Occasion, numérique, décrochage... Quel est l'état de la lecture en France ?
Le Centre national du livre (CNL) a publié la nouvelle édition de son Baromètre « Les Français et la lecture », réalisé par l'institut Ipsos. Il en ressort un attachement renouvelé au livre, mais aussi les signes d'un décrochage vis-à-vis de la lecture. Une tendance qui semble plus marquée au sein de la génération 15-24 ans. Retour sur quelques chiffres extraits de cette étude.
Le 12/04/2023 à 16:25 par Antoine Oury
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Publié le :
12/04/2023 à 16:25
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Avec 86 % de Français qui se déclarent lecteurs, le niveau prépandémique de 2019 est presque retrouvé, d'après le baromètre « Les Français et la lecture » Ipsos / CNL et présenté ce mercredi 12 avril.
La tendance à la baisse de la pratique de la lecture se confirme cependant, avec une forte concurrence des écrans au quotidien. Les données réunies au sein du baromètre abordent la lecture depuis plusieurs perspectives, avec divers renseignements à la clé.
La lecture numérique en forte croissance
Vue comme un pan de l'industrie en stagnation, voire comme une pratique marginale, la lecture numérique semble avoir gagné en ampleur, peut-être « grâce » à la période pandémique. En 2023, 29 % des Français ont lu au moins un livre numérique sur les 12 derniers mois, contre 23 % en 2021 et 19 % en 2015.
Chez les 15-24 ans, ils sont 52 % à avoir « ouvert » au minimum un ebook en un an, soit 15 points de plus qu'en 2021... D'ailleurs, le nombre moyen de livres lus est assez élevé, à 12 titres. Notons que 60 % des lecteurs de livres imprimés sont exclusivement tournés vers ce format, contre 3 % des lecteurs de livres numériques qui ne lisent que sur écran.
Le livre pratique domine
Une domination écrasante : pour presque toutes les catégories d'âges, le livre pratique, art de vivre et loisir est le genre le plus lu. Seuls les 65 ans et plus le placent en troisième position, mais de peu.
Les albums de bande dessinée réalisent toutefois une percée qui n'étonnera pas : ils ne sont lus par 48 % des lecteurs français, soit une croissance de 14 points par rapport à 2021. Les BD sont plébiscitées par les 35-49 ans (55 % en sont lecteurs), mais les hausses sont notables auprès de tous les âges.
L'effet pour le manga (lu par 23 % des lecteurs) est sensible aussi, mais pour les moins de 64 ans uniquement. Il est inversement proportionnel à l'âge : plus la catégorie est jeune, plus la hausse de la lecture de mangas, par rapport à 2021, est importante.
L'occasion fait le lecteur
Reliée à la fermeture temporaire des librairies, mais aussi à l'inflation ou aux pratiques écologiques, la hausse des ventes de livres d'occasion se ressent dans les habitudes des lecteurs français. Ils sont 40 % à en avoir acheté sur les 12 derniers mois, une croissance de 6 points par rapport à 2021 et de 14 points face à 2015.
La mise en place d'un tarif minimum de livraison des livres neufs pourrait avoir un effet encore plus incitatif à se tourner vers ce marché d'occasion. L'édition évalue par ailleurs ce dernier, par une étude réalisée par la Sofia et le ministère de la Culture, avec, en vue, la possibilité d'un partage des revenus avec les auteurs... et les éditeurs.
Proximités physique et numérique
23 % des lecteurs français ne se procurent pas leurs livres en librairie, mais ces dernières restent le principal lieu d'achat en France, dépassant d'une courte tête les grandes surfaces culturelles. Si les lecteurs ne se tournent pas vers les librairies, c'est majoritairement parce qu'ils n'en ont pas à proximité (56 %, + 16 points par rapport à 2021).
La croyance selon laquelle les prix des livres sont plus élevés dans les librairies a la peau dure : elle reste citée en troisième position des raisons qui ne font pas aller dans ces commerces (33 % des lecteurs)...
Côté incitation à l'achat, les recommandations d'un proche, l'envie de lire un auteur déjà apprécié ou une critique dans la presse ou à la radio font encore leur petit effet, pour une majorité de lecteurs. Contrairement à ce que pourrait laisser penser une certaine tendance, la recommandation d'un influenceur sur les réseaux sociaux (YouTube, TikTok, Instagram, Facebook...) n'est suivie que par 19 % des lecteurs français pour leurs achats.
Un décrochage des jeunes ?
La génération des 15-24 ans aurait-elle un problème avec la lecture ? Le baromètre d'Ipsos et du CNL semble en effet relever un décrochage des plus jeunes avec la pratique.
En 2023, 80 % des 15-24 se déclarent lecteurs, le taux le plus faible parmi les catégories d'âges (82 % pour les 35-49 ans), et surtout une absence d'évolution par rapport à 2021. Cela dit, les 15-24 sont aussi ceux qui lisent le plus de livres, avec 29 titres en moyenne par an. Et on trouve aussi au sein de cette tranche d'âge 73 % de lecteurs qui terminent entre 5 et 20 ouvrages par an, une proportion dépassée seulement par les plus de 65 ans.
En moyenne, les 15-24 ans consacrent 41 minutes par jour à la lecture, ce qui est plus que les 25-34 ans (36 minutes) et les 35-49 ans (28 minutes). Difficile de directement relier le temps de lecture à celui passé devant les écrans : les 35-49 ans, qui réservent le moins de temps quotidien à la lecture, passent aussi relativement peu de temps face aux écrans (2h52) par rapport aux 15-24 ans (4h09)...
