80.000. C’est le nombre d’ouvrages à sacrifier dans le déménagement de la Bpi, Bibliothèque Publique d’Information, prévu en avril 2025. Quittant le centre Pompidou (Ier arrondissement) en travaux pour 5 ans, elle gagnera le quartier de Bercy (XIIe). Les équipes préparent un désherbage d’une ampleur inédite : 20 % des 390.000 livres disparaîtront. Pas pour tout le monde...
Le 18/12/2023 à 12:35 par Nicolas Gary
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18/12/2023 à 12:35
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L’information a été rendue publique mi-novembre : la Bpi désherbe, terme technique de bibliothécaire pour désigner la mise au rebut de titres considérés comme obsolètes. Tout professionnel de la lecture publique a pris part, au moins une fois dans sa carrière à l’opération : on évalue les collections pour en réviser la pertinence, sortir des documents trop abîmés et, en somme, faire un peu de place. Le fruit de ce tamis peut être donné, revendu à bas prix ou pilonné, si l'état de délabrement est trop marqué.
La Bpi ne déroge pas à la règle : on y déplante d'ordinaire 15.000 à 20.000 titres par an (livres et revues). En vue du déménagement, les équipes auront moins de 16 mois pour en trier quatre fois plus. Un volume qui dépasse de très loin non seulement les capacités de traitement. Ainsi 1250 documents partiront chaque semaine pour atteindre les 20 % que demande la direction de l’établissement – pourcentage pour lequel ActuaLitté n'a pas obtenu la moindre justification des responsables.
En revanche, les équipes ont appris que les 80.000 documents alimenteront les stocks de Recyclivre, société spécialisée dans la récupération d'ouvrages, par la suite revendus dans une offre d'occasion.
« Si encore nous avions des consignes, ou une méthodologie », déplore une titulaire contactée par ActuaLitté. « Nous avons réclamé des critères de sélection, mais depuis l’injonction tombée en septembre de supprimer 20 % des collections, aucune politique documentaire n’a vu le jour. » Malgré les demandes de « cadrage professionnel et intellectuel », réclamées lors d’une réunion du 24 novembre dernier avec Christine Carrier, directrice de la Bpi, Annie Brigant, directrice générale adjointe et Isabelle Antoine, secrétaire générale, aucun écrit ne fixe encore de ligne de conduite.
Autrement dit, les responsables avancent à tâton, développant des outils bricolés sur des valeurs improvisées, sans aucune vision : « Chacun est livré à lui-même et agit en fonction de… rien. » La date d’avril 2025 qui marquera le déménagement se rapproche donc avec une douloureuse urgence pour les personnels. Surtout que l’équipe responsable du retraitement l’a affirmé tout de go : traiter autant de volumes sur une telle période est tout bonnement impossible.
« La première solution qu’a avancée la direction était de pilonner », donc détruire tout bonnement l’ensemble des documents. Dans un exercice de novlangue prodigieux, on tente même de nier le désherbage, préférant une “désélection”. Personne n’est dupe : « C’est un travail d’examen en vue d’évacuer 20 % du catalogue. C’est du désherbage massif, tout simplement. »
En réalité, la direction se réfugie derrière « un retard de plusieurs années sur le désherbage ». Accumulé depuis combien d’années : là encore, la direction, sollicitée à plusieurs reprises, est restée muette. « Mais on n’est pas une bibliothèque de conservation, il faut sortir les livres qui ne sont pas d’actualité. Ce travail n’a pas été bien fait au cours des dernières années », lit-on cependant dans un compte-rendu du 24 novembre. La position de la direction est des plus radicales.
Pire : les personnels sont renvoyés vers leurs collègues, pour que ces derniers les aident à choisir, la direction soulignant que la Bpi « garde le maximum qu’on peut garder ». Pourtant, aucun engagement n’a été pris sur le nombre de titres à la réouverture du centre Pompidou : auraient-ils pu être stockés en sollicitant le Centre technique du livre et de l’enseignement supérieur (CTLes) ? « Ce serait trop compliqué à gérer », balayent les responsables.
