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Les Ensablés - Le tramway des officiers (1973) de Georges Thinès

Georges Thinès  (1923-2016) est un écrivain belge de langue française né en 1923 à Liège et décédé en 2016 à Court-Saint-Étienne. D’abord attiré par les lettres classiques, il fut étudiant en philosophie et lettres à la Faculté universitaire Saint-Louis de Bruxelles. Après son engagement à la Royal Navy durant la guerre, Georges Thinès renonce à la philologie et s’oriente vers la psychologie. Professeur à l’université de Louvain, il fut un spécialiste de renommée mondiale dans le domaine de l’éthologie animale. Excellent musicien, fondateur de l’orchestre symphonique de Louvain, il fut encore poète, nouvelliste, romancier, dramaturge, essayiste. Par Armel Job

Le 28/05/2023 à 09:00 par Les ensablés

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28/05/2023 à 09:00

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Parcourir toute son œuvre représenterait un travail de bénédictin et réclamerait une abnégation de trappiste, car, il faut bien le dire, la littérature de Georges Thinès est souvent très aride. Sa poésie, en particulier, s’apparente à une toile abstraite, dont on se demande, au moment de l’encadrer, dans quel sens il faut la placer. Je me contenterai donc d’évoquer ici l’œuvre romanesque de Georges Thinès et, plus particulièrement, son roman Le tramway des officiers[1] qui lui valut le prix Rossel en 1973.
 
Le tramway des officiers se passe pendant la Seconde Guerre dans une ville sous occupation allemande. Au début, les personnages principaux, un groupe d’officiers allemands, sont affectés à une banale mission administrative.

Ils se rendent au bureau par le tram de 8h04 sous l’œil des civils, parmi lesquels l’astronome Crespel qui revient de l’Observatoire. À la suite d’une attaque aérienne des Alliés, Crespel, un certain docteur Lefaure et le lieutenant Führmann s’emploient ensemble à secourir une vieille dame. C’est ainsi que Crespel et le docteur Lefaure deviennent des familiers des officiers, au point que le staff s’installe dans la villa du médecin.
 
Bientôt il apparaît que les Allemands s’occupent en fait d’une opération secrète concernant rien moins que l’utilisation de certaines forces de la nature à des fins militaires. Crespel, en tant que scientifique et germanophile, se rallie avec enthousiasme au mystérieux projet, tandis que Lefaure tombe sous le charme d’Hélène, une souris grise chargée du déchiffrement des codes secrets utilisés par les Alliés. Elle devient sa maîtresse.
 
Manifestement les Anglais ont eu vent du projet clandestin. Le groupe, en effet, est visé par des bombardements de la RAF qui mettent systématiquement à côté de la plaque et provoquent d’énormes dégâts latéraux. Qui espionne les Allemands ? Les conjurés n’ont de cesse qu’ils ne dénichent et n’éliminent les informateurs des Anglais. Cette chasse à l’homme et l’avancement du projet secret constituent l’essentiel de l’intrigue. 
 
Avec une telle matière, un romancier moyennement doué pouvait fabriquer un bon roman. Cependant, le lecteur qui s’embarque en compagnie de Georges Thinès constate très rapidement que l’auteur s’emploie bientôt à faire voler en éclat, un à un, tous les repères de l’amateur de littérature romanesque.
 
Commençons par le décor du roman. Le lecteur, tout naturellement, a envie de savoir tout de suite où se passe l’action. En gros, il y a deux possibilités : soit le lieu est réel, soit il est fictif. Comme le tramway débouche dès les premières lignes de l’avenue Houzeau, venant de l’Observatoire, et se dirige vers le boulevard Poincaré, le lecteur bruxellois – ucclois plus précisément – reconnaît illico sa ville et se félicite que l’auteur n’ait pas sacrifié à l’habitude, commune à bien des littérateurs belges, de délocaliser l’action en France, à Paris de préférence.
 
Mais, à peine quelques chapitres plus loin, notre lecteur est obligé de revoir ses positions. Manifestement, le tramway, qui a poursuivi sa route, se retrouve, Dieu sait comment, dans une ville de province française. Comme si Georges Thinès s’amusait de la perplexité qu’il crée chez son lecteur, il prend plaisir à multiplier les noms des localités où le tramway s’est aventuré, qu’il affuble de toponymes de son invention, à consonance provinciale. Il va jusqu’à indiquer la distance kilométrique qui les sépare et se paie les gants au milieu de multiples Mesnil-Boissec, Mormilly et autres Rubenpré d’insérer des villes bien réelles comme Villers-Cotterêts, Varenne ou Béthune.
 
D’emblée, le lecteur est ainsi frustré de son désir le plus spontané : savoir où on se trouve. Il aurait admis sans peine que le roman se déroule uniquement dans des lieux fictifs. Le problème, c’est qu’il a d’abord été déposé à un arrêt de tram qu’il a peut-être fréquenté lui-même, et que brusquement cet arrêt semble s’être transporté dans un lieu qu’il ne connaît pas et qui, manifestement, n’existe même pas. La convention la plus élémentaire entre l’auteur et celui à qui il s’adresse est donc rompue.
 
Le lecteur désarçonné va-t-il pouvoir se raccrocher aux autres usages du roman ?

