ENQUÊTE – « Estomaqués. » « Aberrant. » « Marasme. » Les termes qui viennent à la bouche des organisateurs de salons du livre déclinent à l’envi l’exaspération. Découvrant les nouvelles dates de Livre Paris présentées en fin de semaine dernière, plusieurs d'entre eux ont fait part à ActuaLitté de leur vif mécontentement. Pour dire le moins. L'événement parisien n'a clairement pas regardé où il posait ses valises. Ni quand.
Épinal, avec ses Imaginales, ou encore le Festival du livre de Nice, celui consacré au Premier Roman à Chambéry, Oh les beaux jours à Marseille, et d'autres… Plusieurs manifestations ont retenu leurs dates pour 2021, en jonglant avec les contraintes sanitaires connues. En vertu des territoires, cette profusion autour du 28 au 31 mai impliquerait des adaptations – habituelles pour beaucoup.
Mais que soudainement, le salon du livre de Paris décide de reporter précisément à cette période son rendez-vous prévu du 20 au 23 mars, voilà qui bouleverse tout. Quelle que soit la taille de la manifestation alors concernée.
De même, la Comédie du livre échappe à la sanction : Philippe Saurel, président de Montpellier Méditerranée Métropole, avait décidé l’annulation de 2020, se projetant sur 2021. Ainsi, la fête s'établira du 4 au 6 juin. « Donc le déplacement du Salon du Livre Paris n’aura pas d’incidence sur notre manifestation », indique-t-on à ActuaLitté. Soupir de soulagement. Idem pour Étonnants voyageurs, qui intervient durant le week-end de la Pentecôte, juste avant.
Toutefois, la Croatie doit toujours en être l’invitée d’honneur : quid de la proximité des événements pour les responsables croates ? Faudra-t-il choisir pour éviter l'épuisement ? Mais pour deux qui en réchappent, ils sont légion à voir d'un oeil sombre « un coup pendable », annonce-t-on.
Fabienne Pochart, responsable de Époque, le salon du livre de Caen, en charge de la Direction de la Culture pour la ville, ne pouvait pas être contactée au moment de la parution. Pour autant, l’événement doit se tenir du 28 au 31 mai 2021. À la mairie, ce revirement n'est pas spécialement apprécié : d’une année sur l’autre, les dates sont positionnées, et celles de 2021 n'avaient pas fait défaut.
Emmanuelle Dormoy, première adjointe à la Culture pour la mairie, suggère pour sa part« de réagir avec ironie, car il n’y a rien d’étonnant à tout cela. On apprend par la presse non une annulation, mais un report sans aucune concertation, et l’on découvre les dates, consternés ». Or, si règne une profusion en ce mois de mai, « les auteurs acceptent assez facilement de partager leur temps » pour intervenir sur une même période à deux endroits .
« Livre Paris, sans même une information préalable ni des avis pris auprès des organisateurs de salons démontre que la décentralisation est loin d’être accomplie dans le pays. En dehors de la capitale, c’est connu, rien ne vit, rien ne bouge », poursuit-elle.
Époque n’a pour le moment pris aucune décision : prendre en compte, attendre, « cela découlera aussi des actions des autres villes, mais une réaction collective semble nécessaire pour dénoncer une manière de faire que personne n’apprécie ».
Pareille mobilisation dépasserait d’ailleurs – et aisément – les clivages politiques qui peuvent exister entre municipalités, selon elle. « Leur choix a des conséquences qui dépassent les orientations de chacun. Et nuisent aux actions que mènent tous ces territoires, dont les événements ont une véritable stature », analyse l’adjointe à la Culture.
« Et je ne m’avance pas en affirmant que les auteurs se sentent plus considérés dans nos manifestations. Et des auteurs satisfaits, ce sont des éditeurs satisfaits. » Cependant, pour Époque, qui a opté pour des débats, la présence des auteurs devient indispensable. « Notre projet est de donner la priorité à la création, et pour ce faire, nous montrons une extrême attention aux problématiques connues — comme celle de la rémunération », souligne-t-elle.
