L'un était plus âgé que l'autre, mais c'est le plus jeune qui est parti le premier, usé jusqu'au bout du mégot (1991).
Le 02/03/2011 à 11:10 par Les ensablés
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02/03/2011 à 11:10
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Dix ans plus tard, c'était au tour du plus vieux, de vieillesse, plus simplement (2001).
Gainsbourg et Trenet, deux facettes de la vie: l'un et l'autre dans mon cœur à jamais. Gainsbourg, c'était l'adolescence jamais dépassée; Trenet, c'était l'enfance jamais oubliée. L'un cachait, sous l'ironie et l'excès, sa tristesse; l'autre cultivait la joie, pour ne pas penser à ce qu'il sentait en lui. Joie, donc, toujours ombragée par la mort.
Gainsbourg n'est pas encore un ensablé. Des radios lui consacrent des journées pour les vingt ans de sa disparition. Michel Drucker lui-même a orchestré une émission le samedi soir. Je ne l'ai pas regardée, on y voyait trop peu le héros, mais beaucoup de chanteurs bien actuels en promotion. L'anniversaire de sa mort est l'occasion de réécouter (lire) sa musique, ses textes (de Une jambe de bois, cf.ci-dessous, à Love on the beat) si travaillés parfois, et qu'il aimait si peu, pourtant. Il existe une émission de Denise Glaser qui doit dater de 1968-69 où, face aux compliments de la présentatrice, Gainsbourg oppose un sourire dubitatif: l'homme se croyait sans moyens face aux grandes choses qu'il voulait faire. Il ne fut pas un grand peintre, et considéra son activité de chanteur avec ironie, le sentiment que cela ne comptait pas. Il avait une si mauvaise opinion de lui qu'il semblait tout faire pour la justifier. Parfois, il provoquait, réalisait des chansons sans intérêt. Et puis il s'est détruit, lentement. Un suicide au long cours. Il est mort un dimanche, rue de Verneuil. Il était un de nos derniers artistes maudits, dans la tradition de Baudelaire et de Poë. Gainsbourg devait cultiver une certaine esthétique de la destruction.
Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
Que le ciel azuré ne vire au mauve
Penser ou passer à autre chose
Vaudrait mieux
Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
Se dire qu'il y a over the rainbow
Toujours plus haut le ciel above
Radieux croire aux cieux croire aux dieux
Même quand tout nous semble odieux
Que notre cœur est mis à sang et à feu
Charles Trenet, c'est autre chose. J'ai eu beaucoup de mal à trouver une photo de lui où il ne sourit pas avec ses grandes dents blanches.
Il n'est pas une semaine où je ne l'écoute ou ne me récite ses textes. Il regonfle le cœur, mais la mélancolie n'est jamais loin.
La revanche des orages
A fait de la maison
Un tendre paysage
Pour les petits garçons
Qui brûlent d'impatience
Deux jours avant Noël
Et, sans aucune méfiance,
Acceptent tout, pêle-mêle :
La vie, la mort, les squares
Et les trains électriques,
Les larmes dans les gares,
Guignol et les coups de triques,
Les becs d'acétylène
Aux enfants assistés
Et le sourire d'Hélène
Par un beau soir d'été.
Impossible de comprendre la nature de Trenet. Trenet, l'homme de la joie, mais une mélancolie qui naît justement de la joie dont il a parlé, qu'on sait condamnée à mourir. Et c'est pourquoi il est si proche de nous. Les vacances (Nationale 7, il y avait des arbres), l'amour des parents (Papa pique ...), la beauté de la nature, de la campagne. L'enfance, et cette tristesse, aussi, à y songer.
Tombé du ciel.
Je suis tombé du ciel.
Destin providentiel
Car, sur la terre,
Tout est charmant,
Surtout quand vient l'printemps
Et qu'on voit les étangs pleins de lumière,
Quand un oiseau se pose
Sur un roseau morose,
Quand un nuage d'orge Semble nous dire...
Hélas, je sens bien que Trenet s'ensable. Les chanteurs actuels stipendiés par leurs maisons de production ne font plus le déplacement pour le célébrer. Il s'ensable, et je m'ensablerai volontiers avec lui, le si grand poète!
