Ce que je vais raconter maintenant est strictement exact. C'était Dimanche dernier, dans le TGV qui me me reconduisait à Paris. Deux heures vingt à tuer, en lisant bien sûr. Et j'avais avec moi un livre qu'il me tardait d'ouvrir: "Jusqu'à plus soif" de Jean Amila, alias Jean Meckert dont j'ai déjà parlé ailleurs à propos de son beau livre: "Nous sommes tous des assassins." Je m'installe, pas grand monde, tranquille, mon bouquin sur la tablette. Le train démarre, à l'heure. J'ouvre "Jusqu'à plus soif" trouvé en occasion sur un site. Et soudain...
Hervé BEL
Le 01/10/2011 à 21:40 par Les ensablés
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01/10/2011 à 21:40
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Une voix, celle d'un certain Dominique, ou je ne sais plus qui, s'élève dans le wagon; une voix qui se veut onctueuse, émue; une voix qui nous dit... Qu'il est notre "superviseur de bord". Et la voix suave ajoute: "Vous êtes dans un endroit dédié à la Zen Attitude". Zen Attitude! Puis la voix, engageante (comme on dit: "Allez, courage"), nous enjoint à saluer notre voisin (car nous sommes tous frères, après tout, pas vrai? c'est la SNCF qui vous le dit!). Saluez votre voisin... Et alors, je pense à la messe du dimanche, ce moment où on nous demande : "Donnez-vous la paix." Mais ici le prêtre a une casquette à visière, une chemise violette.
J'hésite entre le rire et la colère. Rire bien sûr, je peux. Une dame de mon âge rit d'ailleurs et me regarde: nous nous sommes compris. On peut rire encore, nous sommes capables de rire. Mais bientôt, quand le souvenir des temps reculés aura disparu des mémoires trop jeunes pour les avoir connus, qui pourra rire encore? Qui en aura l'idée? Dans un monde où Airbus énonce désormais, à l'attention de ses cadres, des règles de vie dont le respect sera récompensé par un bonus; dans un monde où des pubards invente LES valeurs des entreprises, où... où se logeront l'esprit critique, la détestation des morales pécuniaires? Allons, rien à faire, fichu. Mais j'ai mon Amila. je m'y plonge pour oublier, et tout aussitôt je suis pris. Je dois ce plaisir à un lecteur de ce blog qui, à la lecture de ma chronique sur Meckert, m'a conseillé "Jusqu'à plus soif".
En Normandie, dans les années 60, une jeune institutrice arrive dans un village infesté de bouilleurs de cru contrebandiers. Chaque jour, de cette province tranquille, des camions partent vers Paris pour alimenter les bistrots. Elle s'appelle Marie-Anne, jolie, idéaliste, et devra travailler dans l'école de Nomville dirigée par une directrice peu commode. A la gare, un vieux prêtre, l'abbé Hulin, la prend dans sa carriole. Eh bien oui, ça sentait la goutte. L'abbé Hulin puait l'alcool comme une mèche imbibée (...) cuvait béatement, rênes lâches, s'en remettant au sabot sur de Coquette qui, elle, ne buvait que de l'eau.
On comprend très vite que cette jeune femme n'aime pas l'alcool, et pour des raisons qu'on comprendra plus tard. Or, la voilà dans un monde où tout le monde boit, la France des années 60 et de ce peuple au teint fleuri qui s'en va au travail avec de la goutte dans la besace. Une France disparue. L'avers du vallon au fond duquel gîtait le village était déjà perdu dans la ouate impalpable du crachin. Temps de marée, temps normand. Les tempêtes d'équinoxe étaient passées, mais octobre amenait les jours courts et les feux de bois dans les cheminées. (...) A droite et à gauche de la route, il y avait entre les prés des chemins praticables qui conduisaient aux fermes. Les prés eux-mêmes étaient fermés par des barrières de bois sur des passages fangeux, sentant la bouse et le fumier âcre... Le ton est donné, le décor aussi.
On reconnaît la force d'un roman policier à cette capacité de prendre le lecteur aussitôt dans ses filets. Sur le chemin, le curé est hélé par un jeune garçon surgi de la nuit, essoufflé. Il faut qu'il vienne vite, la bonne des Soulages a été retrouvée morte dans la mare de la ferme, il faut qu'il vienne vite. Marie-Anne est bien obligée de l'accompagner. La fermière, madame Soulage, l'accueille poliment, puis, maudissant sa bonne, dit: Et voyez donc ce qu'elle nous a fait, cette sournoise pas franche. Elle s'est foutue à l'eau! Juste ce matin qu'on marmitait!... Uniquement pour nous embêter, c'est sûr! Réflexion digne de figurer dans "la Terre" de Zola, et qui me fait dire que la campagne, aux débuts des années 60, sentait encore son dix-neuvième siècle. La ferme Soulage est en train de faire sa goutte. La mort de cette jeune fille est donc une catastrophe, car la police va venir constater le décès et... les alambics. Non, pas question. La morte attendra le constat, et le curé ne dit rien. Un brave homme, ce curé, mais totalement alcoolique, comme ils le sont tous, ici, passés un certain âge.
