C’est un grand rendez-vous qui est donné, ce 20 mars à 14 h, et devant l’un des bâtiments les plus emblématiques peut-être, le Panthéon. Pourquoi cette manifestation ? Eh bien, les attaques perpétrées contre la langue française que dénonce le Haut Conseil international de la Langue française et de la Francophonie. Interpellant les gouvernements, l'organisation appelle à « proclamer leur rejet de l’arrachage de la langue française et réclamer un sursaut civilisationnel urgent ».
Le 14/03/2022 à 00:29 par Clément Solym
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14/03/2022 à 00:29
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Les faits pointés ne sont pas des moindres : « Une oligarchie mondialiste apatride [est accusée] d’imposer son hégémonie en épandant partout un anglo-américain sommaire et déculturant. » La Cour de justice de l’Union se voit mise en cause pour déni de justice ayant « favorisé, par sa jurisprudence, le remplacement de notre langue et de notre droit écrit, hérité du droit romain, par le droit coutumier anglo-saxon ».
Mais plus encore, les gouvernements des pays francophones ignoreraient « sciemment leurs législations linguistiques (constitution française, loi Toubon, loi 101 au Québec, etc.) » et laisseraient « pervertir leurs administrations et l’enseignement scolaire et universitaire par une novlangue américaine de déconstruction ».
En parallèle, des juridictions administratives françaises se rendraient coupables « de forfaiture pour avoir confirmé des décisions illégales de ministères et d’universités, se rendant ainsi complices du remplacement du droit français par une “common law” de fait ».
Enfin, et non des moindres, le Président de la République française « qui, bien qu’ayant fort opportunément adopté notre projet de Villers-Cotterêts, s’exprime à l’étranger en anglais, organise, en France, des rencontres internationales en anglais ». De plus, il « a laissé un ministre appliquer l’instruction européenne sur les nouvelles cartes nationales d’identité en ne traduisant la nôtre qu’en anglais, contrairement à plusieurs voisins, (Allemands, Autrichiens... : traduction en anglais et en français) ».
Ainsi, le Haut Conseil encourage l’Académie française qui veut saisir le Conseil d’État pour faire appliquer la loi.
En parallèle, est communiqué une tribune de Jean-Louis Chédin, administrateur de ALF (Avenir de la langue française), appel solennel à l’organisation, dans un deuxième temps, d’États généraux de la langue française. Tremblons...
Appel des associations de défense de la langue française et de la francophonie
Menacée de perdition, la langue française ? Il faudrait être aveugle pour ne pas au moins se poser la question, avant qu'il ne soit trop tard. Les associations œuvrant pour l'avenir du français, Cassandres malgré elles, ne cessent d'alerter : se vérifie chaque jour, avec une rapidité effrayante, le constat que Michel Serres en 1993, résumait en ces termes : « Dans le milieu des décideurs, ceux-ci sont en train d'éradiquer la langue française. Que ce soit dans la finance, la science, le commerce, la publicité (…), ce consentement commence vraiment à ressembler à une collaboration, et la défense de la langue française à une résistance. »
À cela, il faut ajouter l'invasion de l'anglais (ou du "globish", son ersatz), dans l'enseignement à tous les étages, dans les médias… Excusez du peu ! On nous répond qu'un tel "consentement" n'est pas propre à la France, qu'il faut une langue d'échange commune, si médiocre que soit le "globish" anglo-saxon jouant sur quelques centaines de mots ou expressions utiles, et des schémas de communication uniformes. Or, ceci n'efface pas la responsabilité particulière qui incombe à la langue universaliste par excellence qu'est le français.
Un abandon progressif, s'il se poursuit, a ou aura un coût qui est immense à long terme. C'est une chose de s'ouvrir et de se mettre à l'épreuve, vivifiante, féconde, de l'autre langue et d'une autre culture avec elle ; c'en est une autre que de se mettre à leur remorque sans en maîtriser la source ni l'autonomie créatrice… On ne pense bien (de façon originale, créative) que dans sa propre langue ; non en se pliant à un moule uniforme, à un plus petit dénominateur commun qui condamne au suivisme, et pas seulement au plan des mots, mais de toute une façon de juger et de penser. Il n'y a pas de compartiments étanches.