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La jambe de bois de Gainsbourg
Il était une fois
Une jambe de bois
Qui cherchait un amateur
Elle se dit « ma foi
Si personne ne veut de moi
Je me fous une balle en plein coeur »
Mais voilà qu'soudain
Elle entend au loin
Une sonnerie de clairon
Elle se dit :
« Parfait C'est le moment ou jamais
D'me trouver une situation »
Arrivée sur l'champ de bataille
Au plus fort de la mitraille
Elle croise un boulet d'canon
Qui sifflait à pleins poumons
Elle lui dit : « mon pote Ta petite gueule me botte Toi qui vas tuer les cosaques Soit donc un amour Fais pour moi un p'tit détour Avant d'partir à l'attaque Mais voilà le hic J'aime pas les moujiks Et si tu veux m'arranger Tourne plutôt casaque Passe du coté des cosaques Vise moi c't'officier français Si tu lui fauches une guibole Tu peux me croire sur parole Que si la gangrène s'y met pas Je serai sa jambe de bois » « C'est bien délicat Ce que tu m'demandes là » Répondit le boulet de canon « T'as une tête de bois C'est pour ça qu'tu comprends pas Que c'est de la haute trahison Mais va, te frappe pas N'fais pas cette gueule-là Allons n'aies plus d'amertume Que n'ferait-on pas Pour une jolie jambe de bois Je vais lui voler dans les plumes » Et le voilà qui s'élance Mais pour comble de malchance L'officier qui vient d'le voir Se baisse et l'prend en pleine poire « Espèce de crétin Ça c'est pas malin » S'écria la jambe de bois « Maint'nant qu'il est mort Il n'a plus besoin de support J'ai eu tort d'compter sur toi » « Tu me prends pour un con » Dit l'boulet d'canon « Mais moi j'vais bien t'posséder La colère le saoule Et le v'là qui perd la boule Il s'en va tout dégoiser Ils passèrent en cour martiale Et pour sauver la morale La petite fut condamnée À avoir l'boulet au pied « Mais c'est qu'ça me fait une belle jambe De t'voir toujours dans ma jambe » S'écria la jambe de bois « Pourvu qu'ça dure Je touch' du bois... » |
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Par Les ensablés
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Dans La Montagne Fantôme, de Ronan Hession, traduit de l’anglais (Irlande) par Charles Roux, une montagne surgit du jour au lendemain aux abords d’une ville paisible, bouleversant les vies et révélant la beauté fragile de l’humanité.
13/11/2025, 08:00
François Iᵉʳ appartient à ce petit panthéon de figures qui structurent l'Histoire traditionnelle de la France - aux côtés des Jeanne d’Arc, Louis XIV et autres Napoléon. Quelques mots suffisent à convoquer le roman national : Marignan, Pavie, Blois, Chambord, Fontainebleau… et, bien sûr, Léonard de Vinci serré dans les bras du roi mécène.
12/11/2025, 18:29
Le nouvel opus de Criminal, intitulé Les Acharnés, s’ouvre sur Jacob Kurtz, ancien dessinateur de bande dessinée, qui quitte sa ville natale pour Hollywood. Son œuvre culte, Frank Kafka, le privé, va être adaptée en série télévisée : rêve de reconnaissance ou descente aux enfers ? Dès son arrivée, le vernis des plateaux craque : entre producteurs cyniques et compromis artistiques, Jacob découvre un univers d’illusion où tout se monnaie — les droits d’adaptation comme les âmes.
12/11/2025, 12:25
Naguère, à sa demande à elle, il l’avait guidée au sommet de cette montagne des Alpes. Ensemble, ils avaient cheminé et depuis le haut, ils avaient scruté les paysages, ceux qui s’ouvraient et ceux qui, tapis au-delà des horizons, aiguisaient leur conscience du monde. Et puis elle était repartie dans son pays. Le voici de retour sur ces pentes, seul cette fois.