Par exemple, le temps, le moment de l’action ? Là aussi, Georges Thinès a commencé de façon fort rassurante. À la page 2, il nous dit que nous sommes le 15 septembre 1940 à 8h04 du matin. On ne peut être plus précis, mais c’est trop beau pour être vrai. L’action qui suit dans le roman, en effet, est censée se dérouler sur les quatre longues années qui ont précédé l’arrivée des Alliés, en 1944. Mais il apparaît bientôt que l’auteur a décidé de sauter des étapes, comme s’il trouvait le déroulement de la guerre beaucoup trop lent à son goût. Ainsi, à partir des faits rigoureusement pointés en septembre 1940, il indique au mépris total du calendrier que, onze mois plus tard, on se trouve en septembre 1942. Puis il avance allègrement de quatre mois jusqu’en janvier 1943, et là, surprise, pas question d’attendre plus longtemps, les Alliés sont déjà sur place, plus d’un an à l’avance !
 
Ce n’est pas tout ! Bien qu’il ait commencé le roman comme une relation directe des événements au jour le jour, tout à coup l’auteur abandonne le fil du récit. Il laisse entendre désormais que les faits qu’il rapporte ne sont pas de son cru, mais qu’ils résultent d’une enquête ultérieure qu’il aurait menée dans les années cinquante. Ses investigations l’auraient conduit à un certain Dietrich, lequel aurait suivi l’affaire de loin pendant la guerre. Du style direct on passe donc sans crier gare au style indirect, et d’une sorte de roman d’aventures à une très sérieuse enquête historique.
 
Voilà donc un narrateur bien curieux qui ne nous ménage guère. Mais qui est-il au fait, ce narrateur ? Encore une fois, le roman démarre gentiment, avec le bon vieux système du narrateur impersonnel style « La marquise sortit à cinq heures ». Le conteur semble décidé à rester dans les coulisses. Toutefois, il ne faut pas attendre bien longtemps avant qu’il use tout à coup du « je », comme s’il avait lui-même pris une certaine part aux événements, puis que certains personnages brusquement s’emparent à leur tour du récit, eux aussi à la première personne, le docteur Lefaure le plus souvent, épisodiquement l’astronome Crespel, Hélène çà et là, ensuite un témoin qui guette les mouvements des Allemands à sa fenêtre, un anonyme qui a connu Lefaure à la faculté de médecine, la mère du narrateur intempestivement sur une question d’étiquettes sur les pots de confiture, et Dietrich, que je viens d’évoquer, mobilisé en Allemagne, à travers des lettres, aux trois-quarts présentées avec des blancs résultant de la censure, qu’il adresse à Hélène, dont il a été l’amant autrefois.
 
On aurait pu admettre un chapitre entier à la première personne, une sorte d’alternance dans le procédé narratif, mais le roman peut très bien nous balader de la forme impersonnelle à la prise de parole intempestive de l’auteur ou d’un personnage séance tenante d’un paragraphe à l’autre dans le même passage.
Pour ne rien arranger, l’auteur fait appel quelquefois à un « observateur objectif » qui superviserait l’exposé de l’ensemble des faits. On s’imagine logiquement qu’il s’agit de l’écrivain lui-même quand il s’exprime de façon impersonnelle, mais tout à coup ce mystérieux observateur objectif est interpellé 
par Georges Thinès qui tient à protester qu’il s’en démarque, créant du même coup une mise en abîme du processus impersonnel. Bref, le lecteur qui aime avoir une relation simple et claire avec le narrateur ne sait plus à quel saint se vouer.
 
Au moins pourrait-il espérer retrouver ses marques avec les personnages du roman. Voyons les protagonistes, les officiers allemands, l’auxiliaire Hélène, puis l’astronome Crespel et le docteur Lefaure qui se joignent bientôt à eux.
Les Allemands sont, selon l’expression, « parfaitement corrects ». Ils se font du souci pour les civils, contrairement aux Alliés dont l’aviation rase deux villages par erreur. Jamais, ils ne s’expriment sur le nazisme ni sur l’éthique du conflit.
Ils effectuent leur travail consciencieusement avec une attitude chevaleresque.
Leurs conversations sont aussi sereines et élégantes que celles des officiers britanniques dans Les silences du Colonel Bramble d’André Maurois.
 
Quant à Crespel et Lefaure, ils collaborent sans états d’âme, Crespel parce qu’il est enthousiasmé par les recherches scientifiques des Allemands, Lefaure, qui a perdu sa femme et ses deux enfants, parce qu’il conçoit pour Hélène, qui lui rappelle sa fille, un amour qui frôle l’inceste. Tous les deux sont censés emporter la sympathie du lecteur alors que Berger, le résistant qui les espionne, est présenté comme le dernier des fourbes.
 
Bref, Georges Thinès adopte une perspective diamétralement opposée à celle qu’on attendrait de n’importe quel auteur belge ou français animé d’un minimum de sens national et a fortiori d’un écrivain qui s’est engagé dans la Royal Navy. C’est comme si Roger Nimier, au lieu du Hussard bleu, avait écrit Le Feldwebel bleu.
 
Et à quoi s’occupent-t-ils, nos aimables occupants ? Le lieutenant Führmann et Hélène d’abord s’absorbent dans un fichier de troupes à caserner, puis sont chargés de présenter des excuses à son propriétaire pour un chien abattu par erreur par une patrouille, avant de se consacrer au projet top secret sur l’utilisation stratégique des éléments naturels, à savoir les éclairs et la foudre qu’il s’agit de capter pour – évidemment – foudroyer l’ennemi. Des ronds-de-cuir en passant par la rubrique des chiens écrasés, l’auteur nous emmène ainsi dans une conspiration complètement surréaliste, assortie de considérations pseudoscientifiques dont il balance le vocabulaire ésotérique à la figure du lecteur, qui n’y comprend goutte pour la bonne raison sans doute qu’il n’y a rien à comprendre. 
 
