#PenuriePapier – Papier, vous avez dit papier ? Les conifères représentent une belle partie du bois servant à la pâte à papier, mais cela ne sent pas ce type de sapin actuellement. La crise du papier qui sévit continue de provoquer des sueurs froides, alimentées par la spéculation et les retards à tous niveaux — production, transport ou acheminement. L’automne, saison des feuilles mortes — à condition qu’il y ait de quoi en imprimer ?
Le 13/10/2021 à 16:16 par Nicolas Gary
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13/10/2021 à 16:16
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Car depuis des semaines, une autre crise, touchant l’énergie cette fois, alimente l’inflation globale : hausse du baril de pétrole, arrivé à plus de 84 $ – son plus haut depuis trois ans. En Chine, les autorités font face à des difficultés d’approvisionnement en électricité, déclenchant des variations sur les marchés boursiers. « La situation est simple », résume un éditeur, « la hausse des coûts de l’énergie engendre une inflation qui freinera la reprise économique ». Et en attendant, tous les secteurs industriels sont frappés. « On en parle tous, mais le reconnaître publiquement signifierait que c’est la cata chez nous. » La volonté d'anonymat devient ainsi unanime.
« Il ne s’agit plus simplement de papier, mais de toutes les énergies auxquelles nous avons recours pour produire », note un imprimeur. « Électricité et gaz sont à la hausse, et pareil pour les matières premières : la pâte à papier a pris 48 % d’inflation depuis le début de l’année. Pour l’instant, l’augmentation se poursuit à un rythme moindre. Mais on ne voit pas le moment où cela s’arrêtera. »
CRISE DU PAPIER: pourra-t-on imprimer le prix Goncourt ?
Or, il faudra que cela cesse… « Les produits chimiques – et on en utilise pour faire du papier – suivent la même tendance », poursuit-il. « D’un côté, nos clients consomment plus qu’avant – pourtant, 2021 est une bonne année, mais pas à ce point. De l’autre, certains opérateurs achètent du papier, et sur-stock en prévision… » À cette heure, le flou est global : « Nous ne connaissons pas les prix ni les volumes alloués : on est obligé de demander aux clients de se calmer sur les achats de papier », abonde un papetier.
Certains ont même décidé de marquer une pause, le temps de faire retomber la poussière et l’agitation. « Aucune nouvelle commande n’est prise. Et personnellement, je ne vois pas d’amélioration avant mars 2022. Nous sommes incapables de visualiser ce qui arrivera : soit c’est une bulle spéculative qui nous explosera au visage, soit les tensions vont s’apaiser. Dans tous les cas, on marque une pause d’une quinzaine de jours. Si on ouvre les vannes, ça va être la ruée… »
Dans tout cela, quoi de plus normal que de voir Bruxelles s’inquiéter des dérives industrielles ? En effet, les enquêteurs de l’Union européenne ont ouvert une enquête visant deux papetiers finlandais — Stora Enso et UPM. Les autorités soupçonnent les entreprises d’infractions aux « règles de l’UE en matière d’ententes et d’abus de position dominante qui interdisent les ententes et les pratiques commerciales restrictives », rapportait l’AFP ce 12 octobre.
Côté éditeur, on apprécierait de pouvoir se ruer, parfois : « Les délais d’approvisionnements sont autour de 8 à 10 semaines : il devient délicat d’établir des planifications fiables – or, nous avons besoin de visibilité. Les services commerciaux doivent déclencher leurs volumes près de quatre semaines plus tôt, pour avoir les quantités ! »
Et de regarder du côté de la Chine et des États-Unis, avec amertume. « Après les épisodes de 2020, nous avons vécu sur les stocks, puisque la production en usines n’avait pas repris. Et lors de la reprise, les carnets de commandes des imprimeurs ont été diminués : pas assez de personnel. Maintenant, les stocks se vendent aux plus offrants, avec les deux grandes puissances qui monopolisent les achats de pâte à papier. »
USA: Sorties repoussées, coûts qui explosent
Avec, toujours, ces constitutions de stocks, tandis qu’une part importante de la matière est redirigée vers la fabrication de carton d’emballage. « Voilà les effets pervers de la mondialisation. L’édition, à travers les livres, est devenue dépendante de matériaux, de savoir-faire, de transporteurs en fret maritime, par exemple. Très dépendante. En l’absence d’autonomie, pour produire les livres, on attend que la chaîne reparte : quand elle ne tourne plus, plus rien n’est possible. »
Le coût des conteneurs, déjà amplement évoqués, a explosé : « Un modèle de 40 pieds au départ de Hong Kong vers Le Havre coûtait 2500 $. Il est passé à 15.000 $ et revenu dernièrement à 8000 $. Mais cet effet de yoyo n’est pas viable, particulièrement quand on assiste à un engorgement : on fait la queue pour avoir les produits, et tout le monde est dans le même bain. »
Philippe Chalmin, professeur d’histoire économique à l’Université Paris-Dauphine, l’indiquait mi-septembre sur son blog : la logistique représente le véritable goulot d’étranglement qui provoque ces pénuries.
