Deux mois à peine après la prise de fonction de Lise Boëll à la tête des éditions Plon, c’est un autre fracas qui résonne chez Editis. Selon nos informations, le directeur général adjoint de la maison, Mickaël Palvin serait mis à pied. Estelle Cerutti, également directrice générale adjointe et Lise Boëll sont pour le moment tenues à l’écart de la maison, en attendant une enquête diligentée par le groupe.
Le 09/12/2021 à 23:29 par Nicolas Gary
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09/12/2021 à 23:29
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Lise Boëll avait quitté Albin Michel au coeur de la tempête Zemmour, suite au refus de l’éditeur de publier un ouvrage qualifié de manifeste de campagne. Si le polémiste a fini par déclarer sa flamme présidentielle, le conflit fut explosif dans le Landerneau, au cœur de l’été.
Secret de polichinelle, l’arrivée des trois transferts, venus de chez Albin Michel, n’avait pas été vue d’un bon œil. Prenant leurs marques depuis le 11 octobre, les deux DGA et la DG se heurtaient à quelques résistances. Avec la préparation de la rentrée d’hiver, le travail ne manquait pas, et le télétravail n’a pas toujours simplifié les relations.
Écartée de la direction qu'elle occupait, Céline Thoulouze – pressentie désormais chez Nil – avait été nommée mi-octobre 2020. Moins d'une année plus tard, la voici “rétrogradée” un poste de directrice générale adjointe, chargée de la fiction.
Au cours de ses fonctions à la rue Huygens, relate un article de Médiapart — près de cinq années — le directeur marketing venu de Publicis aurait été mis en cause pour un comportement relevant du harcèlement moral, ainsi que le note un procès-verbal de CSE. Lors d’une réunion extraordinaire du 12 janvier 2021, est évoquée une enquête interne, ayant « révélé que les faits dénoncés par la salariée sont avérés, et elle a permis de mettre en lumière également des faits de harcèlement subis par d’autres salariés de ce service ».
La direction d’Albin assure avoir pris les mesures nécessaires et poussé donc Mickaël Palvin vers la sortie. De fait, plusieurs témoins rapportent qu’au sein de la maison, les tensions furent nombreuses et les prises de positions tranchées.
Mais de nombreux témoignages, n’ayant à notre connaissance pas abouti à des plaintes pénales, font état de harcèlement au travail. « Dans l’édition, on fait travailler les gens contre leur gré. Alors une personne qui attend des résultats, cela fait tache », nuance un auteur. Pour autant, la direction d'Albin, en l'occurrence Gilles Haéri, invoquera une « faute grave » pour se séparer de son collaborateur.
Et plusieurs femmes font état de « colères injustifiées, imprévisibles et violentes », ou de « remarques dévalorisantes et des reproches de manière répétée ». Et même des « humiliations en public ». D’autres font également part de messages « explicites », des textos envoyés qui relevaient, d’après la direction de « manquements en termes de management ». Une ancienne stagiaire parle aussi, à demi-mots, d’avances : « Si ce n’était pas mon boss, je me laisserais draguer avec plaisir. Mais là c’est la merde », indique-t-elle.
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Toutefois, « aucun fait de harcèlement sexuel concernant [les salariés] » n’a été rapporté précise la rue Huygens. Pas plus que de propos sexistes ni de comportements déplacés.
Ces remontées, que l’intéressé a toujours contestées, auraient été évoquées avant l’embauche chez Plon. Auprès de Médiapart, Editis affirme avoir été informé — un comité avait d’ailleurs interpellé la direction. « Quand nous avons été informés de bruits le concernant, nous avons interrogé Mickael Palvin, qui a affirmé que ces rumeurs n’étaient étayées par aucune procédure chez Albin Michel. Lise Boëll s’est portée garante du bon comportement passé de son adjoint », assure un porte-parole. Arrivée avec des collaborateurs, l'éditrice aura, comme chacun, installé son équipe – alors même que Mickaël Palvin envisageait la création d'une agence littéraire.
L’éditrice n’a pas retourné les demandes de précisions, alors qu’elle était en poste chez Albin avant le directeur marketing. « Afin de clarifier la situation présente, nous avons décidé de convoquer Mickaël Palvin pour recueillir ses explications sans attendre », ajoute Editis. Sans avoir pris attache avec Albin, Editis aurait accepté les explications données : rien à déclarer. « Des élus avaient mis en garde, notamment les référents harcèlement, pointant que cette embauche n’était pas la plus avisée », nous rapporte un témoin.
