Comment est-il possible que ce livre ait échappé à ma vigilance ? A sa parution, en 1980, je n'avais pas encore 20 ans, mais je lisais déjà beaucoup. Sans doute a-t-il été signalé dans quelque journal et l'ai-je ignoré parce qu'à l'époque je ne lisais que des classiques, et qu'en plus ce Rire de Caïn était un roman d'un Belge obscur, un certain José-André Lacour. De la littérature belge, je ne connaissais que Simenon et Rodenbach, ce qui m'allait assez, et depuis je n'ai gère progressé, ajoutant simplement à ma liste Armel Job... Mais la Petite Vermillon (la Table ronde) m'a envoyé récemment ce "Rire de Caïn" réédité pour le centenaire de son auteur, et je l'ai lu... C'est admirable de bout en bout!
Le 26/01/2020 à 09:00 par Les ensablés
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26/01/2020 à 09:00
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Comme Jean Meckert, José-André Lacour a écrit peu de romans sous son nom, mais beaucoup sous des pseudonymes dans la collection Fleuve noir. Il est aussi l'auteur de pièces de théâtre dont l'une "L'année du bac" (avec Jean Desailly) eut un succès énorme. A noter encore qu'il est le coauteur, avec Clouzot, du scénario du film "L'enfer", que Chabrol mit finalement en scène. Pourtant, son nom, Lacour, n'évoque plus grand-chose. Il faut espérer que la publication courageuse de la Petite Vermillon (avec une préface de Jacques de Decker et une courte biographie très utile) relancera la renommée de cet auteur qui, on peut l'affirmer, par ce Rire de Caïn a écrit un véritable chef-d'oeuvre.
Oui, je sais, comme le dit Decker dans sa préface, ce mot est désormais galvaudé. A chaque rentrée, la presse, les blogs et la Grande Librairie de France 5 s'ébaubissent devant des petits textes courts, souvent autobiographiques, sans intérêt sinon celui de flatter le goût médiocre du public... Alors pourquoi ce Rire de Caïn qui n'a pas fini de me hanter est-il vraiment un chef-d'oeuvre?
C'est qu'il est un roman d'initiation, un roman historique, philosophique, picaresque, psychologique, et... drôle. Tout cela à la fois. A tout instant, le lecteur est dérangé, surpris, ému. Ce qui caractérise au fond le chef-d'oeuvre, c'est l'ampleur de ses effets, et le Rire de Caïn la possède.
On y reconnaît effectivement des influences. Céline assurément, par le ton caustique, désespéré, cruel, de certaines tirades, mais aussi Proust, et parfois Baudelaire, mais Lacour, en y mettant lui-même, sublime l'oeuvre pour en faire une création parfaitement originale.
Teddy van Dyke, né en 1919 dans une famille bourgeoise aisée, raconte sa vie. Elle s'ouvre par un événement fondateur. Ce n'est pas le refus du baiser maternel qui inaugure la Recherche, mais on n'en est pas très loin. Il est tout petit encore. Ce matin-là, il descend au salon du vaste chateau qu'il habite avec ses parents. Un matin d'hiver. Les vieux saules, les ormes, les peupliers sont de sévères vieillards blancs (...) les buissons figés dans une mort immaculés.
Et là, de l'escalier, il aperçoit pour la première fois son petit frère, Rocky, qui vient de naître. Le nourrisson pousse de grands cris: Je crois les réentendre, vivace affirmation de soi, arrogante exigence d'être un point de mire, facilité à être. La mère, Netta, le tient dans ses bras. A côté le grand-père Arnold qui se penche vers l'enfant avec un sourire, une douce bonhomie, de petits gestes de câlinerie - manifestations de tendresse et d'amour dont j'avais cru jusqu'en cette seconde, que cet homme austère et contenu ne les réservait qu'à moi.
Tout est dit: Rocky est à part, aimé, plus fort que lui. Jamais, jusqu'à la fin du roman, le narrateur ne pourra se départir de ce sentiment.
Deux ans après, le père quitte le domicile en emmenant Rocky, laissant Teddy à sa mère et à son grand-père. Mais le mal est fait: il est convaincu que sa mère le garde par défaut.