Les officiers, Crespel et le docteur Lefaure sont espionnés par un mystérieux homme en gris qui emprunte le tramway et qui a partie liée avec Berger, le résistant, lequel sera tué à cause d’un courant d’air. Près d’éternuer, en effet, il porte la main à sa poche, geste malencontreusement interprété de travers par un Allemand à la gâchette nerveuse.
 
On apprendra alors que les artisans du projet sur la foudre sont en fait infiltrés par un service rival qui lui-même est peut-être couvert par une instance supérieure. On se retrouve ainsi pris dans une parodie des récits d’espionnage et d’aventures dignes de Black et Mortimer, inspirés par les armes secrètes que les nazis auraient voulu mettre au point, bombe atomique, missiles, U-Boote intercontinentaux. Le projet manifestement loufoque de capter le feu du ciel imaginé par Thinès n’empêche nullement les personnages d’en débattre tout au long des pages avec le plus grand sérieux.
 
C’est d’ailleurs un des aspects les plus remarquables et des plus agréables du roman que l’élégance parfaite de tous les dialogues, quand bien même les personnages échangent sur des sujets creux sinon extravagants. 
 
Notons encore que l’auteur a soin de signaler que les conversations entre Crespel, Lefaure et les Allemands se passent dans la langue des occupants, que les occupés connaissent parfaitement. Du même coup, le lecteur assiste à une suite d’échanges entre beaux esprits dans la langue de Molière, tout en sachant qu’en réalité, si l’on peut dire, les propos étaient tenus en allemand.
Ce décalage crée une incertitude qui traverse tout le roman et qui touche à l’aspect le plus essentiel d’une œuvre littéraire, la langue elle-même. Le minimum minimorum est qu’on sache dans quelle langue on lit. Or le lecteur lit du français dont le narrateur ne cesse de lui rappeler que c’est, en fait, de l’allemand. Ce qu’il lit est donc du faux français ou du faux allemand.
Il y a de quoi y perdre son latin…
 
Son latin, le lecteur ne risque guère de le retrouver dans les multiples digressions du roman. À de nombreuses reprises, Georges Thinès semble abandonner le récit  – il va même jusqu’à s’excuser de son peu d’intérêt ­­– pour se livrer à des considérations d’allure poétique, obscurs souvenirs d’enfance, évocation de parcs, observations sur la dernière maison d’une ville, exposés philosophiques, scientifiques, anecdotes musicales, dont l’irruption ne peut que paraître très obscure au lecteur.
 
Tout porte à croire que Georges Thinès s’est amusé à composer des simulacres de réflexion, des pseudo-spéculations dans le style cérébral cher aux intellectuels français, mais qui n’avaient aucune signification réelle. Ne comptait-il pas que chaque lecteur s’avouerait in petto qu’il n’y comprenait goutte, mais n’oserait pas l’avouer – surtout s’il s’agissait d’un respectable critique littéraire – et ferait semblant d’avoir suivi l’auteur jusque dans les arcanes les plus hermétiques de sa pensée ? 
 
Que Georges Thinès ait usé d’humour à travers tout le roman, qu’il ait recouru au faux sérieux pour traiter de l’imbroglio des relations entre les personnages ou des expériences sur la foudre, c’est, me semble-t-il assez clair. Qu’en outre, il n’ait pas répugné à quelques moqueries, j’en vois la manifestation dans les deux exemples suivants.
 
Au dernier paragraphe du chapitre 24, il se réfère sentencieusement à un vers du poète latin Vulturnius et mentionne – je le cite – « son commentateur le plus autorisé » qui n’a pu se décider sur le sens précis du fragment invoqué. Étant philologue classique et, ayant étudié dans mon cours d’Encyclopédie de la littérature latine jusqu’aux noms d’auteurs dont on n’a pas conservé la moindre ligne, je suis resté le bec dans l’eau devant ce Vulturnius, que Georges Thinès ne présente pas davantage que s’il s’agissait de Virgile ou d’Horace.
 
Vulturnius ? Absolument inconnu au bataillon. Sans l’ouvrage de Valérie Catelain[2] consacré à la poétique de Thinès, je n’aurais pas appris que notre auteur avait lui-même composé des hexamètres dactyliques latins sous le pseudonyme de Vulturnius. On se prend à regretter que Bernard-Henri Lévy, grand lecteur de Jean-Baptiste Botul, n’ait pas eu l’occasion de commenter ce passage du Tramway des officiers, il aurait certainement pu suppléer au « commentateur le plus autorisé » dont Georges Thinès signale l’indécision.
 
Je tire mon second exemple de l’ironie pince-sans-rire de Georges Thinès d’une autre citation, qu’il met en exergue de son roman. Les romanciers aiment apposer une épigraphe sur la première page de leur œuvre. Elle les met illico sous l’égide d’un écrivain prestigieux déniché dans le Dicocitation en ligne, dont ils donnent à croire qu’il est leur lecture favorite. Que fait Georges Thinès ?
Il nous sert une citation, mais cette citation, c’est un extrait d’une lettre d’Hélène, son personnage féminin!
 
Le tramway des officiers est ainsi d’emblée placé sous les auspices goguenards d’une phrase fictive d’un auteur qui n’existe pas. Quant au sens caché sans doute de cette citation d’une platitude totale : «De ces étreintes physiques, il est sorti comme une entente du cœur et de l’esprit », une fois de plus, il nous faudrait un BHL pour nous le dévoiler.
 
