Pass sanitaire : la borne de contrôle de la Gendarmerie au secours des bibliothèques
Depuis son instauration, le pass sanitaire incarne l’une des mesures que dénoncent les bibliothécaires. Les personnels soulignent qu’il n’est pas dans leurs attributions d’effectuer des contrôles — et plus encore, que ledit contrôle des certificats sanitaires représente une discrimination des publics. Sans apporter une solution complète, la gendarmerie nationale propose un outil à étudier…
Le 29/11/2021 à 09:56 par Clément Solym
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Publié le :
29/11/2021 à 09:56
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L’enquête de l’Association des bibliothécaires de France présentée début octobre établissait un panorama dont ressortent plusieurs points. Pour 90 % des répondants, le contrôle du pass s’ajoutait aux tâches quotidiennes, sans moyens supplémentaires. Et 15 % soulignaient ne pas avoir bénéficié de matériel pour ce faire. Enfin, pour 40 % des répondants, l’idée même de devoir vérifier le certificat des usagers posait un véritable problème éthique.
À LIRE: la librairie dénonce le Passe sanitaire en bibliothèques
Que faire ? Eh bien, la gendarmerie nationale a peut-être une suggestion qui, sans satisfaire pleinement les revendications, a le mérite d'apporter sa pierre à l'édifice.
Retrousse tes manches
Début décembre, la Gendarmerie nationale a en effet mis en ligne un modèle de borne destinée à vérifier la validité des pass, à fabriquer soi-même. Originellement, cet outil devait servir pour les besoins propres de la force armée. Mais après réflexion, « cette innovation peut être utile à de nombreux acteurs publics et privés (petites collectivités, cinémas...) », indique la page descriptive.
Élaborée dans le cadre de la crise COVID, la borne permet de scanner soi-même son passe sanitaire et d’en confirmer la validité, via l’application Tous Anti-Covid Vérif, grâce à un signal sonore. Beaucoup moins coûteux que les produits du marché, cette borne évite de dédier une personne au contrôle des passes sanitaires et répond ainsi à un besoin rendu nécessaire par la crise sanitaire.
– Gendarmerie nationale
La solution technique repose sur un système Android, et peut également contrôler les Pass d’autres pays. Toute une documentation technique, validée par le ministère de l’Intérieur, expose la manière dont la borne doit être montée et assemblée. L’ensemble est par ailleurs distribué sous licence CERN Open Hardware licence Version 2.
Pour fabriquer sa propre borne, il sera même possible de passer par une solution d’impression 3D pour le boîtier. Elle nécessitera malgré tout d’avoir quelques compétences en informatique et assemblage, de disposer d’un réseau WiFi et d’avoir sous la main quelques composants pour un coût ne dépassant pas 450 €, d’après nos estimations.
le boitier finalisé
Oui, mais bon...
Reste, et personne ne sera dupe, qu’outre les capacités techniques impliquées, cette solution pallierait avant tout le manque d’investissement de l’État et des collectivités. En effet, le coût d’un agent chargé de contrôler les Pass à l’entrée d’une bibliothèque n’a que rarement été supporté — reporter sur les personnels cette mesure était plus économique, dans une vision courtermiste.
Gardons par ailleurs à l’esprit qu’« une très large majorité s’exprime contre le pass sanitaire en médiathèque (88 %), se marquant encore davantage sur la question des 12-18 ans (90 %) », pointait l’enquête terrain de l’ABF. La borne, en soi, incarne certes une solution de repli pour ne pas effectuer humainement les contrôles, mais ne répond en rien aux demandes des professionnels. Ces derniers restent consternés du deux poids-deux mesures en vigueur : les magasins, anciennement non-essentiels, n'ont en effet pas cette contrainte de contrôle sur leurs clients. Pourquoi cette distinction ? Mystère.
