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Les Ensablés - Notes de voyage : "Vie de Rancé" (1844), Chateaubriand

J’ai enfin lu Vie de Rancé. J’ai depuis longtemps ce titre en tête, un livre culte : le grand écrivain rajoute quelques pages mélancoliques à son œuvre. Chateaubriand, un homme couvert de femmes et de gloire, écrit sur Rancé, un homme qui a choisi de vivre hors du monde. C’est Rancé qui m’intéressait : je suis fasciné par ces êtres qui se retirent du monde pour vivre à petit feu, au silence, dans la solitude. Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé est le réformateur de l’abbaye de Notre-Dame de La Trappe, dite La Grande-Trappe, située à Soligny (61380), en Normandie.

Le 30/04/2017 à 09:00 par Les ensablés

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30/04/2017 à 09:00

Les ensablés

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Ce texte bref est doublement crépusculaire : un homme au bord de la tombe écrit sur un homme qui a vécu dans un tombeau. Chateaubriand résume ainsi la vie de Rancé, à la dernière page de son livre : « Rancé habita trente-quatre ans le désert, ne fut rien, ne voulut rien être, ne se relâcha pas un moment du châtiment qu’il s’infligeait. » Né le 9 janvier 1626, Rancé se retire en 1657 dans ses terres de Véretz. En 1661 il liquide ses biens. En 1663, il devient l’abbé de La Trappe : il a 37 ans. Il y meurt à 74 ans, en 1700. Il aura vécu 37 ans au couvent. En 1841, Chateaubriand a mis le point final aux Mémoires d’outre-tombe : comme l’indique le titre, ces mémoires, son chef d’œuvre, doivent paraître après sa mort. Le texte est chez le notaire. Il a 71 ans. Il se met à rédiger la vie de Rancé [1], qui a vécu cent cinquante ans avant lui ! En 1844, quand paraît Vie de Rancé, il a 76 ans, il lui reste quatre années à vivre, physiquement très diminué.

Il règne un ton crépusculaire dès les premières pages : « Je ne serai lu de personne, excepté de quelques arrière-petites nièces, habituées aux contes de leur vieil oncle. » Il règne le regret, réitéré, de la jeunesse chevelue : « Que fais-je dans le monde ? Il n’est pas bon d’y demeurer lorsque les cheveux ne descendent plus assez bas pour essuyer les larmes qui tombent des yeux. » Les réflexions désabusées se multiplient : « Tout est fragile : après avoir vécu quelque peu, on ne sait si l’on a bien ou mal vécu. » Les souvenirs, au lieu de nous consoler, sont une torture supplémentaire quand ils s’effacent : « Rompre avec les choses réelles, ce n’est rien ; mais avec les souvenirs ! Le cœur se brise à la séparation des songes ; tant il y a peu de réalité dans l’homme. » Le vieillard voit mourir les siens : « Je tarde tant à m’en aller que j’ai envoyé devant moi tous ceux que je devais précéder. »

Les épisodes de la vie de Rancé le renvoient à sa propre vie : quand Rancé est à Rome, il revoit Rome. Quand Rancé rencontre un roi, il évoque les rois qu’il a connus ? La correspondance de l’abbé faisant écho à ses sentiments, il la cite volontiers : « Nous ne vivons plus les uns ni les autres que dans la vue et le désir de la mort. » Rancé a vécu sous Louis XIV, et Chateaubriand a la nostalgie du Grand Siècle et de la monarchie absolue. Il semble presque avoir connu les personnages du passé qu’il évoque. Chateaubriand oublie Rancé et raconte l’histoire de la Fronde, décrit le salon de l’hôtel de Rambouillet, nous parle de Corneille, de la romancière Mme de Scudéry, de Mme de Sévigné (« dont on a publié peut-être trop de lettres » !), de Ninon de Lenclos, de Saint-Evremond, de Port-Royal, de Bossuet, de la querelle du quiétisme, et de dizaines d’autres personnes aujourd’hui inconnues. Il faudrait des dizaines de notes pour suivre cette galerie de portraits. Chateaubriand commente ainsi cette revue de fantômes : « Sociétés depuis longtemps évanouies, combien d’autres vous ont succédé ! Les danses s’établissent sur la poussière des morts, et les tombeaux poussent sous les pas de la joie. Nous rions et nous chantons sur les lieux arrosés du sang de nos amis. Où sont aujourd’hui les maux d’hier ? Ou seront demain les félicités d’aujourd’hui ? Quelle importance pourrions-nous attacher aux choses de ce monde ?  »

Il semble que le décor compte plus que le personnage de Rancé, ou plus exactement toute vie devient décor périssable, décor dans le décor : « Quand vous remueriez ces souvenirs qui s’en vont en poussière, qu’en retireriez-vous, sinon une nouvelle preuve du néant de l’homme ? Ce sont des jeux finis que des fantômes retracent dans les cimetières avant la première heure du jour. » Tout au long du texte, Chateaubriand évoquera des fantômes. Aujourd’hui, presque deux siècles après lui, ces fantômes paraissent encore plus irréels. Il écrit par exemple : « En 1660, Pomponne fut disgracié. Rancé lui écrivit des compliments de condoléance. » Qui pouvait bien être ce Pomponne ? Chateaubriand ne donne pas d’explication, mon édition Pléiade non plus. Mais quelle importance ? Il faut évidemment transposer : Ayrault fut disgracié, ou Cahuzac fut disgracié, ou Pellerin fut disgraciée. Que restera-t-il de ces noms qui firent notre actualité ? Rien, bien sûr.

