Ses livres, vous les trouverez dans tous les greniers des vieilles maisons de France. Chez les bouquinistes, vous dénicherez toujours un vieil exemplaire de la collection Nelson où il fut amplement publié. Si votre grand-mère ou arrière grand-mère est née entre 1890 et 1910, il y a de grandes chances qu'elle ait lu l'un de ses romans.
Le 23/09/2018 à 09:00 par Les ensablés
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23/09/2018 à 09:00
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Ecrivain très connu et apprécié dans la première moitié du vingtième siècle, Henry Bordeaux de l'Académie française disparaît en 1963, à l'âge de 93 ans, oublié après avoir tout connu de la vie littéraire de son temps, et frayé avec nombre d''écrivains qui, eux, n'ont pas été rayés des mémoires. Dreyfusard, mais indulgent avec Pétain, il avait été un court moment sur la liste de proscription du CNE, avant que justice lui soit faite. De Gaulle, d'ailleurs, lui adressera un mot d'estime. Il était temps que Les Ensablés se penche un peu sur ce savoisien, né près de Chambéry d'une famille bourgeoise, monté très tôt à Paris pour y faire son droit, avant de devenir célèbre grâce aux 73 romans (pas moins) qu'il écrivit.
Par Hervé Bel
Lire Henry Bordeaux, c'est se plonger dans un monde aussi éloigné de nous que peut l'être le XVIIIème siècle. Et pourtant "La robe de laine" a été publié en 1910... Quand je dis "éloigné", je ne parle pas tant du style que des personnages et des situations décrites. Très vite, pourtant, le lecteur se laisse prendre à l'intrigue mélancolique, fin de siècle de "La robe de laine", et s'attache aux héros de ce roman, dédié à Pierre Loti, pour lequel Bordeaux éprouvait la plus vive admiration.
L'histoire commence ainsi: "Etonné, ravi, je cherchais des yeux le château de la Belle au bois dormant, quand, au tournant, je l'aperçus entre les arbres, énorme et mystérieux."
L'homme qui écrit ces mots est un touriste visitant la Savoie (Bordeaux y a placé l'action de beaucoup de ses récits).
Ce château se trouve au bout d'un village désert niché au creux d'un vallon cerné de forêts, qui n'est pas sans évoquer le début d'une nouvelle d'Edgar Poe. Le narrateur rencontre un paysan qui lui révèle que le manoir de la Vierge-au-bois appartient à un certain Cernay, homme célèbre dans le microcosme parisien pour avoir été aviateur et mondain.
Comme ceux de Paul Bourget et de Mauriac, les personnages de "La robe de laine" vivent des drames de riches, cela fait rêver.
Raymond Cernay a perdu sa femme trois ans plus tôt. Sa fille Dilette vit au château, dans ce monde éloigné de tout, où il revient de temps en temps. Il ne s'est jamais remis de la perte de sa femme, morte à vingt-cinq ans, et qui dort son sommeil dans le petit cimetière du village.
C'était une femme mutique que le narrateur se souvient d'avoir croisée à Paris, à l'occasion de réceptions mondaines.
Désireux de visiter le château, il se rend chez le régisseur, monsieur Mairieux, homme vieilli et triste, qui, après bien des hésitations, accepte de le mener à travers les pièces désertes. Entre les deux hommes, la sympathie est réciproque. Mairieux apprend au narrateur qu'il était le père de Raymonde, la femme de Cernay. Et il l'emmène voir son portrait.
"Je reconnus sa blondeur, l'épuisement d'un sang que la palette du peintre n'avait pas enrichi. Dans la somptueuse robe de bal qui l'étriquait, elle semblait toute gênée de montrer ses bras, ses épaules minces que l'on devinait froides (...) Les yeux ajoutaient à cette impression de malaise une impression de crainte, presque d'effroi."
Qu'est-il arrivé à l'héroïne de cette histoire tragique?
La deuxième partie du roman nous l'apprend par le biais d'un mémoire écrit par Cernay lui-même.
Intelligent mais superficiel, Cernay s'est épris de la fille de son régisseur, une jeune fille éthérée, qui n'aime que la nature et la solitude. Mondain, capricieux mais persuadé de l'aimer (peut-être tout simplement parce que cela le change de son monde), il décide de l'épouser et fait sa demande. Raymonde aime Cernay et donne son accord après avoir hésité. Elle sait bien qu'ils sont tous les deux différents. Elle est d'un milieu modeste, et surtout a horreur des apparences et des mondanités.