« Il y a un véritable problème de place », reconnaît une source syndicale, « mais qui ne justifie certainement pas de laisser les personnels dans un tel désarroi. Surtout qu’à un an et demi du déménagement, nous sommes dans l’urgence. » En dépit d’un courrier adressé au ministère de la Culture pour obtenir des critères objectifs, rien n’avance.
Lors d’une rencontre avec le ministère de la Culture, portant sur le Centre Pompidou, la FSU a pourtant sensibilisé Valois à cette question d’évacuation en masse. « Nous n’avons pas obtenu de réponse de Rima Abdul-Malak, pourtant présente, au prétexte que nous ne suivions pas l’ordre du jour. Et qu’elle souhaitait poursuivre sur les sujets de la réunion, car à midi elle partait, pour défendre son budget devant le Sénat. » Le ministère de la Culture n'a pas non plus souhaité répondre à ActuaLitté.
Le procédé, en dépit de ses théorisations n’a rien de la science exacte, mais nécessite a minima une méthodologie. « La Bpi a toujours maintenu un volume constant d’ouvrages, ayant pris en compte dès sa création une dilatation évidente pour certaines disciplines, forcément cumulative. D’autant plus que d’autres sont apparues, comme l’informatique qui n’existait pas : faire tenir ces catalogues dans un espace qui se restreint relève de l’impossibilité euclidienne. »
Par ailleurs, sur ces 80.000 titres à dégager, « combien reviendront après les travaux ? Le déménagement donne l’occasion de redéfinir drastiquement l’offre documentaire proposée au public depuis 40 ans. Or, personne n’a demandé la disparition de ces documents ». Christine Carrier, à la tête de la Bpi, ne nous a pas apporté de précisions non plus.
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Certes, les équipes admettent de possibles retards dans le désherbage, mais « certainement pas dans de telles proportions. En outre, de nouvelles missions sont apparues, comme les expositions que nous organisons qui ont pris du temps aux personnels, mais également de l’espace au sein de l’établissement ».
Conclusion : « Nous assistons à une confiscation de l’offre, opérée par des professionnels de la culture, qui le décident arbitrairement. » Surtout que par le passé, la Bpi a collaboré avec des nombreux organismes, aussi bien associations que bibliothèques d’hôpitaux, de prisons, ou encore écoles, universités et bibliothèques publiques pour que les titres désherbés vivent plus loin. Près de 300 structures en ont ainsi bénéficié — jusqu’aux bibliothèques africaines, avec un millier d’ouvrages donnés en 2018.
Or, les conventions passées imposaient deux critères indérogeables, pour bénéficier des dons de livres : être situé en France et interdiction formelle de revendre les titres. Certainement pas le projet de Recyclivre.
Pour Jean-Marc Dechaud, président du Syndicat national de la Librairie Ancienne et Moderne (SLAM), c’est la consternation qui règne. « Collaborer officiellement de la sorte avec une entreprise qui s’abrite derrière des vertus écologiques, pour lui fournir un stock qu’elle revendra, de manière très mercantile, c’est scandaleux. »
Utilisateur lui-même du rayon bibliographique de la Bpi, il se souvient d’avoir, pour son métier, consulté « des titres assez onéreux à l’achat, que j’étais heureux de parcourir gratuitement. Reviendront-ils, ou doit-on les considérer comme perdus à jamais », interroge-t-il ? Et de rappeler l’article L. 3111-1 du Code général de la propriété des personnes publiques (CG3P) : « Les biens de l’État sont logiquement inaliénables : ces livres achetés avec de l’argent public – nos impôts — qui alimenteront les stocks de cette société, cela pose un sérieux problème juridique. »
L'argument était bien tenté : si les fonds patrimoniaux sont en effet inaliénables, les collections de bibliothèques échappent à cette clause. Un guide émanant du ministère de la Culture, les qualifie comme « relevant du domaine privé des personnes publiques » : les collections publiques, au contraire de celles patrimoniales, sont bel et bien aliénables... donc donnables, revendables, etc.