« Les créateurs ont en effet besoin des salons, en tant qu’ils les rapprochent du public, mais permettent également une rémunération. Tout cela est fort dommageable, quand le champ entier de la création artistique aurait besoin de soutiens. »
Jean-Marie Gourio, qui organise depuis une dizaine d’années la fête du livre de Talloires, sur les bords du lac d’Annecy, le souligne. « Habiter, c’est faire. Et comme je suis un artisan du livre, j’ai voulu organiser une fête du livre. J’aurais monté celle des abeilles si j’avais été apiculteur. » Avec près de 25 auteurs invités chaque année, et quelque 6000 personnes qui viennent sur les deux journées de la manifestation, l’arrivée du mastodonte Livre Paris « devient catastrophique ».
Et d'ajouter : « Nous avons toujours conçu les dates de la Fête pour nous glisser entre les grands événements : Saint-Malo, Marseille… D’ordinaire, on passe entre les gouttes : là on prend une averse ! Serge Joncour avait accepté l’invitation, François Morel également : comment maintenir leur présence si l’on doit lutter avec Livre Paris ? »
Tout cela pour un salon parisien « qui est trop cher, où les éditeurs renâclent à venir et qui pourtant s’installe et pose ses valises sans crier gare », déplore Jean-Marie Gourio. « Paris, cette grosse machine qui broie, et finit par s’effondrer… Définitivement, pour nous, c’est une catastrophe. À Talloires, tout le village est impliqué, jusque dans le financement, parce que le CNL ne nous soutient pas — seules la région, la mairie et quelques aides privées nous permettent de mener l’organisation à bien. »
Avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête : comment faire ? Repousser ? Reporter ? « Et s’ils ne parviennent pas à faire l’événement, vont-ils le rebouger ? Quelle avanie pour nous ! »
Certains mâchent moins encore leurs mots : « On s’attendrait à ce que des initiatives fortes soient portées par le Syndicat national de l’édition [coorganisateur de Livre Paris, NDLDR] : là, ils font tout le contraire. Alors oui, on est furax. Obéir et respecter les contraintes qui émanent du gouvernement, c’est une chose : se faire écraser de la sorte par un salon d’ampleur nationale, c’est minable », entend-on dans le sud.
« En fait, c’est irresponsable : tout le secteur est touché, et voilà que Paris, sans se préoccuper des répercussions, annonce des dates dont on se demande même s’ils ont prêté attention aux conséquences qu’elles auront. Ce n’est pas fair-play de priver ainsi des territoires d’opportunités : évidemment, les maisons devront faire des choix. C’était déjà le cas, puisque nous sommes plusieurs à intervenir sur cette période. Simplement là, c’est l’éléphant dans le magasin de porcelaine. »
Plus loin, à Nice, le festival nous indique que « nous ne bougerons pas nos dates. Nice se déroule depuis des années fin mai, rien ne changera ». Acté. Et l'enthousiasme du maire Christian Estrosi pour cette fête ne sera pas terni par les dates parisiennes.
Depuis Marseille, Fabienne Pavia et Nadia Champesme, coorganisatrice de Oh les beaux jours, ne cachent pas leur déception. Ces nouvelles dates de Livre Paris sont clairement problématiques pour le festival. « Nous avons en effet été surprises d'apprendre par la presse ces nouvelles dates. Il semble qu'aucune des manifestations qui se tiennent en région à ces dates n'ait été prévenue et qu'il n'y ait eu aucune concertation initiée par les organisateurs de Livre Paris... »
Néanmoins, Oh les beaux jours ! est un festival littéraire, non un salon du livre. Autrement dit, pas de stands d'éditeurs : seuls les auteurs sont invités et leurs livres vendus par les librairies partenaires. Ainsi, « les auteurs sont là pour des temps longs de rencontres avec le public et pour des formes scéniques enrichies que nous imaginons en lien étroit avec eux ». À cette heure, le programme est « déjà très avancé et aucun auteur n'a pour le moment annulé. Et puis Paris n'est qu'à trois heures de train de Marseille », glissent-elles, sereines.
