Au rayon Atlas, le nom de Georges Duby fait désormais écho à celui de Christian Grataloup. En effet, les deux atlas historiques publiés par les Arènes ont su séduire le milieu universitaire, mais pas que… Vendus respectivement à plus de 50.000 et 20.000 exemplaires (données Edistat), l’Atlas historique mondial et l’Atlas historique de la France retrouvent les librairies, accompagnés d'un jeu de société. La chaîne Youtube Les Arènes du savoir, aux 34.500 abonnés, proposera aussi des programmes vidéos inédits. Pour le plus grand plaisir des passionnés de cartes et de tous les curieux d’Histoire.
En partenariat avec l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie (APHG) et deux éditrices de jeux de société, les éditions des Arènes ont réalisé des projets collaboratifs cherchant à allier apprentissage ludique et numérique. ActuaLitté est allé à la rencontre de ces différents acteurs.
Sorti en octobre 2019, l’Atlas historique mondial a été dirigé par Christian Grataloup, spécialiste de géohistoire et professeur émérite à l’université Paris Diderot. L'ouvrage a été introduit par Patrick Boucheron, historien et professeur au Collège de France. Depuis sa sortie, il a été vendu à plus de 50.000 exemplaires et continue de connaître des « pics de vente », selon Pierre Bottura, directeur commercial, marketing et digital des éditions des Arènes.
Pour Jean-Baptiste Bourrat, éditeur aux Arènes, cet atlas est une référence non seulement nationale mais aussi internationale, comme en témoignent ses onze traductions (anglais, espagnol, allemand, italien ou encore taiwanais !), ainsi que son fulgurant succès lors de sa sortie en Italie, en Pologne ou encore aux Pays-Bas.
L’histoire de l’Humanité racontée en 515 cartes.
Depuis sa création, la revue L’Histoire publie des articles d’historiens faisant état des dernières avancées de leurs recherches. Ces textes sont souvent enrichis d’une ou plusieurs cartes. En partant de ce fonds cartographique exceptionnel, Christian Grataloup a sélectionné, recréé et commenté 515 cartes racontant la marche du monde, des origines de l’Humanité à aujourd’hui.
Cet atlas est à la fois à la pointe de la recherche historique et accessible au plus grand nombre. Une création originale destinée à devenir un ouvrage de référence.
Attractif par la pertinence des informations scientifiques recueillies et la qualité de ses cartes, il a fait une « forte impression parmi les professeurs d'histoire-géographie », déclare Joëlle Alazard, vice-présidente de l’association des professeurs d'Histoire et de Géographie. À tel point qu’elle a invité l'auteur lors de l’un des café-virtuel proposé par l’APHG. Pour elle, cet Atlas est « révolutionnaire et se distingue des autres du marché » dans sa « conception, l’intelligence des propos, l’originalité des cartes mises à disposition ».
Bientôt, l'Atlas historique mondial se découvrira sous un nouveau jour. En effet, cherchant à faire de ce « livre plus qu’un livre », les Arènes proposent une opération commerciale en offrant un véritable petit jeu de société (tirage limité à 10.000 exemplaires), pour l'achat d'un des deux atlas. Une autre manière d'entrer dans ce puits de savoir en s'amusant.
Pour ce faire, l’éditeur a fait appel à Anne Dhoquois et à Gaëlle Bidan (A&G Editions), toutes deux créatrices de jeux de société. Christian Grataloup, lui-même passionné de jeux, s'est activement investi dans son élaboration. Le jeu se compose de cartes à questions (qui couvrent des époques et des pays différents) et d'un grand planisphère dépliable sur lequel on doit parfois dessiner. Le recours à l’Atlas (avec un temps limité) est un outil-clé pour avancer dans la partie.
Par exemple, certaines cartes du jeu exigeront de situer sur une carte des évènements historiques précis (comme deux endroits du débarquement pendant la Seconde Guerre mondiale), ou retrouver le fait historique auquel se réfère un bout de carte incomplet, ou de choisir entre plusieurs réponses. Pour Pierre Bottura, ce jeu représente « une porte idéale pour faire entrer dans l'Atlas de nouveaux lecteurs ». Et les initiés pourront s'amuser en testant leurs connaissances. Une poursuite qui n'a rien de trivial !
