Le jeu de chaise musicale au sein des équipes n’avait échappé à personne au sein du groupe Bourgois. Des finances plombées, avec une dette qui se creuse d’année en année depuis 2018, des filiales accumulées rendant la gestion plus complexe… La maison de Tolkien souffre, et l’anneau de pouvoir n’y est pour rien. Quoique…
Le 20/12/2023 à 18:12 par Nicolas Gary
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20/12/2023 à 18:12
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Début mai 2021, Olivier Mitterrand, déjà propriétaire de Christian Bourgois Editeur, CBE, concluait le rachat de Globe auprès de L’école des loisirs : cette dernière acquisition portait à cinq le nombre de maisons au sein du groupe Bourgois – En Exergue, dirigé par José Carlin, puis création en propre de Matin Calme en 2020, sous la tutelle de Pierre Bisiou et, l'année suivante, de Dalva, avec Juliette Ponce en directrice éditoriale.
Valentine Gay, créatrice de Globe, fut par la suite maintenue comme directrice éditoriale et nommée à la direction générale du groupe en juillet 2021 – titre officialisé en septembre de la même année et qui motiva le départ de l’éditeur Clément Ribes, arrivé mi-septembre 2019.
Grâce à la holding familiale Premier Investissement, le neveu de François Mitterrand, âgé aujourd’hui de 80 ans, mettait les deux pieds dans l’industrie du livre, manifestement avec l’intention de confirmer que pour devenir millionnaire dans l’édition, il faut commencer… milliardaire. Selon le classement Challenges de 2023, Olivier Mitterrand et sa famille seraient à la 200e place des 500 plus grandes fortunes de France, avec près de 650 millions € (estimation de juin 2023).
Sur l’année 2022, les résultats financiers du vaisseau amiral, CBE, affichent vu 1,941 million € de pertes pour un chiffre d’affaires de 2,897 millions — contre 2,22 millions € de CA en 2021 et 938.000 € de pertes. Globe n'était pas en meilleure santé sur 2021 : 1,322 million € CA, avec 382.000 de pertes et En Exergue, 125.000 € CA pour 187.000 € de pertes. Pour Matin Calme et Dalva, les données ne sont pas communiquées.
La famille derrière la holding se serait-elle lassée des régulières reconstitutions de capitaux propres des structures éditoriales ? Au printemps 2023, Olivier Mitterrand signifiait aux filiales, hors Globe, la fin de cette aventure commune : le groupe ne reposerait plus que sur CBE et Globe. « Il aura finalement mesuré à quel point il s'était lancé dans le livre sans véritablement savoir ce que cela engendrait », commente un observateur.
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« On parle tout de même de la maison qui publie Tolkien et Toni Morrison, entre autres », s’étonne un libraire qui a découvert en octobre la fin de partenariat avec les trois autres entités. En 2019, le rachat de Bourgois s'effectuait avec un certain enthousiasme « Olivier Mitterrand a acheté une sorte de pochette-surprise : personne n’osait réclamer d’argent, parce que c’était Christian [Bourgois], qu’il avait publié Salman Rushdie. Et son épouse jouit aussi d'une solide réputation », nous rapporte un ancien salarié.
Ainsi, dès le nouvel actionnaire connu, les sollicitations auraient soudainement afflué : la maison reposant principalement sur des ouvrages étrangers, agents et ayants droit n’ont pas manqué le coche. « Mitterrand a tout payé pour conserver Tolkien : les héritiers avaient peut-être laissé faire, mais l’ensemble des droits aura été renégocié, pour calmer le jeu », affirme un témoin. Un point que n'a pas encore confirmé la Tolkien Estate, responsable de l'héritage du romancier.