Une séance du 8 octobre, du comité Editis, avait en effet évoqué cette arrivée : la direction y soulignait toute la vigilance qu’elle accordait à ces questions de harcèlement au travail, suite aux multiples interventions de salariés. Des délégués d’Albin Michel avaient d’ailleurs alerté des représentants du personnel d’Editis — qui craignaient que les rumeurs ne se retrouvent dans Médiapart.
Deux mois plus tard, le couperet tombe. « Chacun a droit à une seconde chance, mais le mensonge en plus, cela ne passait pas », assure un observateur à ActuaLitté. Conclusion, le groupe décide d'agir.
Ainsi, selon nos informations, l'ensemble de direction de Plon se trouve en attente de la convocation à entretien préalable, classique dans ces cas de figure. Il semblerait toutefois que le DGA ait déjà écopé d’une mise à pied avec effet immédiat. Un départ corrélé aux événements qui auraient provoqué son départ des éditions Albin Michel et que, hasard des calendriers, Mediapart relate dans son enquête.
De fait, les sollicitations de la journaliste de Médiapart, Ellen Salvi, auront amplement participé à dévoiler le pot-aux-roses, mettant la puce à l'oreille de la direction du groupe. « Editis ne fait pas de commentaires », nous indique-t-on. Nous ne sommes pour le moment pas parvenus à joindre les personnes concernées. Lesquelles devront désormais démontrer qu'elles ignoraient l'enquête interne d'Albin Michel qui avait ciblé leur collaborateur.
Le groupe Editis vient de diffuser un communiqué de presse, ici reproduit dans son intégralité : « Suite à notre entretien avec Mickaël Palvin, directeur général adjoint des Editions Plon depuis le 11 octobre 2021, et compte tenu des informations communiquées, nous avons pris immédiatement les mesures qui nous paraissaient nécessaires.
Le Groupe Editis met au cœur de ses préoccupations la santé, la sécurité et le bien-être de ses collaborateurs et attend de tous les collaborateurs d’Editis une attitude exemplaire. Le groupe entend être intransigeant face à tout manquement. »
La Ligue des auteurs professionnels a rebondi sur l'actualité et dégaine un communiqué pour rappeler quelques évidences :
Plus de 7 mois après la sortie de l’enquête #MeToo: le patron d’une maison d’édition mis en cause parue dans Médiapart, le média d’information publie une nouvelle enquête dans laquelle, des femmes dénoncent des situations de violences psychologiques.
On y lit que l’actuel directeur de la maison d’édition Plon a été licencié pour faute grave, lorsqu’il était salarié chez Albin Michel, après avoir fait l’objet d’une enquête interne pour harcèlement moral.
La Ligue des auteurs professionnels souhaite apporter son soutien aux salariées et stagiaires qui ont eu le courage de s’exprimer pour briser enfin l’omerta sur ces dérives comportementales intolérables.
Cette nouvelle enquête étayée montre une nouvelle fois à quel point l’écosystème du livre est aussi frappé par un ensemble de problématiques psychosociales.
Il y a sept mois, nous avions appelé les pouvoirs publics à prendre de véritables mesures pour l’égalité femmes/homme et contre les violences sexistes et sexuelles dans les industries culturelles, et en particulier dans le secteur du livre
Si l’on note une prise de conscience de l’ensemble de la chaîne du livre concernant ces questions cruciales extrêmement graves qui touchent le milieu de l’édition, il y a urgence à agir rapidement et de façon concrète.
Nous souhaitons la mise en place de réels plans de lutte contre toutes les situations de violences (y compris sexistes et sexuelles) et contre les cas de harcèlements. Il faut repérer ces facteurs de risques psychosociaux et faire front commun pour en neutraliser les effets.
C’est dans ce but que la Ligue travaille avec d’autres organisations et partenaires institutionnels de la chaîne du livre. Elle encourage toutes les victimes et témoins à parler, se confier pour briser l’omerta en place. La Ligue pourra accueillir cette parole en toute discrétion et rediriger vers les meilleures compétences pour qu’un accompagnement psychologique et juridique soit mis en place sans délai.
