Adab, qui signifie littérature en arabe et s'écrit ادب, est à l'origine du mot turc, edebiyat et du mot persan adabiyat, désignant également la littérature. Cela illustre l'interconnexion des langues et le voyage des mots à travers les régions, du Maghreb au Moyen-Orient.
Le 24/11/2023 à 17:42 par Hocine Bouhadjera
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24/11/2023 à 17:42
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Le festival littéraire Adab célèbre les nouvelles écritures émanant du Maghreb et du Moyen-Orient ainsi que la nouvelle génération d'écrivains de ces régions. Il rend également hommage aux grands auteurs des dernières décennies.
Depuis 2011, le monde arabe et le Moyen-Orient ont été témoins de profonds changements sociaux et politiques, qui se sont manifestés dans une production culturelle renouvelée tant au sein de ces pays que dans les diasporas européennes.
Ce festival, qui se déroule sur trois jours à la Maison de la Poésie, vise à mettre en avant ces nouvelles voix.
La gestion de cet événement est assurée par Anne Millet en tant que coordinatrice générale et Martine Gillet pour la programmation. Le comité de programmation inclut Marie Descourtieux, Chirine El Messiri, Farouk Mardam-Bey, Franck Mermier et Nathalie Sfeir.
Vendredi 8 décembre
La rencontre initialement prévue avec Negar Djavadi en raison d’un empêchement de l’autrice.
20h | Entretien Iman Mersal & Adania Shibli
Entretien croisé et lectures de textes en arabe avec traduction et sur-titrage | 90 min.
Modération : Coline Houssais, journaliste, traductrice, chercheuse indépendante
Interprète: Rouba Hassan
Le langage n’existe pas seulement dans les mots, mais aussi dans le silence et le temps. C’est d’autant plus tangible pour les écrivains qui ne vivent pas dans leur pays d’origine, mais qui sont bercés par une autre langue que celle de leurs livres. L’Égyptienne Iman Mersal vit au Canada et la Palestinienne Adania Shibli en Allemagne. Toutes deux écrivent en arabe. Qu’est-ce que cela implique ? Mersal et Shibli discutent de la relation entre la langue et le fait d’être chez soi, le silence et le temps.
Iman Mersal a écrit plusieurs livres et recueil de poésie dont Sur les traces d’Enayat Zayyat et Des choses m’ont échappé (Actes Sud, 2018, trad. Richard Jacquemond). Elle est professeure de langue et littérature arabes à l’université d’Alberta, au Canada ; Adania Shibli est née en Palestine, a passé son doctorat à Londres et vit à Berlin.
Elle a publié trois romans en arabe, dont Reflets sur un mur blanc (Actes Sud, 2004, trad. Stéphanie Dujols), Nous sommes tous à égale distance de l’amour (Actes Sud, 2014, trad. Sarah Siligaris), Un détail mineur.
À lire | Adania Shibli, Un détail mineur (Actes Sud / Sindbad, 2020, trad. Stéphanie Dujols), Iman Mersal, Sur les traces d’Enayat Zayyat (Actes Sud / Sindbad, 2021, trad. Richard Jacquemond)
Samedi 9 décembre
15h-16h30 | Ateliers jeunesse
De 5 à 12 ans, gratuit sur inscription à adab@iremmo.org | 90 min.
L’institut Malac, propose un premier atelier à destination des 5-12 ans, en entrée libre sur réservation, afin d’initier les plus jeunes à l’apprentissage de l’alphabet arabe et à la calligraphie. Des lectures de contes bilingues tirés de la collection Sindbad Jeunesse seront proposées à l’issue des ateliers.
– Atelier d’initiation à l’alphabet arabe et à la calligraphie arabe (1h)
– Lecture bilingue d’ouvrages de la collection Sindbad Jeunesse (Actes Sud) La tache noire (2022, trad. Sarah Rolfo), Mon histoire (2023, trad. Georgia Makhlouf), La Ruse du chacal (2023, trad. Georgia Makhlouf) (30 minutes)
17h | Souhaib Ayoub
Lecture en français et en arabe, suivie d’un entretien | 90 min.
Modération : Coline Houssais, journaliste, traductrice, chercheuse indépendante
« Ce dont parle Souhaib, c’est d’être en exil dans son propre pays. […] Cette expérience paradoxale se double d’une autre expérience qui consiste dans le fait non pas d’habiter son lieu d’origine, mais d’être habité par lui » (Transfuge). L’auteur de l’Homme de satin (رجل من ساتان non traduit en français, Hachette Antoine, Liban, 2019) évoquera sur scène son attachement à sa ville natale de Tripoli, son identité queer, et la difficulté de l’exil, dans un texte saisissant de justesse et de sincérité.
Souhaib Ayoub est un journaliste et écrivain libanais, peintre et artiste. Il réside en France depuis 2015. Il a lancé le projet « Ta’a naktob » (« Écrivons ensemble »), dont le but est de populariser l’écriture créative (creative writing) auprès des jeunes. Souhaib Ayoub milite pour les droits de l’homme et s’attache à diffuser la notion d’identité de genre. Il est l’auteur de deux romans en arabe (non traduits).
19h - Justine Augier & Rania Stephan
Projection du film de Rania Stephan, « Le Champ des mots: conversations avec Samar Yazbek » (Liban, 2022, 70 min) suivie d’une conversation entre Rania Stephan et Justine Augier | 120 min.
