Qu’ont en commun Madrid et Berlin ? A part être deux villes capitales, les ressemblances ne sautent pas aux yeux du premier touriste venu. Pourtant, voici une idée originale de parcours à travers l'Europe : passer de la fraîcheur berlinoise à la chaleur madrilène, d'une bière rafraichissante à la douceur des tapas dans des soirées chaudes qui s'éternisent à la terrasse des cafés.
Le 03/05/2024 à 16:17 par Victor De Sepausy
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Publié le :
03/05/2024 à 16:17
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Quand on associe Berlin et Madrid, cela évoque pour certains un match de football, la dernière confrontation entre les deux villes ayant eu lieu en décembre 2023, avec une rencontre entre l’Union Berlin et le Real Madrid qui s’est terminée par une victoire des Espagnols, grâce à un club qui fait rayonner la ville à travers toute l’Europe et même au-delà.
Mais, en littérature, que donnerait une mise en perspective des deux villes ? Le contraste semble d’emblée saisissant. On ne peut pas dire que les deux villes aient connu le même destin littéraire que Paris qui, grâce aux écrivains du XIXème siècle, continue d’attirer un grand nombre de visiteurs qui aiment à marcher dans les pas de leurs héros favoris et de leurs écrivains de cœur (de Balzac à Baudelaire, en passant par Zola et Victor Hugo).
Berlin, une ville marquée par l’histoire tourmentée du XXème siècle
On ne peut pas penser Berlin hors du cadre historique. Cette ville a profondément été marquée par les conflits qui se sont déroulés tout au long du XXème siècle, au point que la ville fut scindée en deux durant toute la période de la Guerre froide (1948-1989). Mais, avant cet épisode, on peut déjà penser à l’écrivain Alfred Döblin. S’il est né dans l’actuelle Pologne, en 1878, il a passé une grande partie de sa vie à Berlin, une ville que l’on peut apprendre à connaître avec bonjourberlin.fr et toutes les découvertes que cette interface propose. Avec le roman Berlin Alexanderplatz, on se retrouve plongé dans les bas-fonds des années 20 dans une Allemagne en crise.
L’ouvrage, publié en 1929, a connu un important succès, mais il n’a pas protégé son auteur, juif, qui a dû quitter l’Allemagne, d’abord pour la France, puis pour les États-Unis. Dans Berlin Alexanderplatz, nous suivons les aventures de Franz Biberkopf, petit délinquant sortant de prison, mais n’arrivant pas à sortir du milieu de la pègre. Ce roman donne lieu à d’importantes descriptions des milieux très populaires du Berlin des années 20.
Entre prostitution et cambriolage, le quotidien de Franz Biberkopf n’est guère reluisant. Cependant, après avoir connu la perte de Mieze, une jeune femme à qui il s’était lié et qui se prostituait pour lui, Franz, après un passage par la case prison, finira par connaître une certaine rédemption. Bien sûr, un tel récit ne laissa pas de marbre le pouvoir nazi et l’ouvrage fut victime des autodafés dès 1933. Berlin Alexanderplatz, qui reste un des livres allemands les plus célèbres, a fait l’objet d’une nouvelle adaptation au cinéma en 2020, avec à la réalisation Burhan Qurbani, avec un scénario de Martin Behnke.
Madrid, la ville de la Movida
La capitale espagnole reste encore aujourd’hui rattachée à la naissance du mouvement de la Movida. On parle même de Movida madrileña. Avec la fin du régime franquiste, le début des années 80 voit un désir de mouvement dans la jeunesse madrilène qui se retrouve dans tous les domaines artistiques et, très concrètement, dans les rues de la ville. Madrid devient alors « Madrid nunca duerme ». C’est au sein du quartier de Malasaña que naît ce mouvement. On peut découvrir la ville avec bonjourmadrid.fr et voir toutes les richesses qu’elle possède aujourd’hui. Si Madrid donne le ton de la Movido, très vite, d’autres villes espagnoles vont s’inscrire dans cette tendance, de Barcelone à Bilbao, en passant par Vigo.
Les romans d’Eduardo Mendicutti sont profondément ancrés dans le contexte historique et culturel de la Movida. Ils se déroulent dans les années 1980, une période de transition et de renouveau en Espagne, et capturent l'esprit de liberté et d'expérimentation qui caractérisait cette époque. Les personnages des romans sont des jeunes adultes qui profitent de la nouvelle liberté pour explorer leur sexualité, leur identité et leurs limites, souvent dans le contexte de la scène nocturne madrilène.
Regards sur la Movida
A travers les œuvres d’Eduardo Mendicutti, se reflètent ainsi la diversité et l'inclusivité de la Movida. Les personnages sont issus de différents milieux et ont des orientations sexuelles différentes, ce qui reflète la nature inclusive et ouverte de la Movida. Mendicutti lui-même étant un journaliste homosexuel, ses romans offrent une perspective particulière sur la Movida, explorant les défis et les opportunités auxquels étaient confrontées les personnes LGBT pendant cette période. On peut penser à Une sale nuit (Una mala noche la tiene cualquiera) publié en 1982, ou encore aux Amants bulgares (Los novios bulgaros) de 1993.
Dans un principe plus universitaire, on pourra se tourner vers La movida : Au nom du père, des fils et du todo vale (2012, 368 pages, Le mot et le reste) de Magali Dumousseau-Lesquer, avec une préface d’Agatha Ruiz de la Prada. Spécialiste de la contre-culture espagnole, cette universitaire nous entraîne à la redécouverte d’un mouvement qui a profondément marqué l’histoire espagnole moderne. Ne passez pas à côté, non plus, du dernier ouvrage de Mark Greene, Réel Madrid, couronné par le prix Jean Freustié 2024. C'est, là aussi, une belle plongée dans cette époque tourmentée et mouvementée.
Un passage par le cinéma
Avant de partir à la découverte de Berlin et Madrid, deux films sont à voir, bien évidemment. Good Bye, Lenin !, bien sûr pour la ville allemande, avec un réalisation signée Wolfgang Becher. Sorti en 2003, ce long-métrage offre une perspective unique sur la réunification de l'Allemagne et sur les changements qui ont eu lieu à Berlin pendant cette période.
Côté espagnol, c’est sans contestation possible La communidad qu’il faut voir. Sorti en France en 2000 sous le titre Mes chers voisins, ce film, réalisé par Alex de la Iglesia, nous entraîne dans les pas d’une certaine Julia, une agente immobilière qui découvre une grosse somme d'argent cachée dans l'appartement d'une femme récemment décédée. Lorsqu'elle décide de garder l'argent pour elle, elle se retrouve poursuivie par les autres résidents de l'immeuble, qui sont prêts à tout pour mettre la main sur le butin.
Le film offre une exploration captivante de la vie dans un immeuble madrilène, montrant les tensions et les conflits qui peuvent survenir lorsque des personnes de différents milieux vivent ensemble. Il capture également l'esprit de Madrid, une ville dynamique et diverse, où les traditions et les valeurs anciennes coexistent avec la modernité et le changement.
Crédits illustration Pexels CC 0
Par Victor De Sepausy
Contact : vds@actualitte.com
1 Commentaire
Une lectrice
03/05/2024 à 17:01
Chouette article ! Merci.
A poursuivre pour d'autres villes ?
Mes suggestions : Lisbonne, Venise, Istanbul, Le Caire et Londres ...