À l’automne 2024, le musée Rodin mettra en lumière une œuvre méconnue de ses collections : l’Étude de robe de chambre pour Balzac d’Auguste Rodin. Conçue autour de sculptures issues des collections du musée, de pièces de mode du XIXe siècle provenant du Palais Galliera et d’archives inédites de la bibliothèque de l’Institut de France, l’exposition « Corps In.visibles » aura lieu du 15 octobre 2024 au 02 mars 2025.
Cette exploration est le prélude à une réflexion sur les corps — réels, idéalisés, statufiés et occultés — dans la statuaire monumentale du XIXe siècle, qui restent présents dans notre monde contemporain.
Le corps de Balzac, tel que Rodin le perçoit à travers le vêtement, lorsqu’il fait recréer un costume du romancier par son tailleur, révèle un physique jugé peu avantageux par les commanditaires du monument : Balzac était corpulent.
En rapprochant la couture de la sculpture et en observant comment la perception des corps influence leur représentation idéalisée en bronze, l’exposition montre comment le mythe de Balzac écrivant en robe de chambre permet à Rodin de dissimuler un corps refusé pour sa corpulence sous de larges plis. « Corps In.visibles » invite à réfléchir sur la représentation des corps dans l’espace public et sur l’élargissement nécessaire de ces représentations aujourd’hui.
Sélectionné par la Société des Gens de Lettres en 1891 pour créer un monument à Balzac, Auguste Rodin se lance dans la quête du romancier disparu depuis près de cinquante ans. Il part de l’étude de son image chez un collectionneur à Bruxelles, à la recherche de son corps en Touraine où il trouve pour modèle un charretier corpulent. Toutes les étapes de cette enquête sont retracées à travers cette exposition.
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De fait, Rodin retrouve le tailleur de Balzac et lui fait recréer un costume de l’écrivain, permettant ainsi de mieux comprendre sa physionomie. Les visiteurs pourront découvrir la redingote de Balzac, recréée pour l’occasion selon les mesures exactes de son corps.
Rodin consacre ensuite quatre années à faire revivre les traits de Balzac, dans la terre et le plâtre. La réaction de ses contemporains, pour qui un grand homme de bronze ne peut être représenté petit et corpulent, l’amène à se tourner vers le mythe de Balzac écrivant en robe de chambre, dissimulant ainsi son corps sous un grand drapé.
La deuxième partie de l’exposition, consacrée à l’Étude de robe de chambre pour Balzac, montre le cheminement du sculpteur vers une idéalisation du corps, et questionne les enjeux actuels liés à la grossophobie et la mise à l’écart de nombreux corps jugés « hors normes ».
Le commissariat de l’exposition est assuré par Marine Kisiel, conservatrice du département mode XIXe du Palais Galliera, musée de la Mode de Paris, et Isabelle Collet, conservatrice générale et cheffe du département scientifique et des collections du musée Rodin. « Corps In.visibles » est organisé avec la collaboration du Palais Galliera, musée de la Mode de Paris, et avec le concours de l’Institut de France.
Crédits image : Musée Rodin
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