Effractions, le festival de littérature contemporaine de la Bibliothèque publique d'information (Bpi), revient pour sa 5e édition du 6 au 10 mars 2024 au Centre Pompidou. Depuis 2020, ce festival explore les interactions entre le réel et la fiction, et pour cette édition, il rassemble une quarantaine d'écrivains dont les œuvres questionnent des sujets variés, allant de l'intime au politique. Guénaël Boutouillet, critique et médiateur littéraire, conseille le festival depuis sa création.
Le 01/02/2024 à 17:59 par Hocine Bouhadjera
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01/02/2024 à 17:59
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Le festival se déroulera dans le contexte d'une bibliothèque engagée dans les questions sociales et les débats actuels, mettant en avant des œuvres littéraires qui confrontent et interpellent.
Au programme, divers formats : rencontres, tables rondes, performances et ateliers de lecture et d’écriture. Parmi les moments forts, quatre grands entretiens avec des auteurs reconnus sont prévus, ainsi que des lectures à voix haute et des performances par des auteurs et comédiens.
Des thématiques variées seront explorées lors de tables rondes, notamment autour du journalisme narratif, de la non-fiction littéraire, de l’écologie, des rapports humains et non-humains, et des effets de l'intelligence artificielle.
Des auteurs tels que Gabrielle Filteau-Chiba, Anouk Lejczyk, Fanny Chiarello, Clara Arnaud, Nathalie Azoulai et Émilien Dereclenne seront présents pour discuter de ces sujets.
Effractions inclut également un volet d'éducation artistique et culturelle, avec des actions dédiées au public du champ social. Ce festival gratuit et ouvert à tous (à l'exception de la rencontre à la Maison de la poésie) promet une immersion dans le monde littéraire contemporain, offrant une plateforme d'échange entre auteurs, œuvres et public.
Programme :
Mercredi 6 mars
18h30 • À la croisée de l’intime et du collectif
Grand entretien avec Valérie Zenatti pour son dernier roman Qui vive (L’Olivier, 2024). L’autrice reviendra sur son œuvre d’écrivaine où l’enfance et la guerre tiennent une place particulière, ainsi que sur son travail de traductrice.
20h • Lecture à deux voix de L’Enfant dans le taxi
Dans son dernier livre (L’Enfant dans le taxi, Minuit, 2023), Sylvain Prudhomme livre un récit émouvant sur les secrets de famille, invitant le·la lecteur·rice à un cheminement mélancolique sur le destin. Lecture d’extraits du roman à deux voix, par l’auteur et le comédien Pierre Baux.
Jeudi 7 mars
16h • Géographies de l’intime : trajectoires de femmes entre exils, rêves et deuils
Ève Guerra (Rapatriement, Grasset, 2024) et Kiyémis (Et, refleurir, Philippe Rey, 2024) mettent en scène des personnages féminins très puissants, et évoquent la difficulté des liens familiaux lorsqu’ils sont traversés par l’expérience de l’exil et du deuil.
17h • Atelier d’écriture “Razzia sur le réel : écrire à partir d’objets”
Le temps d’un atelier, Alice Moine nous invite à prêter attention aux objets qui peuplent notre quotidien ; ces prospectus, coupures de journaux, objets personnels, objets ordinaires ou utilitaires qui sont à portée de main, nous entourent et parfois nous encombrent.
(voir également Dimanche 10 mars à 11h)
17h • Cartographie géologique et poétique de la Bibliothèque publique d’information - Carte blanche au master de création littéraire de l‘Université Paris 8 À l’invitation du Laboratoire d’histoire permanente du Centre Pompidou, le master de création littéraire de l’Université Paris 8 a participé à un atelier d’écriture in situ. Le texte présenté a été conçu à partir d’une enquête tous azimuts au sein de la Bpi et du Centre Pompidou.
18h • Récits en immersion : quand la littérature s’écrit sur le terrain
Ted Conover (Là où la terre ne vaut rien, trad. de l’anglais par Anatole Pons, Éditions du sous-sol, 2024), journaliste spécialiste du reportage d’infiltration et Aparecida Vilaça (Paleto et moi. Souvenirs de mon père indigène, trad. du portugais par Diniz Galhos, Marchialy, 2023) témoignant dans leurs livres d’un travail minutieux où l’écriture se confronte à la culture locale et à des réalités particulièrement sensibles, qu’il s’agisse des marges étasuniennes ou de la déforestation.