Il y a là, à la ferme, le jeune Soulage, un peu voyou, qui regarde Marie-Anne d'un drôle d'air. C'est l'autre héros de cette histoire. Il est trafiquant, un petit trafiquant, qui livre sa gnôle à Bardin, patron de restaurant et surtout vendeur de grandes quantités de goutte à Rousseau, gangster parisien. Pour le moment, rien de bien grave pour ce jeune homme. Un jeu. Il joue à cache-cache avec les gendarmes, parmi lesquels figure le cousin de la jolie institutrice... Mais bientôt, lui aussi va vouloir travailler avec les Parisiens, doubler Bardin, et... se retrouver mêlé à un trafic beaucoup plus dangereux, mortel peut-être. L'intrigue est double. L'institutrice, confrontée à l'alcoolisme de sa directrice, de ses élèves, et qui finira par se faire haïr par le village, et le jeune homme, bientôt amoureux, mais dans l'autre camp. Classique mais efficace.
On y lira aussi un passage haletant, le récit du transport de l'alcool de Normandie à Paris: les barrages, les coups de feu, la mort. Tout le long des pages, la description de la France perdue, pas forcément très belle, mais qui évoque les films de Melville et de Grangier. Ah, c'est vraiment très bien, un genre quoi, des descriptions à la Simenon, un style où l'on reconnaît le Meckert de "Nous sommes tous des assassins." Sous le nom de Jean Amila, Meckert a écrit une vingtaine de romans policiers qu'il va me falloir lire. Peut-être vous aussi? Tout cela m'a fait oublier le sinistre TGV et ses gourous "encasquetés". Depuis j'ai lu "Langes radieux" du même Amila et je n'ai pas été déçu.
Par Les ensablés
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20/03/2025, 16:01
Ah, ces secrets jalousement conservés, couchés sur des feuillets que s'échangent deux correspondants... La Porteuse de lettres, de Francesca Giannone (trad. de l'italien : Françoise Bouillot) s'inscrit dans un cadre historique... mais c'est avant tout les destins individuels qui captivent. Quelques échanges épistolaires, dans une petite communauté.
20/03/2025, 14:00
Bleuenn Guillou est autrice, ayant publié la nouvelle La valse de la Sirène dans l’anthologie Animaux fabuleux (2017) et son premier roman, Le tribut des dieux : Octavia (2022). En 2024, elle a publié Conjurations, tome 1 : Otage de l’Empire, un récit de fantasy historique se déroulant à une époque semblable à celle de l’Empire romain.
20/03/2025, 13:58
Aborder l'inceste, c’est franchir une barrière invisible que beaucoup préfèrent ignorer. Dans son ouvrage, Marine Courtade, journaliste indépendante et finaliste du prix Albert Londres, brise ce silence avec une audace rare. Elle explore un sujet intime et violent : son propre vécu d'inceste par son grand-père, au sein d’une famille où le silence a longtemps prévalu.
20/03/2025, 13:49
BONNES FEUILLES – Danseuse, comédienne et demi-mondaine célèbre, Liane de Pougy a marqué son époque par son éclat et son audace. Marcel Proust se serait d’ailleurs inspiré d’elle pour créer le personnage d’Odette de Crécy dans À la recherche du temps perdu. En parallèle de sa vie mondaine, elle s’est illustrée comme autrice, publiant une demi-douzaine de livres.
20/03/2025, 06:30
En matière de gestion client de la relation client (GRC), il est primordial de mettre en œuvre une stratégie claire et optimisée pour ce qui est du lien maintenu avec la communauté à travers l’établissement de newsletters plus ou moins régulière.
19/03/2025, 16:10
La Terre verte, roman graphique d'Alain Ayroles et Hervé Tanquerelle, plonge le lecteur dans les contrées glacées du Groenland à la fin du Moyen Âge. Les derniers descendants des Vikings y luttent pour leur survie. L'arrivée d'un homme au passé lourd, en quête de rédemption, bouleverse leur existence. Une tragédie en cinq actes entre Shakespeare et Racine, explore les thèmes du pouvoir, de la survie et de l'humanité.
19/03/2025, 15:10
Dans l’enfer du goulag, sous la censure et le froid mordant, Pavel Florenski a trouvé dans la correspondance de quoi s'échapper. Philosophe, théologien, scientifique, ce penseur d’exception, souvent comparé à Pascal, fut broyé par la machine soviétique. Son crime ? Une foi inébranlable et une pensée trop libre pour un régime qui n’en tolère aucune.
19/03/2025, 10:30
Dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale, alors que l’Angleterre subit les assauts du conflit, Virginia Woolf entreprend l’écriture de ses mémoires. Un geste instinctif, presque vital, pour affronter le chaos du présent en s’accrochant aux souvenirs de l’enfance. Une esquisse du passé (trad. Fanny Quément), texte autobiographique resté inachevé, en dit long sur la romancière
19/03/2025, 10:14
BONNES FEUILLES – Doro est un être immortel, un esprit ancien qui, depuis des millénaires, traverse les corps et les âges en s’emparant de la vie des autres. Obsédé par le pouvoir, il façonne des lignées sur lesquelles régner, cherchant à créer une humanité à son image. Inébranlable et sans rival, il croit son emprise absolue, jusqu’à sa rencontre avec Anyanwu.