Est-ce à dire que certains éditeurs ne se rendraient qu'à un des deux événements ? « Le salon du livre de Paris accueille de moins en moins d'éditeurs, du moins parmi ceux qui sont concernés par nos invitations. Et puis rares sont les éditeurs qui restent cinq jours derrière leur stand… », observent-elles.
« Quant aux auteurs, là encore nous sommes confiantes et pensons qu'une invitation à Marseille, aux beaux jours, constitue pour eux un vrai temps de création et de rencontre qui leur fera davantage envie. Nombreux sont les invités qui en profitent pour venir accompagnés et entrecoupent leur participation au festival par un petit plongeon dans la Méditerranée ! »
Surtout, la manifestation phocéenne échange régulièrement avec les organisateurs d'événements qui se tiennent aux mêmes dates – comme les Assises du roman à Lyon. « Nous essayons de mutualiser intelligemment la venue d'auteurs, étrangers notamment. Nous en ferons de même avec les éditeurs. » Mais pour ce qui est des dates, elles ne bougeront pas : « Nous travaillons avec des institutions comme le MUCEM. Nous avons opté pour la fin mai afin de les sanctuariser. »
Du côté de Chambéry, la directrice Olivia Benoît-Bombled grince des dents. « Le festival ne sera pas vraiment mis à mal, parce que nous invitons strictement des primo-romanciers. En revanche, nous comptons toujours sur 7 ou 8 auteurs confirmés qui reviennent pour accompagner les lauréats. Là, ce sera plus délicat. »
Structurellement, la manifestation fait aussi appel à un grand nombre de modérateurs issus de la presse littéraire, « et là, ce sera plus compliqué : certains seront immanquablement sollicités par Livre Paris, ce qui nous rendra la tâche plus ardue ». Pour le reste, les mêmes causes provoquent les mêmes effets, indique-t-elle : « Nous tâchons d’éviter les dates des grands rassemblements, pour garantir l’existence et la visibilité du festival. »
Avec un projet monté sur cinq années, jonglant sur les différents événements de la ville, Chambéry se retrouve contraint. « L’arrivée de Livre Paris fait peur, c’est évident. Avec les autres manifestations présentes sur ce créneau, nous cherchons à collaborer pour simplifier la logistique et les déplacements. C’est clairement du mépris, qui ignore ce qui se passe dans le pays. »
Mais plus gênant, la directrice pointe les difficultés à exister médiatiquement dans la perspective où Livre Paris accaparera toute l’attention. « On se bat déjà pour avoir un minimum de présence, jusque dans la presse nationale : en mai prochain, personne n’existera d’autre que Livre Paris. Même les chaînes régionales focaliseront leur attention sur ce qu'il s’y passe. »
Or, pour un événement dédié aux primo-romanciers, qui ont besoin de cet espace dans les journaux, « l’omniprésence de Livre Paris provoquera un goulot d’étranglement. Faire exister les jeunes auteurs dans la presse fait aussi partie de nos missions, et c’est qui rend des festivals comme le nôtre indispensables ». Rivaliser avec le mastodonte de la Porte de Versailles « ajoute une problématique dont on se serait volontiers passés ».
À 150 km de Verdun, Épinal se souvient bien des enjeux médiatiques : « Quand le centenaire de la Guerre de 14 a réuni tous les chefs d’État, ça a pris de la place dans les journaux, alors que les Imaginales battaient leur plein. Il a fallu composer avec… », note Stéphane Wieser, directeur affaires culturelles de la ville et de la manifestation, consacrée aux littératures de l'imaginaire. « Certainement, les journalistes privilégieront le plus efficace… » Donc le plus gros ?