Vie de Rancé, je le comprends maintenant, n’est pas une biographie de l’abbé de Rancé. C’est une méditation sur le sens de l’existence. L’idéal chrétien a quelque chose de grandiose et il place les croyants devant leur propre faiblesse. Chateaubriand cite Rancé qui cite Saint Luc : « Vendez ce que vous avez et le donnez aux pauvres ; après cela venez et me suivez. Si quelqu’un vient à moi et ne hait point son père et sa mère et sa femme et ses enfants et ses frères et ses sœurs et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. »Châteaubriand, devant la grandeur spirituelle de Rancé, est bien obligé de craindre pour son âme. Il a choisi la grandeur mondaine : ministre, ambassadeur à Rome, Londres, Berlin, homme à femmes, écrivain (c’est-à-dire exhibitionniste). Et s’il a vendu ses Mémoires, c’est pour redorer ses vieux jours, pas pour les pauvres. Bien sûr, l’idéal est trop haut pour le commun des mortel, Rancé le disait : « Dieu n’a pas commandé à tous les hommes de quitter le monde ; mais il n’y en a point à qui il n’ait défendu d’aimer le monde ». Or, Chateaubrianda aimé le monde. Maintenant qu’il faut le quitter, il se demande s’il a fait le bon choix. Les plaisirs et les joies lui ont laissé les mains vides. Il va mourir, et il sait que la postérité n’existe pas : « Pour moi, tout épris que je puisse être de ma chétive personne, je sais bien que je ne dépasserai pas ma vie. On déterre dans des îles de Norvège, quelques urnes gravées de caractères indéchiffrables. A qui appartiennent ces cendres ? Les vents n’en savent rien. » Autrement dit, l’ensablement est inéluctable, les plus hauts monuments n’y échapperont pas.  Qui lit encore Chateaubriand ? Mais, rien n’est sûr, pas même les regrets, Chateaubriand hésite : « Aujourd’hui il n’y a plus rien de possible, car les chimères d’une existence active sont aussi démontrées que les chimères d’une existence désoccupée. » Tout serait-il donc vain, même la réclusion ? « Pour peu qu’on ait vécu, on a vu passer bien des morts emportant leurs illusions. Heureux celui dont la vie est tombée en fleurs. »

Chateaubriand rend hommage à Rancé, mais celui-ci a peu d’émules. Voici les dernières lignes de Vie de Rancé : « Les institutions de Rancé ne nous paraissent qu’un objet de curiosité que nous allons voir en passant. » La foi est rare, et rarissime portée à l’incandescence de Rancé. La conversion de Rancé ne se comprend que sous le regard de Dieu qui voyait tout. Mais le Dieu de Chateaubriand n’est déjà plus le Dieu de Rancé. Il constate : « Ces rigueurs se rattachent à un ordre de philosophie que notre esprit n’est pas plus capable de comprendre que nos mœurs de supporter. »  Dans la société du spectacle qui a peut-être commencé avec la société de cour, d’autres yeux nous regardent, plus proches, plus visibles. Chateaubriand l’avait compris. Rancé était immense, certes, «  mais qui voudrait aujourd’hui être immense sans être vu ? » Chateaubriand ajoute que la cour venait à la Trappe voir Rancé, « pour en rire ou pour l’admirer ».

Le respect de Chateaubriand pour son personnage est évident, mais je ne sens pas à proprement parler de l’admiration. Faut-il admirer cette existence faite de privations et de douleurs ? Chateaubriand a des regrets, mais il ne se repent pas. Il regrette d’avoir vieilli, il regrette que tout ait changé, que ses amis soient morts, que la révolution ait bouleversé toute chose, mais le regret du temps passé n’est pas exactement le regret d’avoir vécu sa vie.

Et Rancé ?

J’ai lu une vraie biographie de Rancé, avec dates précises, citations entre guillemets, indication des sources [2]. Chateaubriand a dit l’essentiel, mais j’aime les détails. Il y a d’abord la vie mondaine de Rancé. Elle commence dès la naissance puisqu’il porte le même prénom que « l’éminentissime cardinal de Richelieu » qui est son parrain. Il est issu d’une « des plus anciennes et des plus illustres familles du royaume. » A douze ans, il publie en grec une édition annotée du poète Anacréon. Voilà un jeune homme doué ! Brillante figure d’un brillant milieu, en marche (qui comprendra après-demain cette allusion ?), c’est un notable de l’Eglise, il devient l’aumônier de Monsieur, le frère du roi. Rancé devient prêtre à l’époque où deux cardinaux, Richelieu puis Mazarin, ont gouverné la France. Par ailleurs, il chasse, il fréquente les salons, il s’amuse en grand seigneur fortuné : « Rancé inventait des plaisirs : ses fêtes étaient brillantes, ses festins somptueux. » Il fait de l’escrime, il est élégant : « il portait une chevelure longue et frisée, deux émeraudes à ses manchettes, un diamant de prix à son doigt. » Il fréquente Marie de Montbazon, duchesse, riche, très aimée, la plus belle femme de son temps. Le cardinal de Retz dit d’elle « qu’il n’avait jamais vu personne qui eût montré dans le vice si peu de respect pour la vertu. »

