Journaliste, éditeur, puis enseignant, Pierre Mérot construit, depuis 1987, une œuvre exigeante, singulière. Proche du premier Houellebecq, l’homme accède à une certaine célébrité grâce à Mammifères, roman d’inspiration autobiographique, autofictionnelle, succès commercial paru en 2003. Propos recueillis par Étienne Ruhaud.
Nous retrouvons ici la dimension intime, le parler vrai, avec ce nouvel opus, récit épistolaire confrontant deux amants déjà mûrs, dissemblables, tous deux enseignants. À l’heure du Web, des réseaux, Pars, oublie et sois heureuse (Albin Michel) apparaît comme un livre passionné, pleinement inscrit dans la tradition littéraire amoureuse.
Étienne Ruhaud : Pourquoi as-tu choisi la forme épistolaire ? On est par ailleurs frappé par le fait qu’il s’agisse de mails, et non d’une correspondance manuscrite classique (comme dans Les liaisons dangereuses et/ou La Nouvelle Héloïse par exemple).
Pierre Mérot : Il s'agit de mails - de « courriels », aurait préféré notre ami Dominique Noguez - réellement envoyés durant plus d'un an. Ce n'est donc pas un roman épistolaire comme le sont les œuvres que tu cites, Les Liaisons dangereuses ou La Nouvelle Héloïse. Il est clair, cependant, qu'il y a un travail littéraire. Pas dans tous, bien sûr : certains sont très banals, très ordinaires, comme dans n'importe quelle correspondance. Mais un écrivain qui envoie des mails reste un écrivain, voilà tout... Je préfère quand même le terme de "lettres". D'ailleurs, quand je faisais référence à nos messages ou quand la destinatrice y faisait référence, c'est ce terme qui était employé. Et c'était une forme de jeu entre nous.
Tes mails sont clairement signés « Pierre Mérot ». En revanche, nous n’avons pas les réponses de Sandy…
Pierre Mérot : On me l'a reproché. On m'a reproché d'être monologuant, répétitif, écrasant, monolithique, etc. Et pourtant il y en eut des réponses ! Et si Sandy n'avait pas répondu constamment à mes lettres, les miennes n'existeraient pas, elles n'auraient pas été écrites, tout simplement. Des siennes, je n'en ai reproduit qu'une, légèrement retravaillée. Une lettre forte, à la suite d'une terrible crise, qu'il m'a semblé nécessaire de faire figurer dans ce livre, un mail écrit à cinq heures du matin. Cinq heures du matin... Tout un programme... Et qui commence ainsi dans la vraie vie : « Je suis entrée dans ta chambre pour te parler mais tu dormais profondément alors que moi je me sentais idiote, infecte, tellement honteuse et perdue. » À part celle-là, rien. Je ne sais pas quoi te répondre.
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J'espère pourtant que se dessine en creux, progressivement, un portrait de cette femme. Mais je te renvoie au savoir-faire de Frédéric Beigbeder, qui eut la gentillesse d'écrire le premier article sur mon livre dans le Figaro magazine : « Il a l'élégance (ou l'orgueil, ou la pitié) de ne pas publier ses réponses. » À chacun ses talents, donc. Et le français n'était pas la langue maternelle de Sandy... Plus profondément, il me semble qu'écrire c'est s'adresser à on ne sait qui, à nos frères humains en général, sans attendre une réponse, mais s'adresser quand même. Un mélange de solitude et de besoin de l'autre...
Ton amante et interlocutrice, enseignante d’origine philippine, s’appelle « Sandy Courbet ». Là encore, s’agit-il de son vrai nom, ou as-tu choisi ce patronyme en hommage à l’auteur de L’origine du Monde ? Sachant que Pars, oublie et sois heureuse contient certaines allusions érotiques.
Pierre Mérot : Bien sûr, j'ai changé le nom de la destinatrice pour des raisons évidentes. Cependant, j'ai fait en sorte que ce nom soit proche, au moins par les sonorités et le nombre de syllabes, de celui de la vraie personne à qui j'ai écrit. Elle s'appelle donc Sandy Courbet dans le livre. C'est très proche du vrai prénom et pas très loin du vrai nom. Courbet, oui. Le peintre... Ça m'a semblé proche et simple, en même temps qu'un clin d'œil à la fois réaliste et érotique...