19h • La fiction en trompe-l’œil d’un romancier illusionniste
Lors de ce grand entretien, Éric Reinhardt (Sarah, Susanne et l’écrivain, Gallimard, 2023) partagera son art de romancier et reviendra sur une œuvre parfois sombre et satirique, où il a exploré tantôt les désenchantements de la classe moyenne, tantôt le monde décomplexé de la finance et du travail.
20h • Lecture musicale du Grand secours
Dans Le grand secours (Flammarion, 2023), Thomas B. Reverdy livre le récit d’une émeute urbaine, une journée glaciale de janvier, à Bondy, nous donnant à voir le théâtre du monde, la complexité du réel, et le pouvoir de la littérature et des mots lorsqu’ils sont partagés. Thomas B. Reverdy et le musicien J.P. Nataf proposeront une lecture musicale de ce texte.
Vendredi 8 mars
15h • Écrire la catastrophe
En écrivant sur le thème de la représentation de la catastrophe nucléaire de Fukushima dans Après nous, les ruines (Tapuscrit/Théâtre Ouvert, 2022), Pierre Koestel s’interroge sur l’acceptation d’un état de basculement vers un monde inconnu.
16h • Les filles dont le trait d’eye-liner est mieux tracé que l’avenir
La poésie de Stéphanie Vovor est sociale et politique, ancrée dans notre époque. Dans Frénésies (Le Castor Astral, 2023), elle dépeint sans fard et dans une langue acérée et percutante, le quotidien désenchanté de la jeunesse des classes moyennes et des périphéries. Pour cette lecture-performance à deux voix, elle est accompagnée par la comédienne et poétesse Claire Isirdi.
17h • Héritage colonial, sexualité et identité
Dans Portrait huaco (trad. de l’espagnol par Laura Alcoba, Métailié, 2023), Gabriela Wiener mêle avec beaucoup d’autodérision enquête familiale sur la descendance péruvienne de son ancêtre et réflexion politique sur l’héritage du colonialisme dans sa vie.
18h • Le corps des femmes
Regards croisés entre Rim Battal (L’eau du bain, x et excès, Le Castor Astral, 2024) et Lauren Malka (Mangeuses. Histoire de celles qui dévorent, savourent ou se privent à l’excès, Les Pérégrines, 2023), la rencontre évoquera la façon dont les mouvements féministes abordent le rapport à la nourriture et au corps, et comment l’écriture, la littérature et la poésie contribuent à renverser la donne en libérant le corps féminin de tous ces carcans.
18h30 • La trajectoire d’un imposteur
L’homme aux mille visages de Sonia Kronlund (Grasset, 2024) est une enquête fascinante et vertigineuse autour de la figure d’un homme, Ricardo, qui n’a cessé de mentir, prenant tour à tour plusieurs identités - pilote d’avion, ingénieur, chirurgien - auprès de différentes femmes, dans différents pays, au même moment.
19h • L’écriture comme art martial
Dans Le Récit du combat (Stock, 2023), à la fois initiatique et autobiographique, Luc Lang retrace certains épisodes de sa vie au prisme de son lien étroit au judo puis au karaté. Plus qu’un texte sur la passion d’un homme pour les arts martiaux, le récit est une réflexion vertigineuse et précise sur le corps et l’écriture qui devient, sous la plume du romancier et karatéka, un art du geste juste et de la bonne distance.
20h • Improvisation et musculation
Dans Créatine (Scribes, 2024), Victor Malzac met en scène un jeune homme qui, végétant dans une misère affective et sociale, décide de tout abandonner pour se consacrer à la musculation après avoir vu un film avec Arnold Schwarzenegger. Dans ce monologue effréné et essoufflant, Victor Malzac examine les injonctions à la virilité, les mécanismes qui font la norme, et en montre les dérives. Il proposera une lecture performée de son texte accompagné par le musicien Charly Michaux.
Samedi 9 mars
11h • Bpi Lecture Club #16 : Écrivain·es en quête d’enquêtes, atelier animé par l’écrivain, dessinateur et éditeur Sébastien Souchon
Le BLC se réunit pendant le festival autour de questions telles que : pourquoi des enquêtes paraissent-elles dans les livres plutôt que dans la presse ? Depuis quand l’enquête est-elle devenue une forme littéraire ? Comment raconter l’enquête sans négliger l’intérêt poétique ni le plaisir de lecture ? Lors de cette séance, nous nous intéresserons à l’enquête comme genre littéraire historique et transversal.