Il rompt alors avec cette vie prometteuse et se retire à la Trappe. Ce retrait, définitif, n’est pas un coup de tête : ce qu’il faut appeler la conversion de Rancé, conversion d’un christianisme standard à une foi pure et dure, se fait sur environ cinq années. Un choc a provoqué le mouvement. Il y aurait une histoire d’amour. En 1657, la duchesse de Montbazon meurt de la rougeole à 47 ans : Rancé lui était très lié. Lié ? Que faut-il comprendre ? On ne sait pas exactement. Ami, amant ? Conseiller, gigolo ? A-t-il assisté à ses derniers moments ? Ce n’est pas sûr. En fait, on ne sait rien de précis, Chateaubriand est resté prudent : « Les annales humaines se composent de beaucoup de fables mêlées à quelques vérités : quiconque est voué à l’avenir a au fond de sa vie un roman, pour donner naissance à la légende, mirage de l’histoire. » Une légende -fausse, bien sûr, mais trop belle pour qu’on la passe sous silence- veut que Rancé, en visite impromptue, découvre le cadavre décapité de la duchesse de Montbazon morte brutalement. Elle était trop grande pour le cercueil : la tête était posée à terre, à côté. Choc.

 « Ici commence la nouvelle vie de Rancé : nous entrons dans la région du profond silence. Rancé rompt avec sa jeunesse, il la chasse et ne la revoit plus. » Chateaubriand ne rentre guère dans les détails de cette vie monacale, il aurait dû. Que veut dire vivre en trappiste en 1657 ? L’abbaye est située dans un endroit humide et marécageux. Du pain noir, de l’eau, des légumes, pas de viande. On est vêtu d’une soutane blanche qu’on garde pour dormir. Le froid. Trois heures de travail au jardin, par tous les temps. Les corvées obligatoires (cuisine, pots de chambre, entretien, etc.), le père abbé n’en est pas excepté. On dort sur un matelas de paille. Les moines ne parlent pas, ils ne se parlent pas. On n’est jamais seul. On ne parle qu’au supérieur, l’abbé. On garde toujours les yeux baissés. On prie plusieurs heures par jour. On se retire à la tombée de la nuit. A partir de deux heures du matin, il y a des prières toutes les deux ou trois heures. On ne se soigne qu’à la dernière extrémité. Il y a le service aux pauvres que l’abbaye nourrit par centaines. C’est ainsi tous les jours pendant des années. Le dimanche, il y a une sorte de conférence : on s’y accuse de ses péchés, on dénonce les fautes des autres. C’est le moment de l’humiliation. Voici des statistiques données par Jean-Maurice de Montremy : un moine de la Trappe sur quatre mourait en deux ans, plus de la moitié des moines ne survivaient pas cinq ans, un quart d’entre eux disparaissait avant l’âge de trente ans, un tiers avant la quarantaine. Non, ce n’était pas un couvent où passer tranquillement sa vieillesse à l’abri des soucis et du besoin.

Chateaubriand parle de la « grande aphonie » qui règne. On se tait à la Trappe, mais on chante pendant les services. L’homme a certainement chanté avant de parler, comme les oiseaux. Aphonie ! Quel beau mot. Les moines n’ont rien à dire à leur voisin, rien à communiquer, rien à partager, rien à tweeter. Silence.

Les gens du monde, du vivant de Rancé, ont plusieursfois voulu assouplir la règle : Rancé et ses moines s’y sont toujours opposés, fidèles à la « stricte observance ». La querelle remontera jusqu’au roi et au pape : « Malgré le silence que la Trappe gardait, il fut question de la détruire, tant le monde était effrayé d’elle. » Rancé écrira beaucoup pour défendre la Trappe,pour décrire la vie édifiante de quelques moines (Relations de la vie et de la mort de quelques religieux de la Trappe), pour défendre ses conceptions religieuses (De la sainteté et des devoirs de la vie monastique). Il écrivit beaucoup de lettres, qu’il dicta quand ses mains ne lui permirent plus d’écrire.

Chateaubriand donne le portrait de Rancé, à la fin de sa vie. Ces quelques lignes font comprendre ce que signifievivre en trappiste : « Le rhumatisme, qui d’abord lui [Rancé] avait saisi la main gauche, se jeta sur la droite, dans laquelle le chirurgien de Mme de Guise travailla. Le malade avait une répugnance extrême de toute nourriture. Affligé d’une toux insupportable, d’une insomnie continuelle, de maux de dents cruels, d’enflures aux pieds, il se vit réduit pendant près de six années à passer ses jours à l’infirmerie dans une chaise, sans presque changer de posture. » Qui entrait à la Trappe, la « Sparte chrétienne », y venait pour souffrir.

