À partir de plusieurs sources, dont des bases de données et des entretiens avec quelques éditeurs, le ministère de la Culture s'est lancé dans une étude consacrée aux petites et moyennes maisons d'édition. Si la dynamique de création des structures ne faiblit pas depuis les années 1970, celles-ci restent fragiles, en particulier dans un contexte de concentration du secteur.
Le 13/03/2024 à 12:59 par Antoine Oury
14 Réactions | 890 Partages
Publié le :
13/03/2024 à 12:59
14
Commentaires
890
Partages
Pour pallier un manque de données persistant, le ministère de la Culture s'est penché, en 2023, sur la situation des petites et moyennes maisons d'édition. Les données du Syndicat national de l'édition, établies à partir des informations communiquées par ses membres et généralement présentées sous la forme de moyennes, peuvent en effet niveler la situation réelle des éditeurs.
Les pouvoirs publics avaient pour objectifs de mieux caractériser ces structures, de les dénombrer et d'évaluer leur poids économique. Mais aussi de dégager des points de vigilance et des inquiétudes de ces éditeurs, par un questionnaire diffusé en début d'année 2023, auquel 486 maisons d'édition ont bien voulu répondre. Une démarche complétée par des entretiens plus ciblés, auprès de 16 éditeurs.
Pour dénombrer et recenser, l'Observatoire de l'économie du livre du ministère de la Culture s'est appuyé, pour commencer, sur l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et sa Nomenclature d'activités françaises (NAF). Le code d'activité 58.11Z désigne l'« édition de livres », utile à la définition du périmètre. L'OEL a ajouté d'autres critères (classification PME, nombre de salariés inférieur à 9, chiffre d'affaires...).
Le nombre obtenu, autour de 7000 structures, est encore imparfait, car il comprend des entreprises à la taille trop importante, à l'activité assimilable à la « micro édition », ou dont l'activité réelle n'est pas l'édition de livres. L'OEL situe plutôt le nombre réel de petites et moyennes maisons d'édition à 4722 entreprises. À titre de comparaison, rappelons que le SNE compte environ 760 adhérents...
31 % de ces structures s'établissent à Paris, quand le Rhône, les Hauts-de-Seine et les Bouches-du-Rhône, les trois départements les plus peuplés en maisons, plafonnent à 3 à 4 % du total... En matière de villes, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Rennes, Lille, Strasbourg, Montpellier, Marseille et Lyon sont particulièrement accueillantes.
L'OEL note une inégale répartition sur le territoire, qui ne correspond qu'en partie à celle de la population française.
La plupart de ces structures (les 3/4) ont été créées il y a moins de 23 ans, la moitié n'a pas plus de 11 ans d'ancienneté. 41 % des maisons sont des sociétés à responsabilité limitée (SARL), 30 % des sociétés par actions simplifiées (SAS) et 27 % des associations.
Plus de 3/4 de ces 4700 acteurs ne comptent pas de salariés : sans trop de surprise, les structures qui en emploient sont généralement les plus anciennes, et commerciales.
L'OEL se heurte à l'imprécision des bases qu'il utilise, rendant les résultats extraits assez peu représentatifs sur certains points. Par exemple, celui du chiffre d'affaires : il n'est disponible, annualisé pour 2018, que pour 333 entreprises. Le CA net des petits et moyens éditeurs sous forme commerciale serait ainsi de 200.000 €, avec des ventes ne dépassant pas 96.000 € pour la moitié. Et, pour un quart des entreprises, le CA s'établit entre 20.000 et 47.000 €.
L'étude du ministère de la Culture établit trois types de modèles économiques. Le premier est celui de plus petites maisons, qui publient moins de 3 titres par an, sont gérées par une seule personne, souvent non rémunérée, qui assurent elles-mêmes la diffusion et la distribution, avec un fort accent mis sur les ventes à distance. Le deuxième modèle voit les gérants rémunérés, parfois des salariés, une délégation de la diffusion-distribution à une filiale d'un groupe d'édition et une part des ventes plus importantes chez les détaillants. Enfin, le troisième, moins bien défini faute de données, délègue sa diffusion-distribution à un acteur qui n'appartient pas à un groupe éditorial.