De son côté, Le Monde souligne que le départ de Mickaël Palvin fragiliserait la directrice de Plon, Lise Boëll. Cette dernière assure une nouvelle fois n’avoir eu aucune connaissance des causes du départ d’Albin Michel de son collaborateur. La directrice générale du groupe Editis, Michèle Benbunan, dément pour sa part que l'arrivée de Lise Boëll découlerait d'une décision prise par Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi et président du conseil d'administration d'Editis.
crédits photo ActuaLitté, CC BY SA 2.0 - siège social d'Editis
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
19 Commentaires
Observateur
09/12/2021 à 23:38
Voilà ce qui se passe dans les groupes, quand les grands patrons imposent des collaborateurs...
Davidoux
10/12/2021 à 00:18
La bienveillance des encadrants et la sécurité des salariés semblent encore une fois absente du quotidien de ces maisons. Et c'est surprenant car on ne peut plus dire que le harcellement, moral ou sexuel, soit encore méconnu, ni ses ravages sur le moral des partenaires. Certaines maisons, à taille humaine, pratiquent un réèl travail d'encadrement positif, j'en connais plusieurs. Ce qui est navrant, c'est que c'est souvent les agissements de quelques uns qui finissent plomber une belle synergie. Quand le ver est dans la pomme...
L'écœuré
10/12/2021 à 07:56
C' est très navrant et très décevant de s'apercevoir dans cet article que malgré des avertissements et alertes de certains salariés d'Albin et d'Editis auprès de Michèle Benbunan, la directrice du groupe, celle-ci décide quand même d'intégrer la bande à Zemour avec son lourd passé ! Elle est belle la volonté de vouloir protéger ses salariés quand on laisse rentrer un loup dans une bergerie en connaissance de cause ! Mais tout ça n'étonne qu'à moitié quand on voit les noms en tête d'affiche : Bolloré et Zemmour. Quelle sacrée saga dans ces gros groupes qui incarnent la littérature et la culture Française !!! Elle est belle la France, n'est-ce pas Monsieur Zemmour ??? J'espère que les Français à travers tout cela ne vont pas oublier avant de voter pour vous de quels personnages vous êtes entourés (à vomir 🤮) et Dire qu'on entend parler du rapprochement en même temps entre Hachette et Editis. C'est la nouvelle version Dallas 😂 😂 😂
Denis
11/12/2021 à 15:29
Bien joué, réussir à placer 3 fois le nom de Zemmour...
C'est vrai que la gauche est exempte de tout reproche de ce côté là, c'est bien connu...
Arthur Magnus
10/12/2021 à 08:59
Bonjour Anonyme. C'est étonnant, vous écrivez comme Nicolas Gary : d'une manière qui me paraît parfois confuse...
"Au cours de ses fonctions à la rue Huygens (...), le directeur marketing venu de Publicis" : j'imagine que ce directeur marketing venu de Publicis est le Mickaël Palvin nommé dans le chapô mais jamais depuis ? (en ce qui me concerne, mais vous me direz peut-être que ce n'est pas une pratique journalistique habituelle, je considère que l'article doit pouvoir se lire/comprendre sans le chapô.)
"« Dans l’édition, on fait travailler les gens contre leur gré. Alors une personne qui attend des résultats, cela fait tache », nuance un auteur. " : je n'ai pas compris ce que l'auteur voulait dire par là. Je fréquente le milieu de l'édition depuis un bail (et même quelques baux), pourtant. Mais j'ai aussi fréquenté (de l'intérieur) d'autres milieux professionnels, je ne vois pas de spécificité de l'édition à ce niveau... Seriez-vous en mesure de m'éclairer ?
"Écartée de la direction (...) Céline Thoulouze (...) écartée de la direction, pour un poste de directrice générale adjointe, chargée de la fiction." Puisque vous écrivez deux fois en deux phrases qu'elle est écartée de la direction, j'en conclus qu'à vos yeux, un poste de DGA ne fait pas partie de la direction ?
À moins que je vous ai mal compris, mais dans ce cas, quand vous écrivez " l'ensemble de direction de Plon se trouve en attente de la convocation à entretien préalable", cela inclut logiquement Céline Thoulouze, non ?