Il faut maintenant compter bien plus de 10.000 $ pour expédier un « 40 pieds » d’Asie vers l’Europe ou l’Amérique du Nord. Mais si les prix ont quintuplé, les délais ont au moins doublé : nombre de ports sont saturés, les navires attendent au large, les flux de conteneurs vides sont perturbés. Les armateurs eux-mêmes commencent à s’en préoccuper : ainsi CMA-CGM et Hapag Lloyd viennent d’annoncer le gel de leurs tarifs (aux niveaux actuels quand même…).
Et l’universitaire de pointer « ce Talon d’Achille de la prospérité occidentale ».
Une autre reponsable de fabrication ajoute : « Ce qui doit être disponible en librairie en novembre / décembre est actuellement sur la mer : les bateaux prennent des semaines de retard, avec des renvois d’un port vers un autre. Alors on essaye de retomber sur nos pieds avec les distributeurs en transmettant les informations sur les retards, pour que les offices soient actualisés. » Mais les conséquences financières deviennent lourdes.
« Un livre reporté, c’est de la trésorerie qui disparaît pour être reportée sur le mois suivant. » Et pendant ce temps, sur la partie commerciale, on jongle. « Les enseignes établissent leurs catalogues : on achète des vignettes de référencement ou des mises en avant. Qu’en sera-t-il si les produits ne sont pas disponibles ? Le risque est que les cartons arrivent avec du retard : seront-ils seulement ouverts dans ce cas ? »
Se retrouver exclus des ventes de Noël, voilà la terreur grimpante : la communication est déjà faite par les équipes de diffusion, et les commerciaux devront redoubler de boulot pour obtenir un peu de compréhension. « Actuellement, on gère la crise de fin d’année. En 2022, on va être dans le binaire : soit on a, soit on n’a pas. Et là… »
Un imprimeur conclut : « Nous touchons au drame de la mondialisation, frappée de plein fouet par la crise Covid et ses répercussions désormais. La reprise est lente, chaotique, pénible. Le polymère, la colle, les encres, tout cela est concerné : autant de produits nécessaires pour produire les livres, les emballer, les déplacer. Même les palettes posent problème, parce que le bois pour les fabriquer est rerouté vers la production d’aggloméré… Oui, pour faire des meubles. »
Confinés, les habitants de notre petite planète ont fait le tour de leur domicile, avec l’envie de changer le visage de leur appartement. Le rebond de la croissance dans ce secteur a des répercussions, dès lors que les déchets de bois sont réquisitionnés – au Canada, aux USA en Chine – pour produire des meubles. La fibre de bois est renvoyée vers l’aggloméré…
Et l’éditrice de soupirer : « Quand on se retrouve à cinq sur une ligne de planning chez l’imprimeur, on comprend que ça va être compliqué. Pour l’heure, on jugule l’étranglement. Mais personne ne peut affirmer que la rupture totale n’arrivera pas. » Au point que les questions environnementales et écologiques finissent par passer à l’arrière-plan. « Pour certains, c’est un luxe, très secondaire actuellement… »
Avec la hausse des prix pour les matières premières, l’énergie, le transport — en somme, toute la chaîne de production — comment éviter que le livre ne soit demain plus cher ? « Personne n’occulte cette perspective : tout dépendra du segment éditorial, évidemment... »
Crédits photo : Kyle Ryan/ Unsplash ; Alfonso Navarro/ Unsplash
DOSSIER - Pénurie de papier : crise et tensions dans le monde du livre
15 Commentaires
LOL
14/10/2021 à 08:16
« il devient délicat d’établir des planifications fiables – or, nous avons besoin de visibilité. Les services commerciaux doivent déclencher leurs volumes près de quatre semaines plus tôt, pour avoir les quantités ! »
Si je comprends, la grosse difficulté consiste à s'y prendre... quatre semaines plus tôt. Dur dur la vie d'un commercial de l'édition !