Il faut reconnaître beaucoup de finesse à ce récit qui nous montre comment, peu à peu, Cernay se défait de Raymonde.
Lui est riche, et parce qu'elle est issue d'un milieu modeste, il a confusément le sentiment de lui accorder une faveur (pitié dangereuse?). Il entend qu'elle lui en soit reconnaissante. Elle ne le sera pas, ce qui le chagrine.
Dans l'esprit de Cernay, Raymonde est forcément un peu oie blanche. Il est décidé à lui apprendre la culture qu'il faut savoir pour aller dans le monde. Bien vite il se rend compte qu'elle est déjà très cultivée, plus profondément que lui sans doute. Et cela ne lui plaît pas.
Il l'emmène à Paris, il veut qu'elle en soit une des reines. Il lui achète des tenues somptueuses, alors même qu'il a été séduit au tout début parce qu'elle était simple et portait "une petite robe de laine". Cela ne marche pas, malgré les efforts de Raymonde. Elle ne sait pas y faire, déplaît, et Cernay finit par en avoir un peu honte, et retrouve du plaisir à fréquenter d'autres femmes plus brillantes.
Il la laissera repartir dans son château de Savoie, content de retrouver sa liberté.
Elle en mourra. On ne sait pas trop de quoi, mais l'on comprend que la vie à Paris et l'abandon de son mari ne sont pas étrangers à cette langueur qui la tue à petits feux.
Voilà l'intrigue, plaisante, attendrissante... parfois un peu agaçante. Difficile aujourd'hui de comprendre la piété de Raymonde ; on reste interdit devant son effacement. Mais notre cœur se laisse prendre aux filets de cette jeune personne qui meurt de la brutalité inhérente au monde.
Cernay ne se le pardonnera pas. Il est désespéré, décidé à ne plus jamais se remettre en ménage, persuadé qu'il a aimé vraiment Raymonde. Mais est-ce vrai? N'est-ce pas plutôt la manifestation dissimulée de son remords?
J'imagine les lectrices de 1900 frémir à cette lecture, dans leur salon, l'après-midi, attendant d'autres femmes pour prendre le thé ... Bordeaux les faisait rêver.
Dans "La robe de laine", beaucoup de poncifs, de métaphores faciles, des analyses psychologiques un peu vite expédiées. Assurément... Mais tout le monde n'est pas Mauriac ou Marcel Proust, et cela ne m'empêche pas de goûter à cette histoire comme on le ferait d' une vieille liqueur trouvée dans l'armoire où dormait "La robe de laine".
Hervé BEL, septembre 2018.Hervé Bel.
Par Les ensablés
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Samir Toumi signe avec Amin un roman saisissant, tendu comme une ligne de crête, où la littérature rencontre la paranoïa politique et où la fiction déborde dangereusement sur la vie réelle. Tout commence lors d’une soirée de Nouvel An chez le tapageur Djalil B., « célèbre fêtard, millionnaire et toujours défoncé ».
13/11/2025, 16:37
Chansons pour les ténèbres, d'Imane Humaydane (trad. Marianne Babut) déploie une fresque familiale ample, vibrante, où les voix de plusieurs générations de femmes s’entrelacent pour éclairer les zones les plus secrètes de l’histoire libanaise. Le récit s’ouvre sur une lettre datée du 18 décembre 1982 : l’exil forcé d’une femme qui confie à son amie l’arrachement vécu sous la guerre civile.
13/11/2025, 16:29
Une île à l’envers, Léa Arthemise (Héliotrope). Sur l’île Bourbon devenue La Réunion, un mythe de pirate embrase les imaginaires et fissure les vies : une chasse au trésor lancée en 1730 par La Buse hante Jo et les siens, révélant l’envers d’un territoire tiraillé entre empire colonial et République.
13/11/2025, 09:00
Dans La Montagne Fantôme, de Ronan Hession, traduit de l’anglais (Irlande) par Charles Roux, une montagne surgit du jour au lendemain aux abords d’une ville paisible, bouleversant les vies et révélant la beauté fragile de l’humanité.