En s'appuyant à présent sur les données du dépôt légal de la Bibliothèque nationale de France, l'Observatoire de l'économie du livre établit la fréquence de publication moyenne à moins de quatre titres, en 2018 et en 2019. La moitié des éditeurs n'ont publié qu'un seul titre par an, et les 3/4 moins de trois. Parmi les petites et moyennes maisons, peu sont celles qui publient plus de 10 titres par an : la surproduction n'est donc clairement pas de leur côté.
Le pays d'impression du premier tirage, indiqué dans 89 % des cas, est instructif : la France y apparait largement en tête, avec 80 % des impressions, une proportion bien plus élevée que lorsque l'ensemble du dépôt légal est pris en compte (63 %). Pour le reste, Belgique, Espagne et Italie suivent, ou un autre pays de l'Union européenne. La production des petites et moyennes structures est donc locale, quand l'édition s'interroge sur son impact écologique...
La littérature représente plus de la moitié de la production des structures, devant l'histoire, la géographie et les biographies d'une part, les arts, les jeux et les sports d'autre part. Le prix moyen des livres atteint 19 € en moyenne, un peu inférieur à l'ensemble du dépôt légal (23 €).
À l'aide des informations du panéliste GfK, l'Observatoire de l'économie du livre estime que les ventes des petites et moyennes maisons d'édition représentent, en valeur, 13 % des ventes totales de l'édition (soit 9 %, en volume). Pour obtenir ce résultat, une tranche arbitraire a été définie, pour conserver les données des maisons dont les ventes ont été supérieures à 40.000 € et inférieures à 2 millions € (soit 1506 éditeurs en 2019).
Les librairies restent les meilleures alliées de ces structures, puisque ces dernières réalisent plus du quart de leurs ventes (en valeur) dans les librairies de premier niveau. Les grandes surfaces spécialisées ne sont pas pour autant négligeables, avec près d'un autre quart des ventes : sans surprise, les grandes surfaces alimentaires ne pèsent que pour 5 % d'entre elles.
40 % des ventes, la part la plus importante, reste toutefois le fait des librairies de taille plus petite, les ventes par internet et les autres canaux.
Segment particulièrement attendu après l'étude du Syndicat national de l'édition sur le partage de la valeur, la relation aux auteurs a été abordée par le questionnaire du ministère de la Culture. Rappelons que 486 éditeurs y ont répondu — un volume qui fluctue par ailleurs d'une question à une autre : les informations ne sont donc pas représentatives, mais néanmoins intéressantes.
93 % des structures répondantes publient à compte d'éditeur, mais, pour 6 éditeurs sur 10, l'à-valoir n'est pas une pratique systématique ou quasi systématique. Chez 20 % d'entre eux, l'à-valoir est supérieur à 900 €, compris entre 300 et 900 € pour 15 % et inférieur à 300 € pour 6 %. 2/3 des éditeurs pris en compte ne proposent donc pas d'à-valoir, ou de manière très modeste.
374 éditeurs ont répondu à la question sur les droits proportionnels versés aux auteurs sur les ventes : le taux est compris entre 6 et 10 % pour 70 % d'entre eux, inférieur à 6 % pour 14 % des répondants, compris entre 11 et 15 % pour 10 % des maisons environ. Seuls 6 % d'entre elles proposent un taux supérieur à 15 %. L'OEL observe que les maisons les plus récentes ont tendance à offrir des droits plus élevés, et que les ventes de livres semblent moins élevées chez celles proposant les taux les plus hauts.
À partir des réponses de 344 éditeurs — en limitant les données prises en compte aux structures ayant eu une activité en 2019 — l'OEL a observé la rentabilité d'exploitation des petites et moyennes maisons d'édition. Pour un tiers d'entre elles, la rentabilité est basse, entre 0 et 5 %. Mais pour un quart des structures, elle est très négative, inférieure à -20 %. 14 % seulement de ces entreprises jouissent d’une rentabilité supérieure à 10 %.
Après agrégation des réponses, l'OEL indique que 6 maisons sur 10 présentent une rentabilité d'exploitation positive, et 4 une rentabilité négative. Les maisons à l'activité la plus importante sont, assez logiquement, les plus rentables.