Le pauvre, s'il savait qu'un auteur attend des mois, parfois plus d'une ANNÉE avant d'avoir ne serait-ce qu'une réponse d'un éditeur (quand ce dernier s'abaisse à lui répondre), il n'en survivrait pas le bichounet.
Nicolas Gary - ActuaLitté
14/10/2021 à 08:44
Bonjour LOL
J'imagine que l'on vous a déjà suggéré de comparer ce qui est comparable, et que c'est volontairement que vous faites l'assimilation entre deux temps de la vie d'un livre qui n'ont rien de commun l'une avec l'autre. J'imagine également que c'est à dessein, pour servir une fausse candeur, que vous vous méprenez sur la temporalité de ces fameuses quatre semaines liées aux commandes. Et donc que tout ce commentaire n'est qu'un global sarcasme, sans plus d'intérêt que le déversoir à aigreur, qui n'aura pas sa place la prochaine fois dans nos colonnes.
Ou bien ai-je mal compris moi-même ?
LOL
14/10/2021 à 11:44
Je comprends dans votre réponse que le fait de comparer la situation d'un auteur - très précaire - et dont le travail est dénigré à celui d'un commercial - très confortable - et qui sont les vrais décideurs dans la chaîne de l'édition n'a pas sa place ici.
Dont acte. Je ne le referais plus.
Nicolas Gary - ActuaLitté
14/10/2021 à 11:49
Bien, je vois que vous lisez et comprenez ce qui en réalité vous arrange et doit servir votre propos, c'est très bien.
L'erreur vient donc de ma démarche.
Nous n'avons rien à nous reprocher dans la défense des auteurs, que ce soit à travers nos papiers ou nos actions. Je pointe en revanche que le rapprochement n'a pas grand sens en l'état. Et quand le commercial n'aura plus de papier pour produire des livres, la situation des auteurs en sortira grandie, c'est une évidence.
Excellente fin de journée.
Roques
14/10/2021 à 13:22
Bonjour,
je ne comprends pas pourquoi vous êtes si agressif dans vos réponses à LOL, et j'en suis choquée.
C'est simplement cela que je voulais vous dire, même si cela vous indiffère.
Bien à vous
Selma
19/10/2021 à 13:06
Sidérant ! On se demande ce qui prévaut de la pédanterie ou de la méchanceté.
Pic
14/10/2021 à 08:19
« Nous touchons au drame de la mondialisation, frappée de plein fouet par la crise Covid et ses répercussions désormais. »
Drôle de façon de voir les choses. La crise du COVID n'a pas frappé de plein fouet la mondialisation : elle est un effet direct. Si le monde ne faisait pas circuler tout n'importe comment n'importe où sans rien vérifier, le virus aurait été circonscrit en Chine et tout le monde s'en foutrait actuellement en traitant les Chinois de gros fous pervers qui enferment leur population.
La crise du COVID est un symptôme du mal, pas l'origine du mal.
Nicolas Gary - ActuaLitté
14/10/2021 à 08:41
Bonjour Pic
Vous dites, et avec justesse : "La crise du COVID est un symptôme du mal, pas l'origine du mal."
Mais le symptôme peut devenir origine de maux, ce qui dans les propos de mon interlocuteur pour ce papier, était le cas.
Sans paraphraser : la mondialisation a provoqué la crise Covid, la crise Covid a mis à plat la mondialisation. Mais à sa suite, a des répercussions – dans la reprise des industries, autant que dans les hoquets, couacs et autres dysfonctionnements qui en découlent. Elle est conséquence et devient par là même, également origine.
Pour le reste de vos propos, je les trouve personnellement très réducteurs et peut-être même injurieux. Puis-je vous suggérer plus de mesure ?
