La maison d'édition On ne compte pas pour du beurre entend défaire les stéréotypes et lutter contre les discriminations en proposant des récits banalisant les représentations. Plus que des livres, la structure associative propose également des lectures, des ateliers d’écriture et d’arts plastiques.
Le 27/01/2022 à 10:51 par Fasseur Barbara
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Publié le :
27/01/2022 à 10:51
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Elsa Kedadouche et Caroline Fournier, les deux fondatrices de la maison d’édition, se sont lancées en août 2020 après un constat. « Au démarrage, c’est le projet de deux mamans d’une petite fille. Malgré de nombreuses lectures, à chaque étape, à chaque âge, impossible de retrouver un album dont le contexte ressemble au sien. Il y a beaucoup de fiction, mais jamais de contexte de famille homoparentale, jamais nous ne retrouvions notre situation. Alors, nous nous sommes dit, ces livres, on va les faire. »
Dès octobre 2020, « on s’est structurés en association, avec des amis dans des situations similaires ou concernés par la situation et les discriminations au sens plus large du terme. Ensuite on a lancé la maison, mais le but n’est pas d’éditer. C’est avant tout de lutter contre la discrimination, pour l’inclusion et on a choisi de faire cela à travers l’édition. » Comme un point de départ, ce sont les deux fondatrices qui ont chacune lancé leur collection accompagnée d’une illustratrice différente. Elsa travaille avec Élodie Maulucci sur la collection des jumeaux Hic & Nunc et Caroline avec Carolane Storm pour les aventures de Lila. « On a cherché des univers graphiques singuliers, qui nous parlaient et des personnes pas trop confirmées. »
« Pour chaque titre, on tient à travailler avec des personnes concernées. Par exemple, L’Amoureuse de Simone, c’est l’histoire de deux petites filles racisées. J’ai donc voulu travailler avec une illustratrice racisée, qui ressemble à ses personnages », explique Elsa, l’une des créatrices de la maison, à ActuaLitté.
La maison ne se contente pas d’évoquer l’homoparentalité. « On ouvre : avec Je m’appelle Julie, on aborde la transidentité, avec Léo là-haut, c’est un enfant atypique. On fait toujours en sorte de créer des représentations sans que ce soit le sujet central de l’histoire, de banaliser toutes ces situations qui n’existent pas encore dans les livres. »
En mars 2021, l’association signe avec Hobo Diffusion. « C’est sur les conseils d’un libraire que nous les avons contactés. Et on a trouvé des gens très engagés, qui nous ont fait confiance immédiatement. » Ainsi, en partenariat avec Makassar pour la diffusion, les différents albums sont d’ores et déjà disponibles dans de nombreuses librairies du réseau.
Mais On ne compte pas pour du beurre est avant tout une association, « on mène des projets d’action culturelle dans les écoles. Par exemple un atelier d’écriture dans un collège ou des activités philo/art plastique dans des primaires/maternelles. On travaille également avec un Institut médico-éducatif pour raconter par l’image des histoires avec des enfants handicapés moteurs. »
Intervenant dans les établissements scolaires, les bibliothèques, les librairies et différents salons, On ne compte pas pour du beurre est plus qu'une maison d’édition à la ligne éditoriale inclusive proposant des albums jeunesses « pour rendre visibles des enfants et des familles peu représentés ». Elle est soutenue par la Direction régionale des affaires culturelles du Grand Est, la Région Grand Est ainsi que la ville de Strasbourg. En plus de proposer des lectures, la structure s’engage dans l’éducation artistique et culturelle.
« Rendre les livres et la lecture accessibles au plus grand nombre et contribuer à la solidarité et à la cohésion sociale en passant par la pratique artistique et la rencontre d’auteur.ices », voici le programme annoncé par la maison dans un communiqué. Elle propose ainsi sur son site de nombreuses rencontres, des lectures, des séances de dédicaces et autres activités principalement dans Paris et proche banlieue ainsi qu’à Strasbourg.
Pour autant, le message véhiculé ne semble pas au goût de tous puisque la maison d’édition a récemment rencontré des problèmes lors de ses manifestations. Une intervention prévue dans un collège en partenariat avec l'établissement culturel du Carreau du Temple a failli être annulée, le directeur de l'établissement craignant la réaction des parents.
L’intervention du Département et du Rectorat a été nécessaire au bon déroulement de l’action culturelle. On ne peut pas en dire autant d’une intervention dans une école primaire du Grand Est, où un parent menace toujours à l'heure actuelle de retirer son enfant de l’école des suites de l’annonce du projet culturel établie avec la maison d’édition.
« Dans les deux cas, une “incompatibilité de valeurs”, réelle ou supposée, et annoncée » indique la maison. « Si les projets se sont finalement déroulés, ces tensions au démarrage n’ont pas été sans impact. »
Mais Elsa d'ajouter : « On est tout à fait prêtes à ça, c’est triste, mais aucune surprise là-dedans. Que ce soit les freins dans les actions culturelles, ou les réactions hostiles, nous nous y attendions. On est très au courant, mais dans aucun cas on ne veut rentrer dans la pédagogie. Nos livres sont là non pas pour sensibiliser, mais pour banaliser. La différence n’y est pas le sujet et dans nos projets culturels, on garde cette ligne éditoriale. »
crédit photo : Chrystel Jaubert
Paru le 27/08/2021
48 pages
On ne compte pas pour du beurre
15,00 €
Paru le 27/08/2021
48 pages
On ne compte pas pour du beurre
15,00 €
Paru le 14/01/2022
48 pages
On ne compte pas pour du beurre
15,00 €
Paru le 14/01/2022
48 pages
On ne compte pas pour du beurre
15,00 €
5 Commentaires
Forbane
28/01/2022 à 11:43
Les bons sentiments ne suffisent pas à faire de la littérature et ne doivent en aucun cas devenir la raison d'être d'une maison d'édition.
Pauline
30/01/2022 à 09:58
L'engagement politique (plutôt que " bons sentiments") est intrinsèque à l'art et la création. Il me semble que cette maison d'édition travaille autant à offrir de nouvelles visions du monde qu'à proposer des univers littéraires et graphiques divers et singuliers.
Hélène
26/12/2022 à 16:26
"L'engagement politique est intrinsèque à l'art et à la création " : pardon ? J'ai bien lu ? d'où sort cette affirmation ?
Quelle position politique s'exprime dans la Joconde ? Et aussi : qui s'intéresse à cette question ? Cela ne change rien à sa beauté !
Je trouve vraiment lassant qu'on politise systématiquement les œuvres et qu'on cherche à enfermer leurs auteurs dans des cases en fonction de leurs opinions.
Un artiste réfléchit en fonction de son art, et des critères esthétiques. Un militant réfléchit en fonction de critères politiques. Une personne peut être à la fois artiste et militant, ce qui semble être le cas des deux personnes citées dans cet article. Mais d'autres séparent leur création artistique (publique) et leur engagement (privé) et cela devrait être respecté.
Marja
22/05/2022 à 18:40
La raison d'être des maisons d'édition - surtout les grandes - c'est surtout de faire de l'argent...
Emmi B
22/07/2023 à 22:51
Enfin!!! Merci à vous ! On.peut enfin lire des histoires à notre garçon où il peut se retrouver. Continuez comme ça et encore bravo!