Le réseau solidaire avec la lutte palestinienne pour l'autodétermination, Bibliothécaires et archivistes en Palestine (LAP), a publié un rapport préliminaire, début février, sur les « archives, bibliothèques et musées à Gaza qui ont été détruits, endommagés ou pillés par les forces armées israéliennes depuis le 7 octobre 2023 ». Un bilan qui s'arrête à janvier 2024, et dont le but est de dénoncer « l'effacement de la culture et de l’histoire palestiniennes ».
Le 07/02/2024 à 16:16 par Hocine Bouhadjera
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07/02/2024 à 16:16
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Selon l'organisme, ces destructions sont « depuis longtemps une tactique de guerre et l'occupation, un moyen de limiter davantage l'autodétermination des Palestiniens ».
Bibliothécaires et archivistes en Palestine développe : « Les conditions actuelles à Gaza, telles que le ciblage des journalistes, des coupures de communication fréquentes et des dégâts considérables à l’environnement bâti constituent une menace immédiate pour la sécurité. De plus, les archivistes et les bibliothécaires ont été déplacés, blessés ou tués à plusieurs reprises, ce qui rend la situation encore plus difficile. »
Le rapport est néanmoins « nécessairement incomplet », étant difficile de déterminer le statut précis des archives, bibliothèques et musées à Gaza, alors que les combats font toujours rage. Il fait suite à ceux publiés par Heritage for Peace le 7 novembre dernier, du Ministère palestinien de la Culture du 6 décembre 2023, ou encore du Groupe régional arabe au Conseil International des Monuments et Sites du 9 janvier 2024.
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Le document met en évidence la destruction d'institutions telles que les Archives centrales de la ville de Gaza, qui contenaient 150 ans de documents relatifs à son histoire, ou l'important Musée de Rafah : « Des matériaux historiques irremplaçables ont été perdus dans la destruction des bibliothèques représente non seulement la perte de collections de livres, mais aussi les efforts des bibliothécaires de Gaza pour acquérir, entretenir et donner accès à la lecture de matériaux, malgré le blocus continu de la bande de Gaza par Israël », explique le réseau.
En 1948, lors de la Nakba, 30 000 livres et manuscrits furent pillés dans les maisons palestiniennes ; en 1982, lors de l’invasion du Liban par Israël, Israël a pillé et confisqué la bibliothèque et les archives de l’Organisation de libération de la Palestine ; les bibliothèques et les archives ont été endommagées pendant la Seconde Intifada et ont été prises pour cible à plusieurs reprises à Gaza. En outre, la destruction intentionnelle du patrimoine culturel a été reconnue comme un crime de guerre et poursuivie devant la Cour pénale internationale.
- Rapport préliminaire des bibliothécaires et archivistes de Palestine sur les dommages causés par Israël aux archives, bibliothèques et musées à Gaza, Octobre 2023-janvier 2024.
Librarians and Archivists with Palestine (LAP) est un réseau composé de bibliothécaires, archivistes et professionnels de l'information qui se définissent eux-mêmes comme solidaires de la lutte palestinienne pour l'autodétermination. Tout bibliothécaire, archiviste ou professionnel de l'information partageant leurs principes peut rejoindre le réseau et aura ensuite la possibilité de participer à des groupes de travail et de contribuer à divers projets.
Leur conseil consultatif palestinien regroupe des bibliothécaires, des archivistes, des professionnels de l'information et des activistes issus de bibliothèques publiques, universitaires, d'archives, de musées et d'ONG œuvrant dans des domaines variés, allant des droits des prisonniers à la préservation de la mémoire culturelle.
Parmi les bibliothèques victimes du conflit, la Diana Tamari Sabbagh située dans le Centre Culturel Rashad al-Shawa de Gaza, qui a été complètement détruite par un bombardement israélien, entraînant la perte de dizaines de milliers de livres. Ce bâtiment abritait également des centaines de Palestiniens déplacés au moment de sa destruction, le 25 novembre dernier.
La Bibliothèque Enaim a été complètement détruite, révèle un rapport initial daté du 6 décembre. La Bibliothèque Municipale de Gaza a elle subi un incendie majeur le 27 novembre 2023, causant des dommages significatifs à l'édifice et mettant en péril sa collection. L'Institut de Développement Éducatif Kana’an, qui abritait une bibliothèque communautaire, a été anéanti, comme La Bibliothèque Al-Shorouq Al-Daem.
Les bibliothèques Lubbud et Al-Nahda, ainsi que la Librairie et Bibliothèque Samir Mansour à Gaza, ont cette fois été gravement endommagées, souffrant de niveaux variés de destruction.
Les bibliothèques universitaires n'ont pas été épargnées par la guerre : la Bibliothèque de l'Université Islamique de Gaza n'est plus depuis le 9 octobre 2023, un coup dur pour l'enseignement supérieur dans la région. Le 18 janvier 2024, une détonation a détruit la Bibliothèque et le Musée National de l'Université Al-Israa, entraînant la perte de plus de 3000 artefacts archéologiques. La Bibliothèque de l'Université Ouverte Al-Quds à Gaza a elle été endommagée.
Enfin, bien que le campus de l'Université Al-Azhar à Gaza ait été dévasté, les informations spécifiques concernant l'état de la Bibliothèque Jawaharlal Nehru n'ont pas été précisées, malgré un rapport de dommages en date du 19 octobre dernier.
