d'ailleurs sympathique car autant le contenu et le style sont périssables autant on rit en découvrant des tentatives d’"assassinat par voie de presse" commises par des employés d'une "incompétence crasse", "champion du retard", "misogyne", "écrivain fanfaron" mais "bénéficiant d'une impunité", on frémit presque à l'évocation d'une photographie de nu interrogeant sur les "mœurs de ce club". Bref on rit avant de se rappeler que l'auteur exerce une responsabilité hiérarchique sur les agents qu'il attaque ainsi, que les appels à l'aide de ces personnels subordonnés n'ont jamais été entendus et qu'il y a un mois une personne s'est suicidé.
Dans un papier "Le Monde face au drame du suicide d'une mise en cause" publié le 26 octobre, "Arrêt sur images" évoque ce courrier qui dénonce une ambiance délétère sans donner aucun élément précis concernant les soupçons qui pèsent sur son l'ancienne directrice-adjointe mais dont l'auteur n'a pas souhaité répondre aux sollicitations d'ASI.
Après cette initiative individuelle, un premier jet aussi malodorant qu'inutile, arrivent les salves. Un appel est fait pour que les généraux montent en première ligne. Un comité de soutien est constitué afin de "témoigner de la qualité irréprochable et de l’exigence intellectuelle des collaborations qu’ils ont eues depuis 2011 (date de la prise de fonction comme directrice d’Isabelle Diu) avec cette institution". Avec les objectifs suivants :
- d’apporter un soutien moral aux personnes atteintes par des accusations diffusées par voie de presse au mépris des enquêtes administratives et judiciaires en cours et de le faire savoir par la publication commune des noms des membres de ce comité (notamment sur un site dédié) ;
- de faire valoir la confiance de ses membres en l’équipe dirigée par Isabelle Diu depuis 2011, et plus généralement en l’institution exceptionnelle que représente Doucet dont cette équipe a défendu les intérêts et le rayonnement ;
- de défendre la mémoire de Sophie Lesiewicz, gravement atteinte dans son honneur de professionnelle par des accusations lourdes proférées au mépris de toute déontologie.
Toutes les âmes charitables sont bienvenues, mêmes celles qui "n'ont pas nécessairement eu d’expérience collaborative avec la Bibliothèque Doucet" mais qui bien entendu pourront témoigner ;-)) Comité qui "en aucun cas il n’interférera avec les enquêtes administratives ou judiciaires". Il s'agit de soutien moral à moins que l'on ne puisse faire un don, comité avec cagnotte Leetchi associée ;-)))))
Il est toujours délicat d'évoquer les morts mais je ne suis pas certain que Mme Lesiewicz eut apprécié cette attention posthume de personnes motivées par des relations endogamiques ou intérêts matériels bien plus mesquins.
JBB
22/11/2022 à 12:10
Ainsi donc quatre conservateurs(trices) de la Réserve des livres rares de la BNF + un conservateur du département des manuscrits prennent fait et cause pour une consoeur gravement soupçonnée de vol de livres rares et manuscrits. Notre patrimoine littéraire est entre de bonnes mains !
JMB
23/11/2022 à 08:56
Cette pétition offre une nouvelle illustration d'un esprit de corps -si ce n'est de classe- lamentable de fonctionnaires et autres satellites des mannes étatiques autour de semblables accusés de vol. Ces personnes oublient la gravité des charges pesant sur la direction de la BLJD : non seulement le vol d'œuvres uniques léguées à la bibliothèque mais aussi le harcèlement des personnels ayant dénoncé ces faits.
Si les vols et le harcèlement sont des infractions qui seront examinées par les juridictions compétentes, il n'y a aucun doute sur le contexte de travail à Doucet existant depuis des années alors que quelques agents -magasiniers et contractuels- impavides dénoncent leurs chef.fe.s. Comment la chancellerie a-t-elle pu rester inerte devant un tel contexte ? La question se pose aussi pour le ministère.
Ensuite que les gloires bibliothéconomiques et littéraires dégainent leurs plumes pour rejoindre une tribune oubliant la souffrance des employés qui au quotidien assurent le fonctionnement de la bibliothèque n'est qu'un épiphénomène.
N'est pas Zola qui veut.
Clarisse
24/11/2022 à 09:35
J'ai beau relire, je ne vois nulle réponse aux éléments rapportés par Castanet dans son article du Monde. Les accusations de harcèlement, de vols méritent des réponses qui ne peuvent être balayées par le simple fait d'accomplir les quelques missions pour lesquelles on est rémunérés. Tout ceci est extrêmement triste.
COI
24/11/2022 à 10:22
Euh, faut signer pour pas perdre une perspective de devenir cons. général ? Sinon outre le conflit d'intérêts ici manifeste (les responsables mis en cause ont continué d'encadrer les personnes qui les dénonçaient) je vois nettement une collusion d'intérêts.
Allez on prendra l'ascenseur ensemble ;-))
Elemb
05/12/2022 à 10:47
Selon un article du Parisien, l'enquête judiciaire confirmerai déjà les principales accusations. Des documents volés à la bibliothèque Doucet auraient été retrouvé au domicile de la mère de Sophie Lesiewicz et de celle-ci.