Il reste compliqué de relier cette rentabilité avec tel ou tel comportement ou choix : aucune corrélation n'est ainsi observée entre degré de diversification, délégation ou non de la distribution-diffusion, canal de vente ou obtention d'aides publiques et la rentabilité d'une maison.
Enfin, les entretiens avec plusieurs éditeurs ont permis d'affiner ce panorama de tout un pan de l'édition française. Invitées à s'exprimer librement sur leurs difficultés, les personnes interrogées évoquent leur fort attachement aux libraires, même si certaines — souvent issues des plus petites structures — pointent un rapport distendu avec ces professionnels, qui portent trop peu d'attention à leur production selon eux.
De la même manière, les médias sont considérés comme des alliés par certains, avec une belle fidélité, mais d'autres jugent qu'ils portent trop d'attention aux livres des grands groupes.
À LIRE - En difficulté, la maison d'édition Ici Même émet un SOS
Le système d'aides publiques est plus généralement perçu comme opaque et peu favorable aux petites et moyennes structures, quand celles qui en bénéficient déjà aimeraient un élargissement à d'autres segments éditoriaux.
L'étude relève des préoccupations partagées par toutes les structures : la concurrence et la concentration des grands groupes, les difficultés induites par l'inflation et la hausse des coûts des matières premières, et enfin la demande, encore et toujours, pour la mise en place d'un tarif postal préférentiel pour les envois de livres en France.
L'étude complète est accessible à cette adresse.
Photographie : illustration, ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Par Antoine Oury
Contact : ao@actualitte.com
14 Commentaires
Nanbe
14/03/2024 à 07:25
Merci pour cet excellent article; les informations données sont indispensables pour mieux appréhender les difficultés des éditeurs à quoi s'joute la lecture sur tablette qui se généralise
ESTELAS EDITIONS
14/03/2024 à 09:53
Chez nous on fait du Poche. Quand on paie 4.20€ à La Poste pour envoyer un livre à 9.90€ ça représente 42% du prix. On perd de l'argent, tout simplement. Alors qu'en vendant à l'étranger, en Europe, ça coûte 1.11€ soit 9% . Si on avait le même prix pour les envois en France que pour les envois à l'étranger, on pourrait investir sur d'autres postes et à terme, pourquoi pas, créer des emplois dans le secteur.
Thierry Reboud
14/03/2024 à 12:07
Le poche, c'est le plus difficile à rentabiliser parce que le point mort est plus élevé (j'imagine que je ne vous apprends rien). Si en plus vous rajoutez les frais postaux...
La question que je me pose en lisant votre commentaire (et après avoir parcouru votre site) est la suivante : êtes-vous certain de votre modèle économique ? Pourquoi continuez-vous à éditer en format (et prix) poche ?
Je suppose que vous avez déjà réfléchi à la question, c'est simplement que je ne comprends pas quelles sont vos raisons.
ESTELAS EDITIONS
14/03/2024 à 15:37
Avant j'éditais en A5 et brusquement les ventes se sont effondrées. Je suis passé immédiatement au Poche et je n'ai jamais vendu autant de livres. J'ai sillonné la France et différents types de points de vente pendant 10 ans pour présenter mes livres au public. J'ai beaucoup appris à leur contact. Au début, je pensais que les gens avaient une préférence pour le Poche à cause de son prix. Il y en a, certes, mais ce n'est pas la majorité des gens que j'ai rencontrés. A mon grand étonnement, beaucoup sont ceux qui ont une préférence pour le Poche pour sont côté pratique. Comme vous avez pu le voir sur notre site, on est dans le haut de la fourchette du prix du Poche. Eh bien, je me souviendrai toujours de cette dame qui s'était arrêtée devant mon stand et qui avait interpellé son mari qui était dans le rayon d'en face:
- Chéri, viens voir! Pour une fois ce ne sont pas des livres à 20 balles!
Et ils m'en ont pris 3.
Cette anecdote illustre asse bien le marché en lui même, du moins comme je l'ai perçu. Aujourd'hui, il est très rare que je rencontre des gens qui se plaignent du prix de nos livres. J'en décompte environ 3 à 4 dans l'année, ce qui est totalement insignifiant.