« Bien sûr, on se pose des questions sur la manière de faire, quand un organisme comme le SNE, impliqué dans la filière, prend ces décisions », reconnaît-il. « Cependant, c’est difficile pour tout le monde : la période nous épuise, chacun essaye d’exister, de faire. Je suppose qu’ils ont leurs obligations – qui n’empêchent pas de prendre des contacts préalables. »
Du reste, le changement de dates ne gênera pas les Imaginales de 2021. « Pour les maisons, l’embarras serait réel : toutes celles de l’imaginaire font leurs plus grosses ventes avec Livre Paris et les Imaginales. Il ne reste que l’ubiquité pour les éditeurs. Quant aux auteurs, on sait qu’il y aura des choix – de même pour les visiteurs qui ne quitteront pas Paris pour nous rejoindre. » Dans une moindre mesure toutefois.
« Nous vivons une telle sidération depuis des mois, entre les annulations en cascade, le confinement, le couvre-feu, les menaces sanitaires : on a avant tout besoin de solidarité, vis-à-vis des libraires et des auteurs. Plutôt que fatalistes, prôner la philosophie. » Épinal, qui pose ses options de dates sur 4 années ne bougera rien : « Ça plongerait tout le monde dans des imbroglios de calendriers, avec plus de prise de tête encore. »
Quant aux circonstances, « elles sont ce qu’elles sont. Livre Paris a mis en place un îlot de l’Imaginaire en 2018, peut-être que nous n’y sommes pas étrangers ? Notre projet s’inscrit sur le long terme et nous accompagnons depuis des années ces littératures de mauvais genres – jusque dans le domaine universitaire. » De la sorte, les relations avec les éditeurs et les auteurs « nous les avons bâties sur autre chose qu’une simple zone de chalandise. À ce titre, Livre Paris représente plus de visiteurs : j’imagine que chacun observera son compte d’exploitation avant de se décider ».
Avec à l’esprit que cette course à l’échalote du salon aux plus gros chiffres possible ne fait plus sens. « On s’en rend bien compte : la crise actuelle nous interroge tous, et le déballage de dizaines de milliers de festivaliers ne fera pas recette à l’époque de la distanciation sociale », ajoute Stéphane Wieser.
« C’est la capacité d’accueillir dans les meilleures conditions qui distinguera – convivialité, chaleur, ambiance… En mai, on peut imaginer que les masques seront toujours là, les gestes barrière encore à respecter. Dans ce contexte, être un gros événement ne représente plus un avantage. » Sauf que le volet économique du salon du livre de Paris est fondamental pour le Syndicat des éditeurs…
À Lyon, doivent enfin se tenir les Assises du roman. Lucie Campos, directrice, et Rozenn Le Bris, directrice adjointe de la Villa Gillet, « s’associent pleinement à cet étonnement, de ne pas avoir été au moins informées en amont, sinon consultées. Comment ne pas envisager une concertation entre les différents acteurs du livre sur nos territoires » ?
Les dates des Assises furent annoncées il y a un an et rappelées voilà trois semaines à la demande du Centre national du livre, qui consulte l’ensemble des événements pour avoir un calendrier.
Et de souligner la richesse hexagonale qui vient de « l’ensemble des propositions littéraires, en regard d’autres pays déficitaires en matière d’événement autour du livre. Époque, Oh les beaux jours ou les Assises, sont autant de rendez-vous qui redessinent les échanges entre territoires et littérature. Et quand on travaille en région, la conquête d’un public est plus complexe ».
La Villa rejoint donc les organisateurs des autres festivals touchés : disposée à échanger avec eux pour faire entendre leur voix, la Villa se veut aussi à l’écoute « des autorités compétentes pour Livre Paris ».
Et d’ajouter : « Nous avons envie de croire que cette coïncidence n’entraînera pas de difficultés, mais restons estomaquées du procédé. Et nos tutelles et financeurs — le président de Région, la Drac, la mairie de Lyon et la Métropole — seront évidemment informés. » Association, la Villa Gillet déplore surtout « cette dichotomie entre les Régions et Paris. Nous interviendrons de concert avec nos confrères pour faire entendre notre étonnement ».