Au pays de Pasteur et de bien des prix Nobel, il n'y a plus de grande revue scientifique de référence en français (comme si une revue publiant des recherches novatrices n'allait pas trouver son public sous prétexte qu'elle est en français). L'on n'a pas vu non plus sortir le vaccin qu'on attendait aujourd'hui, contrairement à l'époque qui a connu le B.C.G. ou telle découverte majeure concernant le Sida. Aucun rapport, dites-vous ? Il faudrait y voir de plus près.
Tout un processus de soumission volontaire (ou involontaire ?) est bien avancé à tous le étages de l'édifice social dont la langue, qu'on le veuille ou non, est le premier ciment. De l'école primaire (ou même maternelle) à l'enseignement supérieur dans les sciences d'abord (grâce à la loi Fioraso) et dans l'économie grâce aux écoles de commerce, l'invasion du globish devient la norme.
À l'école primaire, de jeunes élèves, qui parfois entendent peu parler français à la maison et qui auraient tant besoin de "français renforcé", doivent ingurgiter un petit vademecum d'anglais, qui les perturbe plus qu'il ne les instruit. Dans les médias, entre mille exemples, on aurait honte d'écrire : accord, non accord, au lieu de deal ou no deal, au sujet du Brexit. La banque postale a créé "Ma french bank" ! « On se demande parfois, nous dit un adhérent suisse, comment un tel géant culturel a pu tomber aussi bas ! »
Faute de toute réactivité, d'initiatives, de courage élémentaire, le français qui était prévalant il y a peu dans les institutions européennes est en voie d'extinction au profit de l'anglais (alors que le Royaume-Uni a quitté l'Union au début de 2020) avec le consentement tacite de nos représentants comme de nos gouvernants (car qui ne dit mot consent).
C'est en violation ouverte et tranquille, aussi bien des traités que du pluralisme consubstantiel à l'Union européenne. Un député peut être rappelé à l'ordre par le président de séance, s'il ne s'exprime pas en anglais : d'autant plus scandaleux que les moyens de traduction automatique ont fait de considérables progrès. Plusieurs associations ont d'ailleurs introduit un recours auprès de la Cour de Justice européenne, avec la conviction que l'Europe ne peut continuer à se développer sur les décombres de nos langues.
Paradoxalement, une telle évolution contraste avec le fait que la pratique du français, la francophonie, font preuve de vitalité au plan international. Sans parler de l'Afrique (Kinshasa a dépassé Paris comme la plus grande ville francophone) ; on apprend le français en Chine, en Amérique du Sud, on le défend au Québec.
L'Afrique de l'Ouest francophone est actuellement la plus dynamique au plan économique : l'usage commun du français n'y est pas pour rien. Mais pour combien de temps, si dans une ou deux générations la chute du français se poursuit ici ? Des pays africains (qui ont plus fait pour la francophonie que la France coloniale) commencent à s'interroger sur l'intérêt de maintenir le français dans son statut actuel, surtout dans l'enseignement. Notre réseau remarquable d'"Alliances françaises" est en voie de déconstruction, malgré la demande !
Devant la résignation ou le consentement des autorités publiques comme d'une certaine "élite", au déclin programmé du français, devant l'apathie relative d'une société civile conditionnée en permanence au tout-anglais, il s'agit malgré tout de réagir pour empêcher l'enlisement. Et au point où en sont les choses, nous pensons que des "États généraux de la langue française" doivent être organisés le plus vite qu'il se peut. Ce qui mettrait au centre d'intérêt une problématique concernant tout le monde, d'une façon ou d'une autre.