La perplexité que cette pensée suscite en nous dès l’ouverture du roman n’a d’égale que celle qui nous restera quand nous le refermerons. Un bon roman, me semble-t-il, c’est un roman qui, d’une manière ou d’une autre, nous a étonnés.
Il nous a tenus en haleine par le sujet, par tel personnage, par telle considération, il a introduit dans notre âme quelque chose de neuf que nous n’oublierons plus.
Les mauvais romans, grâce au ciel, sont ceux dont on ne retient rien. Le problème avec Le Tramway des officiers, c’est qu’il nous aura procuré sans conteste de l’étonnement, mais pas un seul étonnement, comme celui qu’on éprouve à la fin d’un roman policier, quand on découvre qui était le coupable et qu’on remonte le fil de l’histoire pour y retrouver la logique qui nous avait échappé. L’étonnement que Le Tramway provoque n’est pas d’un seul tenant, on l’a compris, c’est un étonnement à fragmentations qui explose dans tous les azimuts du début à la fin. À tout moment du récit, Georges Thinès semble dire à son lecteur : « Ça va ? Tu situes bien ? Tu es confortable là ? » Le lecteur répond : « OK, Georges, pas de problème, tu peux y aller. » Et, juste à ce moment-là, Georges Thinès lui balance un pavé en plein dans la mer de sa tranquillité. 
« Tu te croyais à Bruxelles ? Attention, tu descends à Morlancourt ! 
— Mais Georges, ça n’existe pas Morlancourt !
— Tu es sûr ? C’est à côté de Villers-Cotterêts. Ça existe Villers-Cotterêts, non ? 
— Bon, admettons. Mais, à propos, la date, on est à quelle date, Georges ? Tu m’as bien dit que je devais me transporter douze mois après le 15 septembre 1940 ?
— Euh, oui.
— Alors, comment est-ce qu’on peut se retrouver en 1942 ?
— Demande au narrateur.
— Justement, excuse-moi, mais c’est qui, le narrateur ? Je croyais que c’était toi, puis tu as dit que toi c’est pas toi !
— Ben oui, c’est compliqué. Tout est compliqué, mon brave lecteur, les bons, les méchants, l’allemand, le français, la science, la philosophie. La vie est compliquée.  Essaie de réfléchir à tout ça, si tu peux ! »
 
La vie ? Est-ce que Le Tramway des officiers nous dirait donc quelque chose sur la vie, enfin, la vraie vie, je veux dire ? Ce roman serait-il autre chose que le simple jeu de l’esprit dont il donne l’apparence ?  Sous ses airs dégagés, fantaisistes même, il couverait quelque chose de sérieux ! Dans ce cas, l’incertitude permanente à laquelle Georges Thinès nous confronte, ces bifurcations continuelles, ces digressions inattendues, ce serait la vie, ça ? 
Une espèce de jeu de cartes que l’on rebat en permanence, qui nous oblige à chaque instant à nous débrouiller avec une nouvelle donne ? Notre histoire sortirait d’un réseau inextricable de possibilités incertaines ?
 
Nous, nous pensons que notre vie suit tout simplement les rails de la réalité. Quand nous montons à Houzeau, nous sommes sûrs de descendre à Gare de Linkebeek, et pas à un prétendu Mesnil-Boissec. Et pourtant, Georges Thinès n’a-t-il pas raison ? Songeons à la manière dont nous projetons notre vie à cet instant. Lorsque j’aurai terminé la lecture de cet article, j’enfourche ma bicyclette, je file m’acheter des moules et des frites à emporter Chez Léon, je m’installe devant la télé pour une heure de vraie culture avec une bonne Duvel à portée de main. Voilà l’avenir simple et radieux qui m’attend. Le hic, c’est que, tout à l’heure, peut-être le pneu arrière de mon vélo sera crevé, j’arriverai si tard Chez Léon que ce sera fermé, je devrai me contenter de sardines mais je ne trouverai pas l’ouvre-boîte et, comble de malheur, je constaterai qu’il n’y a plus une seule Duvel au frigo. Devant ce désastre, je me rappellerai sans doute que la vie n’est jamais que le chemin que je me fraie vaille que vaille à travers le réseau des possibles qui s’ouvre en permanence devant moi.
 
Nous croyons trop facilement que notre vie est toute tracée parce que nous n’en considérons que le passé qui a figé une fois pour toutes l’itinéraire hasardeux que nous avons emprunté. Mais la vie, dans le moment où elle se fabrique, est ouverte à tous les possibles. Elle en choisira un seul, sans que cela signifie que les autres n’existaient pas.
 
Le roman, précisément, se saisit de ce vaste champ de possibilités. La fiction consiste à fabriquer ce que la vie aurait pu fabriquer si elle avait choisi d’autres voies. De ce fait, les événements et les personnages fictifs possèdent autant de vérité virtuelle que les événements et les personnages avérés.
 
Je livre cette anecdote de mémoire, l’ayant entendue de la bouche de Pierre Assouline. Maurice Piron, le spécialiste de Simenon[3], et Georges Simenon sont assis dans un café. Piron demande à Simenon : « Finalement, c’est quoi un roman ?
— Tu vois la fille derrière le comptoir, Maurice ? dit Simenon.
— Oui, c’est Ginette, la fille du patron.
— Tu es sûr qu’elle est la fille du patron ? » demande Simenon. Piron ne sait que répondre. « Ben, tu vois, c’est ça, un roman », conclut Simenon.
 
Le génie propre à notre autre Georges, Georges Thinès, est de nous mettre en présence, non pas d’un autre possible de la vie isolé, qui nous fait trop penser à la linéarité du réel basculé dans le passé, mais de nous placer devant la diversité des possibles du réel en cours de réalisation. Le procédé est bien du grand scientifique que fut Georges Thinès, non seulement de l’éthologue qui avait étudié de près l’évolution des êtres vivants dans leur quête infatigable de la meilleure voie à l’adaptation, mais aussi du philosophe, admirateur de Bergson et de sa théorie de l’élan vital, cette force qui crée de façon aléatoire des structures biologiques toujours plus complexes.
 