Aradigme
14/10/2021 à 11:10
Dans les années 1970, seules trois régions dans le monde fabriquaient des produits de consommation courante techniquement avancés: les USA, l'UE et le Japon. La mondialisation fut développée en partie pour mettre fin à ce monopole. Elle poursuivait à l'origine deux buts concommitants: développer industriellement des zones géographique - principalement en Asie- afin de les sortir de leur misère, et offrir aux consommateurs des trois régions dominantes des produits de bas ou milieu de gamme technologique à bas coût afin d'augmenter leur pouvoir d'achat.
La mondialisation, pensée comme un système gagnant - gagnant dans les années 1970, a bien atteint ses objectifs - trop bien, estimeront certains, probablement à raison.
Comme tout dispositif efficace, elle a évolué du vertueux au monstrueux à cause de son succès et de sa croissance. Ses failles et effets pervers ne sont devenus évidents qu'une fois sa taille devenue monumentale.
La mondialisation ne devrait pas disparaitre, car elle rend d'éminents services, mais elle devrait être régulée car le monde a bien changé depuis les années 1970 tant au point de vue technologique que politique et économique.
Les pénuries que nous voyons actuellement (entre autres pour la pâte à papier) sont causées par la reprise difficile d'une chaine d'approvisionnement mondiale temporairement interrompue à cause du Covid. Elles disparaîtront au bout d'environ un an, mais elles ne sont qu'un avant-goût des problèmes qui nous attendent.
Les sociétés européennes vont s'appauvrir car elles se sont trop désindustrialisées. Certaines industries pourront être relocalisées, non sans difficultés, au niveau du pays. L'industrie de la pâte à papier en fait partie car l'expertise demeure vivante.
Pour beaucoup d'autres, par contre, la relocalisation ne pourra se réaliser qu'à l'échelle d'un continent et sera très complexe. L'Europe est aujourd'hui incapable de fabriquer des ordinateurs, des TV ou des téléphones portables nouvelle génération. Nous ne disposons ni de l'expertise ni des matières premières requises pour relancer ces fabrications. La résurrection de telles activités implique de développer des filières dans un marché économique européen fermé aux importations par des taxes élevées, ce qui aura deux effets: des mesures de rétorsion de la part des pays visés par ces mesures et une augmentation des prix de ces produits, donc une diminution du pouvoir d'achat des européens.
Quant à la dissémination du covid, elle aurait probablement eu lieu, mais un peu plus lentement, en l'absence de la mondialisation. Seule une fermeture drastique des frontières aurait pu vraiment la freiner et la plupart des politiques européens s'y sont refusé au nom de leur interprétation des droits de l'homme (liberté de circuler). Certains allèrent même jusqu'à tourner l'idée en dérision ("les virus n'ont pas de passeports"). Des états comme Taiwan, l'Australie ou la Nouvelle Zélande ont fermé leur frontières dès le départ et ainsi protégé leurs populations efficacement. Ils ont par contre commis ensuite l'erreur de ne pas profiter de ce répit pour vacciner au plus vite tous leurs citoyens.
Ashran
14/10/2021 à 11:18
Pour compléter votre article, il est difficile aussi pour nous libraires de savoir sur quel pied danser. Quelle quantité commander? Quels ouvrages mettre le plus en valeur? Une forme de pression incidieuse s'installe. Nos commerciaux nous informent des ruptures à parution, des impossibilités de se réapprovisionner ; sans oublier les délais de livraison qui s'allongent liés aux divers problèmes que vous énoncez concernant la logistique. Logistique qui malheureusement maltraite bien souvent le livre. Les cartons qui arrivent défoncés et la marchandise abîmée que nous ne pouvons vendre en l'état. C'est un gâchis pour tout le monde (auteur, illustrateur, éditeur... Bref toute la chaîne) qui pourrait être évité. La crise Covid a montré combien les secteurs de la logistique et du transport étaient mal au point et les années à venir devront soutenir et revaloriser ces secteurs essentiels dans le bon fonctionnement de notre économie.