Cela n'implique pas seulement la France, mais l'ensemble francophone : ce seraient nécessairement des États généraux de dimension internationale, touchant à la communication, à l'enseignement, à la diplomatie comme au commerce. L'on pourrait en attendre une puissante contribution au bénéfice non seulement de la langue française, mais d'un pluralisme de l'esprit et de la culture dont a besoin notre monde mondialisé. Quant à la langue française, elle ne peut plus attendre.
À tous ceux que cette cause, qui est aussi celle de l'esprit, préoccupe sérieusement, nous demandons de réagir et de s'engager. Pour les associations participantes et le Haut Conseil de la Langue française et de la Francophonie : Jean-Louis Chédin.
Associations signataires :
Avenir de la Langue française (ALF) : Catherine Distinguin, présidente ;
C.O.U.R.RI.E.L. : Georges Gastaud, président ;
Défense de la Langue française (DLF), Marceau Déchamps, secrétaire général.
Haut Conseil ICLFF : Albert Salon, ancien ambassadeur, secrétaire général, prt d’honneur d’ALF ;
Île-de-France-Québec : Serge Dubief, président ;
Institut Culture, Économie et Géopolitique (ICEG) : Yves Montenay, président ;
Paris-Québec : Bernard Émont, ancien haut fonctionnaire européen, président.
Crédits photo : Mikael Seegen/Unsplash
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Jean
15/03/2022 à 07:49
Le phénomène est de plus en plus violent. Il est normal qu'en réaction, ceux qui détiennent le magistère de la parole soient mis en cause. Par projet, par volonté d'être acceptés par les pseudo-élites, pour se donner un faux air de compétence, par ignorance, par soumission, par aliénation, en un mot, ces détenteurs d'un pouvoir sur les foules contribuent chaque jour à la création d'un modèle social discriminant : une élite anglophone écrasant les bouseux francophones. Un jour, on nous dira, comme aux Québécois, naguère, « Speak white ».
Hier encore, sur France Info l'expression zone d'exclusion aérienne a été remplacée par son équivalent anglais : au nom de quoi ?
Maîtriser une langue, c'est savoir la traduire.
Entacher de nullité les textes comportant des anglicismes indus, frapper d'amende les locuteurs publics fautifs serait un minimum.
Forbane
15/03/2022 à 07:57
On ne peut qu'applaudir et souscrire à cette initiative. Un peuple, une culture, ne sont rien sans leur langue.
Non seulement le français est délaissé au profit de l'anglais, mais ce qu'il en reste est malmené grammaticalement et syntaxiquement. Les Français ne savent plus parler leur propre langue, y compris quand leur niveau d'études est substantiel. Politiques et journalistes, pour ne citer qu'eux, commettent des fautes énormes qu'on ne tolérait pas hier chez des élèves d'école primaire.
Il serait bien qu'une pétition soit lancée, ouverte aux citoyens et non seulement aux associations.
NAUWELAERS
15/03/2022 à 23:22
Mille fois d'accord avec vous, Forbane !
CHRISTIAN NAUWELAERS
Forbane
23/03/2022 à 11:22
Comme très souvent cher Nauwelaers.
Thomas Brunet
22/03/2022 à 09:46
C'est ce qui arrive quand la norme orthographique n'a plus le moindre lien avec l'usage. Les règles absconses qui admettent mille exceptions, l'étymologie qu'on soigne d'une main pour la massacrer de l'autre (je pense au mot "autrice", issu du même mot latin "auctor" que "acteur/actrice"... Jusqu'au XVIIème siècle il était logique d'utiliser également "auteur/autrice". L'Académie Française a décidé que le mot "autrice" n'avait pas sa place dans la belle langue française. Depuis on nous dit que le mot est laid, qu'il n'obéit pas à la plus ancienne tradition linguistique. C'est faux.)
L'hypocrisie de ce genre de démarche est flagrante pour qui s'intéresse véritablement à la langue.
Une langue n'a rien d'immuable, elle évolue sans cesse.
Je ne défends PAS le globish, je hais de tout mon coeur les mots anglais qui viennent remplacer des termes qui existent en français pour désigner une réalité précise.