L’effet le plus certain de la lecture du Tramway des officiers est de nous déstabiliser. Ce n’est pas pour rien sans doute que le tramway menace de dérailler dès la première page et finit par sortir de ses rails au chapitre 63.
Non, la vie ne se déroule pas conformément à l’infaillible annuaire des chemins de fer et des paquebots emporté autour du monde par Phileas Fogg, qui affirme que l’imprévu n’existe pas.
 
Georges Thinès rappelle à son lecteur que ce qui est arrivé n’était qu’une possibilité parmi d’autres. Il nous donne à voir une représentation de la période de la guerre à l’envers de sa représentation commune, parce que cet envers n’est ni plus ni moins significatif que son avers. La fonction essentielle du roman, me semble-t-il, est de présenter une alternative à notre représentation de la vie.
Le roman remet en question les stéréotypes que nous installons dans nos esprits par facilité, parce qu’il n’y a rien que nous aimions autant que le plancher des vaches.
 
Comme le dit Milan Kundera : « Le romancier doit détruire les certitudes. » – « Le romancier est l’explorateur de l’existence. » – « Le romancier doit montrer le monde tel qu’il est : une énigme et un paradoxe. » Ainsi nous voyons que Georges Thinès a accompli de manière exceptionnelle la mission du romancier, celle de nous introduire au mystère de la vie.
 
Armel JOB
 

 
[1] Les références se réfèrent à l’édition des éditions Labor, collection Espace-Nord, 1995
[2] CATELAIN Valérie, Présence au monde, Samsa, 2016
[3] PIRON Maurice, LEMOINE Michel, L’univers de Simenon, Presses de la cité

 
 
 
 

1 Commentaire

 

Joseph

30/05/2023 à 20:24

…fatone an forte…

Le tramway des officiers

Georges Thinès

Paru le 01/06/1995

381 pages

Editions Labor

10,00 €

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Les Ensablés - Sangs (1936) de Louise Hervieu (1878-1954)

La vie de Louise Hervieu (1878-1954) n'a pas été facile. Née hérédosyphilitique (cela existait encore en ce début de Troisième République), elle eut une santé fragile qui la contraignit à un moment de sa vie de se retirer et  ne plus se consacrer qu’à l’art graphique et à l’écriture… Enfin, pas tout à fait. Sensible pour des raisons évidentes aux problèmes de santé, elle milita activement à l’instauration du « carnet de santé » et parvint à ses fins en 1938.
En 1936, elle obtient pour « Sangs » (publié chez Denoël) le prix Femina au 4eme tour, l’histoire d’une enfant à l’hérédité implacable, que l’amour ni la richesse de sa famille ne peuvent guérir, ne peuvent écarter de la malédiction du « mauvais sang »
On n’échappe pas à son malheur.
Par Henri-Jean Coudy

17/03/2024, 09:00

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Les Ensablés - Dubalu de Bernard Waller (1934-2010), par Carl Aderhold

« Ouf,
            La bonne étape, le relais avant de s’élancer vers d’autres lieux, 
            à portée de main, en sortant de chez lui la première maison de la rue Granchois. »
Ainsi débute la grande aventure de Francis Dubalu, représentant de commerce la firme Breganti, qui part pour la première fois démarcher de nouveaux clients en province. 
Ce sont les éditions de La Grange Batelière dont on connaît le riche catalogue, qui ont eu la bonne idée de republier le premier roman de Bernard Waller. 
Initialement paru dans la prestigieuse revue NRF en novembre 1960 avant de connaître, un an plus tard les honneurs de la collection blanche, Dubalu est un texte d’une incroyable modernité, qui n’a pas pris une ride. 

Par Carl Aderhold

03/03/2024, 09:00

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Les Ensablés - Waterloo, Belges ou Français d'Albert du Bois (1872-1940)

Dans cette fiction historique qui prend place durant les Cent-Jours avec comme moment culminant la bataille de Waterloo, un Bruxellois d’origine flamande, Jean Van Cutsem, vit une crise existentielle : alors que le frère de sa fiancée wallonne rejoint Napoléon, il est pour sa part enrôlé dans l’armée hollandaise sous le commandement du Prince d’Orange… Un roman engagé et détonnant, où les questions de l’identité, de la loyauté et du courage s’affrontent avant tout dans le for intérieur d’un jeune soldat jeté malgré lui sur les routes de la guerre.

Par Louis Morès. 

18/02/2024, 09:00

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Les Ensablés - À propos de Claude Dravaine, par François Ouellet

J’ai commenté ici même, précédemment, la biographie de Maria Borrély (1890-1963) publiée par Danièle Henky en 2022 (Maria Borrély. La Vie d’une femme épanouie). Les romans de Borrély, qui s’apparentent à ceux de Giono et de Ramuz, sont à redécouvrir impérativement. Danièle Henky, dont le « sujet de prédilection, c’est le destin des femmes », expliquait-elle récemment, s’intéresse, dans son nouvel ouvrage, à l’écrivaine et journaliste Claude Dravaine (1888-1957). La Livradoise. L’Énigme Claude Dravaine est publié chez Hauteur d’Homme, une maison régionaliste sise dans une commune du Massif central. Par François Ouellet.

