C’est un village corse niché au cœur de la montagne. Un village austère avec son église et ses maisons uniformes toutes en pierres de granit. Il peut y souffler par bourrasque un vent mauvais. Ici les femmes respectent le deuil et sont habillées de noir. On croit autant à la puissance de Dieu qu’aux esprits. Ainsi de Mal’ concilio, l’arbre de la nuit qui se dresse à la sortie du village, près des maisons abandonnées. Cet arbre géant domine le village « cramponné à un versant où rien ne pousse ». Majestueux et effrayant, châtaigner sans âge, il est le seul grand arbre de la province de la Tèvola, région sèche et aride. On dit que le Mal’ concilia est hanté.
Le 09/08/2020 à 09:00 par Les ensablés
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09/08/2020 à 09:00
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Dans son tronc, on raconte que « les maudites s’enivrent de sang et qu’elles en ressortent comme emplies d’une vigueur nouvelle et descendent sur le village et les campagnes ». On raconte encore que c’est ici qu’on peut recevoir le don de passer d’une rive à l’autre, de vie à trépas. En effet, les morts ont besoin d’un vivant pour les guider de l’autre côté de la vie, de l’autre côté de l’eau. Une personne occupe cette fonction. On l’appelle le Mazzeru.
Pas plus que les autres, « le Fou », héros et narrateur du roman n’aimait traîner trop du côté du Mal’ concilio. Mais avec les années, cet étrange enfant aux yeux clairs et aux cheveux blancs qui ne se lie pas aux autres, qui en est même la risée permanente, et qui passe son temps à chasser les geais et à se cacher dans le maquis, s’est rapproché de l’arbre. Il en a fait son lieu. Il habite juste à côté, plus loin que Torremortà, là où sont justement les maisons abandonnées.
« Tu as vraiment tout de la bête sauvage ».
La première fois que Lésia, la fille de Sgio Dom Monfredo, à la fois la plus belle et la plus convoitée du village, s’adresse au « Fou », c’est certainement par défiance et pour se moquer. Mais rapidement chacun des deux jeunes gens va trouver chez l’autre sa part manquante : pour Lésia le goût de la transgression, pour le « Fou » l’éveil sensoriel à la beauté. Le « Fou » initie Lésia à domestiquer la nature environnante : cueillir le laurier, chasser au fusil, observer le ciel de nuit, entendre gronder le torrent dans un fracas de pierres, se raconter des histoires qui font peur et, aussi et surtout, pénétrer un jour au sein du tronc de Mal’ concilio…
L’idylle de ces deux adolescents qui en restent aux jeux innocents de l’enfance s’arrête lorsque Timante, « Timante aux mains blanches, aux habits de drap fin », Timante le soupirant officiel de Lésia, vient défier le « Fou ».
Timante est riche, hâbleur, sûr de sa beauté et follement enjôleur. Pour Lésia, il prépare une sérénade. À ses pieds il veut se pâmer en lui chantant une belle chanson d’amour. Et tout le village sera là pour le soutenir et l’acclamer.
« Mais dans la bouche de Timante il manquait cette ferveur, cet élan, cette adoration qui auraient fait de cette romance une chanson pour Lésia… et moi, le Fou, je ressentais… je ressentais ce qui aurait donné à ces mots la fraicheur des sources, la douleur du vent de mai… »
Épiant la scène dans son coin, souffrant de voir le manège amoureux risquer d’opérer, le « Fou » sort de sa cachette pour empêcher la sérénade. On l’attrape alors et on l’amène sur la place du village. Là, il est exposé aux regards de tous. Pour le moquer, Timante lui demande de chanter, puis lui glisse un crapaud dans la chemise. C’est plus fort que lui, le « Fou » crache au visage du soupirant. Insulté, Timante voit rouge. Aidés par ses amis, ils saisissent le « Fou » et le plaquent au sol. On le roue de coups. Abandonné, lessivé, alors qu’on le croit à bout de force, l’adolescent aux yeux clairs et aux cheveux blancs arrive soudain à saisir le pied de Timante.