Je conclus en vous remerciant pour cet article, Anonyme. Malgré ses quelques défauts énervants, ActuaLitté reste une des seules (l'unique ?) source d'informations gratuite sur le milieu de l'édition.
Nicolas Gary - ActuaLitté
10/12/2021 à 09:25
Bonjour Arthur
Démasqué. J'ai oublié de valider la signature du papier, j'invoque l'heure avancée.
Entre Directrice et Direction générale adjointe, il se trouve bien une nuance, de taille, assez simple à suivre.
Pour le reste, je vais voir comment éclairer votre lanterne.
Denis
11/12/2021 à 15:32
Il a raison. C'est particulièrement mal écrit pour un site dédié au livre...
Dsc FO Editis
10/12/2021 à 09:01
Michèle Benbunan, pour commencer à la connaître lors de nos échanges, je sais que si il y avait eu la moindre plainte avérée sur monsieur Palvin, elle n'aurait jamais laissé rentrer chez nous monsieur Palvin.
A cet instant, elle met tout en œuvre pour éclaircir la situation avec ses collaborateurs, elle ne laissera pas un loup comme il est dit dans le commentaire précédent dans la bergerie.
Ismaël
10/12/2021 à 10:09
Selon Mediapart donc, Mickael Plavin est licencié de chez Albin Michel pour faute grave et mis en cause pour harcèlement moral (caractérisé visiblement, ce qui explique le motif de faute grave retenu, un motif très très rarement mis en avant dans le secteur). Dans le petit monde de l'édition, tout le monde est forcément au courant, et a fortiori la direction d'Editis (ce genre d'information circule très très vite de maison en maison...!), mais comme si ce n'était pas suffisant, Editis avoue avoir été informé de la situation bien avant de finaliser l'embauche de ce monsieur. Et pour autant... , il suffit qu'il affirme, lui, tout simplement, que tout ça ce sont des conneries, ce qui sans doute sous-entend un complot contre sa personne ? (sans quoi pourquoi autant de salariées témoigneraient contre lui ? On doit lui en vouloir, pour une raison ou une autre, c'est évident n'est-ce pas ?), et la direction d'Editis gobe gentiment son discours, ne vérifie même pas ses dires auprès d'Albin Michel, vraiment ? Sa parole est d'or donc, et celle des salarié(e)s et des représentants du personnel ne vaut rien (on ne parle pas d'une victime ici, mais de plusieurs qui tiennent le même discours) ? Il est donc embauché contre vents et marées, youpi ! Lise Boëll sa patronne s'est portée garante... c'est bien suffisant, n'est-ce pas ?
On marche sur la tête là, ou bien ?
En fait non... Ce cas en rappelle pas mal d'autres dans l'édition, qui ont fait moins de vagues dans le passé parce que... la presse n'en a pas fait écho à l'époque, ou seulement dans le cadre professionnel, et encore à demi mots. Rien de très neuf sous le soleil du petit milieu éditorial parisien (puisqu'il s'agit, dans chaque cas de figure, d'agissements au sein de grands groupes siégeant tous à Paris). Ces cas des harcèlements sont traités en interne par les RH, voire les directions générales. Dans un premier temps, on remet en cause la parole des victimes, on minimise les faits avérés, et on tente d'écarter gentiment ceux et celles qui posent problème en osant ouvrir leur bouche. Si ce n'est pas suffisant, on appuie un peu plus fort sur la tête, et bien souvent cela se termine en arrêt maladie, avec l'espoir pour la direction que cet arrêt débouche sur une démission (ce que d'ailleurs on leur indique « pour leur bien » évidemment). Si cela n'est toujours pas suffisant, si même il y a le moindre risque que les agissements de harcèlement puissent se retrouver dans la presse, alors on convoque le ou les victimes, et on négocie leur départ à coups de ruptures conventionnelles, agrémentées, ou non, de quelques indemnités (tout dépend de l'ancienneté... sic...). Voilà pour le processus classique qui permet, dans 80% des cas, de maintenir en place le ou la responsable incriminé(e), sans jamais le ou la remettre en cause. Parfois le service RH se dédouane gentiment en proposant à ce ou cette manager une « formation de gestion au management des équipes »..., jolie formule pour signifier à ce cadre que non, là vraiment il est allé un peu trop loin, et que ce serait bien quand même qu'il apprenne à cesser de crier sur les gens, hein ? Ou de sans cesse les dévaloriser, les rabaisser, les humilier, etc. Parce que bon, certes, ce ou cette manager fait partie