Chateaubriand a écrit Vie de Rancé à la demande de son confesseur. Il le dit en avant-propos : « C’est pour obéir aux ordres du directeur de ma vie que j’ai écrit l’histoire de l’abbé de Rancé. L’abbé Séguin me parlait souvent de ce travail, et j’y avais une répugnance naturelle. J’étudiais néanmoins, je lus, et c’est le résultat de ces lectures qui compose aujourd’hui la Vie de Rancé. » Un vieux prêtre demande à Chateaubriand, gloire nationale, rescapé de la Révolution, rival de Napoléon, grand écrivain, chrétien convaincu, de méditer sur son existence avant l’ultime confession. Le grand homme obéit à contre-cœur, on le comprend : sa vie publique et bientôt publiée contre une vie cachée, luxe contre pauvreté, mondanités contre solitude, les palais contre les cellules glacées, les capitales d’Europe contre la Normandie, Paris contre la province !A vous de choisir, chers lecteurs.


[1]Il passe vingt-quatre heures à la Trappe les 7et 8 août 1843.

[2]Rancé. Le soleil noir, Jean-Maurice de Montremy, Editions Perrin, 2006, Paris. Cet auteur apar ailleurs publié de curieuxromans.

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Paru en 1925, puis réédité dans une édition illustrée en 1930, La Revanche d’André Thérive (de son vrai nom Roger Puthoste) est un livre qui parle de la vieillesse, de la sénilité, de la mort, et surtout de la mesquinerie des vivants… Rien qui puisse a priori attirer le lecteur « feel good » Mais le style est magnifique, avec, l’air de rien, une musique enchanteresse. Quant à la fin du roman, autant le dire, elle est sublime. Soudain, après le crépuscule, c’est la lumière qui surgit, d’autant plus incandescente qu’elle est environnée d’ombres..
 
Par Hervé BEL. 

15/09/2024, 09:00

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Les Ensablés – André Beucler, Vu d’Allemagne

Romancier, auteur d’une quinzaine d’ouvrages dont La Fleur qui chante, chroniqué pour Les Ensablés par François Ouellet, André Beucler est un homme aux multiples talents. Il s’intéresse ainsi au cinéma, pour lequel il écrit plusieurs scénarios et même réalise quelques films. Mais Beucler brille aussi dans un tout autre exercice, le journalisme. De par ses contraintes notamment en termes de longueur et de style, l’article de journal s’apparente à l’art de la nouvelle ou du découpage en scènes du cinéma, un art dans lequel Beucler s’épanouit avec une aisance et un brio remarquables. Par Carl Aderhold.

25/08/2024, 09:00

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Les Ensablés – Elisabeth de Raymonde Vincent (1908-1985)

Après la réédition du chef-d’œuvre Campagne (prix Femina 1937) dont même Le Monde s’est fait largement l’écho en 2023, les éditions Le Passeur republient aujourd’hui Élisabeth, troisième roman de Raymonde Vincent. Comme Marguerite Audoux (voir notre article sur Marie-Claire), elle fut un phénomène littéraire, s’avérant capable d’écrire un grand livre aussitôt remarqué et publié, alors qu’elle avait été illettrée pendant toute son enfance. Par Hervé BEL.

04/08/2024, 09:29

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Les Ensablés - Rafales, de Roger Vercel (1894-1957)

Encore connu des cinéphiles pour les adaptations au cinéma de ses romans  Remorques (adapté par Jean Grémillon) et Capitaine Conan (prix Goncourt 1934, adapté par Bertrand Tavernier), Roger Vercel est un remarquable écrivain de récits maritimes, inspirés de témoignages  de marins, recueillis à Dinan, ville où il vécut et exerça le métier de professeur de lettres. Par Isabelle Luciat

14/07/2024, 09:00

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Les Ensablés - Bruges-la-Morte de Georges Rodenbach

L’écoute d’un opéra de 1920 ensablé jusqu’à la fin du dernier siècle peut mener à la lecture d’un roman également ensablé pendant plusieurs décennies, l’un comme l’autre très célèbres en leurs temps et fort heureusement resurgis… quoiqu’ insuffisamment pour le livre, qui mérite largement un coup de projecteur. Par Marie Coat

23/06/2024, 09:00

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Les Ensablés - Retour de barbarie et Du côté de chez Malaparte de Raymond Guérin

C’est au début des années 80 que l’on commence à reparler Raymond Guérin. Les éditions « Le tout sur le tout » ont alors le courage de rééditer certaines de ses œuvres. Jean-Paul Kaufmann écrit sa biographie, remarquable comme tout ce qu’il fait, dans 31 rue Damour. Des articles sortent… Puis nouvel oubli, même s’il reste publié dans la collection Imaginaire, antichambre de l’oubli définitif. un oubli relatif à dire vrai. Régulièrement, des maisons d’édition (où trouvent-elles ce courage?) rééditent en effet une de ses œuvres. Finitude est de celles-ci. Par Hervé Bel