« Comme je prenais appui sur le sol, mes doigts rencontrèrent une pierre. Elle était lourde et presque trop grosse pour ma main. Je parvins quand même à la saisir. Alors, réunissant toute la force que souffrance et la haine m’avaient donnée, je lui assénai un coup formidable sur la bouche. Je sentis les dents craquer. »
Exit le prétendant ridule. Privé de ses dents, on ne le surnomme plus dans le village que « Dentirotta ». Lésia a trouvé l’acte de bravoure du « Fou » formidable.
« Tu es très courageux, tu sais », lui dit-elle. Et cette fois il n’y avait aucune ironie dans sa voix.
Un sanglier rôde autour du village. Il fait peur à tous. On l’appelle Démonio. On est certain que le diable l’habite. Il est une de ces créatures qui hantent Mal’ Concilio. Le jour où le sanglier attaque, c’est un nouveau défi qui se présente au « Fou ». Tuera-t-il cette sorte de dragon corse et possédera-t-il un jour sa belle ? Et cette Lésia. Outre sa beauté, quel est son pouvoir véritable ? Quelque chose la ramène toujours vers le « Fou » et au pied du Mal’ Concilio. Qu’est-ce que c’est ?
Étonnamment, ce roman corse de Jean-Claude Rogliano publié en 1980 aux éditions Belfond emprunte au romantisme allemand du début du XIX ème siècle : conte initiatique, balancement subtil entre réalisme et fantastique, présence thaumaturge ou maléfique de la nature, répertoire précis de mœurs et légendes d’une région particulière, beaux personnages antithétiques précipités vers un destin tragique, écriture inspirée.
Longtemps confidentiel, Mal’ concilio est aujourd’hui étudié à l’école sur l’île de Beauté et a méritoirement trouvé sa place auprès d’autres livres comme Columba de Prosper Mérimée ou Les frères Corses d’Alexandre Dumas. Il gagne désormais à être plus connu sur le continent...
Denis Gombert
Jean-Claude Rogliano – Mal'concilio – Clémentine – 9782370121035 – 7,50 €
Par Les ensablés
Contact : contact@actualitte.com
Paru le 01/10/2018
142 pages
Editions Clémentine
7,50 €
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Avec Les jeux heureux de l’enfance, Charlotte Gneuss s'impose comme l’une des nouvelles voix littéraires les plus remarquées en Allemagne. Hautement récompensé, ce premier roman séduit par son intensité, son intelligence et la justesse de son regard sur une époque encore douloureuse : celle de la RDA des années 1970.
04/11/2025, 07:00
L’historien Alain Quella-Villéger nous invite à découvrir une femme exceptionnelle : Marianne North, voyageuse infatigable, peintre et botaniste. Son ouvrage Un hiver japonais, publié par Magellan & Cie / Le Carrelet et traduit de l’anglais par Christine Ribardière et Michelle Deperrois-Fayet, ne représente qu’une infime partie de ce que l’on peut considérer comme de véritables carnets de voyage.
03/11/2025, 17:16
Entre illusions et désillusions, la vie d’un écrivain – surtout lorsqu’il est dramaturge – oscille souvent entre grands espoirs et cruelles attentes. Le héros de ce premier roman, jeune auteur prometteur, en fait l’expérience : il rêve simplement que sa pièce, d’une rare concision, soit enfin lue : Une relation phénoménale de Nicolas Doutey.
03/11/2025, 08:30
Ce roman noir est une véritable fresque historique sur le Londres des années 50. Une ville qui se remet à grand-peine des bombardements du Blitz et qui attire déjà les premières vagues migratoires. Le roman s’ouvre en 1952 sur l’un des plus grands braquages de l’histoire britannique et se termine avec les émeutes raciales de 1958.