Le Gouvernement a dernièrement annoncé le retour du masque obligatoire dans les bibliothèques et médiathèques, depuis ce 26 novembre. L’apparition du variant omicron, dernière mutation en date du Covid-19, n’a pour l’heure pas entraîné de nouvelles mesures. L’OMS a toutefois estimé que cette mouture présentait « un risque très élevé » au niveau mondial.
crédits photo : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Par Clément Solym
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21 Commentaires
Al
29/11/2021 à 14:59
Quand on commence à vouloir optimiser le contrôle, c'est que ça sent le dispositif qui est amené à durer...Je dis ça, je dis rien.
Monique Lapeur
29/11/2021 à 15:03
Cool, un pas de plus vers l'automatisation du contrôle social.
Merci la gendarmerie
Catherine Boidin
29/11/2021 à 23:07
Des centaines de clients qui se bousculent dans les magasins pendant le fameux Black friday sans passe sanitaire...et passe sanitaire obligatoire en bibliothèque ! Cherchez l’erreur 😂😂😂
Mat
29/11/2021 à 23:56
On rentre dans une societe de contrôle et de fliquage permanent maintenant par des machine l'être humain est tombé bien bas
Aleksirius
30/11/2021 à 02:25
Merci à nos gendarmes éclairés pour ces sublimes avancées vers la discrimination sanitaire et, pourquoi pas, à terme, pire encore ? Misérable monde que voilà...
Big Brother
30/11/2021 à 05:58
Les débuts du télécran...
Dire qu'il y a 2 ans, tout le monde se moquait d'un 1984.
nathalie
30/11/2021 à 08:14
Et deux discriminations de plus .
1/ valable uniquement sur Android
2/ valable uniquement pour les personnes munies de smartphones - sous Android .
Et ceux et celles qui ont imprimé leur passe et n'ont pas de smartphones?
Alors on a déjà les automates de prêt / retour, on ne voit plus d'humains ... et on aura les bornes de vérification... au lieu d'un humain (ou une humaine le plus souvent ) qui certes lit un passe, mais aussi peut faire l'accueil souriant, orienter, aider . Car , oui, on peut accueillir agréablement les usagers, même pour vérifier un passe sanitaire et la grande majorité d'entre eux n'y voit pas de discrimination .
Ed
30/11/2021 à 08:28
Bonjour nathalie
Il y a deux erreurs dans votre commentaire : la borne fonctionne sur Android, mais cela ne signifie pas que vous devez avoir un appareil Android pour qu'elle vous identifie. C'est le système d'exploitation un peu comme vous pouvez vous servir de votre Kindle, qui fonctionne avec Linux etc.
Du reste, la borne peut scanner un pass imprimé sur papier, là encore aucune incompatibilité.
Ne cherchez pas à instaurer du mal là où il n'y en a pas sur des sujets que, de toute évidence, vous ne maîtrisez pas.
Tatou
30/11/2021 à 09:11
Enfin une réponse logique dans ce monde où fleurit le complotisme le plus affligeant !
Sandrine
30/11/2021 à 10:01
"Ne cherchez pas à instaurer du mal là où il n'y en a pas sur des sujets que, de toute évidence, vous ne maîtrisez pas"
Sachez que vous ne maitrisez pas mieux le sujet très cher!
Avant de "tacler" les autres sur les moindres "erreurs", mieux vaut se renseigner.
Car oui, certains tests faits par les labos n'ont pas de QR code sur le papier qui nous est délivré. Il faut télécharger le QR code sur le téléphone.
Alors restons courtois, chacun est libre de dire ce qu'il pense sans forcement toujours pointer du doigt ce qui ne va pas chez le voisin. Car personne ne détient LA vérité.
Ed
30/11/2021 à 21:56
Je reste courtois, je soulignais simplement que vous confondez des choses, les mélangez et conclusion, il en sort une analyse un brin excentrique.
Voilà tout.
Quant à ces labos qui délivreraient des résultats sans QR Code, il vous est toujours possible d'imprimer lesdits résultats reçus. L'affichage uniquement sur smartphone me semble étonnant : auriez-vous le nom d'un de ces laboratoires ? Il faudrait dénoncer cette pratique discriminante.
Par ailleurs, mettre des mots entre guillemets ne vous met pas à l'abris des erreurs commises.
SamSam
30/11/2021 à 10:09
" L’apparition du variant omicronL’OMS a toutefois estimé que cette mouture présentait « un risque très élevé » au niveau mondial."
