L'écrivain, essayiste et éditeur français, figure première du monde littéraire et de Gallimard des dernières décennies, Philippe Sollers, s'en est allé le 5 mai dernier. Après un ouvrage hommage à l'auteur de Paradis, « le dernier livre de Philippe Sollers, écrit jusqu’au bout d’une main claire », présente son ancien auteur, Yannick Haenel. Un ouvrage au titre programmatique, La Deuxième Vie.
Le 08/02/2024 à 14:49 par Hocine Bouhadjera
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08/02/2024 à 14:49
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Ce roman, qui paraîtra dans la collection Blanche de Gallimard le 14 mars prochain, est une méditation sur la mort, son cœur, emporté par une euphorie sereine et une pointe d'humour, aspire à ce qu'il nomme la Deuxième vie : une « ivresse calme », de l'humour toujours : « Je n’ai pas été un bon saint lors de ma première vie, mais j’en suis un très convenable dans ma Deuxième », assure l'auteur d'outre-tombe.
Certains de ses grands thèmes reviennent, une dernière fois : Dieu, Venise, la médecine, l'époque, ses passions fixes plus généralement, « et même de Houellebecq ». À la manière de ses derniers ouvrages, il note inlassablement ses pensées : « Si le néant est là, il est là, en train de voir le monde éclairé par un soleil noir. »
Fondateur de la revue Tel Quel en 1960 aux côtés notamment de Jean-Edern Hallier, Philippe Sollers a joué un rôle central dans le paysage intellectuel français, promouvant des textes expérimentaux et autres essais théoriques de ce temps ratiocineur et audacieux.
Il a par ailleurs marqué le monde de l'édition avec sa collection L'Infini, chez Denoël puis Gallimard, introduisant des auteurs étrangers majeurs au public français. Elle permit de mettre en lumière des plumes étrangères comme Samuel Beckett, James Joyce, Ezra Pound, Virginia Woolf, Jorge Luis Borges, ainsi que des penseurs contemporains tels que Jacques Derrida, Jean-Luc Nancy, Michel Foucault, Gilles Deleuze et Félix Guattari.
Plus récemment, sa collection accueillait des plumes comme Jean-Jacques Schuhl, Yannick Haenel ou Jean-Luc Outers.
Son écriture, à la fois novatrice, parfois provocatrice, explore des thèmes variés comme l'identité, le désir, et la politique. Parmi ses romans célèbres, Le Parc (Prix Médicis 1961), Paradis, Le Coeur absolu, ses biographies de Casanova et Mozart, ou encore L'Éclaircie. En 2007, il publiait son autobiographie, Un vrai roman. Mémoires, édité en 2007. Plus récemment, Gallimard a accueilli Désir (2020), Légende (2021) et Graal (2022).
En novembre, sa maison historique a par ailleurs publié un ouvrage hommage : Antoine Gallimard y explore la facette de l'homme et l'ami, Valentin Retz évoque une voix résistante, Jean-Jacques Schuhl anime l'écrivain, ou Chantal Thomas se plonge dans les noms d'enfance.
Le 18 avril, quelques mois après la sortie de La Cité de la victoire, paru en France chez Actes Sud, Salman Rushdie fait déjà son retour. Les éditions Gallimard avaient déjà réédité en août dernier, Grimus, le premier roman de l'auteur, cette fois, on sort de la fiction avec le Couteau, Réflexions suite à une tentative d’assassinat. Les trois titres ont été traduits de l’anglais par Gérard Meudal, dont il est le traducteur attitré depuis 2008, et précédemment d'auteurs comme Norman Mailer, Paul Auster ou Joseph O’Connor.
Le titre reflète bien le contenu : Salman Rushdie s'attarde « pour la première fois » sur l'attaque au couteau qu'il a subie le 12 août 2022 aux États-Unis, plus de trente ans après la fatwa prononcée contre lui. « Le romancier lève le voile sur la longue et douloureuse traversée pour se reconstruire après un acte d’une telle violence ; jusqu’au miracle d’une seconde chance », décrit l'éditeur.
Le Couteau se présente aussi comme une réflexion puissante, intime et porteuse d’espoir sur la vie, l’amour et le pouvoir de la littérature. C’est également une ode à la création artistique en tant qu'espace de liberté absolue.