Pour une souris grise qui a longtemps arpenté les allées de la manifestation parisienne, la conclusion s'impose : « Le plus drôle, c’est que ces événements vont avoir lieu quand Livre Paris sera annulé faute d’exposants ! »
L’absence proverbiale du groupe Hachette — dont seules les structures Livre de Poche et Audiolib sont présentes, toutes deux filiales partagées avec Albin Michel —, celle désormais actée ou quasi d’Editis, sont à prendre en compte.
L’épisode de 2019 avait aussi provoqué la colère d’Antoine Gallimard, qui découvrait juste à côté de l’espace Madrigall (Gallimard, Flammarion, Casterman) Amazon en guise de voisin. En réaction, la voilure devait être largement réduite pour 2020 — seules les maisons poche, Folio et J’ai lu étaient prévues —, mais le salon annulé, personne n’en saura rien.
Qu’en penseront Actes Sud, Delcourt, Glénat ou d’autres maisons ? Réponse prochainement…
ActuaLitté apprend également, en dernière minute, qu’un dernier acteur risque de se fâcher tout rouge. Le festival international de la BD d’Angoulême, qui a prévu de se scinder en deux pour 2021 — une première salve du 28 au 31 janvier et une seconde « dans la période printemps-été ». Or, ce sont, semble-t-il, les dates posées par Livre Paris qui devaient être retenues…
Franck Bondoux, directeur de Neuvième Art +, organisateur du Festival International de la BD d'Angoulême, répond aux questions de ActuaLitté sur cette problématique calendaire. « La catastrophe, on y sera si Angoulême et Livre Paris arrivent en frontal l’une de l’autre. »
crédit photo : Incredible Hulk, ErikaWittlieb CC 0
13 Commentaires
Jujube
21/10/2020 à 17:45
Quelle tristesse, tous ces reports et imprévus, ça fait mal et ça vexe. C'est tellement moche de se sentir impuissants et subir telle dépendance. Chacun choisira sa manière personnelle d'encaisser ce malheur. Accepter et conserver patience n'est pas une si mauvaise idée, après tout. Oui, ça énerve, mais cette saloperie de virus finira par crever un jour.
Jean-Pierre Duval
21/10/2020 à 17:46
Quand au CNL c'est pire ! il y a un soutien "covid" automatique (de plusieurs millions d'euros) aux maisons d'éditions françaises... enfin celles qui font plus d'un demi-million de chiffre d'affaires... les autres maisons d'éditions ont droit à zéro euro... c'est pourtant bien les petites et moyennes maisons qui sont souvent les plus créatives... le CNL a fait le choix d'engraisser celles qui publient des livres de recettes au Nutella, etc. Ecœurant !
Gilles kujawski
21/10/2020 à 18:10
La sortie de Covid 1 a apporté la preuve que les libraires d'abord, toute l'économie du livre ensuite, peuvent se passer de "Livre Paris" (que je continuerai mordicus de nommer "le salon du livre de Paris"). Il faut cependant en refonder l'idée : les livres, ce sont aussi des professionnel(le)s qui aiment à se retrouver, échanger, débattre, des publics qui retrouvent ou découvrent les éditeurs et les auteur(e)s et profitent d'une production non-dématérialisée, une ambiance de fête... C'est tout celà qu'un nouveau salon du livre devrait proposer.
Sinon, laissons Amazon se faire le salon du livre seul. Congélation et inhumanité garanties. Ou qu'Amazon convertisse le salon de la porte de Versailles en parking pour ses camions, et en cage géante pour salarié(e)s surexploité(e)s.