04/02/2024, 09:00

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Les Ensablés - Couleurs d'écriture, de Julien Blanc à Raymonde Vincent

Après Romans exhumés (chez EUD, 2014), Littérature précaire (toujours chez EUD, 2016), notre ami et chroniqueur des Ensablés, François Ouellet, publie aujourd’hui, sous sa direction, un nouvel opus dédié à la redécouverte d’auteurs oubliés, vaste domaine, on le sait, qu’une vie ne suffira jamais à explorer totalement. Il s’est entouré pour cela d’éminents spécialistes dont le regretté Bruno Curatolo, savant érudit, par ailleurs un des « redécouvreurs » de Raymond Guérin. Pour nos lecteurs assidus depuis quatorze ans (déjà !), ce livre est indispensable. Par Hervé Bel.

22/01/2024, 12:17

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Les Ensablés - La jeune fille verte de Paul-Jean Toulet (1867-1920)

Chers lecteurs des Ensablés, avec cet article d'Isabelle Luciat, se terminent nos chroniques de l'année 2023, l'occasion pour nous de vous souhaiter une très bonne année 2024 et de vous remercier pour votre fidélité (15 ans déjà). Hervé BEL

 

Récit enlevé d'une éducation sentimentale, La jeune fille verte se déroule dans la station thermale imaginaire de Ribamourt, inspirée de la ville de Salies-de-Béarn. Ce court roman livre également (et ce n'est pas son moindre attrait) une amusante chronique de la vie de province à la Belle Époque qui n'est pas sans rappeler « L'orme du mail » d'Anatole France, quoique sur un mode résolument léger et qui peut parfois tomber dans la facilité. Par Isabelle Luciat.

31/12/2023, 09:00

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Les Ensablés - Soldats bleus, journal intime (1914-1918) de Pierre Loti

A priori, publier le journal intime de Pierre Loti, sur la période couvrant la Première Guerre mondiale relève de la gageure, tant le style et l’œuvre de cet écrivain sont aujourd’hui passés de mode. Sa ferveur patriotique, sa soif d’en découdre avec l’ennemi, qui le pousse, alors qu’il a dépassé l’âge d’être mobilisé, à faire intervenir les plus hautes autorités, pour prendre part malgré tout à la guerre, nous est difficile à comprendre.  par Carl Aderhold  

10/12/2023, 09:08

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Les Ensablés - Ces messieurs du rugby, anthologie littéraire

 Alors que la coupe du monde de rugby vient de s’achever laissant un goût d’amertume aux Français sortis pour un petit point d’écart en quart de finale par les sud-Africains, on peut se consoler avec ces Messieurs du rugby, excellente anthologie littéraire consacrée uniquement à l’ovalie et publiée en poche dans la collection La Petite Vermillon à la Table ronde. Les maux s’envolent, les écrits restent. 

Par Denis Gombert.

26/11/2023, 09:00

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Les Ensablés - Le voleur de Georges Darien, par Marie Coat

Si le nom de Georges Darien (1862-1921) ne vous évoque rien, c’est que vous n’avez lu ni Biribi ni Bas les cœurs ... ni surtout Le voleur, mais peut-être avez-vous vu l’adaptation qu’en fit Louis Malle en 1967 dans son film éponyme ? Ou la bande dessinée de Bernard Seyer en 1986, presque un siècle après la parution, en 1897, du roman d’origine (le premier d’un cycle intitulé Comédie inhumaine qui ne connaîtra qu’un second opus, L’épaulette). Par Marie Coat

12/11/2023, 09:00

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Les Ensablés - Martel en tête, d'André Vers (1924-2002)

André Vers, j’en ai déjà parlé avec émotion il y a quelques années, lors de la réédition chez Finitude de son roman « Misère du matin » (1953) qui relatait, avec drôlerie et mélancolie la vie en usine d’un jeune homme. Cette fois, je reprends la plume pour lui, à l’occasion de la réédition de son deuxième roman « Martel en tête » publié en 1967 aux éditions Edmond Nalis, et que la fidèle maison d'édition Finitude réédite. Dans ses mémoires « C’était quand hier ? » (1990), André Vers raconte toutes les péripéties qui ont accompagné sa parution. Par Hervé BEL.

29/10/2023, 22:17

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Les Ensablés - L'hôtel du Nord d'Eugène Dabit, “triste, poignant et beau”

Publié en 1929, L’Hôtel du Nord est le premier roman d'Eugène Dabit ((1898-1936voir ici et ici). Ce roman connut un succès inégalé dans la courte carrière de l'auteur, disparu brutalement en 1936 alors qu'avec un groupe d'écrivain français, il accompagnait André Gide dans un voyage en URSS. Issu d'un milieu modeste, marqué comme tous les jeunes gens de sa génération par la guerre de 1914, Eugène Dabit a fréquenté les milieux artistiques après la guerre et a gravi l'échelle sociale, sans jamais renier ses origines. Par Isabelle Luciat

15/10/2023, 09:00

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Les Ensablés - Le Ciel de Nieflheim de Jacques Chardonne

Jacques Chardonne (1884-1968), le « romancier du couple », de Destinées sentimentales et de Romanesques, dont Gallimard a édité récemment la correspondance en trois volumes avec Paul Morand, a encore des lecteurs fidèles et convaincus — j’en connais quelques-uns. Ce n’est donc pas tout à fait d’un écrivain ensablé qu’il sera ici question, mais d’un livre que presque personne n’a lu, puisqu’il s’agit d’un ouvrage, écrit en 1943, qui était prêt pour l’impression, mais que Chardonne renonça à publier: Le Ciel de Nieflheim. Pour ses amis, Chardonne avait néanmoins procédé à un faible tirage privé ; on en trouve parfois un exemplaire en vente à fort prix en ligne.  Par François Ouellet

24/09/2023, 12:11

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Les Ensablés - Oeuvres de Hugues Rebell (1867-1905)

Avec une préface documentée de Nicolas d’Estienne d’Orves (notamment romancier « Prix Roger Nimier » et spécialiste de Rebatet), la collection « Bouquins » a publié récemment un recueil des œuvres principales de Hugues Rebell dont seuls les gens de mon âge rappelleront qu’elles furent rééditées dans les années 80 par Hubert Juin, dans la collection 10/18, avec d’autres auteurs « fin de siècle ». Par Hervé Bel.

