La Turquie refuse de libérer l'éditeur Osman Kavala, malgré les menaces de sanctions
La triste saga continue pour l'éditeur, mécène et philanthrope Osman Kavala, emprisonné en Turquie depuis le mois d’octobre 2017. Le Conseil des ministres de l’Union européenne avait réclamé une libération pour le 2 février prochain. Cette dernière n’aura pas lieu.
La justice turque a choisi de maintenir Osman Kavala en détention, et ce, malgré les risques encourus et les menaces de sanction évoquées par le Conseil de l’Europe. Ce dernier avait entamé, le 2 décembre dernier, une procédure judiciaire d’infraction à l’encontre de la Turquie.
La décision a été prise dans l’après-midi du 17 janvier par « une des chambres de la haute cour criminelle du tribunal d’Istanbul », d’après RFI. Kavala restera en prison. La sentence tombe alors que l’homme d’affaires n’a reçu aucune condamnation et avait également été acquitté en février 2020, il y a bientôt deux ans.
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Les principaux chefs d’accusation pesant sur le mécène sont une potentielle participation à l'organisation des manifestations du Parc Gezi en 2013 ainsi qu’une participation au coup d’État manqué de 2016. Depuis, Osman Kavala ne cesse de voir son procès rouvert par les autorités. Il est connu, en Turquie, pour son engagement en faveur d’un rapprochement avec les minorités, et la reconnaissance des génocides commis par le pays.
Fondateur de la maison d'édition Iletisim, une des plus importantes du pays, Kavala serait soupçonné de connivence avec le Parti des travailleurs du Kurdistan, interdit en Turquie et considéré comme terroriste par le gouvernement d'Erdogan. Les liens avec le PKK sont un prétexte utilisé depuis plusieurs années par le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan pour arrêter ses opposants ou ceux qu’il soupçonne de l’être.
En 2019, la Cour européenne des droits de l’homme avait pourtant statué en faveur de la libération immédiate de Kavala, soutenant que sa détention était « dans le but inavoué de le réduire au silence ». En octobre dernier, le président Erdogan avait menacé d’exclusion les ambassadeurs de 10 pays ayant réclamé la libération d'Osman Kavala.
Depuis la tentative de coup d’État contre le pouvoir en place en juillet 2016, auteurs et éditeurs sont au cœur de nombreuses polémiques judiciaires.
On peut rappeler qu'en décembre dernier, l’intervention du ministre de la Justice lors du procès du romancier et Prix Nobel de littérature Orhan Pamuk a permis à ce dernier d'échapper de peu à une condamnation, suite à la publication de son dernier roman Veba Geceleri, par l'éditeur Yapi Kredi. Certains lecteurs y avaient lu une critique de la figure nationale Kemal Atatürk...
crédit : Janbazian CC BY-SA 4.0
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