Autre raison de faire du Poche: Nos auteurs font beaucoup de dédicaces pour la plupart. Et quand on envoie un carton de 13kg de livres, il y a 2 fois plus de livres en Poche qu'en A5 ce qui divise le coût du transport par livre par 2.
Ariane
14/03/2024 à 11:19
Merci pour avoir publié cette synthèse intéressante, même si les données concernant le nombre des structures sont à parfaire. Les éditions OLNI, maison d’édition associative créée en février 2023 et que j’ai l’honneur de présider sont passées à l'as de cette étude, mais se reconnaissent cependant parmi les constats :
. les librairies indépendantes sont accueillantes et bienveillantes, à condition de faire du porte-à-porte (les courriels ne sont pratiquement jamais lus ) et qu'elles ne soient pas submergées par la production intensive des grosses machines de l'édition qui laissent peu de place sur les tables ;
. la revendication d’un tarif postal particulier pour les envois de livre en France, alors qu'il existe pour l'Europe et le reste du monde ;
. le désintérêt des médias pour les petites structures, hormis la PQR (et Actualitté, je tiens à le préciser), malgré les sollicitudes ;
. le peu d’aides de l’État, mais il est vrai que la culture n’est pas vraiment son cheval de bataille...
Bref, il faut vraiment avoir la foi pour se lancer dans l’aventure de l’édition indépendante, autodistribuée et autodiffusée. Jusqu’ici, pour OLNI, ça va...
Jusqu'ici...
Agnes Beghin
15/03/2024 à 17:56
Que conclure de tour ça, j'ai été éditée par le Lys Bleu Paris. Mais les ventes ne suivent pas.,les livres ne sont pas distribués en librairie, ils figurent seulement sur des listes ,comme mis à disposition
R.Raynal
15/03/2024 à 23:23
Qu'en conclure ?
1) Le lys bleu est un éditeur "participatif" : en bref vous payez l'édition de votre livre en achetant n exemplaires. Ce n'est donc pas un "vrai" éditeur à compte d'auteur. Normalement, l'auteur ne doit RIEN payer, et je dirais même ne s'engager à rien (parcourir la France à ses frais et passer ses week end dans des salons, à donner son temps à l'éditeur pour 5%M de droits, par exemple).
2) Les petits éditeurs, pour peu que vous sachiez écrire, ne vous apporteront rien de plus que l'auto-édition (mais vous priverons de vos droits contre une obole ridicule). Pas par mauvaise volonté, mais par manque de temps, ou d'argent, ou des deux.
3) Malgré leurs dénégations, les "grands" éditeurs ne vous éditeront jamais, trop occupés à publier des traductions, des copains, des peuples, des recommandés et autres "amis" du milieu des lettres germanopratines.
4) L'édition est restée encalminée au XIXe siècle, à l'époque d'une paye annuelle et d'avances symboliques. Elle refuse d'évoluer.
5) "Édites-toi toi même, et tu connaîtras l'univers et les dieux".
6) "Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles, si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !" , comme disait Edmond Rostand...
D. L.
18/03/2024 à 09:54
2) Les petits éditeurs, pour peu que vous sachiez écrire, ne vous apporteront rien de plus que l'auto-édition (mais vous priverons de vos droits contre une obole ridicule). Pas par mauvaise volonté, mais par manque de temps, ou d'argent, ou des deux.
Monsieur (ou madame) Raynal, ne dites pas n'importe quoi. Des éditeurs accompagnent leurs auteurs dans le travail du manuscrit et font leur métier, car c'est de ça qu'il s'agit : quel le manuscrit se transforme en texte abouti et corrigé. Si vous ne savez pas cela, je comprends que vous confondiez tout.
L'auto-édition avec ses romans remplis de tics d'écriture que l'auteur qualifie de style pour mieux justifier son orgueil à refuser une remise en question…
5) "Édites-toi toi même, et tu connaîtras l'univers et les dieux".