Je suis moi-même en tant qu'enseignant un vecteur de la norme orthographique du français, qui est désuète et souvent vide de sens. On invoque l'étymologie quand cela nous arrange, et on maintien volontairement une complexité qui n'existe que dans très peu de langues dans le monde, et qui n'a bien souvent aucune justification objective, contrairement à ce que tentent de nous faire croire les Académiciens (certains n'ont d'ailleurs aucune légitimité linguistique ou littéraire, ils sont là par co-optation. Ils n'ont de l'influence que parce que personne ne sait vraiment ce qu'ils font. Ils sont les immortels, éternels garants de notre langue qui décident pour nous. Leur unique mission était d'émettre un dictionnaire et une grammaire du français. Les dictionnaires de l'Académie se comptent sur les doigts d'une seule main et ont vité été oubliés car ils étaient érronés et inadéquats. La grammaire de l'Académie français n'existe tout simplement pas. La rubrique "dire, ne pas dire" du site internet de l'Académie est une zone de non-droit linguistique où n'importe quel Académicien pour dire n'importe quoi sans se fonder sur la moindre source scientifique, linguistique, grammaticale... Et nous les écoutons bouche bée, car ils sont comme des anges: immortels, intouchables, à jamais des êtres de raison contre une société paresseuse qui a forcément tort).
La langue est aussi un moyen de contrôle social, et le français n'est pas irréprochable. Concentrer nos efforts sur la "combat" contre "l'invasion" de l'anglais c'est bien, et je suis d'accord avec certains points du présent article, mais cela ne doit pas éclipser les problèmes d'une norme orthographique issue d'une caste de gens qui ont tout intérêt à maintenir une complexité linguistique qui ne permet pas à la population de maitriser sa langue maternelle parfaitement. D'ailleurs, n'est-ce pas un aveu implicite de l'Académie qu'elle n'ait jamais été capable de publier une grammaire complète du français? Jamais. Cela n'existe toujours pas à l'heure actuelle. Les ouvrages les plus avancés contiennent d'innombrables notes de bas de page précisant que les grammairiens ne sont pas d'accord sur la valeur de telle ou telle expression, ni sur la classe grammaticale d'un mot en fonction de son contexte syntaxique. Tout est changeant, rien n'est précis. La secrétaire perpétuelle de l'Académie affirmait (sans aucune source) que le français était la langue la plus précise du monde. Je ris jaune.
En tant que vecteur de norme, nous avons intérêt, pour conserver notre petit pouvoir et notre impression de supériorité, à ce que la langue soit complexe et inaccessible au plus grand nombre. Et c'est ce que nous faisons, en nous donnant des airs de héros.
Universaliste, la langue française? Belle, c'est certain, mais universaliste?
Je ne reconnais ni à l'anglais ni au français la valeur de langue universaliste.
NAUWELAERS
22/03/2022 à 20:50
Pourquoi la langue française, malgré ses difficultés, est-elle tant chérie et aimée par des personnes (même de milieu social défavorisé, loin des stupides clichés) dont ce n'est pas la langue maternelle ?
Loin de toute idéologie ?
L'étymologie est invoquée pour imposer «nénufar» au lieu de «nénuphar», qui correspond à une erreur originelle.
La même étymologie est en revanche pulvérisée pour tenter de remplacer «île» qui correspond à l'étymologie par«ile»...
(Islande, Villiers de l'Isle-Adam...).
Ou pour changer «Neanderthal» en «Neandertal» en dépit de l'étymologie foulée aux pieds quand cela arrange: «thal», vallée en allemand.
Les académiciens qui n'ont aucune légitimité, ah oui ?
Tous et toutes d'ailleurs ont une oeuvre à leur crédit.
Parfois magnifique !
Et si l'Académie n'est pas parfaite, elle compte des personnalités - y compris non françaises ! -de très haute volée et infiniment plus crédibles que maints de ses détracteurs.
J'entendais un jour un supposé «philosophe», sur France Inter, disserter doctement sur l'absurdité de l'accent circonflexe sur le «î» de «île»...tout en vitupérant l'Académie française !