11/09/2023, 11:55

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Les Ensablés - Le meneur de Loup (1857) d'Alexandre Dumas (1802-1870)

Dumas ? c’est Gaston Pescou, signant Peskow ou Peskov, mais aussi G. de Morlon, baron de Cherville, qui est en réalité –pour les trois-quarts- l’auteur caché de ce roman. Il est dans sa spécialité : le roman de chasse. Qu’on en juge par quelques titres tirés de sa bibliographie : Les Aventures d'un chien de chasse, Histoire d'un trop bon chien, Contes de chasse et de pêche, Contes d'un coureur des bois, Montcharmont le braconnier, Le Gibier plume et la même année Le Gibier poil, sa science s’étendant même aux sauvages horizons de l’Afrique et de l’Asie avec Les Éléphants, état sauvage, domestication.

Par Antoine Cardinale

27/08/2023, 09:00

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Les Ensablés - Les Étangs de la Double, de Geneviève Fauconnier

En 1995, les éditions Le Croît vif, à Royan (Charente Maritime), rééditaient trois romans de Geneviève Fauconnier (1886-1969) : Les Trois Petits Enfants bleus (1927), Claude (1933) et Les Étangs de la Double (1935). La même année, Omnibus reprenait Pastorale (1942), intégrant cet autre roman de la même auteure dans Gens de Charente et de Poitou, au sommaire duquel figurent aussi des romans de Jean-Richard Bloch, Pierre Véry, Ernest Pérochon, André Theuriet et Pierre Loti. En outre, Les Étangs de la Double reparaissait en 2020 aux éditions La Geste, à Niort, en Nouvelle-Aquitaine. Par François Ouellet.

13/08/2023, 11:19

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Les Ensablés - Le fer rouge de Paul-André Lesort, ou l'emprise

Paul-André Lesort (1915-1997) aurait pu intituler son cinquième roman L’emprise, mais il a choisi un titre plus incisif : Le fer rouge. Paru en 1957, l’ouvrage de ce romancier étiqueté « grand écrivain catholique » choqua autant les lecteurs que la critique, à quelques rares exceptions près comme Jean Cayrol (« Ce n’est pas un spectacle auquel il nous convie,...mais une quête, une aventure avec « risques et périls»... Son honneur est de déranger et de se déranger...Beaucoup n’ont pas compris la route surprenante qu’il put choisir sans avertissement »). Par Marie Coat.

30/07/2023, 10:05

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Les Ensablés - Petit Louis, d'Eugène Dabit

Chers amis des Ensablés, notre site accueille aujourd'hui une nouvelle contributrice, Isabelle Luciat, à qui nous souhaitons la bienvenue au sein de notre équipe. Pour son premier article, elle a choisi "Petit Louis" deuxième roman d'Eugène Dabit, qui avait rencontré le succès avec L'Hôtel du Nord, paru en 1929. Hervé BEL.

16/07/2023, 09:00

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Les Ensablés – Des hommes passèrent…, de Marcelle Capy

Pendant la première moitié du XXe siècle, de nombreux romans « champêtres » ont été publiés, et les Ensablés n’ont pas manqué d’en chroniquer. Parmi ceux qui nous ont particulièrement marqués, rappelons l’admirable Campagne (prix Femina 1937) de Raymonde Vincent que les éditions Le passeur viennent de rééditer et La vie d’un simple, d’Émile Guillaumin. Il me faut en ajouter un autre, récemment paru chez La Thébaïde d’une romancière complètement oubliée, Marcelle Capy. Par Hervé BEL

02/07/2023, 12:20

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Les Ensablés - Cinis in cinerem, de Régis Messac (1893-1945)

Les Éditions de La Grange Batelière achève par Cinis in cinerem (allusion à la Genèse « tu es poussière et tu retourneras à la poussière), la publication des quatre romans policiers de Régis Messac, auteur que nos amis des Ensablés commencent à connaître (Quinzinzinzilli, Le mystère de Monsieur Ernest). A mon goût, c’est le roman plus étonnant, le plus attachant aussi, car il s’y mêle le gothique, le fantastique, la psychanalyse et le scientisme du XIXème siècle, dans une ambiance mystérieuse : plaisir assuré pour tous ceux qui ont aimé Gaston Leroux, Maurice Leblanc, Stevenson, Edgar Poe, et j’en passe. Par Hervé Bel

11/06/2023, 09:00

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Les Ensablés - Les aiguilles à tricoter de Denis Belloc, le bas bruit de la violence

Décédé en 2013 à l’âge de 64 ans, Denis Belloc ( (1949-2013) a marqué d’une empreinte noire la littérature française. Son œuvre, une dizaine de romans parus, s’abreuve au sirop de la rue. Mais ce liquide est violent et amer. C’est l’univers de la toxicomanie dans Képas (Lieu commun, 1989) ou de la prostitution dans Suzanne (Lieu commun 1988) qui forme le décor des romans de Belloc dont l’entière matière est autobiographique. Par Denis Gombert.