Ainsi, l’article L. 3112-1 du CG3P prévoit que : « Les biens des personnes publiques mentionnées à l’article L. 1, qui relèvent de leur domaine public, peuvent être cédés à l’amiable, sans déclassement préalable, entre ces personnes publiques, lorsqu’ils sont destinés à l’exercice des compétences de la personne publique qui les acquiert et relèveront de son domaine public. »
En outre, la loi Robert de décembre 2021, dans son article 13 institue le désherbage comme une pratique encadrée. Elle a par ailleurs légalisé le don à des entreprises relevant de l’économie sociale et solidaire — ce qui est le cheval de bataille de Recyclivre.
Les membres du SLAM s’intéressent d’ordinaire plutôt aux ouvrages rares qu’à la documentation, or « ils exercent leur métier avec une volonté de transmission et de partage, une valeur ajoutée. Là, nous parlons d’un algorithme et d’une plateforme de vente », s’agace le président. « Et pour quelle raison ne pas avoir sollicité des bouquinistes parisiens ou ces organismes avec lesquels la Bpi a pu collaborer par le passé ? »
Alors que le ministère de la Culture travaille actuellement avec le Syndicat sur l’application de mesures et vérifications quant à la provenance des ouvrages patrimoniaux — une traçabilité, en somme — ce désherbage prend des allures de vide-grenier démesuré et inconscient. « Les bibliothèques se séparent de leurs documents, mais à condition qu’un cachet d’annulation soit apposé sur le tampon de l’établissement à qui le livre appartenait. Sans quoi, dans 20, 40 ans, l’État serait dans son droit que de réclamer à ce qu’ils soient restitués. »
Sylvain Joly-Hauffray, codirigeant de Recyclivre relativise immédiatement : « Il est important de noter que si cette collecte n’était pas effectuée gratuitement par une société comme Recyclivre agrémentée ESUS et engagé dans un processus vertueux et circulaire, il le serait par une entreprise de recyclage (Veolia, Paprec, etc...). Ce service serait alors payant, en l’occurrence ici pour la Bpi. »
C'est qu'il n'existe en réalité qu'une alternative à Recyclivre : Ammareal, qui fonctionne sur un modèle similaire et offre gracieusement une solution de collectes, avec d'autres avantages sur lesquels nous reviendrons.
Si à jour, il est impossible de définir quelle quantité d’ouvrages sera recommercialisable, le volume représente par ailleurs une portion congrue sur le volume global d’ouvrages récupérés – plus de 3 millions désormais. À ce titre, l’entreprise ne fournit pas de précisions sur les sources d’approvisionnement, évoquant simplement des partenaires associatifs aussi bien que des médiathèques.
D’autre part, il souligne l’importance de la gratuité de la collecte pour l’établissement. « Cela leur permet aussi de reverser une partie des revenus, que la BPI a décidé de flécher vers une association. » Un point intéressant, que la direction ne semble pas avoir évoqué lors des discussions sur le sujet.
« Ce partenariat répond surtout par une solution vertueuse à une problématique récurrente pour les établissements de prêt : nous employons des collaborateurs en parcours de réinsertion, et à ce titre créons de l’emploi, en recyclant des ouvrages qui viennent de France et restent en France. Quelle serait l’alternative ? La revente via un prestataire comme Momox, société allemande ? »
Pour suivre ce désherbage, une personne de l’équipe se rend chaque semaine à la Bpi, pour examiner les stocks, avant l’acheminement vers l’entrepôt situé dans l’Essonne. « La capacité logistique dont nous disposons, peu de services en disposant », insiste Sylvain Joly-Hauffray. Quant à la critique à peine voilée de ce qu’Amazon serait leur meilleur partenaire pour écouler les ouvrages, le codirigeant répond : « Un tiers des ventes s’effectue désormais sur notre site. Les 70 % souvent avancés et attribués à tort à Amazon représentent en réalité l’ensemble des marketplace sur lesquels on retrouve notre offre. »
En revanche, le cachet d’annulation n’évoque rien pour le codirigeant.
