Affaire Matzneff : Christophe Girard riposte par une plainte en diffamation
L’affaire Matzneff n’en finit pas de rebondissements : dernier en date, la plainte pour diffamation que porte Christophe Girard contre plusieurs figures féministes. Ces dernières avaient dénoncé le rôle présumé de l’ancien adjoint à la Culture pour la mairie de Paris, comme soutien à l’écrivain. Une pression qui avait conduit à sa démission…
Le 07/02/2022 à 12:34 par Nicolas Gary
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Publié le :
07/02/2022 à 12:34
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« Diffamation et injures publiques. » L’intitulé de la plainte présentée par Christophe Girard vise deux élues écologistes — Alice Coffin et Raphaëlle Rémy-Leleu —, ainsi que quatre militants. Leur mise en examen date de ce 28 janvier, avec pour interlocuteur le tribunal correctionnel, note Delphine Meillet, avocate de l’ancien élu.
« En 2020, Alice Coffin et Raphaëlle Rémy-Leleu avaient appelé à ma démission alors que je n’ai même pas été mis en examen. J’espère qu’elles auront la décence, elles qui le sont vraiment à présent, de se mettre en retrait de la majorité », indique Christophe Girard dans Le Monde. Mais les concernés (cinq femmes et un homme) n’ont manifestement pas peur. Céline Piques, dans un message sur Twitter, en rajouterait même une couche :
Et les deux élues écologistes font entendre le même message : Raphaëlle Rémy-Leleu évoque des attaques qui « me laissent insensible », quand Alice Coffin insiste : « Cette tentative d’intimidation ne m’effraie pas. »
Fluctuat en eaux troubles
Depuis que son nom a été associé à Gabriel Matzneff, dont le comportement pédocriminel a été mis à jour dans le livre de Vanessa Springora, Le consentement, Christophe Girard n’a eu de cesse que de prendre ses distances. Jusqu’à cette dernière salve, qui tente bel et bien de le blanchir des accusations portées par celles et celui qui deviennent désormais les accusés.
Parmi les éléments qui devenaient douteux, des déjeuners et repas offerts par l’ex-adjoint à la Culture à Gabriel Matzneff. La mairie avait alors rétorqué que ces rencontres s’étaient déroulées en février 2019, bien avant que l’affaire ne soit révélée au grand jour. Christophe Girard, lui, indiquait qu’il s’agissait de repas dans le cadre de ses fonctions. Étrange justification.
D'autres points litigieux furent soulevés : le fait que la mairie de Paris aura pris en charge des frais d’hébergement de Matzneff suite à une opération chirurgicale, durant deux ans. Et ce, avec une véritable marque de sympathie de Christophe Girard à l’auteur. Puis, un nouveau soutien à l’écrivain en 2002 : il appuie la candidature de Matzneff pour obtenir une « allocation annuelle aux auteurs » versée par le Centre National du Livre.
Dans un communiqué de février 2020, l’adjoint à la Culture de Paris, qui l’était déjà à l’époque, parle d’une « lettre de recommandation » et assurait qu’il pourrait en avoir signé une pour Matzneff, mais qu’il n’en avait « pas le souvenir ». L'allocation fut d'ailleurs supprimée par Franck Riester peu après les révélations du livre de Vanessa Springora.
Par la suite, tout ce qui pouvait connecter les deux hommes fut exposé sur la toile : durant l’été 2020, des messages fusent sur les réseaux, ciblant explicitement l’ancien adjoint. Pour ce dernier, les accusations sont inadmissibles, « parfaitement intentatoires ». Pourtant, ces tweets, la manifestation qui s’en suivit devant la mairie furent autant d’éléments découlant d’enquêtes publiées dans la presse : certains s’étonnent ainsi de ne voir aucun média mis en cause.