du même monde que sa direction, mais en ces temps troublés où on commence à ne plus avoir le droit de faire n'importe quoi avec les petites mains sous leurs ordres, il faut montrer qu'on fait des efforts, n'est-ce pas... qu'on se forme à être un peu à l'écoute de ses équipes, juste un peu quoi... non ? Si enfin, tout cela ne suffit pas et que les mêmes agissements se poursuivent (et souvent cela dure pendant des années, avec des dégâts sur les équipes d'autant plus lourds, et un turn-over quasi permanent de gens qui craquent et sont remplacés tous les six mois/un an), alors, alors... bon, en désespoir de cause on trouve un moyen pour se débarrasser de le ou la cadre problématique, mais attention, avec doigté hein ?, on organise un transfert par exemple, d'une maison à une autre au sein d'un même groupe, ou bien on signale que tel poste est à prendre dans tel endroit et que, bien sûr, on fera une belle recommandation pour aider à rebondir ailleurs... ce qui signifie souvent refiler la patate chaude à une autre maison d'édition, qui peut avoir des doutes, mais qui embauche quand même et qui, dans les mois qui suivent, se retrouve avec les mêmes problèmes de harcèlement à gérer. Et cela peut durer comme cela pendant des années ! Bref, le cas Plavin n'a rien d'exceptionnel au demeurant, il le devient, exceptionnel, sur deux points majeurs : avoir été viré pour faute grave d'une part (une marque d'infamie qui, en général, ferme les portes d'un nouveau job dans le même secteur, mais pas ici, ce qui est le plus surprenant de l'affaire), et d'autre part que des fuites dans la presse généraliste (ici Médiapart, mais cela aurait pu être Le Canard) se soient produites, ce qui sous-entend que la situation est assez grave pour que des représentants du personnel et des victimes osent briser l'omerta habituelle du monde de l'édition. Et si Benbunan, et sa direction RH, ont validé cette embauche sans être informées c'est que... désolé pour elles, mais elles ont très mal fait leur job (normalement elles se doivent, à des recrutements importants de ce type, de connaître les parcours des futurs entrants dans l'entreprise).
Ed
10/12/2021 à 12:44
Entendu : la direction est alertée, assure qu'elle se montrera vigilante.
Comme l'indique Ismaël, ces hautes sphères savent très bien communiquer entre elles. Alors quid ?
Perso, à lire "Lise Boëll s’est portée garante du bon comportement passé de son adjoint", tirée de la déclaration officielle Editis à médiapart, je me dis qu'on largue les amarres et que le bateau, ivre, dégage au loin – le plus loin possible – avec à son bord les trois personnes mises en cause/concernées.
Marrant
11/12/2021 à 05:58
Si je comprends tous les commentaires, un gars débarqué pour faute grave ne pourra donc jamais retrouver de boulot (au moins de boulot dans sa branche).
J'avoue que cela me sidère... Vous n'avez jamais entendu parler de l'expérience, le truc qu'on acquiert APRÈS avoir commis des fautes et qui sert de boussole pour ne pas en refaire ?
En plus, là, la direction est au courant et pourra garder un œil sur le nouvel embauché...
On est vraiment proche de la cancel culture avec ce genre de commentaires...
Denis
11/12/2021 à 16:03
Oui. Surtout si son nom est associé indirectement à celui de Zemmour.
Affligeante cette époque.
Et je ne parle même pas de la pauvreté des détails concernant le "harcèlement".
Ismaël
11/12/2021 à 20:27
@Marrant : Vous n'avez sans doute pas bien lu, ni l'article, ni les commentaires, à moins que vous ne fassiez de graves confusions... Il n'est pas question ici de "faute grave" relative à des compétences professionnelles, mais à un comportement nocif. Il est "sidérant" pour reprendre votre expression, qu'un tel comportement, qui fait des victimes parmi les salariés, soit considéré par vous comme... "de l'expérience" ??? Sérieusement ? Quant à la direction qui pourra "garder un oeil" sur le manager... ce fut tellement efficace que quelques mois à peine après sa prise de fonction, les mêmes comportements provoquent les mêmes effets parmi les salariés... c'est dire combien c'est efficace ! Quant à la "cancel culture", je crains que là aussi vous ne fassiez une confusion, puisqu'il n'en est nullement question, où que ce soit dans cet article ni dans les commentaires... Il serait temps d'arrêter de mélanger tout.