Selon les informations qu’a obtenues ActuaLitté pour 2021, les partenaires de Recyclivre sont Abebooks, Fnac (cumulant moins de 15 % des ventes), Rakuten et Amazon (affichant plus de 50 %). Sauf qu’Abebooks est une propriété d’Amazon : leurs ventes cumulées de 2021 dépassaient celles réalisées en direct sur le site de Recyclivre. À ce titre, elle se présente comme le premier vendeur de livres d’occasion sur Amazon.
Par ailleurs, les bibliothèques ne représentent qu’un faible canal du volume global — moins de 13 % —, quand les particuliers sont trois fois plus importants. Un déploiement en Espagne, avec l’ouverture d’espaces de collecte ainsi qu’un entrepôt à Madrid a donné une dimension européenne depuis 2019. Et L’Italie fait partie des prochains territoires visés.
Actuellement, la société serait à la recherche de nouveaux investisseurs, voire d'un repreneur : on comprend d’autant mieux l’intérêt en communication que présente l’accord avec la Bpi.
Qu’en est-il alors de cette estampille — les formulations varient « retiré des collections », « exclu des collections » ou « sorti de l'inventaire / des collections ». De fait, en l’absence de ce marquage explicite, rien ne certifie que le livre n’a pas été volé — flirtant alors avec une forme de recel pour l’organisation qui le revend, et de complicité pour l’acheteur ?
Dans l’ouvrage Désherber en bibliothèque : manuel pratique de révision des collections, sous la direction de Françoise Gaudet et Claudine Lieber, Yves Alix (anciennement Inspecteur général des bibliothèques) indique :
Dans la pratique, le désherbage n’étant pas nécessairement une opération ponctuelle, le plus recommandable est de faire prendre une délibération annuelle à l’assemblée (conseil municipal, conseil général, conseil d’administration de l’université ou de l’établissement public) et de joindre en annexe la liste détaillée des documents désaffectés, l’essentiel étant de formaliser les procédures et d’assurer leur pérennité. [...] Ces règles comprennent, par exemple :
– la formalisation dans les actes juridiques pris par la collectivité des critères retenus pour chaque type d’élimination ;
– les formalités administratives qui seront accomplies systématiquement : apposition d’une marque de sortie, annulation des documents sur les registres d’inventaire et les fichiers, procès-verbal mentionnant le nombre d’ouvrages éliminés et leur destination, etc.
L’Enssib précise que « les collections courantes, principaux objets visés par les campagnes de désherbage, relèvent du domaine privé. Ils sont aliénables et peuvent donc être facilement retirés de la bibliothèque, à condition d’en établir une liste. Il est cependant recommandé de faire valider l’élimination et la destination des ouvrages réformés par une délibération (ou un arrêté municipal) de l’autorité de tutelle ».
L’établissement de formation nous confirme toutefois que « tout ouvrage qui sort des collections doit en effet se voir apposer une pastille de sortie d’inventaire. C’est une obligation légale ».
Cette marque de sortie, comme nous l’indiquent les syndicats de la Bpi, sera tout bonnement impossible à apposer sur un tel volume, mais l’établissement n’en a cure. Les modalités pratiques d'identification des ouvrages faisant l'objet d'une collecte et d'une donation à Recyclivre ne font pas l'objet d'une stipulation contractuelle précise, et sont donc laissées à la libre appréciation de la Bpi. Sauf que depuis le 1er janvier 2023, un changement est survenu dans le circuit du désherbage des monographies imprimées. Avec l’obligation de l’estampillage. La confusion règne…
Et là encore, la direction a préféré garder le silence, malgré nos différentes relances.
Pourtant, Yves Alix l’indique clairement dans l'article Désherbage et domanialité : « Le tampon “sorti des collections” (ou autre formule identique) est, naturellement, de rigueur. Il servira de justification en cas de dérapage. » Comprendre : éviter tout doute quant à l’origine des documents ainsi revendus.