09/06/2024, 09:00

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Les Ensablés - Les enfants de septembre de Jean-René Huguenin (1936-1962)

Merveilleuse parution chez Bouquins d’un inédit de Jean-René Huguenin. Les enfants de septembre, roman ébauché et par conséquent forcément inachevé révèle toute la palette émotionnelle et stylistique de JRH, auteur génialement prometteur décédé à 26 ans. Par Denis Gombert

26/05/2024, 09:00

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Les Ensablés - Les fumées de la Sambre (1985), de Pol Vandromme

Ce livre sensible et affranchi, à la croisée des genres de l’essai romancé et de la confession autobiographique, pousse à vouloir aller au-delà du visible, et à comprendre les fondamentaux de l’être dans les situations qui le déterminent et le construisent. Un flux de souvenirs et de sensations s’y déploie, dans une prose sans filtre avec en arrière-fond cette rivière berçant le pays de Charleroi qui entraîne l’esprit du narrateur dans les méandres géographiques, historiques et intimes de la formation d’un imaginaire. Par Louis Morès.

12/05/2024, 09:00

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Les Ensablés - La Confrontation, de Louis Guilloux (1899-1980)

Né en 1899 à Saint Brieuc, dans une famille de condition modeste, Louis Guilloux a publié de nombreux romans dans lesquels il a témoigné d'une attention particulière pour les pauvres et les laissés pour compte. Son premier roman La Maison du peuple, publié en 1927, évoque la figure de son  père, cordonnier et militant socialiste.  Son œuvre la plus célèbre Le Sang noir (objet d'un précédent article) s'inspire de la vie de George Palante qui fut son professeur de philosophie et son ami. Par Isabelle Luciat.

28/04/2024, 10:59

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Les Ensablés - Laurence Algan , discrète et touchante

Ces derniers temps, j’ai lu une romancière à l’écriture discrète et touchante qui se nomme Laurence Algan. On ne saurait presque rien d’elle si, en juillet 1944, elle n’avait répondu à l’enquête biographique que le journaliste et romancier Gaston Picard menait à l’époque auprès des écrivains pour le compte du Centre de documentation de la BnF ; les éléments biographiques fournis par l’écrivaine, Paul Aron les présente succinctement dans un article qu’il a intitulé « Une femme si simple » et qui est paru dans Les Nouveaux Cahiers André Baillon en 2014. J’y suis allé voir de plus près. Par François Ouellet

14/04/2024, 09:00

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Les Ensablés - La chambre des écureuils de Marie-Laure de Noailles

A l’automne dernier, sur les tables de la librairie chargées de l’abondante moisson de la rentrée littéraire, le regard est attiré par un livre relié entoilé d’un jaune éclatant, d’une romancière inconnue, Marie Laure. Son titre primesautier - La chambre des écureuils - intrigue : conte pour enfants ou ouvrage libertin ?
Ni l’un, ni l’autre, et il s’agit d’une réédition, chez Seghers, d’un roman écrit en 1946 -mais publié en 1955- par une femme hors du commun, bien plus célèbre comme mécène des arts et instigatrice de fastueuses fêtes mondaines, que comme écrivaine. Le pseudonyme de Marie Laure est en effet celui de Marie-Laure de Noailles, surnommée par l’une de ses biographes « la vicomtesse du bizarre ».

Par Marie Coat

31/03/2024, 09:00

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Les Ensablés - Sangs (1936) de Louise Hervieu (1878-1954)

La vie de Louise Hervieu (1878-1954) n'a pas été facile. Née hérédosyphilitique (cela existait encore en ce début de Troisième République), elle eut une santé fragile qui la contraignit à un moment de sa vie de se retirer et  ne plus se consacrer qu’à l’art graphique et à l’écriture… Enfin, pas tout à fait. Sensible pour des raisons évidentes aux problèmes de santé, elle milita activement à l’instauration du « carnet de santé » et parvint à ses fins en 1938.
En 1936, elle obtient pour « Sangs » (publié chez Denoël) le prix Femina au 4eme tour, l’histoire d’une enfant à l’hérédité implacable, que l’amour ni la richesse de sa famille ne peuvent guérir, ne peuvent écarter de la malédiction du « mauvais sang »
On n’échappe pas à son malheur.
Par Henri-Jean Coudy

17/03/2024, 09:00

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Les Ensablés - Dubalu de Bernard Waller (1934-2010), par Carl Aderhold

« Ouf,
            La bonne étape, le relais avant de s’élancer vers d’autres lieux, 
            à portée de main, en sortant de chez lui la première maison de la rue Granchois. »
Ainsi débute la grande aventure de Francis Dubalu, représentant de commerce la firme Breganti, qui part pour la première fois démarcher de nouveaux clients en province. 
Ce sont les éditions de La Grange Batelière dont on connaît le riche catalogue, qui ont eu la bonne idée de republier le premier roman de Bernard Waller. 
Initialement paru dans la prestigieuse revue NRF en novembre 1960 avant de connaître, un an plus tard les honneurs de la collection blanche, Dubalu est un texte d’une incroyable modernité, qui n’a pas pris une ride. 