Livres en discussion : L’homme aux milles visages de Sonia Kronlund (Grasset, 2024) et Là où la terre ne vaut rien de Ted Conover (Éditions du sous-sol, 2024).
15h • La matière du souvenir
Dans un magnifique flux d’écriture fait d’impressions et de réminiscences, Philippe Marczewski évoque dans Quand Cécile (Seuil, 2024) l’oubli, le regret, l’obsession et les chemins étranges de la mémoire, explorant les vies non vécues et les basculements toujours possibles.
16h • Écrire la perte, dire la vie
Grand entretien avec Nina Bouraoui qui, dans Grand seigneur (JC Lattès, 2024), se tourne vers l’écriture pour conjurer la douleur de la mort de son père, entré en soins palliatifs en 2022. Entremêlant les souvenirs de sa vie et le récit de ses derniers jours, elle illumine par la mémoire et l’amour un être à l’existence hautement romanesque. L’autrice reviendra avec Lauren Malka sur son parcours d’écriture, dans le cadre de l’enregistrement du podcast Assez parlé.
17h • Un récit sensiblement antispéciste
Dans Spécimens sensibles (Cambourakis, 2023), texte hybride à la croisée de l’essai philosophique, politique, écologique, Fanny Chiarello interroge notre rapport au vivant et au monde animal. Pour en parler, elle sera en dialogue avec le naturaliste et militant pour la cause animale Pierre Rigaux.
18h • L’héritage de Janet Malcolm, figure de la littérature du réel
Jakuta Alikavazovic, Adrien Bosc et Ariane Chemin échangeront autour du chef d’œuvre de Janet Malcolm Le Journaliste et l’Assassin (trad. de l’anglais par Lazare Bitoun, coll. poche « Souterrains », Éditions du sous-sol, 2024), grand classique de la littérature du réel et texte vertigineux, qui interroge la relation entre l’écrivain et son sujet par le biais d’un fait-divers.
19h • Intelligence artificielle et littérature
Python de Nathalie Azoulai (POL, 2024) et La mécanique papillonne d’Émilien Dereclenne (Allia, 2024) témoignent des questionnements communs sur ce que les technologies font au corps, à l’imagination et aux liens que nous tissons aux autres.
20h • Scène émergente de la non-fiction littéraire
Pendant quatre ans, les étudiant·es de l’Université Paris 8 en France, de l’Université d’Iowa (USA) et l’UQAM (Québec) ont développé le projet de création littéraire « Un studio sur l’Atlantique ».
Dimanche 10 mars
11h • Atelier d’écriture “Razzia sur le réel : écrire à partir d’objets”
Le temps d’un atelier, Alice Moine nous invite à prêter attention aux objets qui peuplent notre quotidien ; ces prospectus, coupures de journaux, objets personnels, objets ordinaires ou utilitaires qui sont à portée de main, nous entourent et parfois nous encombrent. (également jeudi 7 mars à 17h)
14h • Ce qui restera
Alors qu’elle est préoccupée par l’échéance d’un déménagement, la narratrice de Sans valeur de Gaëlle Obiégly (Bayard récits, 2024) passe une partie de son temps à trier toutes sortes d’affaires personnelles et se retrouve ainsi à devoir juger de la valeur des choses, et à choisir ce qu’elle veut archiver et ce qui deviendra un simple tas d’ordures. À partir de ces objets, elle interroge le sens d’une existence humaine, vouée à la disparition.
15h • En quête d’identité : rencontre autour de trois premiers romans
Alice Renard dans La Colère et l’Envie (Héloïse d’Ormesson, 2023), Louis Vendel dans Solal ou la Chute des corps (Seuil, 2024) et Raphaëlle Red dans Adikou (Grasset, 2024) ont en commun de raconter la quête de trois personnages au seuil de l’âge adulte qui ne s’identifient pas aux cadres définis.
16h • Une expérience de la forêt
La forêt barbelée (Castor Astral, 2024) est le premier recueil de poésie de Gabrielle Filteau-Chiba, mêlant contemplation intimiste de la forêt au fil des saisons, et réflexion poétique et politique sur notre rapport à la nature, entre écologie et féminisme. Copeaux de bois. Carnets d’une apprentie bûcheronne (Le Panseur, 2023) est le journal de bord d’Anouk Lejczyk qui a souhaité approfondir sa connaissance de l’univers forestier en suivant une formation de bûcheronnage. Ces deux textes poétiques proposent deux approches différentes du nature writing.