19/03/2025, 07:30
BONNES FEUILLES — La question de l’enfantement connaît actuellement de profondes transformations. Alors que la tendance est au déclin de la natalité dans une grande partie du monde, le désir d’enfant de certains couples hétérosexuels et de même sexe fait appel, en Europe comme en Chine ou en Inde, à des procédures multiples allant de l’adoption aux innovations technologiques d’aide médicale à la procréation et même de gestation pour autrui.
19/03/2025, 07:00
Cet ouvrage collectif explore le rôle central des franchises cinématographiques contemporaines dans l'innovation artistique, technologique et industrielle à Hollywood depuis près de cinquante ans. Il s'appuie sur des recherches récentes et des sorties actuelles, proposant des analyses rigoureuses de niveau universitaire, à la fois claires et accessibles.
19/03/2025, 07:00
Quelle épopée, mais quelle épopée ! C’est à un voyage fait de mots que nous convie la philosophe et helléniste Barbara Cassin, de l’Académie française. L’étude de l’étymologie des mots est déjà passionnante, mais lorsqu’elle croise l’Odyssée d’Homère et les œuvres de la galerie Campana du Louvre, elle devient fascinante.
18/03/2025, 17:33
Le nouveau roman de Mireille Clapot est un très joli texte choral qui nous plonge au cœur du Loup-sentier au Liban et de son histoire humaniste et historique. On y suit le parcours de Michel accompagnateur de groupe, en charge de cinq adolescents libanais, tous très différents les uns des autres, et de souche sociale également opposée.
18/03/2025, 17:15
La province du Québec, au Canada, attire en tout premier lieu les Français, car il n’y a pas la barrière de la langue à passer. Mais ce sont aussi des paysages majestueux qui donnent envie d’évasion. Des grands espaces qui sont à déguster sans modération.
18/03/2025, 15:50
Le futur se déroule sous nos yeux, et il n’est pas tendre. Dans Le mensonge suffit, Christopher Bouix nous projette en 2143 : la justice s'est changée en divertissement. Le citoyen-utilisateur Ethan Chanseuil, quadragénaire au statut économique modeste, se retrouve au centre d’un dispositif judiciaire dystopique.
18/03/2025, 10:52
BONNES FEUILLES – « Moi qui n’ai de cesse d’estomper les repères, pour que le temps soit un ruban qui se déroule sans césures, l’inéluctable étant indéfini, tout là-bas, dans un avenir flou, écrire des “mémoires” me semble un exercice fatal... Mais si ces “souvenirs en vrac” peuvent vous distraire, vous amuser ou, d’aventure, légèrement vous émouvoir, ce ne sera déjà pas si mal en cette sombre époque que nous vivons ! »
18/03/2025, 08:30
BONNES FEUILLES – Un aiguilleur de chemins de fer, reclus au cœur de paysages enneigés, partage sa solitude avec les loups jusqu’au jour où une passagère saute d’un train, bouleversant son existence. Un mari insatisfait, obsédé par l’image qu’il renvoie, invente des conquêtes pour affirmer sa virilité, au détriment de son épouse bien réelle, profondément blessée.
18/03/2025, 07:30
Jon Hassell est l'une des figures majeures de la musique du XXe siècle, particulièrement dans sa seconde moitié. Il poursuit des études en Allemagne auprès de Stockhausen, avant de revenir à New York où il s'imprègne de la scène minimaliste aux côtés de figures comme Terry Riley et La Monte Young.
17/03/2025, 17:57
BONNES FEUILLES – Clémence Thévenin a autrefois exercé sous le nom de Dr Clémence Robert. Spécialiste de l’aide médicale à la procréation, elle commet une faute grave au début de sa quarantaine en contournant les protocoles médicaux pour offrir illégalement l’accès à la PMA à des patientes volontaires.
17/03/2025, 17:54
Dans un monde où les crises se succèdent à un rythme effréné, Comprendre le monde de Pascal Boniface s’impose comme une boussole indispensable. Publiée dans sa huitième édition, cette somme de géopolitique vise à donner des clés de lecture accessibles à un large public, loin du jargon des spécialistes et des grilles d’analyse manichéennes.
17/03/2025, 07:00
Dans la petite ville de Tarangog, en Russie, la mort d’Anton Ilitch laisse ses enfants face à un passé qu’ils ont fui. Éclats de silence chez les Belov, Nina Kehayan, ou la douloureuse histoire d'une famille éclatée, rongée par les silences et les absences.
15/03/2025, 18:17
BONNES FEUILLES – Arrivé à un tournant de son existence, le narrateur, féru de trains, entreprend une quête aussi singulière qu’obsédante. Depuis Téhéran, il se lance dans un périple d’un an, suivant les rails aux confins de l’Iran, mais aussi au plus profond de lui-même.
15/03/2025, 08:00
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