Qui se souvient de ce film avec Pierre Richard: «Je Ne Sais Rien Mais Je Dirai Tout» ?
Le français qui opprime alors que le monde est dominé par l'informatique, et l'anglais y compris le «globish», quel combat idéologique d'arrière-garde et inutile...
Et les correcteurs automatiques, malgré leurs limites, aident les personnes en difficulté avec l'orthographe, d'ailleurs mutilée sur le web un peu partout.
Je n'aime pas qu'on tire sur une ambulance, désolé.
CHRISTIAN NAUWELAERS
Forbane
23/03/2022 à 11:36
Comment ne pas voir que la soi-disant "évolution" de notre belle langue n'est autre qu'un saccage en règle organisé au nom de son ignorance, de l'égalitarisme, de la mise au rebut des anciennes méthodes d'apprentissage qui avaient pourtant fait leurs preuves, ainsi que de la politique du moindre effort ?...
Autrefois, les enfants étaient sommés de travailler à l'école. Des gens à l'intelligence médiocre, à force de repasser leurs leçons, parvenaient à faire peu de fautes.
Aujourd'hui, on préfère simplifier la langue que de l'enseigner. Ce qui fait que les gens qui ne font pas de fautes sont devenus ceux qui en font. Car pour les ignares, bien écrire, c'est mal écrire. C'est une abomination et c'est le monde à l'envers.
Je suis née à la fin des années 1970 et un point nous était (encore) ôté pour chaque faute. Chaque faute d'accent nous coûtait quant à elle un demi-point.
Je n'ose imaginer quelles seraient les notes de la plupart des élèves aujourd'hui si ce juste système de notation était encore employé et si la langue n'avait pas bénéficié de multiples arrangements avec l'ignorance.
Ne parlons même pas du choix des textes donnés en dictée, une matière elle aussi menacée de disparition.
Marie
15/03/2022 à 10:10
C'est une initiative louable, mais elle risque d'avoir la destinée d'un "rond dans l'eau", hélas. Je ne "crois" pas à l'efficacité des manifestations. Cependant il est certain que notre langue est maltraitée chaque jour, et je suis certaine que les "officiels" qui devraient la défendre ne font pas leur boulot... Maintes fois, lorsque je m'exprime, je dois me justifier-non sans une pointe de mépris-: "je parle français"...Mais c'est très insuffisant, je le sais. J'ajouterai que, lors de ma dernière année d'activité (enseignant), une jeune prof de Français m'a interpellée : "Comment tu t'exprimes ?! Moi je parle comme toi seulement en cours !!".
Corinne
15/03/2022 à 16:27
L'inventivité dans la langue, y compris par importation d'éléments d'une autre langue, est pour moi toujours savoureuse et bienvenue. Le problème, c'est quand il ne s'agit plus d'inventivité mais d'obligation sociale et professionnelle à employer certains termes anglo-saxons pour prouver que l'on est à la pointe de l'innovation (laquelle n'est pas une valeur en soi...). Je viens de terminer un master de "didactique du français langue étrangère" à la Sorbonne-nouvelle : les bibliographies de nos cours comportaient systématiquement des ouvrages en anglais ou en américain (mais ni en allemand ni en wolof ni en aucune autre langue), les cours donnaient parfois des citations anglaises non traduites, les termes spécialisés anglais ou américains proliféraient (sans aucune nécessité puisque, généralement incompréhensibles pour un.e francophone, ils étaient traduis en français entre parenthèses). Il semble donc que l'une des compétences indispensables pour être prof.fe de français, c'est de maîtriser l'anglo-saxon ! Je suis d'une famille franco-anglaise et cela ne me pose pas de problème à titre personnel mais j'ai beaucoup pensé, avec colère, à ce que cela faisait peser sur mes collègues non-anglophones. Enfin, puisqu'une langue est aussi une culture, méfions-nous de la substantivation propre aux langues anglo-saxonnes qui gomme le sujet et l'objet si chers au français (que ce soit un bien ou un mal, peu importe, c'est une culture). Exemple : "lawfare", que l'on pourrait traduite par "guerre judiciaire" (et non pas législative...), guerre donc entre deux ennemis placés sur le même plan. La notion d'"instrumentalisation de la justice" paraît autrement plus intéressante : il ne s'agit pas alors d'une guerre opposant deux ennemis de même statut mais d'un détournement de l'objet de la justice par une partie qui, agissant contre l'esprit des lois, attaque une autre partie, victime de ces agissements. L'expression "instrumentalisation de la justice" est autrement plus critique et polémique que celle de "lawfare" qui élimine tout enjeu de domination.