Pour autant les scènes crues, sexuelles, demeurent rares. Pourquoi ? Est-ce pudeur de ta part ?
Pierre Mérot : Je ne parle pas des scènes « crues » ou « sexuelles », dont tu sembles regretter la rareté. Il y a des évocations de son corps, de nos désirs, mais c'est loin d'être l'essentiel du livre, en effet... D'une manière générale, j'ai enlevé beaucoup d'éléments matériels, réalistes, souvent mesquins ou sans intérêt. Ou tout ce qui pourrait porter atteinte à la vie privée. En fait, tout ce qui abîmerait « le temple verbal » (p. 144).
Le livre est tout entier tourné vers la passion, mais Pierre (toi, en l’occurrence), semble plus amoureux que Sandy. « Dans le couple, il y en a toujours un qui souffre et l’autre qui s’ennuie. » Es-tu d’accord avec cette affirmation de Gainsbourg, paraphrasant Balzac?
Pierre Mérot : Oui, ce livre est tout entier tourné vers la passion. Et dès qu'on entend ce mot, on entre évidemment dans ce que tu évoques. Souvent un déséquilibre entre deux cœurs, deux façons d'aimer. L'un qui aime, l'autre qui n'aime pas. L'un qui aime - ou croit aimer - plus que l'autre. Dès le début, j'ai senti que quelque chose n'allait pas, que la relation était inégale, mais ça se dissipait bien vite dans ses bras et ça nourrissait certainement mon envie d'écrire, de lui écrire. J'utiliserais plutôt le mot « liaison » ou « histoire » plutôt que « couple ». Nous ne formions pas un couple, chacun étant plus ou moins engagé ailleurs, même si, de mon côté, j'avais rompu avec la femme la plus sûre et la plus fondamentale de ma vie, tandis que Sandy, elle, m'a laissé entendre qu'elle était séparée de son mari, ce qui n'était pas vraiment le cas... Enfin, on ne va pas faire une interview du genre Voici ou Closer !
Et puis qui dit couple dit souvent longue durée. Et je connais des couples merveilleux au sein desquels l'amour semble toujours présent, sous une forme ou une autre... Sandy pensait que notre relation allait durer trois mois. Finalement, de trois mois en trois mois, et à son grand étonnement, l'affaire - j'aime bien aussi ce mot - a duré un an et demi (et nous continuons à nous écrire). Elle a été intense, surtout pendant la période du confinement.
Précisément, l’actualité (en l’occurrence, le confinement lié à l’épidémie de Covid), a-t-elle joué un rôle dans votre relation ?
Pierre Mérot : Oui, je crois que le premier confinement et, dans une moindre mesure, les confinements successifs ont joué un rôle important : d'une part, cela nous a contraints à une certaine immobilité ou stabilité, d'autre part, ça a ajouté quelque chose d'étrange et d'exceptionnel. Je me rappelle délicieusement tous les trajets que j'ai faits pour aller chez Sandy, guettant je ne sais quels contrôles policiers. Je me sentais un petit hors-la-loi, ça avait du charme ! Une passion, donc. Avec des hauts et des bas et pas mal de jalousie et de coups bas de ma part - je l'ai espionnée, par exemple... Mais aussi des éloignements.
Votre relation est ponctuée, justement, de ruptures. Tu te dis sédentaire, quand Sandy paraît nomade, volage…
Pierre Mérot : On ne peut pas vraiment parler de ruptures d'ordre sentimental mais plutôt de séparations géographiques dès que Sandy a pu voyager à nouveau. Outre que cette femme aimait la légèreté, le secret, elle demeurait profondément libre voire volage. C'était effectivement une nomade, et elle devait passer, ce qui est normal, une partie de son temps aux Philippines. Sans parler du sud de la France où elle avait des attaches... Enfin, je ne vais pas trop révéler de détails, c'est dans le livre, même si, bien sûr, tout n'y est pas. Il y a des choses qui ne sont pas dites, Dieu merci !
