Bolloré acquiert Hachette, aux conditions de Bruxelles
Comme prévu, la Commission européenne a donc approuvé, conformément aux règles de l'Union européenne sur les fusions et acquisitions, le projet d'achat de Lagardère par Vivendi. Cependant, cette décision est soumise à la condition que Vivendi respecte pleinement les engagements qu'il a proposés.
Suite à une enquête approfondie, la fusion entre Vivendi et Lagardère, deux importantes entreprises médiatiques françaises, a été approuvée. Ces sociétés occupent une position dominante dans l’industrie de l’édition de livres francophones de l’UE, couvrant toute la chaîne de valeur, de l’acquisition des droits jusqu’à la vente aux détaillants. Elles sont également actives dans d’autres secteurs médiatiques tels que la presse, les spectacles vivants, la radio pour Lagardère, et la production audiovisuelle pour Vivendi.
Ça va pas être possible...
Durant cet examen, Bruxelles aura recueilli de nombreuses informations et évalué les commentaires de divers acteurs du marché, y compris des auteurs, des éditeurs, des détaillants de livres et des lecteurs.
L'industrie du livre en danger
L’opération, telle qu’initialement notifiée, généra quelques préoccupations, la CE listait plusieurs domaines problématiques : l’acquisition des droits d’auteur pour les livres en français et la distribution, la commercialisation et la vente de livres en français aux détaillants.
Editis, propriété de Vivendi, et Hachette Livre, filiale convoitée de Lagardère, occupaient les positions de leader et de deuxième acteur du marché dans la plupart des étapes de la chaîne de valeur du livre, où ils sont en concurrence étroite. Leur présence intégrée dans les secteurs de l'édition renforce davantage leur position sur divers marchés de l’édition de livres.
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D’autre part, l’industrie ne compte que peu d’acteurs, opérant dans l’ensemble des segments du livre, en mesure de rivaliser avec l’entité résultant de la fusion. Par conséquent, le regroupement « aurait eu des répercussions négatives sur les auteurs, les petits éditeurs, les vendeurs de livres au détail et, en définitive, les consommateurs », souligne la CE.
Pareil côté presse
En outre, le rachat, en l’état, aurait chamboulé le secteur des magazines de presse. De ce point de vue, souligne Bruxelles, « l’opération aurait réduit le choix et augmenté les prix des magazines “people” en France, dont Paris Match de Lagardère et Gala de Vivendi, qui sont en concurrence très étroite ».
Vivendi rentre dans le rang
Les mesures coercitives que présenta Vivendi balayaient les doutes de l’autorité de la concurrence — à savoir, la vente d’Editis, quasiment actée au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, et celle de Gala.
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« Vivendi et Lagardère sont des éditeurs de livres et de magazines de langue française de premier plan. Nous devons veiller à ce que les marchés de l’édition de livres et de la presse restent concurrentiels et diversifiés », affirme Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive chargée de la politique de concurrence.
Et d’ajouter que les demandes de la CE favoriseront « une pluralité d’idées et d’opinions. Les mesures correctives proposées par Vivendi permettront de préserver la concurrence existante sur ces marchés, au bénéfice des consommateurs ».
C'est un GO !
Entre les engagements de Vivendi et les commentaires des acteurs du marché, la Commission a conclu que la concurrence serait préservée. Sous réserve du respect intégral des remèdes, l’OPA devenait possible. Un mandataire indépendant sera chargé de superviser la mise en œuvre de ces engagements, sous la surveillance de la Commission.
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Reste alors à ce que soit validée la pertinence des acheteurs proposés pour Editis et Gala. En vertu des conditions posées, Vivendi ne finalisera l’acquisition de Lagardère qu’après avoir obtenu l’approbation d’un acquéreur approprié de la part de la Commission.
Le géant en marche
« La cession d’Editis devrait être effective une fois le repreneur validé par la Commission et la documentation juridique finalisée. Dans quelques mois s’ouvrira ainsi une nouvelle ère pour Editis, après une période de transition particulièrement longue et inconfortable », précisait Yannick Bolloré aux salariés d’Editis, Président du Conseil de surveillance de Vivendi.
Le groupe augmentera son effectif à 66.000 collaborateurs grâce à l'acquisition du groupe Lagardère, (38.000 fin de décembre 2022). Cette expansion renforcera sa présence sur des marchés importants tels que la France, le Royaume-Uni, l'Espagne et les États-Unis.
Selon le fils Bolloré, son chiffre d'affaires annuel devrait atteindre environ 17 milliards €, basé sur les résultats de 2022, par rapport aux 10 milliards actuels.
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Et Arnaud Lagardère conservera son poste de PDG de Lagardère jusqu'en 2026. « Cette décision arrive à un moment de notre histoire où nous avons réussi la transformation du groupe Lagardère après le décès de son fondateur : nous avons créé et placé en quelques années sur le podium mondial l'activité de Travel Retail », assurait ce dernier aux collaborateurs de Lagardère. Et de même pour l'activité de Hachette Livre.
Crédits photo : Arènes de Nîmes - ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Par Clément Solym
Contact : clements@actualitte.com
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