Nombre de municipalités insistent d’ailleurs sur ce point : la mention « exclu des collections » [ou assimilée] doit être obligatoirement apposée sur le document désherbé. Si le droit français n’accorde qu’une place très limitée à la coutume, cette dernière peut tout de même se développer dans le cas d’un silence législatif : ce serait le cas ici ?
ActuaLitté n’a pas obtenu copie de la convention passée avec Recyclivre : nous avons pu en revanche avoir confirmation que la seule autre entreprise en mesure d’exécuter une telle prestation n’avait « pas du tout été sollicitée ».
De fait, Ammareal, qu’a cofondée Renan Ayrault, s’étonne même de ce silence : « Nous avions rencontré les responsables de la Bpi lors du Congrès de l’Association des Bibliothécaires de France à Dunkerque, en juin dernier. Ils nous avaient informés qu’un pré-contrat était passé avec Recyclivre », nous indique-t-il.
« C’est d’autant plus surprenant qu’ils connaissent notre activité et nos actions », poursuit Raphaël Boukris, l’autre dirigeant. « Depuis, nous espérons toujours pouvoir avancer avec la Bpi. Sans avoir le sentiment que leur position soit définitive, il y a quelque chose de frustrant à n’être pas été consulté : pourquoi ne pas nous donner notre chance, et répartir cette prestation ? »
Et d’ajouter : « La Bpi, sous tutelle du Ministère de la Culture, dispose d’un fond de grande qualité et le volume que représente ce désherbage est significatif : le potentiel commercial l’est tout autant. » De fait, Ammareal, dans ses collaborations avec des collectivités, reverse 10 % du montant de la vente, directement payés au Trésor public. « Ces 80.000 exemplaires représenteraient des sommes non négligeables : 50 à 100.000 €, obtenus par commission sur les ventes. » Plutôt que rien.
On comprendrait que le politique se voit reprocher son inaction. Attendu que les deux sociétés disposent de l’agrément Entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS), pourquoi opter pour la moins-disante ? « En outre, nous reversons également 5 % de nos revenus à des organismes associations au titre de la lutte contre l’illettrisme et en faveur de la lecture, parmi lesquelles Le Secours Populaire et Bibliothèque sans Frontières. »
Quant à la problématique du cachet “retiré des collections”, Ammareal fournit des précisions : « Il s’agit d’un usage déjà très ancien, puisque ce tampon apporte la preuve que le livre n’a pas été volé et qu’il est donc formellement sorti des collections. Si ce n'est pas une obligation légale, cette pratique est encore utilisée par la grande majorité des bibliothèques. Probablement 70 % pour les petites villes et associations, mais proche de 100 % pour les moyennes et grandes villes et Bibliothèques Départementales. »
Et d'ajouter : « C’est un formalisme qui protège les vendeurs, les clients, les responsables d’établissement, et le contribuable. » Certes, le tampon disparaîtra à l'avenir avec l'informatisation des collections et les puces RFID introduites dans les ouvrages. Mais dans l'intervalle, le cachet s'avère obligatoire : les pièces que commercialise Recyclivre ne sont pas systématiquement frappées, comme a pu le constater ActuaLitté.
« Ammareal est prêt à apposer le tampon des collections sur les livres que la Bpi lui adresserait, afin de les aider à gérer la complexité liée à la quantité. Nous trions chaque livre. Apposer un tampon pour nous est tout à fait gérable. »
En attendant, une pétition des titulaires de la Bpi demande que l'on mette fin « au saccage des collections ». L’article L2141-1 du CG3P indique : « Un bien d'une personne publique mentionnée à l'article L. 1, qui n'est plus affecté à un service public ou à l'usage direct du public, ne fait plus partie du domaine public à compter de l'intervention de l'acte administratif constatant son déclassement. » L’estampillage en fait-il partie ? Nous ne désespérons pas d'obtenir des précisions de la direction de l'établissement. Le ministère de la Culture a par ailleurs été contacté pour apporter son éclairage.