Vous vous contredisez. S'auto-éditer… le faux rêve. Ils sont des milliers chaque dimanche à passer leur temps à prendre en photo leur table de livres dans une salle municipale moche, vide et déserte, à se conforter qu'ils sont au bon endroit, comme la semaine d'avant et celle d'après, dans laquelle ne passeront que quelques amis et le maire, bien sur, au moment des photographes.
R. Raynal
19/03/2024 à 18:45
Cher D.L. (Monsieur, Madame, Iel ?)
« Des éditeurs accompagnent leurs auteurs dans le travail du manuscrit et font leur métier, car c'est de ça qu'il s'agit : quel le manuscrit se transforme en texte abouti et corrigé. »
Rions un peu. Les petits éditeurs n’ont ni le temps, ni l’argent, ni les compétences pour ce faire. Il existe encore des auteurs capables d’écrire en français sans avoir besoin de correcteurs et autres manieurs de ciseaux (qui a dit « sensitivity readers » ?). Et même si cela était, cela ne justifierait pas de laisser à l’auteur un rogaton de 5 à 8 % de droits payés quand on y pense.
« L'auto-édition avec ses romans remplis de tics d'écriture que l'auteur qualifie de style pour mieux justifier son orgueil à refuser une remise en question… » J’en viendrais à me demander si vous m’avez lu ;-). Vous pourriez dans ce cas comparer livres édités et auto-édités d’un même auteur, vous auriez des surprises !
On trouve, il est vrai, beaucoup d’horreurs dans l’auto-édition, mais pas plus, l’orthographe mise à part (bien sûr ;-), que sur les linéaires des libraires encombrés du dernier « roman » de la starlette à la mode.
« Vous vous contredisez. » Je ne vois pas en quoi…
« S'auto-éditer… le faux rêve. Ils sont des milliers chaque dimanche à passer leur temps à prendre en photo leur table de livres dans une salle municipale moche, vide et déserte, à se conforter qu'ils sont au bon endroit, comme la semaine d'avant et celle d'après, dans laquelle ne passeront que quelques amis et le maire, bien sur, au moment des photographes. » : vous venez de décrire avec justesse les salons du livre réservés (je vous l’apprends, si vous l’ignoriez) aux auteurs édités (oui, édités) par de petits éditeurs. Les auto-édités n’y sont pas admis (le libraire organisateur ne pourrait pas facilement prélever sa dîme de 30 % sur les ventes sur des livres qu’il ne se donne pas la peine de commander). Cela m’arrange, car je déteste les salons.
Comme l’a écrit quelqu’un, qui doit s’y connaître : « Si vous ne savez pas cela, je comprends que vous confondiez tout. »
Thierry Reboud
21/03/2024 à 19:35
C'est tout de même stupéfiant de lire dans votre commentaire une somme aussi complète des clichés qui constituent le recours ordinaire des écrivain.es plus ou moins raté.es.
Vous ne connaissez manifestement rien au travail fourni par les maisons d'édition, qu'elles soient petites ou grosses, et vous n'avez à l'évidence aucune idée des frais engagés pour publier un livre digne de ce nom.
Il ne vous vient pas à l'esprit, par exemple, qu'une maison qui accepterait [c'est bien un conditionnel] de publier un de vos livres et pour lequel elle ne vous a rien demandé a fort peu de chances de simplement rentrer dans ses frais, même en ne vous accordant qu'un pourcentage de 5 à 8%.
Dans le même ordre d'idées, il semble que vous n'avez pas mis les pieds dans une librairie depuis longtemps, ou alors que vous ignorez qu'il existe une grande variété de librairies qui ne se bornent pas toutes (et il s'en faut de beaucoup !) à proposer le "dernier « roman » de la starlette à la mode".
Notez bien que rien de tout cela n'est très grave. Ce qui est plus ennuyeux (mais pas grave non plus, je vous rassure si besoin), c'est qu'avec si peu de connaissances vous vous permettiez d'infliger des sentences aussi creuses que définitives.
Roger Raynal
21/03/2024 à 23:16
Ce qui est "stupéfiant", c'est de voir que quelqu'un qui use du point médian de cette ridicule écriture "inclusive" puisse penser pouvoir juger du caractère "plus ou moins" raté d'un "écrivain" dont il ignore tout...