Par Carl Aderhold

03/03/2024, 09:00

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Les Ensablés - Waterloo, Belges ou Français d'Albert du Bois (1872-1940)

Dans cette fiction historique qui prend place durant les Cent-Jours avec comme moment culminant la bataille de Waterloo, un Bruxellois d’origine flamande, Jean Van Cutsem, vit une crise existentielle : alors que le frère de sa fiancée wallonne rejoint Napoléon, il est pour sa part enrôlé dans l’armée hollandaise sous le commandement du Prince d’Orange… Un roman engagé et détonnant, où les questions de l’identité, de la loyauté et du courage s’affrontent avant tout dans le for intérieur d’un jeune soldat jeté malgré lui sur les routes de la guerre.

Par Louis Morès. 

18/02/2024, 09:00

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Les Ensablés - À propos de Claude Dravaine, par François Ouellet

J’ai commenté ici même, précédemment, la biographie de Maria Borrély (1890-1963) publiée par Danièle Henky en 2022 (Maria Borrély. La Vie d’une femme épanouie). Les romans de Borrély, qui s’apparentent à ceux de Giono et de Ramuz, sont à redécouvrir impérativement. Danièle Henky, dont le « sujet de prédilection, c’est le destin des femmes », expliquait-elle récemment, s’intéresse, dans son nouvel ouvrage, à l’écrivaine et journaliste Claude Dravaine (1888-1957). La Livradoise. L’Énigme Claude Dravaine est publié chez Hauteur d’Homme, une maison régionaliste sise dans une commune du Massif central. Par François Ouellet.

04/02/2024, 09:00

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Les Ensablés - Couleurs d'écriture, de Julien Blanc à Raymonde Vincent

Après Romans exhumés (chez EUD, 2014), Littérature précaire (toujours chez EUD, 2016), notre ami et chroniqueur des Ensablés, François Ouellet, publie aujourd’hui, sous sa direction, un nouvel opus dédié à la redécouverte d’auteurs oubliés, vaste domaine, on le sait, qu’une vie ne suffira jamais à explorer totalement. Il s’est entouré pour cela d’éminents spécialistes dont le regretté Bruno Curatolo, savant érudit, par ailleurs un des « redécouvreurs » de Raymond Guérin. Pour nos lecteurs assidus depuis quatorze ans (déjà !), ce livre est indispensable. Par Hervé Bel.

22/01/2024, 12:17

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Portraits de solitudes et blessures d’enfance : Des enfants uniques

Ils s’appellent Armand, Hortense, Malika, Alex, Madeleine. Tous ont grandi seuls, au milieu du bruit des adultes, des absences trop pleines et des regards mal ajustés. Des enfants uniques ne raconte pas une histoire, mais un faisceau de trajectoires minuscules. Des vies cabossées avant d’avoir commencé. Des existences marquées par le silence, la confusion, l’incompréhension.

13/07/2025, 10:47

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Sept mots pour une vie : les secrets de Mook Miran enfin dévoilés

Esclave. Reine de l’évasion. Meurtrière. Terroriste. Espionne. Amante. Mère... Combien d’existences tient dans le corps d’une femme ? Autant qu’il en faut pour tenir debout.

13/07/2025, 09:00

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Qui reste, qui part ? Dans l’intimité d’un huis clos hospitalier

Dans la chambre 308 d’un petit hôpital de province, deux présences partagent l’espace : Greg, qui revient lentement à lui. On dit que les spécialistes du grand centre sont les plus compétents. Pourtant, la chimiothérapie a échoué. Il s’est vu partir, vraiment. Alors y retourner, ce n’est même pas envisageable. Mais les heures à venir réservent leur lot de complexités.

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Une relation d'emprise, ça laisse quelles traces 20 ans plus tard ?

Parce qu’elle a laissé ses amies organiser leur escapade pour ce week-end prolongé, Clotilde se retrouve dans une ville qu’elle avait évité depuis des années. C’est qu'ici, vingt ans plus tôt, elle a vécu avec un homme, qu’elle appelle encore « Monsieur », une relation marquée par une emprise présentée comme bienveillante.

12/07/2025, 10:00

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Comment fusionner avec sa mère ?

C’est un livre centré sur la figure maternelle. Sur le désir d’une relation fusionnelle entre une mère et sa fille, imaginée comme absolue, réciproque, sans frontières. Un lien où l’une existerait pour et à travers l’autre.

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Catherine Millet explore le suicide de sa mère et sa quête de vérité

« Pendant des années et de livre en livre, j’ai tourné autour. Jusqu’à ce qu’une amie historienne m’emprunte des photographies de ma mère pour une exposition dans un musée chinois. Simone, ma mère, Simone Émonet, s’y montrait si jolie, élégante, heureuse. J’étais prête, alors, à raconter son suicide, et bien sûr ce qu’il m’avait fait. » 

12/07/2025, 07:00

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Trouvera-t-on autre chose que La femme de ménage sur les plages ?