Il est vraiment tragique que les signalements effectués par les agents de Doucet au Rectorat il y a maintenant des années n'aient eu aucune suite... mis à part des représailles sur les agents en question. De toute évidence l'inaction du rectorat et de la directrice de Doucet alors même qu'ils étaient informés a permis au trafic de documents de perdurer. Si l'affaire avait été immédiatement prise au sérieux, la mort tragique de Sophie Lesiewicz aurait certainement été évitée.
Aujourd'hui, à voir la tonalité de l'article du Parisien - tonalité à l'inverse des rapportés - une campagne de communication est en cours pour faire des coupables des victimes et des lanceurs d'alerte des coupables.
ACZ
05/12/2022 à 13:38
Oui, la cause est entendue, bien que son cours et son dénouement demeurent incompréhensibles,
Le plus triste c'est que du coup, la véritable affaire qui est celle d'un article du Monde qui a provoqué un suicide, ne sera elle jamais traitée, ne suscitera aucune contre enquête, rien.
Le plus triste c'est la petite fille qui supporte deux violentes séparations, qui va l'aider ? lui donner l'aide psychologique dont elle a besoin pour réparer ce manque abyssal, cette soudaine irruption de la mort dans son intimité ? Le journal Le Monde ?
Jean-Michel Burille
05/12/2022 à 14:32
> ACZ
"la véritable affaire qui est celle d'un article du Monde"
NON la véritable affaire c'est le vol continu de pièces uniques. Ne confondez pas la lune et le doigt
"article du Monde qui a provoqué un suicide"
NON ce qui a provoqué le suicide c'est les états d'âme, la peur (bien injustifiée vu la "jurisprudence") d'une sanction pénale, les remords... ce qui a pu provoquer ce sont les remords par l'exposition d'un possible délit à la lumière
"ne sera elle jamais traitée"
NON vu que l'on parle plus de la publication de l'article que des faits décrits. Et c'est bien ce que recherche la coterie de conservateurs engagés dans la préservation des carrières des copains/copines plus que dans la réhabilitation posthume
" la petite fille qui supporte deux violentes séparations"
"manque abyssal"
"soudaine irruption de la mort dans son intimité"
OUI et ça arrive tout le temps à plein de monde
Quant à l'article du parisien, il participe simplement à la campagne de confusion portée par le club de conservateurs, on agite la superficie mais les eaux restent saumâtres. Les lanceurs d'alerte sont dénigrés car dépourvus de "diplôme universitaire", le travail de la direction y est loué, le ton et les propos totalement partiaux.
Bien entendu son auteur ne sera pas ostracisé pour le prix Albert Londres vu qu'il n'y concourra jamais.
La médiocrité est une qualité qui perdure. Que l'on soit journaliste ou conservateur.
Elemb
05/12/2022 à 14:48
Ce qui a causé un suicide est une longue affaire de vol de documents patrimoniaux. Affaire longtemps mise sous le tapis par le Rectorat et la directrice de la BLJD qui a prétendu "tomber de sa chaise" lorsque l'affaire est sortie.
Ce qui a causé (selon les informations du Parisien) l'interpellation le 22 novembre de la mère de Sophie Lesiewicz pour « vol dans un lieu d'entrepôt ou d'exposition » entre 2011 et juin 2022, c'est une enquête judiciaire.
Encore une fois, un immense gâchis qui aurait pu être évité si les premières alertes avaient été prises au sérieux.
OCB
12/12/2022 à 09:53
Est ce que cette petite fille n'a pas de père ? Souvent les enfants en ont, qui peuvent prendre le relai si la mère disparaît
Catherine Cottard
05/12/2022 à 18:32
Tout un panthéon de soutiens.
Faire connaître, vivre les fonds les rend vulnérables. Les structures d'encadrement sont tenues, fragiles.
Il faut laisser l'enquête se faire. La méthode est brutale et c'est regrettable.
CVB
05/12/2022 à 20:19
La fin ne justifie pas les moyens. Oui à la dénonciation des scandales (vols, détournements, discriminations…). Non à la désignation des « coupables », présumés innocents rappelons-le, par leurs nom et prénom dans un journal diffusé à 500 000 exemplaires (Le Monde, pour ne pas le nommer).
CVB
06/12/2022 à 07:11
La fin ne justifie pas les moyens. Oui à la dénonciation des scandales (vols, détournements, discriminations…). Non à la désignation des « coupables », présumés innocents rappelons-le, par leurs nom et prénom dans un journal diffusé à 500 000 exemplaires (Le Monde, pour ne pas le nommer).
Clarisse
08/12/2022 à 11:22
La présomption d'innocence n'est pas une assignation au silence, elle n'interdit ni le témoignage ni le récit de faits dont on peut être le spectateur, l'acteur ou la victime. L'article du Monde était extrêmement mesuré dans la facon de relater les évènements.
Enfin quand on est fonctionnaire, que l'on vit de fonds publics, qu'on a la charge d'un patrimoine public, on engage son nom et on est soumis à un certain nombre de devoirs envers le public et l'institution qu'on représente. Personne n'oblige qui que ce soit à endosser ces responsabilités.