Il y a les institutions, les bâtiments et ce qu'ils préservent, et les hommes qui la font vivre, avant de mourir. Bibliothécaires et archivistes en Palestine cite celles et ceux qui ont été parmi les victimes du conflit : Abdul Karim Hashash, écrivain et défenseur du patrimoine, décédé le 23 octobre 2023, Bilal Jadallah, directeur de la Maison de la Presse, décédé le 19 novembre 2023, Doaa Al-Masri, bibliothécaire à la Bibliothèque Edward Said, décédée le 7 décembre 2023, Dr. Jihad Suleiman Al-Masri, historien et directeur à l'Université Ouverte Al-Quds, décédé le 17 octobre 2023, Iman Abu Saeed, historienne orale, et Marwan Tarazi, archiviste, tué le 19 octobre 2023.
Les musées de Gaza ont également subi des pertes et dommages significatifs : Le Musée Akkad, connu pour sa riche collection d'environ 2800 artefacts couvrant de la préhistoire à l'époque moderne, a été endommagé. De même, le Musée Culturel Kararah a subi de graves dommages, incluant la destruction de vitrines précieuses abritant des artefacts archéologiques. Le Musée Deir Al-Balah a également été touché, subissant des dommages partiels à cause de tirs indirects rapportés pour la première fois le 7 novembre 2023.
L'Ibrahim Abu Sha’ar Heritage Diwan, un trésor de la culture bédouine, a été complètement détruit. Le Musée Khudari et le Musée Culturel Al-Qarara (ou Musée de Khan Younis) ont connu des dommages dits considérables. Le Musée de Rafah a été totalement rasé par des frappes aériennes au début d'octobre 2023. Enfin, le Musée Shahwan a également été endommagé.
On peut enfin évoquer La Grande Mosquée Omari, « touchée » par une frappe israélienne en novembre, qui contient l'une des plus importantes collections de livres rares de Palestine.
La municipalité de Gaza avait lancé en 2023 un appel à l'UNESCO, demandant son intervention pour protéger les établissements culturels et dénoncer les attaques menées par les forces d'occupation contre des structures sauvegardées par le droit international humanitaire.
Hosni Muhanna, responsable du bureau des médias de Gaza, s'exprimant auprès de l'agence de presse gouvernementales turque Anadolu, avait de son côté déploré que les frappes ciblées aient pour but de « propager l'ignorance au sein de la société en prenant spécifiquement pour cibles les importantes bibliothèques de la ville ».
Le 27 octobre dernier, l'UNESCO avait souligné l'importance de préserver les institutions éducatives, qui offrent souvent un refuge aux civils, rappelant que leur ciblage ou leur utilisation à des fins militaires viole le droit international.
Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, rencontre ce mercredi 7 février les dirigeants israéliens pour discuter d'un nouvel accord de trêve à Gaza, révèle l'AFP. Il inclut la libération d'otages, alors que le conflit avec le Hamas entre dans son cinquième mois.
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Des bombardements israéliens ont récemment ciblé Khan Younès et Rafah, provoquant la mort de 123 personnes en 24 heures selon le ministère de la Santé du Hamas. Une proposition de trêve, incluant la libération de prisonniers palestiniens contre des otages détenus à Gaza, est actuellement examinée.
La guerre, déclenchée par une attaque du Hamas, a fait plus de 27.708 morts à Gaza et déplacé 1,7 million de personnes. 1160 israéliens sont morts, tués par balles, brûlés vifs ou mutilés, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP, le 7 octobre, déclenchant la riposte israélienne.
Une cérémonie d’hommage aux 42 victimes françaises et franco-israéliennes de cette attaque du Hamas en Israël a eu lieu ce 7 février aux Invalides.
Crédits photo : Bibliothèque publique de Gaza (photographie fournie par la municipalité)
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
7 Commentaires
Michel
07/02/2024 à 20:42
Voilà ce qu'écrit LAP en octobre 2023 : "Le soutien aux actions actuelles d’Israël s’appuie sur une vague déferlante de désinformation, la dernière en date d’une campagne de longue haleine visant à normaliser la colonisation et la violence israéliennes".
Où était la violence le 7 octobre 2023 ?
Alors, pardon de le dire comme ça, la cause palestinienne est morte et enterrée le 7 octobre 2023.
Foussignargues
08/02/2024 à 10:53
1/ La violence n'a pas commencé le 7 octobre, le peuple palestinien la subit depuis 1948 (au moins).
2/ La destruction du patrimoine palestinien s'inscrit dans un plan délibéré d'effacement d'un peuple.
3/ Bien loin d'être enterrée, la cause palestinienne est plus vivante que jamais, comme le prouvent les millions de personnes manifestant partout dans le monde;
Michel
08/02/2024 à 23:53
Ben voyons ! Et qui veut éradiquer Israël et accessoirement les Juifs ?
Je ne comprends pas ce tropisme de la gauche pour des barbares qui n'ont rien à envier aux nazis...
Henriette Chardak
09/02/2024 à 18:58
Bien d'accord. Je me demande ce que viens faire cet article sur ce site. J'ajoute avec un humour qui m'est particulier; qu'avec 700 KMS de tunnels en béton, que de bibliothèques et auraient pu être construite à Gaza, et aussi de livres imprimés sans la " haine du juif" inculqué aux enfants. Je signale qu'on peut toujours réserver des chambres dans des hôtels de luxe à Gaza : tout l'atgent qui n'est pas allé à la culture n'est-il pas un crime invisible?........
jujube
08/02/2024 à 17:29
Il fallait s'y attendre.
Foussignargues
10/02/2024 à 17:50
Pour estimer qui sont les barbares, je vous propose le témoignage d'un médecin français retout de Gaza :
https://www.youtube.com/watch?v=6wBYjzeYYs4
Merlin Lefur
11/02/2024 à 13:19
L'œuvre complète de Yann Moix partie en fumée... si c'est pas terrifiant à la fin cette guerre... et celle de Tesson également va savoir... nom d'un chien...