12/11/2025, 08:00
Sigisbée : chevalier servant d’une dame, choisi par son mari, qui s’engage à l’assister et à l’accompagner en toutes circonstances, palliant ainsi les absences, ou parfois l’indifférence, de celui-ci. La pratique est courante dans l’Italie du XVIIIe siècle.
12/11/2025, 07:00
Dès son arrivée à Parme, un écrivain français qui tente de trouver l’inspiration en Italie, s’installe à la terrasse du mythique Gran Caffè Cavour. Là, un homme à la silhouette étrangement familière lui sourit. Il jurerait que c’est cet écrivain américain flamboyant et sulfureux dont il révère l’œuvre. Le souci, c’est que l’écrivain en question, Nick Tosches, est mort depuis deux ans ! Déstabilisé, le Français cherche à comprendre.
11/11/2025, 09:00
Les Hauts de Hurle-Vent est le chef-d’œuvre unique d’Emily Brontë, romancière et poétesse anglaise née en 1818 et morte en 1848 dans le Yorkshire. Elle y a grandi entourée de paysages sauvages, qui ont profondément marqué son imaginaire et imprégné toute son œuvre. Publié pour la première fois en 1847, ce roman s’impose comme un monument de la littérature romantique et gothique.
11/11/2025, 08:00
C’est la fin de l’année scolaire au lycée Tanmiya de Laâyoune, au cœur de la colonie marocaine du Sahara occidental. En cette fin de juin, Daha et ses camarades de classe, sahraouis comme lui, assistent au dernier cours de l’année. C’est le moment que choisit leur professeur d’histoire, contempteur des revendications d’indépendance sahraouies, pour une ultime humiliation. Pour Maalouma, jeune militante déterminée, cette injure impose un acte de protestation.
11/11/2025, 07:00
Au sujet de Schopenhauer, Nietzsche parlait d’un « discours droit, rude et bienveillant ». Le visage du philosophe ronchon est bien connu, parfois son Art d'avoir toujours raison, ou quelques anecdotes sur son caractère de cochon, mais qui est arrivé au bout de son pavelard, Le Monde comme volonté et comme représentation ?
10/11/2025, 18:12
Positano est un village de pêcheur en Italie où débarque une jeune archéologue nautique qui doit effectuer des recherches sur des épaves de bateaux mystérieusement échoués. Il existe une légende qui raconte que des sorcières de la mer protégeaient le village des attaques de pirates par des incantations qui modifiaient les eaux en créant des tempêtes.
10/11/2025, 11:52
Si vous êtes curieux, ce livre est fait pour vous et comme vous lisez régulièrement nos articles, c’est que vous l’êtes donc, au risque de me répéter, ce livre est fait pour vous. Il est donc primordial de vous l’offrir, ou de vous le faire offrir voire de l’offrir, la période qui arrive est justement propice à cela et ça tombe très bien. Les éditions Armand Colin viennent de publier L’Esprit d’aventure. Explorations et curiosités de l’histoire du monde du géohistorien Christian Grataloup et superbement illustré par Lionel Portier.
10/11/2025, 10:53
Cette semaine, le classement des meilleures ventes d’Edistat (du 27 octobre au 2 novembre) ressemble à une radiographie politique et culturelle du pays. On y retrouve la France qui rit, la France qui s’inquiète, la France qui fulmine - et la France qui se replie. En attendant les conséquences des grands prix de l'automne, en commençant par le Goncourt.
07/11/2025, 11:44
Quatrième épisode en compagnie du fameux trio d'enquêteurs piémontais imaginé par Davide Longo, la dernière star du polar italien. Cette lecture est une véritable gourmandise à savourer avec un verre de grappa : Règlement de comptes, traduction de l'italien par Marianne Faurobert (JC Lattès).
07/11/2025, 08:45
Arethusa Clayton meurt comme elle a vécu : libre. Elle exige que ses cendres soient dispersées sur une colline d’Irlande, forçant sa fille Faye à retourner sur les terres d’un passé longtemps tu. Le destin des Deverill — Filles d’Irlande, tome 4, de Santa Montefiore, traduit de l’anglais par Stéphanie Leignel et Dominique Haas, promet un nouveau dépaysement.
07/11/2025, 07:00
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