17h • À la rencontre de l’ours
Et vous passerez comme des vents fous de Clara Arnaud (Actes Sud, 2023) est le récit croisé de Gaspard, berger pyrénéen et Alma, une éthologue qui rejoint le Centre national pour la biodiversité afin d’étudier le comportement des ours. Le roman interroge notre rapport au sauvage et l’imaginaire qu’il charrie. Dans Ours. Simplement sauvage, Laurent Joffrion a filmé l’ours dans la chaîne Cantabrique, au nord de l’Espagne.
18h • Une mythologie de « vies ordinaires »
En mettant en scène dans Mississipi (La Contre-Allée, 2023) dix personnages traversés par l’Histoire du milieu du XIXe au début du XXIe siècle, Sophie G. Lucas ancre son récit dans notre passé commun, entre généalogie, recherches historiques, histoire des luttes sociales, de la colonisation aux deux guerres mondiales.
19h • Deux femmes dans l’exil
Dans Odyssée des filles de l’Est d’Elitza Gueorguieva (Verticales, 2024), deux femmes bulgares immigrées en France débarquent à Lyon en 2001. L’une est étudiante en cinéma, l’autre travailleuse du sexe. Toutes deux cherchent leur chemin vers l’émancipation, et tâchent d’avancer entre violences, sexisme et brutalité des préjugés. L’autrice proposera une lecture-performance autour de son texte à la fois drôle et émouvant, qui oscille entre tribulations burlesques et peinture sociale mordante.
Prolongation hors les murs
Lundi 11 mars • 20h • Maison de la poésie
Dans le chaos du monde
De Paris à Marseille, de défilés de mode en émeutes, Théo découvre le chaos de la ville, les lois du désir et de l’argent... ainsi que les livres et l’écriture, remèdes immuables. Ici commence un amour de Simon Johannin (Allia, 2024) est le roman d’apprentissage d’un jeune homme pris entre deux eaux. Lecture performée par l’auteur et Junk8 musicien électro, suivie d’une rencontre animée par la journaliste Sonia Déchamps.
Lundi 18 mars • 20h • Institut national des jeunes aveugles
Lecture dans le noir
Effractions s’inscrit dans le cycle de lectures à voix haute proposé par l’Institut national des jeunes aveugles (INJA-Louis Braille). Dans ce cadre, une lecture de Qui-vive de Valérie Zenatti (L’Olivier, 2024) sera proposée par Thibault de Montalembert, à écouter dans l’obscurité pour faire vivre l’expérience d’écoute des personnes en situation de handicap visuel.
À l’occasion du festival, une série de podcasts est produite par le service du Webmagazine de la Bpi, à écouter sur le site d’Effractions, sur le site de la Bpi, Soundcloud, Youtube et les plateformes de streaming de podcast habituelles (Deezer, Apple Podcasts).
Toute l’année, le cycle Les rendez-vous d’Effractions, comme un espace d’échange entre la littérature, l’art, ou les sciences humaines et sociales, accompagne le festival. Artistes et chercheur·se·s sont invité·e·s à dialoguer avec les écrivain·e·s pour partager leurs travaux et leur démarche, et tenter de circonscrire ce que dit la littérature du monde qui nous entoure, d’un point de vue politique ou sociétal, mais aussi réaffirmer ce qui fait œuvre littéraire, à cette frontière singulière entre réel et fiction.
Après notamment Marie Richeux, Camille de Toledo, François Bégaudeau, Jean Rolin ou encore Mathias Énard, c’est Marie Darrieussecq qui sera invité le lundi 22 avril. Les rencontres sont animées par Raphaëlle Leyris, journaliste au Monde des Livres.
Chaque mois, la Bpi vous propose de participer au Bpi Lecture Club, qui s’adresse à tou·te·s les amoureu·se·s de la littérature contemporaine. Pour chaque séance, un axe de discussion est retenu et quelques suggestions de romans à lire avant la rencontre sont proposés.
Animé par Sébastien Souchon, écrivain, dessinateur et éditeur.
Crédits photo : Effractions
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
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