Modération : Coline Houssais, journaliste, traductrice, chercheuse indépendante
Le cinéma et la littérature peuvent-ils rendre compte de la tragédie de la guerre ? Dialoguant avec l’écrivaine syrienne Samar Yazbek, le film de Rania Stephan tisse des éléments visuels et sonores pour trouver du sens face à la violence du monde. Justine Augier a longuement écrit sur la guerre en Syrie (De l’ardeur. Histoire de Razan Zaitouneh, avocate syrienne, Actes Sud 2019 et Par une espèce de miracle. L’exil de Yassin al-Haj Saleh, Actes Sud, 2021) et son dernier ouvrage Croire. Sur les pouvoirs de la littérature (Actes Sud, 2023) interroge l’urgence d’écrire, de témoigner, de résister par le texte.
À lire | Justine Augier, Croire. Sur les pouvoirs de la littérature (Actes Sud, 2023)
Dimanche 10 décembre
15h | Atelier d’écriture avec Souhaib Ayoub
Entrée libre, sur inscription à adab@iremmo.org | 120 min.
Atelier d’écriture créative (en arabe ou en français): en groupe, les participant·e·s feront connaissance en évoquant des mots issus de leur langue maternelle. Chacun·e tissera ensuite librement son récit en s’imprégnant de ce bagage linguistique et guidé par les observations de l’auteur.
15h | Ateliers jeunesse
De 5 à 12 ans, gratuit sur inscription à adab@iremmo.org | 90 min.
L’institut Malac propose un deuxième atelier à destination des 5-12 ans, en entrée libre (gouter offert), afin d’initier les plus jeunes à l’apprentissage de la culture arabe. Des lectures de contes bilingues tirés de la collection Sindbad Jeunesse seront proposées à l’issue des ateliers.
– Atelier découverte de la culture arabe : géographie, histoire, littérature (1h)
– Lecture bilingue d’ouvrages de la collection Sindbad Jeunesse (Actes Sud) La tache noire (2022, trad. Sarah Rolfo), Mon histoire (2023, trad. Georgia Makhlouf), La Ruse du chacal (2023, trad. Georgia Makhlouf) (30 minutes)
16h | Habib Selmi
Entretien individuel | 60 min
Modération: Francesca Isidori, journaliste
« En plongeant dans la conscience de son héros, Habib Selmi y dépeint avec finesse la puissance du désir, l’acculturation, le lien aux racines » (Astrid Krivian, Afrique Magazine). S’inscrivant avec finesse et humour dans le microcosme d’un immeuble comme il y en a tant à Paris, le dernier roman d’Habib Selmi, La voisine du cinquième, aborde subtilement les questions brûlantes de l’immigration et de l’acculturation, à travers un personnage tout en ambivalences. Ce roman a obtenu le prestigieux prix Katara en 2021.
Né à Kairouan en 1951, Habib Selmi est agrégé d’arabe et travaille à Paris depuis 1983. Il a publié neuf romans et deux recueils de nouvelles qui l’ont placé parmi les meilleurs écrivains tunisiens de langue arabe ».
À lire | La voisine du cinquième (Sindbad / Actes Sud, 2022, trad. Stéphanie Dujols)
18h | Oliver Rohe & Selim Nassib
Entretien croisé | 90 min.
Modération : Francesca Isidori, journaliste
Retour sur la guerre civile libanaise à travers deux textes et deux auteurs très singuliers, l’un d’ici, l’autre de là-bas, l’un né avec la guerre, l’autre jeune adulte lorsqu’elle éclate : Chant balnéaire est le récit épique d’une expérience de la guerre civile qui se confond sans cesse avec la vie ordinaire et d’une vie ordinaire qui s’obstine à persister dans la guerre. Oliver Rohe est né en 1972 à Beyrouth, d’un père allemand et d’une mère libanaise, et vit en France depuis 1990. Membre fondateur du collectif et des éditions Inculte, il écrit également des pièces radiophoniques et collabore à plusieurs revues.
Le Tumulte se présente comme un portrait du Liban écrit à la première personne et aux accents autobiographiques. Cette fresque s’étale du début des années 1950 jusqu’en 1982 et les moments les plus sombres de la guerre civile libanaise. Chant d’amour pour une ville mythique, le roman décrit magistralement le mélange de tragique et de picaresque qui colore l’un des derniers grands conflits du vingtième siècle. Il fait partie des finalistes du Prix France-Liban 2023. Selim Nassib est né en 1946 et a grandi à Beyrouth. Il est issu d’une famille juive libanaise d’origine syrienne. Arrivé en France en 1969, il travaille de nombreuses années pour le quotidien Libération, couvrant en particulier l’intervention militaire israélienne au Liban de 1982. Depuis 1990, il se consacre à l’écriture. Il est lauréat du Prix France-Liban 2022.
À lire | Oliver Rohe, Chant balnéaire (éditions Allia, 2023), Sélim Nassib, Le tumulte (L’Olivier, 2022)
Le festival Adab vient clôturer le projet de coopération européen LEILA, dédié à la promotion de la littérature arabe et sa traduction en Europe.
Crédits photo : Hassan Al Mohtasib / Adab
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
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