Ismaël
21/10/2020 à 20:38
Sans doute, comme dirait Shakespeare, « beaucoup de bruit pour rien »… Livres Paris c’est, en 2019, 160 000 visiteurs sur trois jours. Quelqu’un ici croit vraiment que les mesures sanitaires, en mai, comme en mars, auront disparues ??? Il y a 99Þ probabilités que non… Port du masque, gel hydroalcoolique, mais aussi distanciation, interdiction de restauration debout, etc. et enfin et surtout jauge maximum dans un lieu clos (ce qu’est la Porte de Versailles pour rappel) seront de rigueur. Donc quoi ? Dans le meilleur des cas, ce sera une jauge à 5000 personnes maximum. Cela signifie quoi ? Que Livre Paris devra instaurer des comptages à l’entrée pour s’assurer qu’il n’y ait, à un instant T, pas plus de 5000 personnes dans les lieux… Casse-tête sans nom à organiser (et sans doute cher de surcroît) avec des portiques de comptage, des files d’attente à l’extérieur en maintenant un mètre de distance entre chaque personne, la gestion différenciée des entrées payantes et des gratuites ou sur invitations, etc… Sans compter le manque à gagner évident pour finir, avec beaucoup moins de public et des recettes de ventes encore plus médiocres que d’habitude (puisque chacun sait qu’il est rare que les ventes de Livres Paris puisse couvrir les frais de location de stands pour les éditeurs…), et donc aussi des éditeurs absents et un salon réduit à peau de chagrin (l’espace va déjà en décroissant depuis bien des années). Résumons : contraintes sanitaires, casse-tête logistique, surcoût, manque d’éditeurs exposants, public en berne, ventes médiocres… Livres Paris… je ne vois pas comment il aurait lieu l’an prochain.
N’oublions pas, pas de vaccin avant l’été au mieux, et même si un vaccin existe à cette date, il faudra des mois pour une vaccination suffisante (si tant est que les gens l’acceptent) afin de faire reculer l’épidémie. Or, le problème n’est plus l’épidémie en tant que telle aujourd’hui, mais la saturation des hôpitaux. Le temps que chacun se vaccine, qu’un niveau raisonnable soit atteint dans la population pour éviter cette saturation, les mesures sanitaires auront cours… et impacteront fortement les manifestations de très grande taille (pour exemple, la plupart des grands festivals de musique parlent d’une reprise « à la normale » pas avant 2022 ou 2023).
Small is beautiful : les autres événements, de la Fête du livre de Talloire au Festival du premier roman de Chambéry, en passant par la Villa Gillet ont des jauges beaucoup plus réduites et éventuellement bien plus compatibles avec les mesures sanitaires, sans compter l’éclatement des lieux de rencontres et un rapport de gestion du public beaucoup plus maîtrisé (on est loin des foules s’amassant à l’entrée de Livres Paris et se collant dans les allées du salon le soir de l’inauguration pour ensuite s’engouffrer dans un métro où elles s’agglutineront à nouveau…). Ils ont raison de maintenir leurs dates en l’état. Livres Paris ne leur fera de l’ombre que jusqu’au début de l’année, au pire jusqu’au printemps… ensuite ce sera annulé, mais les événements de province eux, réadaptés pour la plupart, se tiendront.
Editions Evalou
21/10/2020 à 21:36
Zut alors!! :gulp:
Les éditions EVALOU auraient bien pris un stand au salon du livre de Paris 2021, non sans avoir préalablement hypothéqué nos pavillons et voitures personnelles pour financer la location du stand, mais nous avons justement piscine à ces dates là! :)
Du 2O au 23 mars, on ne pourra donc pas être présents!!
Comme c'est ballot... On passe notre tour! :cheese:
Gilles Kujawski
21/10/2020 à 22:17
Issue optimale pour les éditions Evalou, qui leur donnerait accès à un stand au salon du livre et en place stratégique : la prise de contrôle sans délai des groupes Hachette et Editis. Ne resterait qu'à interdire l'accès du salon aux autres éditeurs des deux groupes, et le tour serait joué.
A quand le tour de table ?