14/05/2023, 09:00

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Les Ensablés - Heureux les pacifiques de Raymond Abellio (1907-1986)

En janvier 1947, les éditions du Portulan publièrent un épais volume au titre biblique, « Heureux les pacifiques », que la critique accueillit avec force éloges, n’hésitant pas à parler de «roman fracassant et excitant » (Pierre de Boisdeffre), de « roman d’une génération » (Maurice Nadeau), tous se montrant impressionnés par  la justesse d’un tableau riche et complexe d’une époque charnière (1934-1945): ainsi Pierre Descaves, selon lequel ce roman est « sans aucun doute, le document le plus important, le plus impressionnant qui nous ait été donné depuis quinze ans, sur l’état d’une jeunesse que guettait le conflit de 1939-1940 et les années, noires et rouges, des refus ou des abandons ». Par Marie Coat

30/04/2023, 16:45

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Les Ensablés - Le renard à l'anneau d'or, de Nelly Kristink    

Mariève a vingt-trois ans lorsqu’elle épouse Gilles, de dix ans son aîné. Ce mariage la conduit à s’installer chez lui, dans un domaine forestier des Hautes Fagnes, à l’est de la Belgique. Le manoir du Rondbuisson, situé à l’orée du bois, est la résidence de quelques personnages rustiques et gentiment intrigants. Tout semble en place pour assurer le confort de Mariève, dans un cocon où l’on ressent plus qu’ailleurs le rythme envoûtant des saisons. Mais pourquoi n’y semble-t-elle pas heureuse ? C’est l’histoire de la lente dégradation d’un amour s’abîmant au grattage de l’écorce. Par Louis Morès. 

10/04/2023, 09:47

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Les Ensablés - Jeunes femmes en uniforme, de Terreska Torrès

« Elles sont les premières. Cinq filles. Jeunes, timides, heureuses, excités, cœurs battants et prêtes à mourir pour la France. » Nous sommes en 1940. La France vient de perdre la guerre. À Londres, la France libre sous l’impulsion du général de Gaulle fait ses premiers pas. Pour la première fois, les femmes prennent part au conflit sous l’uniforme français. Un Corps féminin de Volontaires de la France libre est créé, dans lequel s’enrôlent les héroïnes de ce roman, ainsi que son autrice, Tereska Torrès. Par Carl Aderhold.

26/03/2023, 17:17

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Les Ensablés - Kikou Yamata (1897-1975), la Japolyonnaise

Qui se souvient aujourd’hui de Kikou Yamata, une écrivaine née à Lyon en 1897 d’un père japonais et d’une mère française et décédée en 1975 à Genève ? Étonnante et attachante figure, auteure d’une œuvre importante. Par François Ouellet

12/03/2023, 10:00

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Les Ensablés - Génération hussards, de Marc Dambre

En septembre 2022, Marc Dambre, spécialiste de Roger Nimier, a publié chez Perrin une somme passionnante (je pèse mes mots) intitulée Génération hussards, en référence à une mouvance littéraire des années 50. L’occasion d’aborder avec lui non seulement la vie et la production littéraire des « hussards » les plus connus, mais aussi d’en (re)découvrir d’autres, dont Stephen Hecquet, objet d’un récent article des Ensablés, et de revisiter trente années de vie culturelle française. Par Hervé Bel

20/02/2023, 09:56

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26 femmes qui ont changé la donne

26 femmes se racontent librement. Dynamisme, ténacité, compétence, créativité sont leur marque de fabrique. Une écriture agile à savourer pour découvrir l’universalité de la vie de ces 26 femmes. Un kaléidoscope coloré, teinté de sociologie, qui se lit comme un roman. Diversité culturelle, énergie, passion, expertise… un véritable cocktail littéraire !

07/09/2024, 08:00

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Comme une envie de prolonger les vacances, pour les lecteurs

Dix mille exemplaires de différence entre le livre de Freida McFadden, numéro 1 des ventes de la semaine avec La femme de ménage (trad. Karine Forestier, J'ai lu) et le 10e : Tillie Cole, Mille baisers pour un garçon tome 2 : Mille morceaux de coeur brisé (trad. Charlotte Faraday, Hachette roman). Cette 35e semaine (26/08 au 1er/09) réserve cependant quelques étonnements.

06/09/2024, 11:17

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Le Tour de France : une longue histoire qui s’écrit en livres

Alors que l’été sportif s’achève bientôt, il est sans doute temps de revenir sur la légende que constitue la Grande boucle, une compétition mythique qui a déjà, derrière elle, une très longue histoire.

06/09/2024, 11:08

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Blablabla... La nouvelle langue de Charlie

#RomanMilan — Charlie se retrouve soudain dotée d’un superpouvoir qu’elle ne maîtrise pas, mais alors pas du tout : elle se met à parler un langage incompréhensible ! Reste à découvrir pourquoi...  Un livre qui inaugure la nouvelle collection Roman Milan 7+.

05/09/2024, 17:11

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Les Mouettes de Thomas Cantaloube, spin-off du Bureau Des Légendes

Les éditions Fleuve noir ont eu l'excellente idée de lancer une série livresque dérivée de la désormais mythique série Le Bureau des Légendes. Un spin off, comme on dit pour faire genre : de quoi ravir les nombreux fans de la série tv. Et pour ce premier épisode intitulé Les mouettes, la réalisation a été confiée au journaliste-écrivain Thomas Cantaloube, un reporter de guerre qui connait bien les Balkans et le Sahel et que l'on connait déjà pour ses thrillers géopolitiques comme Requiem pour une République ou encore Frakas.

05/09/2024, 16:11