« Il était essentiel que j’écrive ce livre : une manière d’accueillir ce qui est arrivé, et de répondre à la violence par l’art. » Salman Rushdie.
La mise en vente mondiale est prévue à partir du 16 avril.
Salman Rushdie a été violemment attaqué, subissant une dizaine de coups de couteau. Il a dû être d'urgence hospitalisé pour recevoir des soins. Il a survécu à cette attaque, mais elle lui a laissé de graves séquelles : il a perdu la vue de son œil droit et une partie de la mobilité de l'une de ses mains.
Au début de l'année 2023, l'écrivain partageait être encore tourmenté par des cauchemars réguliers et qu'il souffrait de séquelles mentales suite à l'agression, avec des épisodes fréquents de stress post-traumatiques.
Le 14 février 1989, l'ayatollah Khomeini a lancé une fatwa contre Salman Rushdie pour blasphème et apostasie, en réaction à la parution de son roman Les Versets sataniques. Elle a placé l'auteur sous protection judiciaire, l'entraînant dans une nouvelle vie empreinte de danger et de menace constante.
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Dans son livre Joseph Anton, publié en 2012 chez Plon et traduit par Gérard Meudal, Salman Rushdie avait décrit sa vie sous ce pseudonyme, notamment son quotidien sous une stricte surveillance policière britannique en raison de la fatwa.
Né en 1947 à Bombay, Salman Rushdie est un écrivain de nationalités britannique et américaine. Il a publié environ vingt livres, parmi lesquels Les Enfants de minuit (Stock, 1983 / Folio, 2010), récompensé par le Prix Booker, et La Honte (Plon, 1985 / Folio, 2011), lauréat du Prix du Meilleur Livre étranger.
Son quinzième ouvrage, La Cité de la victoire, s'ancre dans le XIVe siècle au sud de l'Inde. Un roman épique qui raconte l'histoire de Pampa Kampana, une femme qui donne vie à un empire extraordinaire par le pouvoir de son esprit. Il en suit l'ascension, le déclin et la disparition après deux cent cinquante ans... Il a été cédé à 16.365 exemplaires dans notre hexagone, selon Edistat.
À noter enfin, la parution simultanée d'Essais 1981-2002, dans la collection Folio.
Crédits photo : Gallimard
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
Paru le 03/03/2022
80 pages
Editions Gallimard
12,00 €
Paru le 06/09/2023
333 pages
Actes Sud Editions
23,00 €
Paru le 16/11/2023
144 pages
Editions Gallimard
12,00 €
4 Commentaires
tristan spear
08/02/2024 à 23:10
Pas rancunier, Antoine Gallimard ! Sollers lui a fait perdre une fortune en refusant le premier manuscrit d'Amélie Nothomb, qui l'avait personnellement adressé au directeur de la collection "L'Infini".
Par ailleurs, Michel Deguy ne fait pas partie des fondateurs de "Tel quel". Il est arrivé quelque temps après.
Alina Reyes
10/02/2024 à 20:14
Quelle horreur.
Kostas Morgan
11/02/2024 à 18:49
Lisez plutôt Crevard baise-sollers
1 Livre de Thierry Théolier
Michel
12/02/2024 à 18:11
Comment peut-on sérieusement écrire à propos de Sollers « Il a par ailleurs marqué le monde de l'édition avec sa collection L'Infini, chez Denoël puis Gallimard, introduisant des auteurs étrangers majeurs au public français. Elle permit de mettre en lumière des plumes étrangères comme Samuel Beckett, James Joyce, Ezra Pound, Virginia Woolf, Jorge Luis Borges, ainsi que des penseurs contemporains tels que Jacques Derrida, Jean-Luc Nancy, Michel Foucault, Gilles Deleuze et Félix Guattari. »? Comme s’il s’agissait d’inconnus qui attendaient Sollers pour exister? Et citer Deguy parmi les fondateurs de Tel Quel! Oublier Huguenin, Faye… L’absence de distance critique n’excuse pas l’ignorance manifeste d’une histoire éditoriale qui mérite d’être traitée bien plus sérieusement.