Alors quelques informations:
- je ne suis pas écrivain, ce n'est pas mon métier, et cela ne m'intéresse pas de le devenir.
- je suis auteur, j'écris pour mon plaisir (heureusement).
- Je suis (en édition scientifique) et j'ai été (pour les fictions) édité avant de choisir (car c'est un choix, mes éditeurs voulaient continuer) l'auto-édition. Donc l'édition, je connais, merci. Vos arguments tombent d'eux même. Mais il est vrai que vous êtes, du côté du bien, pétris de certitudes.
Par contre, votre formulation me laisse entendre que vous confirmez mes "sentence creuses" :
"une maison qui accepterait [c'est bien un conditionnel] de publier un de vos livres et pour lequel elle ne vous a rien demandé ". Ce qui signifie bien que, pour vous, il faut être "demandé" par son excellence l'éditeur.trice (je Trissotine comme vous), seul arbitre du beau, du bien, du bon. 5 % de droits ? Fi, l'auteur c'est trop. Son excellence l'éditeur a des "frais". Risible.
L'adepte des sentences creuses et définitives vous dit ceci : Vos cris d'orfraie à l'idée que ces gueux d'auteurs puissent exiger des droits de 5% ne sont que le symptôme que l'époque des éditeurs de droit divin est révolue. Nombre d'auteurs se passent désormais des salons où l'on cause, des prix de l'entre-soi et des rayonnages des librairies. Ce qui fait vivre les libraires, ce sont les délais de paiement et la rotation des titres. Le boulot des libraires, c'est surtout de pousser des cartons et de gérer des invendus. Les reste est accessoire. D'ailleurs, l'essentiel des ventes de livres ne se font plus chez eux. Et c'est tant mieux : les petits éditeurs, justement, en auraient beaucoup à raconter sur l'amabilité et l'accueil des libraires... mais leur dépendance envers eux les retient.
Thierry Reboud
22/03/2024 à 20:22
Allons bon, j'ai de la chance : en plus il a fallu que je tombe sur un esprit simple qui a ses vapeurs dès qu'il croise un point médian ! Eh bien roulons jeunesse !
J'utilise le substantif "écrivain" parce que cela désigne plus précisément l'activité, rémunérée ou non, d'une personne (masculine) qui écrit. J'évite autant que possible (c'est-à-dire toujours dans les faits) le substantif "auteur" que je tiens pour pompeux et qui me paraît de plus relever du même mythe romantique et faisandé que la notion d'inspiration.
Je constate que vous semblez avoir quelques difficultés de lecture : je n'ai pas dit que vous ne connaissez pas pas l'édition, j'ai écrit (et rien dans votre réponse ne me dément) que vous ne connaissez rien au travail des maisons d'édition, c'est-à-dire pour parler précisément en quoi elles apportent une valeur ajoutée aux manuscrits qu'elles reçoivent.
Quant au fait que vous proposez quelque chose qu'on ne vous a pas demandé, je ne l'ai mentionné que pour souligner que vous vous placez donc en position de demandeur et que si la réponse (et les conditions) qu'on vous propose ne vous agréent pas, rien ne vous oblige à les accepter.
Pour ce qui est de la maison d'édition, oui, elle a des frais (parfois conséquents) et, la plupart du temps, plus de questions que de réponses sur ce que lui rapportera l'édition de tel ou tel titre. Il lui appartient donc d'évaluer quelle rémunération elle peut proposer à l'auteur pour, autant que possible, équilibrer ses comptes. Si 5 ou 8% ne vous conviennent pas, eh bien refusez-les et basta !
Je ne sais pas où vous êtes allé cherché cette idée (creuse, elle aussi) qu'il aurait existé des éditeurs et des éditrices de droit divin. La réalité est beaucoup plus simple et bien moins divine : ils et elles font un métier (comme vous) dans lequel ils ou elles excellent (ou pas, mais dans ce cas l'histoire se finit assez vite). Ce métier a des contraintes, et notamment des contraintes de marché. Leur souci premier est de faire en sorte que leurs maisons tiennent sur la durée et constituent un catalogue cohérent. Pour cela, ils et elles ont besoin de chiffre d'affaire.