On le retrouve plus tard en vacances au bord de la mer du nord, dans une station balnéaire, près de Knokke, garçon timide qui regarde les autres jouer, un peu comme le narrateur de la Recherche lors de son premier séjour à Balbec. Il rencontre son Albertine, une jeune anglaise du nom de Carole. L'amour se déclare, puissant, inoubliable, non partagé. Quelques années après, avec sa mère et son grand-père, il retourne au même endroit et recherche Carole. Il va la retrouver. Mais à côté d'elle se tient un jeune homme, son frère Rocky revenu des Etats-Unis, fier et élégant, tout ce qu'il croit ne pas être. Il le hait et l'aime tout à la fois.
Dès lors commence la rivalité de Caïn et d'Abel, mais qui est qui? Car Teddy, jaloux, peut être méchant, cruel parfois. Comme dans tous les grands livres, le héros n'est pas d'une pièce, il est comme nous, partagé.
Le roman embrasse l'avant-guerre, la guerre elle-même où Teddy, après avoir perdu ses copains, se retrouve réfugié à Toulouse, hôte d'un bordel où vivent des prostituées au grand coeur. Puis c'est le retour dans la Belgique occupée, la persécution antisémite à laquelle il assiste, l'amour pour une petite juive... Et toujours, comme une menace, la présence invisible et parfois réelle de Rocky le magnifique. On va d'aventure en aventure, tandis que le lecteur assiste à la lente transformation de Teddy. La fin est admirable, bouleversante. Vous verrez.
Chers lecteurs des Ensablés, je sais que je vous engage souvent à découvrir les écrivains dont je parle. Mais aujourd'hui, c'est avec une particulière insistance. Plongez-vous sans retard dans ce torrent de 620 pages.
Hervé BEL. Janvier 2020.
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La littérature transgenre joue un rôle essentiel dans la représentation et la compréhension des expériences trans. Ces auteurs courageux partagent leurs récits personnels et explorent des thèmes complexes tels que l'identité, la sexualité, la société et les défis sociaux auxquels font face les personnes transgenres. Nous mettons ici en lumière cinq livres d'écrivains transgenres, offrant une diversité d'histoires, de perspectives et d'idées. Ces livres invitent les lecteurs à se plonger dans les récits puissants et évocateurs qui élargissent nos horizons et favorisent l'empathie et l'inclusion.
23/05/2023, 13:36
La librairie qui a créé le prix de L'Instant a annoncé sa première et sa seconde sélection, réduisant ainsi la compétition à cinq romans. En collaboration avec ActuaLitté, les membres du jury nous présentent une critique de ces cinq œuvres. L'aventure continue avec La disparition des rêves de Marianne Rötig. Chronique cosignée Caroline Laurent et Gilles Plu.
23/05/2023, 10:45
BONNES FEUILLES - Otto Callac est un meurtrier très spécial : il reconnaît spontanément ses crimes – nombreux et sanglants. Mais, il ne peut pas être jugé, comme plusieurs autres criminels, qui se mettent à sévir dans tous les États-Unis. Pourquoi ?
23/05/2023, 09:00
BONNES FEUILLES – Hanouna, est le nouvel essai de Juan Branco, que publie Au Diable Vauvert ce 1 juin. Un texte sur l’animateur qui influence l’opinion de millions de français et sert le pouvoir en place, présenté comme un regard indispensable dans le débat actuel sur le contrôle des médias.
23/05/2023, 08:00
Un personnage évolue dans un étrange appartement, immense, qui, quand il fait de la corde à sauter, monte et descend alors même que le personnage reste immobile. Il contient des pièces pour le moins mystérieuses, un ordinateur parlant et, surtout, un trou dans un mur à travers lequel il lui est interdit de pénétrer.
22/05/2023, 12:59
Cet album est le premier épisode d’une série de fascicules qui devrait en compter quatre et qui se regroupent sous le titre La vie de mon père. En effet, Stéphane Trapier met en scène son père, mais comme à l’accoutumée chez le dessinateur, la biographie n’empruntera pas les codes attendus du genre.
22/05/2023, 12:52
Entre Paris et Amsterdam, La pire amie du monde est le témoignage unique et sincère d’une jeune femme égarée à qui la vie n’a pas toujours fait de cadeaux. Cyr, qui vient de perdre son meilleur ami, doit écrire un discours pour son enterrement. Mais quand cette amitié a pris plus de place que n’importe quelle autre relation dans sa vie, comment coucher sur le papier tous ses souvenirs ?