Evidemment... On se réfèrera à Hold on pour avoir une information libre sur l'Omicron, aussi dangereux que la 5ème vague est officielle...
Pour le reste, on re-écoutera Coluche pour avoir un avis éclairé sur l'idée gendarmesque de planter des bornes en bib.
Chani
30/11/2021 à 20:07
J'ai été bibliothécaire pendant 40 ans et au grand jamais je n'aurais cru possible, et pour mes collègues non plus, que dans notre pays on puisse en arriver à de telles mesures discriminatoires. C'est inconcevable et radicalement opposé aux missions même de la profession, dont les fondements sont d'offrir à tout citoyen, sans aucune distinction quelqu'elle soit, l'égalité d'information et une offre culturelle et de loisirs de qualité. Ce sont les principes même de notre métier et il n'est pas question de dire : "il faut trouver les moyens de contrôler le Pass etcetc".
Cette mesure est la honte de notre pays, d'une manière générale et plus encore pour ce qui concerne l'accès à la culture et l'accès aux soins médicaux.
Charly
30/11/2021 à 21:02
En tant que bibliothécaire dans une commune de -2000 habitants je trouve scandaleux de nous faire fliquer des usagers que l'on connaît parfaitement. De plus faire venir des ados en bibliothèque n' est déjà pas facile ..Leur demander un passe est rédhibitoire ! Notre ministre de la culture ne connaît rien à notre métier. On reçoit des personnes un jour avec masque...Le lendemain non ! Laissez nous faire notre métier : apporter du rêve et un peu de culture à nos concitoyens !
May
01/12/2021 à 08:14
Je crois que tout le monde a oublié ce qu'est une bibliothèque. Elle est libre d'accès. Le pass sanitaire va à l'encontre même de ce que représente ce lieu de liberté. Et hélas c'est bien de cela qu'il s'agit. C'était quoi,déjà ce poème "j'écris ton nom sur les murs,LIBERTÉ ".
Stéphanie Hollard
01/12/2021 à 10:27
Bon sang mais est-ce que tous vos lecteurs sont à ce point bouchés qu’ils ne comprennent pas le ridicule de leur révolte ?! Vous n’avez que le mot discrimination à la bouche, les missions sacrées des bibliothécaires… Mais êtes-vous au courant que pour entrer à l’école, dès la maternelle, il faut présenter le carnet de vaccination et que sans certaines vaccinations obligatoires les enfants ne peuvent pas être accueillis ? Et, à part quelques antivax paranos hermétiques à la science, cela est accepté, à raison, par tout le monde sans problème.
Les missions des bibliothèques sont-elles plus sacrées que celles de l’école ?
Al
01/12/2021 à 18:11
Le mot "révolte" est un peu fort. Il y a juste des gens qui se posent des questions. C'est interdit en démocratie ?
On parle des bibliothèques, pas des écoles. On parle de la pandémie de covid 19, pas du tétanos ou de la polio.
On vous demandait souvent votre carnet de santé pour aller en bibliothèque ? On vous demandait votre carnet de santé pour aller dans un bar ? Ou au restaurant ? Non. La situation de contrôle de données de santé personnelles est inédite (cf : défenseur des droits). Pas de fausse naïveté.
Stéphanie Hollard
01/12/2021 à 20:33
Quand des bibliothécaires appellent à la grève, signent des pétitions, et défilent dans les rues vous appelez ça se poser des questions vous ?
Bien sûr que c’est autorisé en démocratie, et cela prouve bien que nous sommes encore en démocratie et pas dans un Etat totalitaire contrairement à ce que vous laissez sous-entendre en parlant de contrôle de données de santé personnelles et de dispositif amené à durer, j’dis ça j’dis rien… Peut-être certains ont crus que les images lors du premier confinement avec les drones policiers sommant les gens de rentrer chez eux étaient tournées en France et pas en Chine. Car effectivement là-bas ils n’ont guère le loisir de se poser des questions.