Sandy savait-elle que ces lettres seraient publiées ? Y voyait-elle un objet littéraire ? A-t-elle participé du jeu ?
Pierre Mérot : Sandy m'a fait découvrir les lettres à Fanny Brawne de John Keats et j'étais pour elle son petit (tout petit) John Keats personnel. Il y a eu rapidement l'idée, la connivence entre nous que cela devait rester, que cela devait être gravé. Je faisais un peu la roue du paon devant elle, je déployais ce que je savais faire, ça la charmait, ça la flattait. Elle m'a dit assez souvent en riant : "Je les publierai à ta mort !" Et puis, un jour, au bout d'un an, quand elle séjournait dans son pays natal, aux Philippines, à Manille, elle en a sélectionné une trentaine, elle a fait imprimer quelques exemplaires avec une couverture cartonnée délicieusement naïve - car il y avait une part naïve en elle. Ça m'a touché, évidemment...
De fait, comment est né le livre, concrètement ? Comment les choses se sont passées avec ton éditeur ?
Pierre Mérot : J'avais l'habitude d'envoyer à ma dernière éditrice, Émilie Colombani, qui a publié Réveillon chez Rivages, des textes ou des bribes de textes, en lui demandant de les garder « au coffre » au cas où il m'arriverait quelque chose. Une sorte de jeu mais quand même assez sérieux... Je lui ai donc envoyé une partie de ces lettres et elle les a trouvées belles. L'histoire en est restée là. Ensuite, mon amie Véronique de Bure - grâce à qui, en 2013, Toute la noirceur du monde est parvenu à Jean-Marc Roberts, alors patron de Stock - les a lues également et a voulu les publier chez Flammarion. Elles lui parlaient, il y avait quelque chose d'intime qui lui parlait. Mais finalement ça n'a pas abouti. En vérité, cette affaire d'une éventuelle publication a commencé à m'intéresser vraiment, alors que ces lettres je les ai écrites sans intention de les rendre publiques. C'était juste une nécessité, une urgence quasi quotidienne...
Enfin, il y a eu Gilles Haéri, l'actuel patron d'Albin Michel. Je le connais depuis Mammifères, depuis bientôt vingt ans. Je l'aime, je l'estime profondément. Il est devenu un ami. Il a les pieds sur terre mais c'est aussi un sentimental... Il a voulu les lire. Et voilà, il a décidé de les publier ! A-t-il eu tort, a-t-il eu raison ? Qu'importe... C'était un coup de cœur, visiblement, et je lui en suis très reconnaissant. Alors a débuté un travail sur ce qu'il faut bien appeler un texte, même si, encore une fois, il ne s'agit pas d'une fiction. Véronique Ovaldé est devenue mon éditrice chez Albin Michel. Une femme adorable et pleine de vie ! Et une romancière, c'est important.
Grâce à elle, on a rendu l'ensemble plus cohérent, on a revu des détails, on a ajouté des éclaircissements, on a, au fond, transformé une matière quotidienne en une sorte de fiction construite qui retranscrit la montée vers une passion puis la réaliste descente... Fiction, bien sûr, est un grand mot. Et ça m'amuse et m'étonne que tu puisses te poser la question : il me semble tellement évident que c'est la vraie vie, que ce sont de vraies lettres, que ça a réellement eu lieu ! D'ailleurs, je voulais les publier sous un pseudonyme. Ou au moins que mon nom ne soit pas celui de l'expéditeur. Mais je me suis laissé faire. Après tout, pourquoi pas ? Pourquoi pas...
On est frappé par le tour hyperréaliste de ton écriture, par le fait que tu parles par exemple de WhatsApp, que tu évoques des choses très concrètes, immédiates. Comme dans la plupart de tes livres, tu sembles clairement ancré dans le présent, dans l’époque. Un de tes romans a pour titre L’Irréaliste. Te considères-tu comme un hyperréaliste, au contraire, au sens balzacien du terme ?