@Denis : quant à la pauvreté des "détails" sur le harcèlement, lisez l'article de mediapart, chercher différentes sources, renseignez-vous sur les mécanismes du harcèlement professionnel... je suis sûr que vous trouverez plein de "détails" supplémentaires. Il suffit juste de faire l'effort de creuser un peu.
Marrant
14/12/2021 à 16:22
Vous n'avez pas compris : l'expérience lui servira à corriger son comportement déviant, si comportement déviant il y a.
C'est le principe de la peine en justice : une action condamnable se voit attribuer une peine, ensuite l'auteur est lavé de son action et peut à nouveau s'insérer dans la société.
Avec ce que l'on lit ici, on se rend compte :
- qu'il n'existe pas de système de justice
- corollaire : un suspect est forcément coupable
- un coupable est à mettre définitivement au banc de la société.
Bref, un monde qui fait drôlement peur... Sans doute le monde d'après.
DG CGT EDITIS VIVENDI
12/12/2021 à 11:52
- C'est pas faute d'avoir alerter le secrétaire général depuis plusieurs mois lors d'un entretien.
- Autre alerte lors du comité de groupe EDITIS en octobre dernier, avec une demande de charte des
élus ( réponse de la direction : on a pas besoin de charte pour garantir quoi que ce soit.
le principe d'un charte laisserait supposer qu'il y a un problème. Cela me gène)
Kujawski
16/12/2021 à 16:08
Pourquoi la critique des agissements prêtés à Palvin par ses accusatrices, ou de Boël, pour sa couverture apparemment bienveillante des agissements de Palvin, ou d'autres encore , devraient-elle être de droite ou de gauche ?
Certes, l'arrivée chez Editis de ces gens sulfureux s'est faite dans le prolongement de celle d'un ancien chroniqueur du "Figaro", et tout cela a un air soutenu d'entrisme idéologique - comme les trotskystes en ont eu le monopole pendant longtemps, dans la gauche et dans FO, comme le patron de Vivendi en devient un spécialiste dans l'édition et les médias.
Et certes, divine surprise, leur arrivée s'accompagne d'accusations pas banales, ni anodines, révélatrices d'une vision de l'entreprise comme une jungle livrée à la loi des plus forts, ou des plus névropathes. Ce qui les apparente à la droite, mais, c'est vrai, la droite n'en a pas le monopole.
Aussi, la droitisation d'Editis devenant un sujet sérieux depuis l'affaire Rubempré, l'essentiel, dans les affaires Pelvin/Boël, mais au-delà, est bien le caporalisme, l'autoritarisme, cette façon qu'ont des petites et petits chef(fe)s de pratiquer la soumission, le piétinement, l'écrasement dans l'entreprise, avec, souvent, la bénédiction des "Ressources humaines" (bonne blague, cette appellation) qui en font un outil pour l'émergence des "meilleur(e)s". Sous-entendu, des tueurs(euses).
L'essentiel, c'est que, à mesure qu'approche la menace de recul de l'âge de la retraite, la permanence de cette folie n'amènera dans les entreprises qu'explosion des arrêts de travail, des burn out et autres dépressions.
Une vision comme une autre du bonheur managérial...
Une éditrice en colère
17/12/2021 à 00:13
Ce que je trouve ahurissant, dans cette affaire, c’est que toute l’attention semble focalisée sur ce monsieur, Mickaël Palvin (que j’ai la chance de n’avoir jamais croisé). Il est pourtant resté très peu de temps chez Albin Michel et a été licencié pour faute grave, pour des faits de harcèlement. Bien.
Maintenant, quid d’une autre personne évoquée si brièvement dans cet article ? Pas un mot sur elle, tandis qu’elle a sévi pendant BEAUCOUP plus longtemps chez Albin Michel (15 ans ? 20 ans ?) et a de ce fait (logique purement mathématique) fait beaucoup plus de victimes que son actuel adjoint.