Crédits photo : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
20 Commentaires
BOUC23
18/12/2023 à 22:44
Et "Bibliothèque sans frontières"
....vous y avez pensé ???
Marianne L.
19/12/2023 à 04:37
Vaste sujet et article intéressant et documenté, que j'ai lu avec intérêt. Merci ! Et courage aux personnels de la BPI !
Mark
19/12/2023 à 07:41
Et si la Bpi était tout simplement intégrée à un réseau, par exemple celui des bibliothèques de la Ville de Paris ? Les livres "écartés" d'un établissement et ne figurant pas déjà dans les collections (rationalisation sans suppression) sont mis en réserve générale. Les lecteurs ne les trouvent plus sur les rayons, mais peuvent facilement les faire venir dans une bibliothèque publique de leur choix. La réserve générale se trouve dans des lieux où la place ne manque pas, les livres tiennent moins de place, puisqu'ils n'ont à être accessibles qu'aux magasiniers, et les chercheurs sont satisfaits : ils sont habitués à faire venir des livres en une semaine dans leur bibliothèque habituelle.
Rien de rare à la BPI
24/12/2023 à 14:07
La BPI ne possède aucun livre rare. Ils sont tous présents dans des BU parisiennes ouvertes à tous et à la BnF notamment s'ils s'inscrivent dans le cadre du dépôt légal.
La BPI n'a pas de mission de conservation.
Didier Schulmann
24/12/2023 à 23:01
Cher Monsieur,
Quelle est donc votre définition du "rare" ? La BPI conserve ...
(j'insiste : conserve ; toutes les bibliothèques conservent leurs collections ; écrire -comme vous vous y abandonnez- que "la BPI n'a pas de mission de conservation" doit certainement ulcérer à bon droit les agents publics qui accomplissent leur mission dans cet établissement : ce sont des conservatrices et des conservateurs ...!)
... des titres non seulement épuisés, mais carrément introuvables y compris sur les plateformes en lignes, des collections de périodiques fort peu courants et dont la litanie des livraisons remonte souvent aux premières années de ces revues.
Au demeurant, je vous concède volontiers que toutes les sections de la BPI ne semblent pas, aux yeus de l'usager, logées selon les mêmes critères de renouvellement et d'actualisation des collections ...
Cette observation milite en faveur d'une analyse fine et précautionneuse du catalogue, armée des meilleures bibliographies thématiques et le concours d'experts extérieurs qui connaissent leurs champs disciplinaires, soit pour l'enseigner, soit pour avoir récemment soutenu une thèse, toutes opérations qui ne s'accomplissent pas à la hâte ni à la serpe ...
Cpks
19/12/2023 à 08:17
Il est normal de désherber, il faut bien laisser de la place aux nombreuses parutions - surtout que la BPI va continuer d’acheter pendant ces 5 années de fermeture.
Il existe des techniques de désherbage très bien décrites dans « Désherber en bibliothèque ». Le personnel de la BPI doit sûrement les connaître. Ou alors, la direction va confier ce travail à des vacataires inexpérimentés. Ce qui est absurde car c’est la tâche des professionnels du livre.
C’est le choix des revendeurs commerciaux qui pose problème. Pourquoi ces dons à des plateformes géantes, qui décrivent mal le livre dans leurs notices et trompent ainsi l’acheteur. De plus c’est une concurrence déloyale avec le petit libraire ou bouquiniste, qui lui, achète ce qu’il propose à la revente.
La bonne solution serait de proposer régulièrement des braderies de livres ouvertes aux particuliers - comme font les bibliothèques des Arts décoratifs, ou des musée.
Ainsi les chercheurs, les étudiants, peuvent en bénéficier à prix très bas, plutôt que de devoir acheter sur ces mastodontes du bouquin.
Quand au délicat problème du tampon, ce devrait être une évidence pour tout bibliothécaire consciencieux !