Il en fut de même pour Toni Morrison : « L’agence ICM a-t-elle perçu qu’elle n’avait pas un éditeur expérimenté comme interlocuteur : attendu qu’il ne voulait rien abandonner, il a payé pour les droits. » À nos demandes de précisions, voici ce que nous avons reçu : « En tant qu'agent de Toni Morrison, je considère cela comme des informations propriétaires. Désolé, je ne peux pas vous aider. »
La reprise en main par Olivier Mitterrand laissait craindre le pire : « Ce n'est pas de l'édition : il observe les données comme on le ferait avec une entreprise de BTP… », nous précise-t-on, évoquant le secteur où l'actionnaire fit fortune. « Il donne le sentiment que dépenser beaucoup d’argent montre que l’on a les moyens : on s’offre le prestige. Mais les salaires des petits, eux... »
« Un bon livre, c'est celui qui se vend à 10.000 exemplaires. »
– Olivier Mitterrand
En interne, ces transactions firent bondir : « Conserver les droits alors que tous les titres existent en format poche, à des prix plus attractifs pour les lecteurs, c'est incompréhensible. Et à quel coût ? » En janvier 2023, un recrutement est intervenu, pour constituer une collection SF – Chimères – et gérer le catalogue de Tolkien. « Sauf que désormais, il ne faut plus dépenser d’argent... C'est kafkaïen... »
Depuis 2007, existe la collection Titres, le format poche maison de Bourgois. « Dominique, après le décès de son mari Christian, a poursuivi ce format pour aider des ouvrages qui n’avaient pas rencontré leur public, même en poche ou encore afin de rendre accessible une œuvre complète. Et en 2019, la “nouvelle équipe” avait consigne de valoriser le fonds : 60 années de catalogue méritaient bien un effort. » Sauf que les ressources ont manqué. « Personne n’était pochiste : nous ne disposions pas d’une équipe commerciale dédiée et notre diffuseur, le CDE, n’est pas spécialiste. »
En 2019, un projet de véritables semi-poches a timidement émergé, impliquant l'abandon de Titres. Or, « on ne fait pas du “Totem” [le semi-poche de Gallmeister, NdR] simplement en le souhaitant », tranche une ancienne de l’équipe. Finalement, le projet n’ira pas bien loin : l'idée fit long feu rapidement et Titres poursuivra sa route, vaille que vaille, gardant son positionnement tarifaire semi-poche.
[mise à jour 21/12 - 11h : La collection Titres tirera-t-elle malgré tout sa révérence ? Une nouvelle collection baptisée Satellites arrivera en librairies à compter du 7 mars, avec deux ouvrages : Fairyland. Un poète homosexuel et sa fille à San Francisco dans les années 1970 d’Alysia Abbot (trad. Nicolas Richard) et La Librairie sur la colline d’Alba Donati (trad. Nathalie Bauer).]
À compter de 2022, les choses se compliquent : « Le groupe a toujours entretenu une relation étrange avec les pochistes : Pocket et 10/18 ont racheté un grand nombre de titres étrangers. Avec les auteurs français, régnait d’ailleurs un certain flou. Mais pour les étrangers, les agents veillent au grain. »
Sauf exceptions, consigne est donnée de ne plus céder les droits poche : « La politique fut de signer des contrats pour les deux formats… et d'aviser ensuite. » La position devient inconfortable, tant auprès des agents étrangers que des éditeurs de poche : « On devait garder les droits, ne pas répondre ou réagir en fonction de l’offre. Le discours n’était plus clair : si c’était 30.000 € d’offre, alors on se réveillait. Mais comment établir des liens pérennes quand on saute d’un pied sur l’autre constamment ? »
Pour la toute nouvelle directrice générale, se souviennent d'ex-collaboratrices, « cette seconde vie des grands formats virait à l’obsession, avec une sorte d'incompréhension du fonctionnement. Comme si un titre passerait en poche ispo facto, parce que publié chez un éditeur du groupe – qui n’en était pas un. “C’est à nous”, répétait-elle. Et ce, malgré nos explications ».
D’ailleurs, l’amour a-t-il rendu aveugle au point d'oublier de consulter les arrêtés de stocks du précédent diffuseur ? La directrice générale et l’actionnaire étant mariés depuis quelques années, certains auront fini par le croire.
Dans l'organisation, des incohérences, pourtant pointées par les équipes à de nombreuses reprises, étonnent : cinq maisons, mais à chacune sa structure de diffusion / distribution : En Exergue passait par Dilisco, Matin Calme par Interforum, et CDE / Sodis pour Bourgois et Dalva. Quant à Globe, avant de rejoindre le groupe, elle passait par Flammarion. Épatant. « Aucun regroupement d'éditeurs ne fonctionnerait de la sorte : Olivier l’avait presque entendu et puis... rien n’a bougé », nous confie une ancienne éditrice.
Mais la gestion est ainsi : « Toutes les maisons sont sous l’égide de Christian Bourgois Editeur, qui récolte comptablement les pertes », souligne une ancienne salariée. Pour elle, 2023 suivra d'ailleurs la même trajectoire vers le précipice. Et de regretter, quand elle y travaillait « un manque d'anticipation, des décisions prises au dernier moment, après avoir perdu un temps considérable, ou pas prises du tout ».
Déjà en 2018, les déboires économiques plaçaient l'entreprise en situation de quasi-faillite. Avant sa mort, Christian Bourgois l’aurait même confié à des proches : peut-être fallait-il se résoudre à arrêter. « Olivier Mitterrand a épongé les dettes, mais entre les difficultés managériales et le turn-over hallucinant, cela ne prenait pas », assure un ex-salarié.
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Sur trois années, entre 2019 et 2022, on recense près de 12 départs, dans l’ensemble des structures, parfois sur le même poste et au cours de la même année. « Ça virait au tonneau des Danaïdes : un flux indistinct, incessant. L’édition est un grand monde de valses constantes, mais en termes de rotation, on avait atteint un record », se souvient-on.