Poil à gratter
22/10/2020 à 07:59
C'est bien cette fronde unitaire : je voudrais juste poser une question. Est-ce que tous les auteurs invités sont défrayés et payés pour leur journée de présence ?
crocblanc
22/10/2020 à 09:30
On peut critiquer Livre Paris sur bien des aspects mais là c'est absolument ridicule. "L'évènement parisien n'a clairement pas regardé où il posait ses valises. Ni quand."... Il y a des centaines voir des milliers de salons et autres événements littéraires chaque année en France, quelles qu'aient été les dates retenues par Livre Paris, il y aurait eu des mécontents.
Gilles Kujawski
22/10/2020 à 10:55
L'article de Nicolas Gary me paraissait bien poser le problème, qui n'est pas tant la date retenue que l'absence de concertation du SNE avec les autres salons pour la déterminer, et le soupçon inévitable de centralisme qui en découle.
Et qu'on en finisse avec "Livre Paris", qui est une marque, non une appellation. Il s'agit du salon du livre de Paris.
Bubu
18/03/2021 à 21:31
Je prends le train en retard. Ce qui me permet d'être le premier à annoncer que le salon du livre de Paris est définitivement annulé, la Covid aura eu raison de lui. Justice est faite aux régions. Mais imaginons que Reed n'aurait pas pris cette décision. Que se serait serait-il passé ?Rien. En région on aurait continué à être mécontent et cela n'aurait fait ni chaud ni froid à Reed et ses comparses parisiens de l'écrit. De toute manière c'est toujours comme ça, Paris agit à sa guise ,à tous égards et constamment, sans discontinuer, et les régions sont sagement invitées à faire avec. Pourtant, n'y aurait il pas eu moyen de se révolter contre cette attitude cavalière de Reed ?Bien sûr que oui. Et ce en portant l'affaire devant la justice,de manière collective. Et là c'est Paris qui se serait retrouvé dans l'embarras. Mais voilà, la France des régions a tellement l'habitude d'être tenue en lisière que pareille idée ne lui serait pas venue. Paris adore quand les regions passent sous ses fourches caudines sans moucheter. Tant que la France des régions n'aura aucun amour propre, aucun sens de l'honneur, Paris à souhait et plaisir la piétinera. Il n'y a qu'une seule solution à la triste situation de notre pays. Qu'est elle.?C'est le fédéralisme, cest aussi simple que ça. C'est l'antidote au centralisme, au jacobinisme, au parisianisme, ces cancers qui font tant souffrir la France des régions. Dans une France fédérale, les régions ne financeront plus la culture parisienne,ce qui est là un incommensurable scandale. France des régions, réveille toi, étrille Paris, ce lieu qui pour toi n'a toujours eu que mépris.
Crocblanc
19/03/2021 à 10:53
Attaquer Reed en justice ? Et sur quel fondement je vous prie ?
Gilles Kujawski
19/03/2021 à 12:24
L'annulation du Salon du livre n'est pas une surprise. Mais elle est l'occasion de constater que la formule avait du plomb dans l'aile, entre les désistements de groupes d'édition, l'impossibilité pour la petite et moyenne édition de prendre le relais financier, les stands Amazon, McDo et des émirats arabes sans un livre dedans... Il est temps de refonder, en partant de l'exigence d'un lieu d'échange (et de fête) professionnel et public, de la couverture de toute l'édition, et d'une accessibilité financière. Ce qui pose la question du lieu (la porte de Versailles est-elle indispensable) ou des lieux : c'est le moment d'imaginer un salon du livre par région, qui tiendrait compte des salons existants (Angoulême, Saint-Malo...) et enlèverait à celui de Paris son rang de bibendum - même si on ne peut pas laisser à Francfort ou Londres le monopole du marché. Mais un salon du livre tout entier au service du marché, quelle horreur. Il faut que les livres soient l'affaire de tout le monde !
Serge Le Guilloux
19/03/2021 à 15:23
L'annulation du salon parisien doit être l'occasion pour les manifestations ailleurs en region de fortifier leur présence dans le paysage hexagonal de l'écrit,et ainsi de rendre le rendez-vous parisien de 2022 complètement inutile !Un rêve en Somme, pour celles et ceux qui n'acceptent pas le parisianisme de l'industrie du livre.