Signé: une bibliothécaire à la retraite, qui a beaucoup « pilonné » et redonné des livres aux vraies associations sans but lucratif.
tatou
19/12/2023 à 09:11
Il est normal de désherber (même si le terme induit l'idée de "mauvaises herbes"!) pour ce qui concerne une bibliothèque qui n'a pas de vocation patrimoniale, ni même, à proprement parler, documentaire. Etudiants, nous cachions le soir derrière les rayonnages des livres-clé pour être sûr de les trouver le lendemain, ce que permettait l'accès direct... On était loin de Sainte-Geneviève, ou de Sainte-Barbe...
Une telle institution n'a donc pas vocation à conserver tous les livres (relire Borges). Donc, désherbage. Ne procédons-nous pas nous-même à de telles opérations chez nous, en éclaircissant nos rayonnages, car tous les livres ne sont pas des chefs d'oeuvre impérissables de la pensée mondiale ?
Difficile pour le profane d'estimer le bien-fondé d'une telle opération à hauteur de 20 % du catalogue, dès lors qu'on n'a pas accès au chiffre annuel (2 % ?, 5 %, plus ?, moins ?). Là-dedans, quelle est la part des annuels ? On peut se passer du code civil 2021, et l'envoyer en Afrique n'aurait que peu de sens...
Pour le reste, pourquoi ne pas les offrir aux bouquinistes parisiens, en dédommagement du préjudice que connaîtra cette profession, conséquence du raz de marée olympique ??
Team ActuaLitté
19/12/2023 à 09:54
Bonjour tatou :
le volume annuel habituel est indiqué dans l'article : 15.000 à 20.000 par an.
Avec un principe standard : un livre désherbé = un livre acheté.
Merci de nous lire
tatou
19/12/2023 à 13:56
Donc, si je comprends bien, sur 390000 exemplaires, on désherbe en moyenne 18 000 livres par an, soit 4,6 %, mais on nous dit que ce travail n'a pas été effectué pendant quelques années, allez, mettons 4 ans, ce qui n'est pas loin des 20 % demandés "par la direction". Donc, vraiment, où est le problème ?? Et ne faut-il pas simplement appliquer les règles qui s'appliquaient lors des précédentes opérations du même type, pour exercer ce salutaire travail ??
Team ActuaLitté
20/12/2023 à 07:46
Bonjour
C'est en effet la logique que l'on pourrait attendre.
Mais ce fonctionnement induit de remplacer tout livre desherbé par un nouveau livre. Sans quoi on crée en effet un vide dans une collection qui était pensée comme constante.
Et les 5 ans de fermeture
24/12/2023 à 14:12
Les acquisitions vont continuer pendant les 5 années de fermeture et on retrouvera des chiffres corrects à la réouverture.
Par ailleurs, le concept du stock constant a été élaboré pour faire comprendre rapidement la méthodologie de travail mais c'est bien plus complexe en réalité. Certains secteurs deviennent moins importants avec le temps, d'autres prennent plus de place. Il ne faut pas tout caricaturer.
Je vous propose de faire un tour à la BPI, de regarder les rayons et de faire des taux de recouvrement avec la BnF, les BU et les BM : vous revenez ensuite nous dire combien d'unica vous avez trouvé, ok ?
Hocine
19/12/2023 à 10:35
Article confus, prétendant traiter du devenir des livres de la BPI, mais menant une charge aux limites de la bonne foi contre Recyclivre. Pour avoir souvent acheté directement des livres chez eux, je peux témoigner de l'excellence de leur services, et avoir reçu des livres issus de désherbage parfaitement identifiés. Mon impression générale sur cet article : une guerre -personnelle- picrocholine!
Didier Schulmann
19/12/2023 à 12:21
... mais enfin, cher Monsieur, la BPI est un établissement public qui constitue ses collections en dépensant du budget public provenant des recettes fiscales de l'Etat ! Ce n'est pas pour les déclasser et les transférer gratuitement à une plateforme commerciale, aussi vertueuse et professionnelle soit-elle, mais qui en tirera sinon du profit en tout cas du chiffre d'affaire valorisable auprès de ses actionnaires, alors qu'il existe des organismes caritatifs de redistribution comme Bibliothèques sans Frontières, ou d'autres qui oeuvrent en milieu carcéral ou tout autre environnement qui, sans budget, cherche à accéder à des ressources culturelles !