Au Parisien, Alice Coffin ajoute : « Cela ne m’effraie pas, au contraire je suis assez impatiente que l’on puisse à nouveau dire que le soutien et le maintien de Christophe Girard comme adjoint était une honte pour l’exécutif. Je n’ai jamais ni diffamé ni insulté Christophe Girard, ce que j’ai dit à l’époque s’appuyait sur des éléments parus dans la presse. »
Les élus écologistes à la Mairie de Paris avaient réclamé, dans un courrier adressé mi-juillet 2020 à Anne Hidalgo, que Girard soit écarté, le temps d’éclaircir ses liens avec Gabriel Matzneff, écrivain accusé de viol sur mineurs. Il avait alors quitté la mairie de Paris, quelques jours plus tard, non sans avoir au préalable dénoncé la « justice des réseaux sociaux ». À cette époque, il était également visé par une enquête pour « viol sur mineur », dont il sortira innocenté — la plaine fut classée sans suite, du fait de la prescription, estima la brigade des mineurs.
crédits photo : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Par Nicolas Gary
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4 Commentaires
Cromanche
08/02/2022 à 10:33
" le fait que la mairie de Paris aura pris en charge des frais d’hébergement de Matzneff suite à une opération chirurgicale, durant deux ans."
C'est la Fondation Yves Saint-Laurent qui a réglé durant deux ans la note d'hôtel de Matzneff : après l'intervention chirurgicale qu'il avait subie à l'Hôtel-Dieu, son état ne lui permettait plus de grimper ses six étages (son immeuble était dépourvu d'ascenseur). Christophe Girard travaillait alors à mi-temps chez Saint-Laurent (pour l'autre mi-temps, il était adjoint à la culture de Bertrand Delanoë, maire de Paris), et c'est lui qui a informé Matzneff de cette aide de la Fondation YSL.
"Christophe Girard, lui, indiquait qu’il s’agissait de repas dans le cadre de ses fonctions. Étrange justification."
Il est courant qu'un adjoint au maire chargé de la culture déjeune avec des artistes (ou tous autres acteurs de la vie culturelle) habitant sa ville. Rappelons que Paris est très présent dans plusieurs livres de Matzneff, entre autres "Boulevard Saint-Germain" ou "Nous n'irons plus au Luxembourg", et qu'il a souvent rendu compte, dans les journaux où il a tenu une chronique (Le Monde, Le Point, etc.), d'événements culturels se déroulant dans la capitale.
JPK
11/02/2022 à 00:38
Rien à ajouter sinon que Gabriel Matzneff est toujours présumé innocent .. et que l éventuelle pédocriminalité de l écrivain ne concernerait que les actes commis aux Philippines ou ailleurs sur des enfants mais pas la relation avec V . Springora ou on était au pire dans l atteinte sexuelle sur mineure de moins de 12 ans, délit qui lui aurait couté au maximum , à l époque , 1 an avec sursis ...
7 fois ta langue sur ton clavier
11/02/2022 à 07:16
Quand on débute par Rien à ajouter, le mieux serait en effet de ne rien ajouter.
Tout particulièrement pour embrayer avec cette complaisance vis-à-vis des actes pédocriminels et en alignant tant de justifications et d'excuses qu'on finit par en devenir louche.
Vous l'avez connu personnellement pour savoir ce qu'il a pu faire où et quand ? Biographe attitré ou admirateur zélé ?
En somme, un peu de dignité et de respect, sauf à avancer des preuves formelles.
C'en devient écoeurant de voir que l'on aura tout fait pour continuer de couvrir ce bonhomme.
jpk
12/02/2022 à 00:13
Je ne connais pas le personnage - et quand bien même !- qui par ailleurs ne me parait pas très sympathique pour ce que j en ai vu à la TV .. Mais toujours cette accusation sous-jacente d' approbation voire de complicité pour ceux qui osent défendre l état de droit contre les réseaux sociaux; et les faire taire .. Tu parles de preuves formelles à décharge , il n y en a évidemment pas mais je te rappelle que c est à l accusation dans un état de droit de prouver la culpabilité, en droit et pas en morale et si la police en avait trouvé et non prescrites , l homme serait depuis longtemps en taule .. Peut-être en trouvera -t-elle mais en attendant, je n' énonce que des faits de droit avec un erreur de frappe : je voulais écrire moins de 15 ans bien sur .. Si V Springora avait eu 12 ans à l époque , son consentement n aurait certainement pas été reconnu malgré ses déclarations et nous aurions bien été dans le criminel . : j ai lu son livre et l ai entendue à la radio ou elle se refuse courageusement à parler de viol malgré l insistance des animateurs, Par contre j ai pas lu Matzneff , encore qu on trouvait " les moins de 16 ans " - il est malin .. dans des des bibliothèques municipales il y a quelques années , mais aucune appétence pour ce sous Nabokov mais qui a droit comme tout un chacun à la présomption d innocence tant qu une condamnation définitive n est pas intervenue ..