Si le décrochage existe, il est donc à relativiser : il ne se limite en tout cas pas qu'à la catégorie 15-24 ans.
Le baromètre complet est accessible ci-dessous.
Photographie : illustration, Maryse Algoet, CC BY-ND 2.0
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8 Commentaires
Henri Mojon
12/04/2023 à 18:31
Cette étude est bonne pour le moral des éditeurs qui souffrent depuis 3 mois de la crise sociale. Quand les libraires travaillent moins c'est la double peine pour nous car ils ont le temps de faire les retours donc non seulement les éditeurs vendent moins de livres mais en plus ils perdent de la trésorerie.
A propos de la lecture des moins de 15 ans, ce serait bien qu'Augustin Trappenard arrête de faire leur faire croire que les livres sont sur Tik Tok. On a beau être une présentateur du service public difficile de résister aux gros chèques, un manque de culture peut-être?
jujube
13/04/2023 à 21:08
@Henri Mojon
Excusez-moi de considérer que vous patinez dans la choucroute et même errez à côté de la planque -bien loin d'elle- lorsque vous "appréciez" Monsieur Augustin Trapenard.
Vous vous trompez sur tout, à commencer par cette erreur de redoubler le "p" de son patronyme comme si cette personne avait besoin de béquilles pour tenir debout. De plus, vous semblez douter de sa formation professionnelle comme périodiste littéraire et risquez même "un manque de culture peut-être?" (sic) accompagné d'une supposée irrésistance "aux gros chèques" (sic).
Conclusion: c'est n'importe quoi!
Si vous avez un peu de temps libre, pour corriger votre actuelle ignorance, pourquoi n'aborderiez-vous pas un de ces si nombreux navigateurs qui vous mènerait à plus d'information correcte à propos de l'homme qu'inutilement vous dénigrez?
Henri Mojon
14/04/2023 à 00:17
Désolé pour les fautes de frappe. Je ne comprends pas bien votre propos mais j'ai suivi votre conseil et Augustin Trapenard a fait l'ENS Lyon et est agrégé d'anglais, pour un fils de bonne famille ayant vécu en Angleterre, rien d'impressionnant. Il fait une belle carrière et je ne conteste pas du tout son talent d'animateur. Ce qui me révolte est qu'il fasse de la publicité pour Tik Tok dans une vaste campagne de CultureWashing pour essayer de justifier l'addiction de nos enfants qui justement les éloigne de la culture et de la lecture.
J'ai 3 enfants et je sais de quoi je parle. Tik Tok les abrutit et il est difficile pour les parents de lutter alors quand je voie cette publicité pour Book Tok cela me rend furieux.
A tous les parents, je n'ai qu'un seul conseil, faîtes de la visite en librairie une sortie dès le plus jeune âge. J'habite à Paris mais il m'arrive d'aller en week end et ma jeune fille me demande alors on pourra aller chez Cultura et Action.
La culture est ce qui permet à l'homme de s'éloigner de ses faiblesses. Alors oui quand je vois le présentateur de la seule émission littéraire à la télévision, de surcroit du service public, faire la publicité pour Tik Tok, je vois une énorme contradiction dont la seule explication possible est la cupidité, une faiblesse humaine à laquelle il a cédé, d'où la question sur son manque de culture. J'espère que mon propos est plus clair pour vous. Cordialement
Sarah
19/04/2023 à 11:07
Totalement d'accord avec vous ... Impossible de passer à coté Tik Tok, même en étant un parent très vigilant ... Ne parlons pas de Book Tok : tout le monde peut présenter des livres et en dire n'importe quoi ... Bref, où va la culture littéraire et l'amour du livre ??
Pour faire aimer le livre, il faut le sortir du sérail élitiste de l'édition
Un livre est un voyage, pas une contrainte !!
FredEx
12/04/2023 à 20:09
Toute cette avalanche de chiffres et de graphiques pour dissimuler quoi ? C'est foutu, mais tant que ça tient, on s'empiffre !
koinsky
13/04/2023 à 08:25
Je plussoie à cette évidence : Qu'est-ce que cherche à masquer cette avalanche de trop bonnes nouvelles pour être vraies...
Rieg Davan
13/04/2023 à 04:30
19% usent des "influenceurs" (vous êtes aussi des influenceurs ???), je m'en sers beaucoup (pour "Abara" ou "Le Clan des Poe" dernièrement ou "Du mouvement de la Terre" grâce à Lucie Ancion / je cherche des avis Japonais sur "Yokai Wars" chez Mana Books en ce moment) c'est difficile de savoir si un titre peut valoir le coup sans aucun renseignement.
un peu plus difficile pour les Global Mangas.
koinsky
13/04/2023 à 08:21
Je sais pas où ils vont trouver ces chiffres (86 % de Français qui se déclarent lecteurs), mais moi je constate que 80 à 90% des gens que je croise (dans le métro, au travail, dans mes loisirs...) ne lisent pas ou seulement les journaux gratuits du matin. Donc faut peut-être arrêter de nous enfumer avec cette propagande récurrente du CNL qui s'apparente à du déni ou à du mensonge. Si on écoute le CNL, tout va bien. Non, le livre va mal, en particulier le roman. Pourquoi ? Parce que les romans racontent des histoires et que les gens n'en n'ont plus rien à foutre des histoires, ils veulent autre chose. La fiction est épuisée.