Malgré la crise du carton en cours, le jeu est déjà arrivé à bon port auprès du distributeur des Arènes, Interforum. Cette opération commerciale a été lancée dans les librairies participantes et les grandes surfaces spécialisées dès le 4 novembre. L'éditeur planche déjà sur une version grand format — et payante cette fois-ci — pour 2022.
Pour rendre ces connaissances accessibles à un public encore plus large, l'équipe des Arènes chargée du numérique a donc produit de toutes pièces des programmes vidéos (d'une durée de 6 à 10 minutes) autour de thèmes tirés des deux Atlas, et au programme des collèges, lycées et classes prépa. Coréalisés avec les professeurs de l'APHG, ils sont consultables en ligne dès ce 10 novembre sur la chaîne YouTube des Arènes du savoir. L'utilité des telles vidéos sera de « faire dialoguer les cartes entre elles », rapporte la vice-présidente de l'APHG, et d'offrir aux élèves un outil de révision d'un genre nouveau – qui a dit interactivité ?
C’est sur la base du volontariat que l’APHG s’est impliquée dans ce projet. Joëlle Alazard a d’abord construit une première équipe constituée de professeurs émérites spécialistes d'un domaine, durant les premières réunions, entre février-mars 2021, puis a mené une réflexion collective autour des différents thèmes à exploiter, afin de proposer plusieurs scénarios à l’équipe des Arènes.
Noémie Lemennais (Doctorante en Histoire romaine) a animé les cartes consacrées à la naissance et au développement des trois monothéismes. François Da Rocha Carneiro, Sihem Bella et Yveline Prouvost ont préparé des scénarios sur la Première et la Seconde Guerre mondiales, le génocide des Arméniens, tandis que David Feutry et Olivier Varlan ont pris en charge la Guerre de Sept ans et la période napoléonienne. Côté Arènes, la réalisation et la production des contenus ont été assurées par Marc Blactot, Nina de Castro, Adèle Hybre et Clémentine Malgras.
Au total, ce sont plus de 12 collaborateurs qui ont planché sur ce projet d’un genre nouveau, à la croisée de l’éditorial et du digital.
La rédaction, qui s’amuse avec le jeu et l’Atlas depuis quelques semaines maintenant le reconnaît volontiers : le support s’avère très riche, et la précision des cartes s’accompagne d’explications très claires. On traverse le temps et l’espace en toute simplicité.
Pour ce qui est du jeu… les questions s’avèrent assez complexes pour qu’on se penche avec attention sur le planisphère. Et avouons que les réponses ne viennent pas nécessairement avec un grand naturel. Résultat, on apprend, rapidement, et massivement.
Cette collaboration globale aboutit à un cercle vertueux visant à rendre ce savoir accessible au plus grand nombre et faire exister les livres sur YouTube. Pour Pierre Bottura, « les Arènes ont vocation à aller à la rencontre des futurs lecteurs qui vont aussi sur Youtube pour chercher du savoir. Au début et à la fin de chaque vidéo, on a appris quelque chose sur un sujet précis, tout en comprenant que cela provient de livres disponibles en libraire. Certains programmes des Arènes du savoir commencent d’ailleurs à générer des ventes. Notre objectif est d’amener les gens en librairie. »
Quant aux professeurs, ils pourront utiliser ce nouveau médium de connaissance pour appuyer leurs cours, l’approfondir et faire réviser leurs élèves grâce à une vision décentrée adoptée dans l'Atlas. C’est aussi l’occasion de considérer sous une nouvelle approche les différentes spécialités de la récente réforme des lycées, comme l'« Histoire géographie, géopolitique et sciences politiques » ; ou encore, de proposer de la matière à d’autres disciplines, comme la carte « L’Europe des philosophes », déclare Joëlle Alazard.
Les étudiants d'aujourd'hui naviguent entre l'écrit et le web. Avec ce programme, ils pourront mémoriser avec plus d’enthousiasme et de facilité des connaissances dont la pertinence est le maître mot de cette collaboration.
Un projet « humaniste, fondé sur le partage le plus large possible de ressources de qualité », pour la vice-présidente de l'APHG. Des mots forts qui vont certainement convaincre.
crédits photo : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
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