Pierre Mérot : Hyperréaliste ? Je ne crois pas. Ça dépend des textes... Petit Camp n'est pas du tout réaliste. Arkansas mélange tous les registres et tous les styles, et finalement est une sorte de longue rêverie ou d'ode prosaïque à l'imagination et à la littérature. Il est vrai que depuis l'essor d'Internet, on a plus de facilités à parler du réel, à puiser des informations qui servent dans l'élaboration d'un livre. Internet a certainement joué un rôle dans l'évolution de mon écriture, en tout cas quand j'avais besoin à tel ou tel moment de l'orienter vers le réalisme. Quant à WhatsApp... J'ai eu jusqu'en 2020 un bon vieux téléphone Nokia pas du tout connecté. Avec l'arrivée de Sandy, j'ai pris un Samsung ultramoderne.
Elle était elle-même hyperconnectée, ayant de la famille partout dans le monde, dont bien sûr aux Philippines. On communiquait beaucoup sur WhatsApp. J'ai fait une sauvegarde, récemment : il y a trois cent cinquante pages de messages ! Et encore, il n'y a pas toutes les photographies ou vidéos que nous avons échangées ! Mais les lettres, c'était par mails... WhatsApp, le téléphone de Sandy, tout ça a été aussi un instrument de torture et de jalousie, tout ça est lié à la passion. C'est dans le livre. Et il faut le lire pour mieux comprendre.
Tu signes souvent Your Pierre, mélangeant allégrement la langue de Molière et la langue de Shakespeare. L’utilisation du franglais est-elle une façon de moderniser le propos ? De lui donner un tour plus « jeune » ? De sortir de l’écriture épistolaire classique ? Peut-on parler d’écriture orale, ou d’oralité dans l’écriture?
Pierre Mérot : L'utilisation de l'anglais, parfois, ou du franglais, est tout simplement due au fait que Sandy enseignait l'anglais dans mon lycée et que c'était sa langue d'élection. Elle parlait bien sûr aussi le français, l'espagnol et le tagalog (langue philippine). Mais je crois que l'anglais était celle dans laquelle elle se sentait le plus à l'aise. Alors, pour moi qui ne parle quasiment aucun mot de cette langue, c'était une façon de la célébrer, d'établir un lien supplémentaire avec elle. Il ne faut pas y voir autre chose. Et puis il y a aussi une formule qui revient plusieurs fois dans le livre, deux mots fondateurs qu'elle prononça dès le début de notre relation et qui se révélèrent cruellement justes : Not compatible ! On en riait. Enfin, moi, je riais un peu jaune...
À un moment donné, tu parles de William Blake et de John Keats (entre autres), deux auteurs britanniques, justement. Peux-tu nous en dire davantage sur tes lectures ? Quels livres t’ont inspiré, présentement ?
Pierre Mérot : Mes influences sont évidemment nombreuses, diverses et renouvelées, et il serait bien fastidieux de les énumérer ici. Mais il est vrai que la découverte des lettres de John Keats à Fanny Brawne a joué un rôle dans cette correspondance. Au début, nous les lisions ensemble, assis sur son canapé, elle en adorait certains passages qu'elle répétait à haute voix avec exaltation... Son côté romantique... Elle les préférait en anglais mais heureusement qu'elles étaient traduites.
L’écriture me sauve, déclares-tu page 139. De fait, précisément, les mots peuvent-ils apaiser la souffrance morale, liée à la rupture ?
Pierre Mérot : On en vient à ce qui paraît te préoccuper ! L'idée qu'on se sauve par l'écriture, que l'écriture apporte le réconfort, le salut, comble un vide incroyable ou au moins atténue des souffrances. Ce n'est pas nouveau. Et c'est très général. C'est comme si tu me demandais : pourquoi écris-tu ? Il y a tant de raisons, tant de paramètres - désolé pour ce mot mais il me semble avoir un caractère mathématique rassurant. Dans le cas précis d'une rupture amoureuse, je peux te répondre par une anecdote. Je crois d'ailleurs que j'en parle à Sandy dans l'une de mes lettres. J'avais vingt-cinq ans. Je venais de me faire larguer. Et pour la première fois de ma jeune vie - et la seule de l'ensemble de ma vie -, j'ai été envahi par une chose redoutable.