Semaine 27 (du 30 juin au 6 juillet), la lenteur estivale commence à tomber sur les villes, les destinations de vacances se préparent à accueillir leurs premiers touristes... et les lecteurs rodent dans les rayons librairies à la recherche de lecture(s) pour l'été. Devinez ce que la plupart d'entre eux choisissent pour combler leurs envies littéraires : La femme de ménage. Rien de nouveau, donc, sous le soleil (brûlant).

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Les silences de l’Ukraine rouge

Debora a dix-sept ans et adore la littérature. Elle quitte sa campagne natale pour s'installer à Kharkiv en 1930, la capitale de la nouvelle République socialiste soviétique d'Ukraine, où elle rencontre Samuel, un jeune pilote de chasse en formation. 

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#Viedemerde : Décrochages, petits riens et grandes claques

J est un instituteur de CM2 aimé de ses élèves et respecté de ses collègues. À l’école Turgot, il s’investit corps et âme dans sa classe, tout en découvrant les joies et les bouleversements de la paternité avec Tam, sa compagne, et leur fille, Lola. Mais l’arrivée de Brayan, un élève de onze ans au parcours chaotique, va faire vaciller ses certitudes. 

 

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À la fois percutant et parfois clivant, cet ouvrage réunit une sélection de textes rédigés pour la presse – mooks, magazines, journaux – ainsi que des préfaces et des conférences. Tous sont datés, de 2000 à 2024. Ils témoignent d’une époque, s’inscrivent dans l’histoire et retracent à la fois le parcours de Nancy Huston et celui de notre temps.

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Chant d’adieu à la mère : L'albatros, récit à la grâce déchirante

Après Le Temps gagné et Krasnaïa, ce nouveau texte, intime et élégiaque, prolonge la veine autobiographique de l’auteur tout en s’inscrivant dans une tradition de la littérature du deuil où la musique devient un organe de survie, un langage d’amour, une forme de résistance à la disparition.

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Javier Cercas, écrivain résolument athée, anticlérical, laïc convaincu, rationaliste inflexible et impie revendiqué, se voit proposer une mission des plus inattendues : accompagner le pape François lors d’un déplacement officiel, à l’initiative même du Vatican.

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Hala Moughanie prend ici le pouls d’un quartier libanais pulvérisé par l’explosion du port de Beyrouth. Un roman monologue à vif, rugueux et désenchanté, où l’humour noir sert d’ultime rempart contre l’effondrement.

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Le sida les a tous deux assaillis ; tous deux ont lutté comme des damnés sur le radeau de l’écriture, les mots plaqués au corps telle une couverture de survie. Le premier, c’est Hervé Guibert, auteur du célèbre À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie (1990, Gallimard) et disparu en 1991 à l’âge de 36 ans – « Sid’assassiné », chantait Barbara. 

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« Pour Vanessa ». C’est ce que Michel Schneider a inscrit sur une pochette destinée à sa fille. Après sa mort, elle y trouve, parmi des papiers, un roman d’un auteur qui leur est cher, Sándor Márai : Ce que j’ai voulu taire. Est-ce un message ? 

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Nancy Huston interroge en profondeur sa sexualité

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Pas de mariage et trois enterrements

« Pas évident d’imaginer un road-movie dans un pays qui se traverse en quatre heures, mais Cherry Bristow ne s’est jamais sentie aussi Thelma & Louise de sa vie. Sauf qu’ils sont trois à bord, et que l’un d’eux est mort. »

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Le faux 007 d’Abidjan face aux vrais dangers d’Afrique

Une petite histoire d'espionnage qui ne prétend qu'à nous faire découvrir les nouveaux enjeux géopolitiques de la Côte d'Ivoire.

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Comment devient-on Jean-Jacques Rousseau ?

Les lecteurs de biographie et autres auditeurs de La Grande Traversée sont communément avides de savoir comment un quidam s’est métamorphosé en grande figure. Comment le lieutenant Bonaparte est devenu Napoléon, la fille de Saint-Sauveur-en-Puisaye Colette, ou Kanye Omari West, Kanye West, puis Ye, puis l’artiste le plus sulfureux des dernières années...

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Gilles Marchand : Gino, l’Aérotrain et Les Promesses orphelines

Ça commence et se termine par une boule à neige. L'insolite ligne en « T renversé » qui longe à travers champs une route et une voie de chemin de fer du côté d'Orléans, crée une formidable impulsion pour écrire. Comme… imaginer quelle aurait pu être la vie d'un de ces ouvriers qui participa à ce grand chantier abandonné. Disons… Gino ?