L’ensemble des maisons n’aura d’ailleurs jamais eu de forme juridique globale : « Le problème, c’est qu’au-delà de 11 salariés, on ouvre la porte à la création d’un CSE, qui se substitue aux délégués du personnel. Et qu’une représentation syndicale, ça n’allait pas avec le management en vigueur. »
« On est face à un homme qui cherchait à travers ses maisons la même réussite qu'il avait connue dans l’immobilier. D’où son implication dans tout, tout le temps, et des choix discutables : sécuriser la backlist de la maison, typiquement. Mais sans connaissances préalables du milieu, ni relations avec des agents ou de bons conseils, on en arrive là. »
« Entre panier de crabes et maison des fous, les petites mains ont joué aux équilibristes : tant que l’on demeurait en odeur de sainteté, tout se passait bien. En revanche, on avait rapidement l'impression d'être mis au rebut, quand les résultats ne suivaient pas : certains sont partis, tout simplement parce qu’on ne les laissait plus faire le travail pour lequel ils ou elles avaient été recrutés — tous les postes ont été concernés », se rappelle une ancienne collaboratrice.
Pour échapper à ce climat, il fallait de l’humour. « Nous nous répétions que Christian avait maudit l’immeuble avant de mourir, ou que le bâtiment avait été construit sur un cimetière frappé par une malédiction antique », se souvient une éditrice.
À ses débuts au sein de L’école des loisirs, Globe publiait peu : entre 2014 et 2020, 61 parutions — moins de 9 par an, en moyenne. À compter de 2021, sa production explose : 50 titres en trois ans. « Tous les livres ne fonctionnaient pas du temps de L'école, mais avec un catalogue réduit, les mises en place étaient efficaces. Depuis Bourgois, la maison s’est confrontée à la réalité des retours en masse, conséquence directe d'une hausse de sorties », observe une éditrice. L'industrie du livre fonctionne ainsi : le découvrir est toujours agaçant.
D'anciennes collaboratrices externes abondent : « Valentine Gay sait être extrêmement sympathique, mais l'on comprend qu’elle reste éditrice, pas chef d’entreprise. Globe, c’est sa création, elle s’y montre viscéralement attachée. »
Il en irait de même pour le portrait que dresse des collaborateurs partis : « Olivier Mitterrand est bourru, mais a toujours manifesté l’envie de comprendre et d’apprendre. Une curiosité réelle. Sauf que, de manière cyclique, les relations se dégradent. Valentine et Olivier ont un véritable flair pour s’entourer des bonnes personnes : c’est d'autant plus regrettable que des gens bien ont animé et animent cette maison actuellement », insiste-t-on.
« Le duo accorde illico une grande confiance, qui donne l'impression d'une attente quasi-messianique quant aux résultats. Sauf qu’invariablement, les attentes sont déçues, par manque de patience, ce qui entraîne des tensions… et des départs. Tout cela montre le manque d’expérience, tant de l’actionnaire que de la DG. Et l’absence de vision globale. »
D'autres ont encaissé comme « un mépris de classe » : en haut, les dirigeants, en bas, les dirigés. « Tout le monde se souvient de cet email, envoyé par la comptable pour rappeler les horaires d’arrivée au bureau — déjà, on rêve... » Toutes les équipes l'avaient en effet reçu, indistinctement. « En revanche, les heures supplémentaires... » Des mises à jour sur le sujet survinrent — certains se souviennent d’ailleurs du tableau des horaires qui fut installé au-dessus de l’imprimante, espace particulièrement fréquenté dans une maison d’édition…
Dans le même ordre d’idée, ActuaLitté a consulté un email, toujours envoyé par l’agente comptable, « qui faisait office de DRH, de communication interne, et ainsi de suite », soupire un éditeur. Et de préciser : « Après le Covid, deux jours de télétravail par semaine furent accordés, assurait le courriel. Mais dans la foulée de cet envoi, Valentine Gay expédia un autre mail, maladroit, mais gentillet, pour dire illico qu’il était aussi possible de ne pas faire de télétravail. »
Dès la mi-mars 2022, le Groupe Bourgois réduit à une journée la période de travail à distance, puis, entre mai et juin, plus aucune : comme dans d'autres entreprises peu coutumières de ce modèle, le sujet avait induit une certaine crispation.
Le bilan 2023 clôturera l'histoire du Groupe Bourgois : exeunt toutes les structures autres que Globe, mais sans passer pour autant par une liquidation. « Fermer les sociétés impliquerait d’officialiser de lourdes pertes. Or, l’entrée dans Bourgois s’est opérée via la holding familiale, Premier Investissement : conclusion, Christian Bourgois Éditeur était la société présidente de toutes les filiales, et encaissait donc les pertes, renflouées par la suite. » Là encore, malgré nos demandes réitérées, nous n'avons pas pu obtenir de précisions.