C'était un samedi après-midi. J'ai eu brusquement envie de me tuer. Ça a monté, ça m'a complètement envahi, oui. J'étais dépossédé de moi-même. C'était irrésistible. J'ai vraiment eu peur, j'ai failli basculer. Et puis - pour quelle raison ? - je me suis mis à écrire. Quoi ? Je ne sais plus. En tout cas, la "chose" a lentement disparu et j'ai été sauvé... Dans le cas de Sandy, et surtout à soixante ans, un âge où l'on a appris à moins souffrir, il n'y a pas eu vraiment de rupture, juste un éloignement progressif. Je n'ai pas eu besoin de me sauver d'une rupture par l'écriture, non. En revanche, c'est tout au long de notre histoire qu'il y eut une nécessité quotidienne de lui écrire, joyeusement ou douloureusement. Parce qu’encore une fois je crois que cette passion n'était pas partagée ou mal partagée. Eût-elle été partagée, ces lettres n'existeraient pas ou seraient moins nombreuses ainsi que les réponses de Sandy.
Il n'y aurait que les instants, nos instants - et il y en eut ! - sans la doublure des mots. En vérité, il y a une sorte de mystère qui m'échappe parfois : pourquoi répondait-elle et constamment ? Tu n'aimes pas quelqu'un, tu ne lui réponds pas, et l'affaire en reste là. Bien sûr, je lui faisais des reproches et elle se justifiait bec et ongles. Mais ça n'explique pas tout. Elle en avait sans doute besoin, elle aussi. Elle m'aimait à sa manière, on va dire, et recevoir des lettres, c'est quand même bien agréable. Globalement, cette "correspondance" est peut-être la longue élucidation de cette question : comment deux êtres incompatibles ont-ils réussi, chacun à sa manière mais aussi ensemble, à bâtir tant bien que mal une histoire d'amour ?
Tu évoques également tes projets littéraires, et notamment la suite de Mammifères. Peux-tu nous en dire davantage ? Ou s’agit-il d’un secret ?
Pierre Mérot : Ce n'est nullement un secret ! J'ai signé un contrat chez Rivages pour la suite de Mammifères. Et dans cette suite il y a même un chapitre sur Sandy, évidemment plus drôle, plus réaliste et plus corrosif que les lettres que je lui ai écrites. Elle l'a lu... Ce n'est pas simple d'écrire cette suite, vingt ans après. J'ai changé. Il y a des choses qui ont quasiment disparu de ma vie, par exemple les bars de nuit. Et la famille. J'ai perdu mes parents, et avec eux la famille qui constituait le fil d’Ariane du premier Mammifères. Le livre débute pourtant par un chapitre sur l'enterrement de ma mère. J'ai essayé d'être comique, grinçant mais humain, dans l'esprit de jadis. Pas facile... Vraiment pas facile... Je crois que le livre se terminera par l'enterrement de mon père, un jour d'avril, sous de grands arbres verts, en plein confinement... Pas facile, tout ça...
Sur la quatrième de couverture, en 2003, on parlait du bilan de la vie d'un homme de quarante ans. Maintenant, j'en ai soixante-deux. Il y a des choses qu'il va falloir aborder désormais, le vieillissement, le rétrécissement des possibilités, le tout sur fond de satire d'une époque qui n'est vraiment pas terrible. Des sujets graves, en vérité. Et il va falloir rester caustique et drôle. Je te le répète, ce n'est pas facile. J'en suis à la moitié, à peu près. Mais j'ai quand même assez confiance en mes doigts et en mon clavier pour me guider. Partir à l'aventure, voilà. Écrire a sans doute été la plus grande aventure de ma vie... En fait, non... Il y en a une autre... Il y a deux aventures essentielles qui valaient la peine de naître : avoir écrit, avoir aimé.
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Et j'aimerais finir par ces phrases somptueuses de Musset dans On ne badine pas avec l'amour : « Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : “J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.” »
Crédits : Etienne Ruhaud
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