22/05/2023, 12:07
À l'origine du prix éponyme, la librairie de L'Instant a dévoilé les derniers romans sélectionnés pour sa récompense, réduisant ainsi la compétition à cinq œuvres remarquables. En partenariat avec ActuaLitté, les membres du jury ont généreusement partagé leurs critiques sur ces cinq livres captivants. Sandrine Babu nous livre sa chronique pleine d'émotion du roman de Leïla Bouherrafa, Tu mérites un pays.
22/05/2023, 11:24
Salch, le dessinateur qui a passé en revue et dézingué tous les looks (dans ses deux volumes de Lookbooks chez Fluide Glacial) ou presque est de retour. Plus question de s’intéresser aux hipsters, aux modeux ou aux rois de la sape : il suit dans cet album le quotidien de Marc H., fraîchement engagé comme assistant social dans une résidence pour personnes âgées.
22/05/2023, 09:53
BONNES FEUILLES – Imaginez qu’un seul texte, et pas le meilleur, ait pu survivre à l’apocalypse. Imaginez qu’il réussisse à devenir l’unique référence littéraire au monde. Imaginez le rapport à ce livre de toutes celles et ceux qui l’auront entre les mains. Eh bien, Nicolas Cartelet l’a fait.
20/05/2023, 07:57
En 2021, S.A Cosby, le virtuose de la violence, publie Razorblade Tears, qui signifie littéralement « larmes de rasoir », et murmure : comment être pardonné par les morts ? En avril 2023, il est traduit en français - sous le titre La colère - par Pierre Szczeciner, pour les éditions Sonatine. Ce roman noir, cocktail molotov de fureur et tendresse, dépeint une Amérique contemporaine gangrénée par l’homophobie, le racisme et la masculinité toxique.
19/05/2023, 17:45
Pour cette 19e semaine, Virginie Grimaldi reste sur le podium dans un classement relativement stable, hormis deux surprises : les acheteurs ont propulsé le dernier tome de la saga des Sept Soeurs en tête des ventes, et Nicolas Mathieu effectue une belle percée.
19/05/2023, 11:53
Si de nombreux acteurs professionnels interviennent sur le marché des changes, les particuliers peuvent aussi s’emparer de cet espace pour chercher à dynamiser leur épargne. Cependant, il faut garder à l’esprit que les risques sont importants. Il est donc préférable de commencer par apprendre à mieux connaître cet univers, avant d’espérer pouvoir faire des investissements pertinents.
19/05/2023, 10:08
Natsumi a toujours vécu pour sa petite sœur Haru. Elle était sa joie de vivre. Lorsque’elle meurt d’un cancer, Natsumi est si désemparée qu’elle accepte la proposition du petit ami de Haru de sortir ensemble. Ce couple déboussolé va apprendre à se connaître. Mais comment surmonter l’ombre de la défunte qui pèse sur eux ?
17/05/2023, 08:55
BONNES FEUILLES – « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. » Étranger à la société, étranger à sa propre vie, Meursault paraît indifférent à tout. La mort de sa mère, une demande en mariage, la violence d’un voisin proxénète... Jusqu’au meurtre qu’il commet sur une plage sans raison autre qu’un soleil aveuglant et une chaleur étouffante. Un acte qui l’entraîne sur le banc des accusés pour un jugement sans appel.
16/05/2023, 14:55
La disparition, le 13 septembre dernier, de Jean-Luc Godard, fut celle de l’ultime représentant de la « Nouvelle Vague ». 5, comme les Power Rangers, importants cinéastes français, tous très différents, mais réunis autour d’une revue, les Cahiers du Cinéma. Grasset édite un documentaire romancé de Patrick Roegiers, de passion pour passionnés.
16/05/2023, 09:22
1 Commentaire
Anne Lacour
01/07/2020 à 03:36
Bel hommage à un écrivain effectivement oublié...
on ne trouve plus ses livres que d’occasion, en dehors de cette réédition de la Table Ronde pour le centenaire de sa naissance. A l’initiative de Jacques de Decker, une exposition a été consacrée à José-André Lacour à Bruxelles à l’automne dernier. Volonté de sortir de l’oubli cet auteur, comme il le faisait pour d'autres,.
Hélas Jacques de Decker nous a quitté en avril dernier...
Votre blog est une chance pour les auteurs méconnus, oubliés...ensablés . Merci pour mon père J.A. Lacour et pour tous ceux que vous croisez.
A. L.