De la sorte, Premier Investissement était préservé : en cas de défaillance ou de liquidation, la holding ne subirait aucun préjudice : « Les dettes de chacun sont absorbées par CBE, remontées dans sa propre dette, et derrière on recapitalise. » La rupture un peu abrupte de Dalva, Matin Calme ou En Exergue (dont la situation est un peu différente) — aurait-elle coûté moins cher, si abordée par une décélération progressive et la diminution des titres jusqu’à extinction ? L'option aurait été suggérée à la direction. Sans suite.
« En attendant, seuls Bourgois et Globe demeurent, avec une équipe renouvelée, mais dont personne n’imagine qu’elle échappera au cycle en vigueur : confiance, attentes excessives, tensions et démissions… », conclut un observateur. Pourquoi ce binôme ? Aucune explication ne nous a été communiquée.
Une ex-salariée conclut : « De mon temps, il y avait ce running-gag très cynique : Olivier Mitterrand épongeait les pertes, et quand Premier Investissement en aurait assez de renflouer, Antoine Gallimard rachèterait Bourgois pour une bouchée de pain » Les résultats de 2023 précipiteront-ils la prophétie du Seigneur des Anneaux : « Il ne reviendra pas sur cette terre. Son destin est loin d’être accompli, et il tombera, mais ce ne sera pas la main d’un Homme qui l’abattra ! »
Malgré nos multiples demandes, ni Valentine Gay ni Olivier Mitterrand n'a souhaité nous répondre.
Crédits photo : Le Seigneur des Anneaux
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
5 Commentaires
Dégât
21/12/2023 à 10:35
Quand je lis "la réussite qu'il a connue dans l'immobilier", j'ai envie de gerber : son entreprise Les Nouveaux Constructeurs est connue depuis des années pour fournir des résidences neuves bâclées. Exemple cet article de 2016, mais c'est toujours d'actualité. https://www.leparisien.fr/archives/a-argenteuil-cinquante-coproprietaires-attaquent-leur-promoteur-15-02-2016-5547809.php
Je me suis moi-même installé dans une de ces résidences neuves il y a trois ans, on va de malfaçons en malfaçons, avec des dégâts des eaux à tous les étages notamment, c'est une calamité. Ce n'est pas le rôle d'Actualitté de faire une enquête là-dessus, mais ce serait bien que des confrères journalistes d'investigation s'en chargent.
Et en ce qui concerne Bourgois et le reste, c'est désolant mais pas surprenant, l'édition n'est pas un business comme les autres.
Anne
21/12/2023 à 10:39
Rarement rencontré une directrice aussi nonchalante, incorrecte, mesquine et irrespectueuse que Valentine Gay. La fortune de son (inintéressant) mari le lui permet sans doute... Son portrait en grâce dans Livres Hebdo l'an dernier fait pouffer. Ces gens-là font de ce milieu un enfer pour les éditeurs motivés, en toute impunité.
Tib
21/12/2023 à 20:13
Pour conserver un côté humoristique de cette affaire, voici bientôt 2 ans j'avais envoyé aux éditions Bourgois un essai sur l'univers Tolkien et. s'ils m'avaient très gentiment répondu, ils précisaient qu'ils n'éditaient pas ce genre de littérature....
Je commence à comprendre d'où vient le problème 😊
Charles
23/12/2023 à 00:31
Ce n’est pas faux. CBE publie les œuvres de Tolkien (et c’est bien là les rares voire les seuls titres classés dans l’imaginaire que publie la maison), mais pas des livres autour de l’univers de Tolkien. D’où ce mail qui a du vous paraître effectivement étonnant.
ThérèseM
22/02/2024 à 14:41
J'hésite entre les félicitations pour l'article, indéniablement fouillé, et le blâme, car brouillon jusqu'à l'incompréhensible. Voici des arcanes que les personnes concernées ne cherchent pas forcément à rendre plus compréhensibles aux béotiens, dès lors, de quoi s'agit-il ? D'un règlement de compte d'ex-employés malmenés. Les pertes ne datent pas de la reprise, donc...
"D'autres ont encaissé comme « un mépris de classe » : en haut, les dirigeants, en bas, les dirigés. « Tout le monde se souvient de cet email, envoyé par la comptable pour rappeler les horaires d’arrivée au bureau — déjà, on rêve... » Toutes les équipes l'avaient en effet reçu, indistinctement."
Mépris de classe lorsque tous les employés indistinctement sont logés à la même enseigne ? J'avoue ne pas bien comprendre.