03/11/2025, 08:00
Le milliardaire justicier imaginé par Jean Van Hamme et Philippe Francq revient sur le devant de la scène. Si les dieux t’abandonnent, vingt-cinquième album de la série culte, paraîtra le 7 novembre 2025 aux éditions Dupuis. Cette nouvelle aventure marque un tournant majeur : l’arrivée de Jérémie Guez au scénario, romancier et cinéaste reconnu, qui insuffle à la saga une profondeur inédite.
03/11/2025, 07:00
Ce n’est pas un mythe : personne, pas même Freida McFadden, ne résiste à nos irréductibles Gaulois. Le nouveau tome Astérix en Lusitanie (tome 41, Hachette), de Didier Conrad et Fabcaro, signe une entrée fracassante dans le classement de cette nouvelle semaine (du 20 au 26 octobre 2025), détrônant la reine incontestée des ventes depuis des mois. Pour sa première semaine dans le top vente, la bande dessinée s’impose largement, avec 515.676 exemplaires écoulés : plus d’un demi-million !
31/10/2025, 14:45
Le maître du néoclassicisme, Jacques-Louis David, est mis à l’honneur à l’occasion du bicentenaire de sa mort. Et comme l’écrit si justement, David Chanteranne, l’auteur de cette biographie, « le peintre, par son art tout en nuances, ses portraits de caractère, ses grands formats si célèbres, domine son époque. » Et quelle époque !
31/10/2025, 13:18
Un arbre à soi, de Sophie Adriansen (Robert Laffont) met en scène Marielle, une mère de famille qui s'échappe sans avertissement. Elle se perche dans une cabane, à quelques pas de la maison familiale
où elle rejoint les siens au début des vacances d'été. Le nouveau livre de Sophie Adriansen raconte une fugue en forme d'introspection, une retraite de quelques jours pour tenter de renouer avec sa part intime. Par Laurence Biava.
31/10/2025, 11:46
Ce recueil réunit une sélection personnelle d’une trentaine d’entretiens parmi les plus marquants diffusés sur France Inter. On y retrouve l’éclectisme d’une programmation placée à la croisée des genres et des générations, attentive à s’adresser à tous, et offrant une pluralité de regards sur des cultures contemporaines plus vivantes que jamais. En partenariat avec France Inter.
31/10/2025, 08:00
Un sapin minuscule, un vol long-courrier, une croisière en Arctique ou la rencontre d’un fantôme… Ce recueil, Un hiver au féminin, réunit des nouvelles venues d’époques et d’horizons multiples. De Louisa May Alcott à Margaret Atwood, de Colette à Selma Lagerlöf, Un hiver au féminin – Nouvelles à lire au coin du feu, rassemble des voix du XIXᵉ, du XXᵉ et du XXIᵉ siècle, mêlant plumes emblématiques, oubliées ou contemporaines, dans une célébration hivernale toute en nuances.
30/10/2025, 08:20
Dans Hothouse Flower, cinquième tome de la série phénomène Addicted de Krista et Becca Ritchie, les jumelles à succès du New York Times explorent une romance à la fois intense et fragile entre Ryke Meadows, aventurier au tempérament farouche, et Daisy Calloway, jeune mannequin en quête de liberté. Entre danger, désir et interdits, leur lien se forge au bord du gouffre. Traduit par Lauriane Crettenand.
30/10/2025, 07:30
Lire un roman de Jérôme de Verdière est une promesse d’un bon moment de lecture. On se souvient de Mauvaise mer paru l’an dernier, l’histoire de cette mère acariâtre et méchante qui attend tous les soirs sur le quai son mari disparu en mer. Acide, atrabilaire, acrimonieuse, elle malmenait sa fille pour notre plus grand plaisir, nous offrant une belle surprise en fin de livre. Jérôme de Verdière démontrait son talent de nous distraire en dévoilant un récit facétieux et tendre à la fois.
29/10/2025, 15:00
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