L'écrivain, scénariste et traducteur napolitain Raffaele La Capria, l'un des auteurs les plus importants de la littérature italienne de la seconde moitié du XXème siècle, est décédé à Rome à l'âge de 99 ans le 27 juin 2022. Il a publié plus de vingt livres au cours de sa carrière, dont nombreux ont été traduits en français (la biographie précise et détaillée des traductions de Raffaele La Capria en France est tirée d’un article consultable sur le site de notre partenaire NewItalianBooks).
Le 29/06/2022 à 17:43 par Federica Malinverno
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En 1961, il a remporté le Premio Strega, le prix littéraire le plus prestigieux d’Italie, avec Ferito a morte, publié chez Bompiani, un portrait de Naples et d’une génération suivie pendant une décennie. Ce texte est considéré comme son chef-d’œuvre, aimé par la critique et le public. Il a également reçu de nombreux prix pour sa carrière : le Premio Campiello (2001), le Premio Chiara (2002), le Premio Alabarda d'oro (2011) et le Premio Brancati (2012).
En 2005, il a remporté le prix Viareggio avec L’estro quotidiano. L’ensemble de son œuvre a été publié en deux volumes dans la prestigieuse collection I Meridiani (Mondadori).
Raffaele La Capria est né le 3 octobre 1922 à Naples, où il a obtenu une licence en droit en 1947. Cette ville est protagoniste de plusieurs de ses romans.
En plus d’être écrivain, La Capria était journaliste, collaborant à divers magazines et journaux, dont Il Mondo, Tempo presente et le Corriere della Sera. À partir de 1990, il a été coéditeur de la revue littéraire fondée par Alberto Carocci et Alberto Moravia Nuovi Argomenti. Il a également été l’un des premiers à reconnaître et à promouvoir le travail d’Erri De Luca.
Il a passé de longs séjours en France, en Angleterre et aux États-Unis pour se consacrer à sa formation littéraire, avant de s’installer à Rome en 1950. Il a écrit pour le cinéma et coécrit de nombreux films de Francesco Rosi, dont Le mani sulla città (1963), un portrait de Naples en pleine expansion immobilière, et Uomini contro (1970).
Malgré le succès de certains de ses livres dans son pays, le succès de Raffaele La Capria dans le monde francophone a été plutôt tardif. Si en 1963, le Seuil publie la traduction de ce qui restera son livre le plus célèbre, Ferito a morte (Prix Strega 1961, traduit par Rose-Marie Desmoulières), il faudra attendre quarante ans pour qu’un nouveau titre de sa plume paraisse dans une librairie française.
L’impulsion pour toute une série de nouvelles éditions en français a été donnée par un colloque international d’étude, qui s’est tenu à Caen du 18 au 19 mai 2001, dirigé par Paolo Grossi, qui allait jouer un rôle important dans la promotion du travail de La Capria en France dans les années suivantes.
Intitulée Raffaele La Capria ou de la littérature comme autobiographie intellectuelle, le colloque voit la participation non seulement de La Capria lui-même, mais aussi de nombreux chercheurs italiens et français. Les actes seront publiés par l’éditeur Liguori de Naples en 2002 sous le titre Letteratura, senso comune e passione civile.
Dans le sillage du colloque, les éditions L’Inventaire, à l’initiative de Paolo Grossi, publient dans les années suivantes L’Harmonie perdue (2001, traduit par Jean-Marc Mandosio, préface de Vincent d’Orlando), La Neige du Vésuve (2002, traduit par Vincent d’Orlando, ill. par May Karin Herbertsson) et une nouvelle traduction de Blessé à mort (2007, traduit par Vincent d’Orlando).
Fleurs japonaises et La Mouche dans la bouteille : éloge du sens commun (qui contient, outre les textes réunis dans l’édition italienne de La mosca nella bottiglia, 2002, également des essais parus dans le volume Lo stile dell'anatra, 2001) ont été publiés aux éditions Climats et traduits par Jean-Marc Mandosio en 2004 et 2006. L’éditeur italo-suisse Pagine d’arte a ensuite proposé une version française en 2011 de La nostalgie de la beauté (traduit par Nathalie Castagné) et en 2012 de Capri et plus jamais Capri (tard. René de Ceccatty).
Le titre le plus récent en français a été publié en 2016 dans la série des Cahiers de l’Hôtel de Galliffet dirigée à Paris par Paolo Grossi : Interviews impossibles (tr. Vincent d’Orlando, préface de Silvio Perrella), qui réunit pour la première fois en un seul volume trois entretiens imaginaires.
Raffaele La Capria a été un véritable précurseur de l’interview « impossible », c’est-à-dire adressée à une personne décédée, lorsqu’il a réalisé un long dialogue radiophonique avec William Faulkner pour la RAI en 1960.
Dans le volume des Cahiers parisiens, les « interviewés » sont, outre William Faulkner, l’historien latin Tacite et Raimondo di Sangro, prince de San Severo (1710-1771), une figure singulière de libre penseur et d’érudit, une sorte de génie léonardesque aux traits faustiens.
Il existe encore de nombreux titres de Raffaele La Capria qui sont inaccessibles aux lecteurs non italophones.
Parmi les plus importants figurent le recueil d’essais Letteratura e salti mortali (publié en Italie en 1990) et, parmi les œuvres plus récentes, au moins les écrits autobiographiques de L’estro quotidiano (2005) et Novant'anni di impazienza (2013).
Mais l’ensemble de sa production des deux dernières décennies mériterait plus d’attention de la part des éditeurs étrangers et, en particulier, français.
Paru le 01/04/2011
Pagine d'Arte
12,00 €
Paru le 07/11/2007
240 pages
Les éditions L'Inventaire
23,40 €
Paru le 14/02/2005
125 pages
Climats
13,20 €
Paru le 01/02/2002
153 pages
Les éditions L'Inventaire
15,30 €
Paru le 04/05/2001
267 pages
Les éditions L'Inventaire
17,10 €
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