Je serai à la manifestation du 20 mars, en espérant qu'elle ne soit pas perçue (si elle est perçue...) comme le combat rétrograde de vieux schnoques mais comme une défense judicieuse de la pensée critique.
Paul-Gabriel
15/03/2022 à 22:04
Tiens, un sursaut. En fait, en tant que francophone du Canada, j'ai à la pensée qu'il faudra bien un jour exclure la France de l'aire culturelle de la francophonie universelle.
NAUWELAERS
15/03/2022 à 23:27
Pas question, il faut aimer et défendre notre langue et s'opposer à ce conformisme bas de gamme et nullissime des supposées élites soumises et conformistes qu'on ne doit plus considérer comme des figures de proue de la France tant qu'elles se comportent ainsi.
Assez de chèques en blanc à des gens qui ne les méritent pas.
Ils ne doivent plus donner le la: ils ont prouvé leur ineptie.
CHRISTIAN NAUWELAERS
jujube
17/03/2022 à 23:03
Je balance entre deux choix de survie: ou je passe au braille ou je monte un p'tit dico perso français-anglicismes et le mémorise.
Urgent: être de bonne volonté linguistique cherche banque de mémoire, vu son grand âge.
JVVoyer
18/03/2022 à 15:32
Le "globish" est à la culture ce que le McDo est à l'art culinaire et à la gastronomie.
Hélène
22/03/2022 à 11:28
L'enseignement et la défense du français devraient commencer, très logiquement, à l'école. Or, je suis professeur de français, et j'ai actuellement sous les yeux la page d'accueil de mon établissement : je vous présente "moodle", "brainstorm", "mindview", "cloud", qui sont certainement des outils très utiles, mais qui pourraient être désignés par des mots français !
Sous couvert de modernité, l'éducation nationale encourage ce jargon. (et ce n'est pas le seul, ne me lancez pas sur les "cours en présentiel" et "cours en distanciel" !!)
Forbane
22/03/2022 à 12:42
Effectivement, ça commence par là...
Chaque professeur devrait lutter à sa manière dans son établissement pour pallier ces dérives. Pourquoi ne pas vous lancer ?
Adam Sophie
23/03/2022 à 10:37
Enseignante à la retraite en primaire, je ne saurai dire mieux que ce qui vient d'être écrit. Je constate qu'il faut maintenant apprendre l'anglais dès la maternelle même si les enseignants n'ont pas de formation ou si peu. je crois que j'ai eu droit à 6 heures de formation pour être apte à enseigner l'anglais. C'est une hérésie.
Non seulement on nous demande d'apprendre l'anglais à des élèves dans de mauvaises conditions mais en plus on ne leur demande pas de connaitre parfaitement la langue française qui est si belle. Pire encore afin de faire croire aux enfants qu'ils sont bons en français, on leur simplifie la vie en supprimant une bonne des difficultés , suppression des accents, des tirets, apprentissage des temps mais seulement à la troisième personne pour le passé simple et j'en passe. les livres d'apprentissage de la conjugaison, mélangent allègrement le masculin et le féminin, si bien que les enfants ne sont plus capables de conjuguer et d'accorder au féminin qui en grammaire n'existe pas ou prou. Etre exigent est considéré comme de la maltraitance. vive l'école et vive notre belle langue française.
Forbane
23/03/2022 à 11:21
Merci pour cet exact résumé de la situation...