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Olivier Adam : fragments d’un trio

« C’est au retour, dans la voiture, que nous avons commencé à nous raconter notre propre histoire. Ça te paraissait le bon moment pour tout récapituler, et nous dire ce que nous n’avions jamais réussi à nous dire jusqu’alors. Le bon moment aussi pour nous rappeler ensemble ce que nous avions partagé. » 

 

09/07/2025, 09:00

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Algérie-France : mémoire, colère et tentative de dialogue

Printemps 2024, soixante-dix ans après les événements de 1954. Dans une rue en pente d’une ville méditerranéenne, baignée de lumière écrasante, la mer attend au bout. Deux figures s’en approchent, portées par un face-à-face inévitable.

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Plongée dans le labyrinthe oublié de Jérusalem

Suivre les pas de Wasif Jawhariyyeh, musicien arabe né à Jérusalem au début du XXᵉ siècle, c’est accepter de se perdre dans les méandres d’une ville fascinante. Et à Jérusalem, se perdre est un art en soi. Labyrinthique, écrasée sous le poids de son histoire et des montagnes de livres qui prétendent la déchiffrer, la cité demeure insaisissable. Tant de fois racontée, elle nous échappe encore.

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Les séminaires d'entreprise : un levier pour la transmission des savoirs culturels

Alors que le télétravail se développe très fortement depuis la Pandémie, de nombreuses entreprises mettent l'accent sur de nouvelles formes de séminaires pour arriver à fédérer leurs équipes sur des projets innovants. Il devient en effet primordial de réunir l'ensemble des collaborateurs sur des temps forts alors même que les salariés sont amenés à travailler dans des lieux très éloignés les uns des autres.

08/07/2025, 16:51

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Un bar, une canicule, huit morts annoncés

Un très court roman noir, le récit d'une fusillade. Une douzaine de personnages dans un bar écrasé de chaleur. Il y aura huit tirs, une quinzaine de balles et très peu de survivants.

08/07/2025, 11:32

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Quand la mort fauche, elle prévient rarement

Zoé est morte en juillet. Rien n’avait préparé ceux qui l’entouraient à la voir disparaître. L’accompagner dans sa dérive relevait autant du dévouement que de l’ensorcellement : on s’y laissait emporter, sans jamais en revenir tout à fait. Une question reste suspendue : que laisse-t-on derrière soi, quant tout s’arrête ? 

08/07/2025, 09:00

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Paul Cezanne : vérité du geste ou art de la mauvaise graine ?

Dans un récit à la frontière du roman et de la biographie rêvée, Marina Seretti imagine un Cezanne vif, mélancolique, tenace, et parfois cruel. Mais sous les élégances littéraires affleure une œuvre en quête d’un rythme juste, d’une profondeur géologique autant qu’humaine.

08/07/2025, 08:47

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Depuis l'Indochine, le bleu est une mémoire chaude

Dans Nancy-Saïgon, Adrien Genoudet exhume les fantômes de l’Histoire et ceux de la famille. Une écriture somptueuse traverse le temps et les silences, mais peine à dissimuler l’exercice de style.

08/07/2025, 08:39

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Les secrets d’enfance laissent des traces pour la vie

Vive est une enfant dont le monde se construit entre les arbres du jardin familial, les fragrances lointaines que son père, parfumeur, rapporte de ses voyages, et les mots qu’elle collectionne dans son carnet pour mieux apprivoiser ce qui l’entoure. Pourtant, derrière cette douceur se dissimulent des blessures profondes, longues à cicatriser…

08/07/2025, 08:00

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Dans ce deuxième roman, Clément Camar-Mercier prolonge son exploration d’une époque désenchantée en dressant le portrait d’un prodige de l’informatique, parti chercher le sens au fond d’un monastère.

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Croyez-vous aux coïncidences ? Nous pensons découvrir dans une succession de situations qui s’enchaînent une forme d’exceptionnel alors que si nous écoutions notre intuition, nous trouverions ces successions logiques et naturelles. L’intuition est un langage invisible, une « petite voix » qui nous informe spontanément et sans analyse d’une action en cours ou à venir dans laquelle nous serions impliqués.

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Chez nous, de Phillip B. Williams, ressuscite l’Amérique oubliée

Avec Chez nous (trad. Charles Recoursé), l’écrivain américain Phillip B. Williams livre un premier roman puissant et singulier, qui paraîtra en traduction française aux éditions Robert Laffont le 22 août 2025. Ce texte, salué aux États-Unis dès sa parution en 2024, entremêle réalisme historique, légendes et récit contemporain pour donner vie à Ours, un village afro-américain fondé au XIXᵉ siècle et effacé des cartes par la magie.

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Loin du mythe, Christian Duverger prête à Hernán Cortés une voix intime, façonnée d’orgueil, de nostalgie et d’autojustifications. Une plongée littéraire dans l’esprit du conquistador, entre grandeur, mauvaise foi et aveux partiels.

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Des sœurs insaisissables et un mystère qui traverse les continents

Tout ce que vous chérissez finit par vous échapper. C’est le fardeau qui semble poursuivre les sœurs Mikkola, et peut-être Jonas lui-même, qui passera trente ans à tenter de lever le voile sur leur disparition. Stockholm, 1991.

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