Mais vous avez bien raison, on ne m’a jamais demandé mon carnet de santé pour aller dans un bar, un resto ou une bibliothèque. Et vous savez pourquoi ? Parce qu’on n’est pas en période de pandémie de polio. Mais on le serait je le présenterais avec plaisir. Comme je l’ai fait quand j’ai inscrit mes enfants à l’école, en centre de loisirs ou tout autre lieu d’accueil où le « contrôle des données de santé personnelles » le nécessitait. Comme quoi ce n’est pas inédit.
Peut-être même que votre permis de conduire mentionne aussi que le port de verres correcteurs est obligatoire ? Vous vous questionnez alors sur le bien-fondé de présenter vos papiers lors d’un contrôle de police ? Que dit le défenseur des droits ?
Sauf à considérer que les bibliothèques sont un espace à part, en autogestion, je ne vois pas pourquoi elles devraient être soumises à des règles différentes.
Et pour vous dire le fond de ma pensée, je pense que beaucoup d’anti-passes (bib ou non) se servent de cette « atteinte aux libertés » pour rejeter ce gouvernement et sa politique. Mieux vaudrait s’attacher à le rejeter pour les bonnes raisons, son libéralisme crasse, l’aggravation dramatique des inégalités sociales, son clientélisme auprès des très riches, son saccage de l’hôpital public, et sa gestion calamiteuse de cette pandémie (entre autres car la liste est longue).
Car oui je pense qu’elle a été mal gérée : la non reconstitution des stocks de masques, les mensonges qui ont suivis, les fausses promesses aux personnels hospitaliers, les fermetures de lits qui continuent, le manque de moyens alloués à la recherche qui aurait pu produire un vaccin Français…
Alors se poser des questions sur le passe en bibliothèque… 😩
Al
02/12/2021 à 17:39
Non je n'ai pas parlé d'Etat totalitaire. Vous interprétez mes propos. Automatiser les contrôles du passe sanitaire peut laisser penser que ce dispositif est amené à durer. Ce contrôle des données de santé personnelles à cette échelle (par des quidams : barman, restaurateur, bibliothécaire, etc) est inédit, c'est factuel.
"Quand des bibliothécaires appellent à la grève, signent des pétitions, et défilent dans les rues vous appelez ça se poser des questions vous ? " oui ils utilisent leur droit de grève, c'est interdit ? Leur liberté d'opinion, c'est interdit ? C'est interdit de penser autrement sur ce sujet (le passe dans les bibliothèques) que le gouvernement ?
Ceci-dit le Président et le gouvernement ont eux-même reconnu que le passe sanitaire était une incitation à la vaccination. Empêcher les gens d'aller à la bibliothèque est-il une incitation à la vaccination ? Quand on a une baisse tendancielle de la lecture en France depuis des années, qu'on proclame la lecture grande cause nationale en 2021, mettre un passe sanitaire en bibliothèque n'est-il pas un frein supplémentaire ? La culture semble être le bouc émissaire de cette crise. Remarquons, il semble qu'on ne se contamine pas dans les FNACS et autres enseignes marchandes. On n'est plus à un paradoxe près. Alors oui il y a des règles différentes (rien qu'entre bibliothèques où la BNF par exemple est ouverte sans passe sanitaire).
Oui les bibliothèques sont un espace à part. Oui j'ose le dire sans problème. Il s'agit d'un service public gratuit et libre d'accès où les personnes pouvaient venir sans discrimination personnelle se cultiver. Le précaire peut consulter internet, lire un journal. Le jeune peut venir préparer son exposé. le retraité peut participer à un groupe de lecture. Tout ceci est gratuit et financé par la collectivité, c'est à dire les contribuables, nous tous en quelque sorte. Est-on dans le même cas qu'un bar ? un restaurant ?
Je ne reviens pas sur les comparaisons avec le permis de conduire. Il est vrai que le passe sanitaire sanctionne toutes les compétences pour boire dans un bar ou manger dans un restaurant.
Stéphanie Hollard
02/12/2021 à 18:16
Sans espoir.
Bonne chance.
Al
02/12/2021 à 21:02
Vous pratiquez le relativisme. Libre à vous. Cordialement.