Toutefois, en tant que libraire, j'essaie de rester sereine malgré les incertitudes de cette fin d'année. Nous avons la chance d'exercer un métier où nous pouvons proposer des alternatives, il y a du stock sur des milliers de livres et nous pouvons remettre en valeur des ouvrages qui n'ont peut-être pas eu leur chance à leur sortie initiale. Parce qu'il ne faut pas se leurrer, et on le dit assez peu je trouve, la production est telle, que de nombreux ouvrages se retrouvent noyés dans la masse et que nous mêmes professionnels passons à côté de bons titres. La durée de vie du livre en magasin se réduit d'année en année et même avec toute la bonne volonté du monde, on ne peut pas toujours garder longtemps tel ou tel ouvrage parce que nous avons besoin de faire de la place. Globalement nous recevons des nouveautés toutes les semaines dix mois sur douze, il ne faut pas l'oublier.
Alors je pense que nous ne devons pas céder à l'affolement, nous sommes astucieux et nous avons de la ressource, nous trouverons le moyen de satisfaire le client avec toute la marchandise que nous avons déjà et nos rayons sont déjà bien fournis pour cette fin d'année.
Je ne déborde pas d'optimisme, j'essaie de garder la tête froide et de relativiser. Courage à tous!
Marie Brunswick
14/10/2021 à 12:18
Bravo pour votre réaction et bon courage à vous.
Marie Brunswick
14/10/2021 à 12:16
Cette crise n'a pas que des effets pervers et peut peut-être contribuer à assainir quelques pratiques des grosses maisons d'édition :
1) Envahissement volontaire des tables de librairies par des ouvrages parfois sans intérêt pour "noyer" les livres des petits éditeurs.
2) Par conséquent, utilisation abusive du Pilon pour faire disparaitre ces ouvrages " bouche-trou".
3) Instauration de l'idée qu'un livre de plus de six mois n'a plus sa place dans les librairies.
4) Impression en Chine pour augmenter leur marge et cela au détriment des imprimeurs Français.
Ces derniers pourraient peut-être aussi nous renseigner sur les conditions qui leur sont imposées par les grands groupes d'édition lorsqu'ils utilisent leur propre stock de papier ?
Pour ma part j'observe cette crise avec un petit sourire en coin en attendant cependant comment les grands groupes vont essayer de retomber sur leurs pattes. Peut-être en faisant appel à des subventions de l'état ?
Contribuables à vos marques !
Jan Itor
14/10/2021 à 15:05
« ce Talon d’Achille de la prospérité occidentale ». Alors que même les plus distraits sont frappés, une crise après l'autre, par les remous de la fracture sociale grandissante, il se trouve encore des économistes pour utiliser des expressions de cette sorte. C'est fascinant...
Sonic
13/11/2021 à 09:13
Pourquoi ne pas proposer les livres uniquement en livres de poche et non en grand format à leur sortie ? Le dernier Ken Follett ressemble à un bottin ou à un catalogue de la Redoute. On a l'impression que c'est écrit pour les malvoyants, idem pour les romans de Grangé. Cela ferait des économies de papier et ce serait plus écolo.
Selma
13/11/2021 à 13:53
Pour tenter de répondre à votre question, les éditeurs et les auteurs vont surtout chercher leur gagne-pain sur l'impression initiale en "grand format", lequel justifie un certain prix. Pour l'auteur, par exemple, qui touche en moyenne 10% sur l'édition "grand format", cela fera autour de 2.5 euros, le livre vendu. Les habitudes étant prises, si l'on sortait tout directement en livre de poche, personne ne voudrait débourser 25 ou 30 euros pour un tel volume, la recette alors pour les auteurs serait encore beaucoup plus menue (Le tirage moyen d'un livre est de 5000 exemplaire). Nombreux aussi achètent le "grand format" dans un but de conservation pour les générations futures (vous me direz sans doute que le dernier Musso, Dupuy ou Patterson pourrait ne pas accrocher nos arrières-petits enfants). À noter aussi sur ce point que souvent le livre de poche n'est pas imprimé sur du papier sans acide, ce qui garanti une détérioration rapide du produit (il est vrai aussi, et c'est du vol, que certains éditeurs mesquins font carrément imprimer le "grand format" sur du papier journal amélioré).
Par ailleurs, le livre ne représente que 6% de l'utilisation globale du papier, la presse 25%, les éditions publicitaires 31%, les produits de la bureautique 24%, l'emballage 6%, etc. Pour l'écologie, lisons plutôt les nouvelles (propagande idéologique?) sur une tablette ou sur le téléphone, abolissons le papier dans l'Administration, et signifions au facteur ou à la factrice que l'on refuse toute publicité (justement appelée "pourriel" au format électronique).