À l’inverse de lui, elle n’a jamais été inquiétée, malgré les départs successifs : démissions et licenciements abusifs, ruptures conventionnelles contre gros chèques pour museler les salariées et les dissuader d’aller aux Prud’hommes, voire au pénal, au moins pour l’une d’entre elles… D’après mes souvenirs, cette dernière aurait franchi la porte d’Albin Michel une dernière fois avec un chèque de 30.000 €...
Combien sont-elles, ces éditrices comme moi, et ces jeunes stagiaires, à avoir perdu confiance en elles, pleuré, craqué, perdu du poids, déprimé, pour finir par être poussées vers la sortie ?
Qu’il est difficile de donner sa démission lorsqu’on est éditrice en CDI dans une maison aussi prestigieuse… J’ai tenu 2 ans, l’un des records ! Ma collègue de l’époque n’a tenu qu’un an, elle a démissionné moins de 2 mois après mon arrivée. Une autre n’a pas réussi à aller au bout de son CDD, elle aura tenu quelques semaines avant de se mettre en arrêt maladie… pour ne jamais revenir. Elle était tellement tétanisée qu’elle a attendu que Madame X prenne un jour de congés pour se mettre en arrêt. Je me suis retrouvée seule avec la stagiaire qui avait un prénom tellement compliqué visiblement que Madame X n’a pas réussi à l’intégrer…
Bref, j’ai fini par m’en sortir, malgré les tentatives d’intimidation et de chantage du DRH de l’époque (un bon gros c****** aujourd’hui à la retraite !). Il m’a menacée de me licencier pour faute… sans aucune faute à me reprocher, et a fortiori aucune preuve de faute. « Oh mais vous savez, mademoiselle, les preuves, ça se fabrique ! »
…. !???
Avec l’aide d’un ami avocat, j’ai retrouvé l’énergie pour me battre et ai négocié 6 mois de salaire contre mon départ « sans grabuge », avant de m’accorder un an de break et de partir (seule) au Machu Picchu pour me retrouver… ou pour me sauver (?)
Alors oui, certainement que Mickaël Palvin n’est pas tout blanc, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle la direction d’Albin a pris les choses en main et l’a licencié pour faute grave.
Madame X, elle, n’a non seulement jamais été inquiétée, mais elle a gravi les échelons ! Dora l’exploratrice et des people tels que JP Foucault, Stéphane Bern, Éric Zemmour dans son carnet d’adresses… autant de « bonnes » raisons pour la couvrir, et même la bichonner ! Et tant pis pour les pleurs, les craquages, les dépressions, les démissions (et parfois les gros chèques qui vont avec)… Tant pis pour ces petites nanas par dizaines, souvent âgées de 20 à 35 ans, qui ont réalisé l’un de leurs plus grands rêves en entrant chez Albin Michel. Chut… ça serait dommage de faire partir la poule aux œufs d’or !!!
Et vive le Machu Picchu !
Aujourd’hui, qu’en est-il ? Mickaël Palvin, c’est vraiment un mec pas bien il paraît… Oh, vraiment !??
Bref, j’ai rêvé d’être embauchée chez Albin Michel, puis j’ai rêvé que Madame X paye pour tous ses méfaits et se fasse licenciée d’Albin… un jour, peut-être ? Ah non, c’est elle qui est partie parce que pas contente, bon.
Aujourd’hui, je rêve d’un article sur actualitte.com, Livres Hebdo (soyons fous !), Le Monde & Co. mettant en lumière tous ses agissements, des faits avérés de harcèlement moral que TOUT LE MONDE connaît, et ce depuis plus de 10 ans, mais continue de taire…
Une éditrice (très) en colère
#balancetatruie
kujawski
17/12/2021 à 10:26
Bravo, Madame l'éditrice en colère ! Si tout le monde prend, comme vous, son courage â deux mains, et la parole qui va avec, c'est toute une vision de l'entreprise, ce sont les royaumes des cheffaillons-tyrans, qui s'effondreront.
NomdeZeus
21/12/2021 à 16:35
Un torchon cet article. La politique interne de ce genre de groupe et les accointances de chacun c'est du niveau de Paris Match ou de Closer.
Cette feuille de chou part à vau-l'eau.