13/11/2025, 08:00
François Iᵉʳ appartient à ce petit panthéon de figures qui structurent l'Histoire traditionnelle de la France - aux côtés des Jeanne d’Arc, Louis XIV et autres Napoléon. Quelques mots suffisent à convoquer le roman national : Marignan, Pavie, Blois, Chambord, Fontainebleau… et, bien sûr, Léonard de Vinci serré dans les bras du roi mécène.
12/11/2025, 18:29
Le nouvel opus de Criminal, intitulé Les Acharnés, s’ouvre sur Jacob Kurtz, ancien dessinateur de bande dessinée, qui quitte sa ville natale pour Hollywood. Son œuvre culte, Frank Kafka, le privé, va être adaptée en série télévisée : rêve de reconnaissance ou descente aux enfers ? Dès son arrivée, le vernis des plateaux craque : entre producteurs cyniques et compromis artistiques, Jacob découvre un univers d’illusion où tout se monnaie — les droits d’adaptation comme les âmes.
12/11/2025, 12:25
Naguère, à sa demande à elle, il l’avait guidée au sommet de cette montagne des Alpes. Ensemble, ils avaient cheminé et depuis le haut, ils avaient scruté les paysages, ceux qui s’ouvraient et ceux qui, tapis au-delà des horizons, aiguisaient leur conscience du monde. Et puis elle était repartie dans son pays. Le voici de retour sur ces pentes, seul cette fois.
12/11/2025, 08:00
Sigisbée : chevalier servant d’une dame, choisi par son mari, qui s’engage à l’assister et à l’accompagner en toutes circonstances, palliant ainsi les absences, ou parfois l’indifférence, de celui-ci. La pratique est courante dans l’Italie du XVIIIe siècle.
12/11/2025, 07:00
Dès son arrivée à Parme, un écrivain français qui tente de trouver l’inspiration en Italie, s’installe à la terrasse du mythique Gran Caffè Cavour. Là, un homme à la silhouette étrangement familière lui sourit. Il jurerait que c’est cet écrivain américain flamboyant et sulfureux dont il révère l’œuvre. Le souci, c’est que l’écrivain en question, Nick Tosches, est mort depuis deux ans ! Déstabilisé, le Français cherche à comprendre.
11/11/2025, 09:00
Les Hauts de Hurle-Vent est le chef-d’œuvre unique d’Emily Brontë, romancière et poétesse anglaise née en 1818 et morte en 1848 dans le Yorkshire. Elle y a grandi entourée de paysages sauvages, qui ont profondément marqué son imaginaire et imprégné toute son œuvre. Publié pour la première fois en 1847, ce roman s’impose comme un monument de la littérature romantique et gothique.
11/11/2025, 08:00
C’est la fin de l’année scolaire au lycée Tanmiya de Laâyoune, au cœur de la colonie marocaine du Sahara occidental. En cette fin de juin, Daha et ses camarades de classe, sahraouis comme lui, assistent au dernier cours de l’année. C’est le moment que choisit leur professeur d’histoire, contempteur des revendications d’indépendance sahraouies, pour une ultime humiliation. Pour Maalouma, jeune militante déterminée, cette injure impose un acte de protestation.
11/11/2025, 07:00
Au sujet de Schopenhauer, Nietzsche parlait d’un « discours droit, rude et bienveillant ». Le visage du philosophe ronchon est bien connu, parfois son Art d'avoir toujours raison, ou quelques anecdotes sur son caractère de cochon, mais qui est arrivé au bout de son pavelard, Le Monde comme volonté et comme représentation ?
10/11/2025, 18:12
Positano est un village de pêcheur en Italie où débarque une jeune archéologue nautique qui doit effectuer des recherches sur des épaves de bateaux mystérieusement échoués. Il existe une légende qui raconte que des sorcières de la mer protégeaient le village des attaques de pirates par des incantations qui modifiaient les eaux en créant des tempêtes.
10/11/2025, 11:52
Si vous êtes curieux, ce livre est fait pour vous et comme vous lisez régulièrement nos articles, c’est que vous l’êtes donc, au risque de me répéter, ce livre est fait pour vous. Il est donc primordial de vous l’offrir, ou de vous le faire offrir voire de l’offrir, la période qui arrive est justement propice à cela et ça tombe très bien. Les éditions Armand Colin viennent de publier L’Esprit d’aventure. Explorations et curiosités de l’histoire du monde du géohistorien Christian Grataloup et superbement illustré par Lionel Portier.
10/11/2025, 10:53
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