Le buveur d’encre
20/12/2023 à 17:05
Cher Didier,
Enfin une réponse pleine de bon sens.
Bien amicalement,
J. C
Nicolas Gary - ActuaLitté
20/12/2023 à 07:48
Bonjour
Commentaire confus découlant d'une lecture hâtive et précipitée d'une enquête fouillée, peut-être trop pour la capacité d'attention du lecteur qui finit par commenter un sujet qu'il n'a pas compris – surtout si c'est pour aboutir à cette conclusion.
Merci de nous lire. Vraiment.
Didier Schulmann
19/12/2023 à 10:39
En date du 21 novembre dernier, les responsables de bibliothèques françaises dans les domaines Beaux-Arts, Architecture & Patrimoine ont reçu le mail suivant :
"Bonjour à tous,
La Bpi (Bibliothèque publique d'information) propose en don des catalogues de salons avec ses volumes illustrés de 1673 à 1914. Certains sont des reprints par l'Echelle de Jacob, d'autres des éditions originales. La collection constituée de 72 volumes est complète."
Les catalogues de Salons de Beaux-Arts ne sont pas de "beaux livres" que l'on déguste ligne-à-ligne ou page à page, mais ce sont des usuels indispensables à n'importe quel agent public oeuvrant dans le champ du patrimoine et des musées, à tous les marchands d'art et commissaires priseurs, à tous les enseignants et étudiants en histoire de l'art, aux professionnels de l'édition, etc ...
Disposer de ce viatique en accessibilité facile et fluide au coeur de Paris est une mesure d'intérêt public que la numérisation de ces collections sur Gallica ne remplace pas : d'expérience, la consultation physique de ce genre d'ouvrages offre des conditions de maniabilité, de rapidité et de fiabilité d'accès aux données que ne permet pas leur dématérialisation.
La direction de la BPI est en train de se livrer à un casse en règle, à une liquidation des actifs et du capital intellectuel et social du Centre Pompidou, dans les mêmes termes que ce à quoi la présidence du Centre Pompidou condamne le parcours historique des collections du musée national d'art moderne qui est appelé à disparaître ...
LOL
24/12/2023 à 14:02
Ces livres sont présents dans des BU parisiennes ouvertes à tous ainsi qu'à la BnF. Personne n'est privé de rien.
Didier Schulmann
24/12/2023 à 22:39
... les "BU parisiennes ouvertes à tous" (???) et la BnF n'offrent résolument pas l'accessibilité fluide, rapide, facile et immédiate dont on jouit à la BPI et qu'appelle le plus couramment la nécessité de consulter ces références.
Attention aux raccourcis
20/12/2023 à 10:00
Les acquéreurs de la BPI savent très bien faire leur désherbage et n’ont pas attendu cette action pour faire ce travail.
La BPI n’a aucun rare ou unique dans ses collections. On les retrouve partout dans Paris (BU, BM, BnF).
Quant à aller stocker au CTLEs qui est déjà quasiment saturé et qui prévoit l’entrée des livres plusieurs années à l’avance, cela n’a pas de sens, d’autant plus que la BPI ne relève pas de l’enseignement supérieur.
Bibliothécairedelouest
21/12/2023 à 07:09
Il est normal que la BPI désherbe et il est normal qu'elle désherbe beaucoup. La BPI c'est la bibliothèque d'actualité par excellence et ses collections qui sont peu importantes (moins de 400 000 livres) sont très consultées. Un taux de renouvellement de plus 10% serait logique. Les amoureux des fonds anciens, des ouvrages épuisés, les trouveront à la BNF. Courage à la direction qui doit composer avec les syndicats et un personnel impossible a renouveler !