Et c'est là que ça devient amusant : si une maison d'édition, à tort ou à raison, considère que votre manuscrit recèle de véritables possibilités commerciales, ne vous inquiétez surtout pas, elle l'acceptera.
De très nombreuses maisons d'édition publient en outre des écrivain.es pour la seule raison qu'il leur semblerait dommage que ces voix ne soient pas disponibles à la lecture.
Lâchez un peu de votre boursouflure et intéressez-vous donc au nombre de premiers romans publiés chaque année, intéressez-vous aussi aux ventes réalisées sur ces premiers romans. Parce que pour un En attendant Bojangles, vous aurez une flopée de titres qui n'arriveront pas à percer.
Alors s'il faut en plus s'intéresser aux écrits de dilettantes dans votre genre qui, sous prétexte qu'ils se trouvent supérieurement intelligents, se figurent qu'ils sauront faire le travail de quatre ou cinq métiers différents, merci bien. On a mieux à lire.
(Ah, j'oubliais : jusqu'à ma très récente retraite, j'ai travaillé plus de 30 ans pour un diffuseur-distributeur dont la spécialité était précisément les petites et moyennes maisons d'édition indépendantes. J'ai toujours été très bien reçu par les libraires qui ont toujours prêté attention à leurs publications.)
R Raynal
23/03/2024 à 14:14
L'esprit simple n'en est pas pour autant simple d'esprit, du moins pas au point d'avoir la prétention de réformer la grammaire française selon la mode "inclusive" du temps. Le point médian est toujours, ne vous déplaise, une erreur. Et ce jusqu'à réforme de la grammaire par l'académie française.
Ainsi donc le loup sort du bois : vous fûtes diffuseur-distributeur, donc votre intérêt est clair, et rejoint celui des éditeurs : "que rien ne change !" Et surtout pas un système qui maintient l'auteur (ou l'écrivain) dans la précarité (dans le meilleur des cas). Pis que des difficultés de lecture, vous ma semblez avoir, ô bel esprit du temps, des difficultés de compréhension : vos laborieuses explications détaillées sont inutiles, puisque si vous saviez lire, vous auriez compris que j'ai précisément suivis vos conseils éclairés, refusant des droits minables pour travailler seul. Catastrophe ! Des auteurs capables d'écrire, de mettre en page, de publier et, horresco referens, de vendre leurs ouvrages (détestables et tous mauvais) sans en passer par un diffuseur-distributeur ! J'imagine ce que vous devez penser de l'impression à la demande, utilisée par nombre de petits éditeurs...
Bref, j'ai compris pourquoi nos deux visions sont inconciliables : vous avez (forcément) raison, ô moderne Pangloss, et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes (éditoriaux) possibles. Fort heureusement, vous êtes à la retraite. Vous ne verrez donc pas s'essouffler ce modèle qui, je le répète et vous persisterez toujours à trouver cela normal, fait qu'un auteur reçoit une fois l'an 66 centimes sur un livre vendu 14 €.
En tant qu'écrivain "raté" (le "réussi" étant celui qui acceptait benoîtement de vous faire vivre), je n'en continuerai pas moins à être publié par mes soins propres, à percevoir mes droits mensuellement, à pouvoir suivre mes ventes au jour le jour et à être distribué dans le monde entier. Le tout avec 30 à 70 % de droits. "Lors qu'on n'est pas pas le chêne ou le tilleul, ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !"
L'éditeur masqué
16/03/2024 à 10:04
Pourquoi se ruiner alors qu'on peut publier et éditer en ligne ? imprimer seulement à la demande. Le reste c'est juste de la pub sur les réseaux. Il y a de quoi faire je vous note pas la liste. On édite à tour de bras et tout ça termine dans la benne. La faute du mépris de l'édition pour le web en général. À part y faire leur réclame, ils ne s'en servent pas ou peu. Le vieux monde Gallimardien se meurt. On y publie que du consensuel et pas toujours de bonne qualité. Pompe à fric sans éclat. Mais surtout, fuyez le compte d'auteur, pure arnaque. Publiez-vous vous-même.